dimanche 26 avril 2020

L'art du docteur


S'il est une chose que j'ai apprise lors du confinement viral, c'est bien que la médecine reste un art plus qu'une "science". Et c'est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Les démêlées des praticiens debout au chevet des malades avec les "docteurs de la Loi" assis dans les fauteuils du mandarinat illustrent de manière fort éclairante ce segment de la Comédie humaine : il est de tout caractère et tempérament dans le corps médical comme dans le reste de la société. Pour ceux des lecteurs qui ont suivi les épisodes de la crise Covid-19, raconter la bataille de communication entre les pouvoirs publics, les experts divisés et la patientèle nationale serait lassant. Il est plus intéressant d'évoquer la révélation contenue dans l'incipit de ce billet.

L'art n'est fondé que sur l'intelligence. Une denrée concurrencée par la science des algorithmes qui ne s'appliquent qu'à des statistiques. Les études validées par le complexe médicalo-industriel ont établi que tel symptôme a décelé tant de fois sur mille que le sujet examiné était en défaut sur telle fonction organique ! En foi de quoi, le diagnostic entrant dans les limites acceptées de pertinence, le protocole de soins sera celui du code déontologique, le calcul d'erreur étant acceptable dans une société donnée. Et en avant l'intelligence artificielle qui va soigner les gens sur la base du dossier médical numérique, pronostiquer l'intensité des pathologies statistiques plus ou moins coûteuses et la durée de mise à contributions des caisses.

Depuis l'aube du monde, la médecine est un art fondé sur de longues études cliniques, l'observation et la mémoire. Il convoque la curiosité et l'irrépressible envie de guérir son prochain. Tout indique que les efforts de la Silicon Valley en matière de santé publique sont tendus vers la prolongation de l'humain par un cyborg de sa création, divinisant les chercheurs qui aboutiront, plutôt que vers l'éradication des pestes.

On pourrait appliquer aux essais de l'Institut hospitalier universitaire du Pr Raoult de Marseille la maxime de monsieur Deng : qu'importe la couleur du chat s'il attrape la souris ! Le chat, c'est tout un art en soi ! A quoi les pontifes de l'académie répondent qu'il faut préserver les rites contre le vent et la marée du succès. Finalement cette suspicion est très française. Imaginez que Didier Raoult roule en plus en Ferrari ! On me dit dans l'oreillette qu'il chevauche en santiags une peu convenable Harley-Davidson. C'est une rumeur.



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