lundi 20 avril 2020

The ROC !

La pandémie du coronavirus de Wuhan a mis sous les feux de la rampe le gouvernement souverainiste de la République de Chine de Madame Tsaï. Malgré la campagne intense d'ostracisation internationale de l'île soi-disant rebelle par Pékin, la petite république de seulement vingt-trois millions d'habitants s'est fait un plaisir de démontrer ce que peut l'intelligence dans la liberté d'innover par opposition à la caporalisation sociale mise en action par le Parti communiste chinois qui entend gouverner au quotidien et dans leurs gestes de chaque jour un milliard et quatre cent quarante millions de gens !

Chacun sait maintenant que les relations binationales entretenues avec Taïwan (ROC) se heurtent systématiquement aux condamnations de la Chine populaire qui en est arrivée à insérer dans ses contrats publics étrangers la devise d'une seule Chine, même dans les accords de jumelages des villes. Mais le blocage est contourné par les "chambres de commerce" qui s'interdisent aucun trou noir sur la carte du commerce mondial. Et Pékin de harceler plus encore les pays déviants, jusqu'à ce que la Tchéquie il y a un mois les envoie se faire foutre ! (clic)

En fait c'est à l'Organisation mondiale de la santé que l'étau communiste s'est desserré contre l'avis du Secrétariat exécutif qui avait pris fait et cause pour la République populaire de Chine derrière son précédent directeur général, Margaret Chan, en excluant Taïwan de toute participation aux travaux de l'organisation même en qualité de simple observateur. Les succès du combat solitaire taïwanais contre la pandémie, tardivement déclarée par les fonctionnaires internationaux sous influence chinoise, alors que Taïpei prévenait déjà d'une épidémie dangereuse en expansion, a obligé des pays pragmatiques à reconsidérer leur position vis à vis de la Petite Chine, libre et démocratique. Ainsi la République tchèque s'est-elle officiellement engagée dans une recherche de vaccin avec les scientifiques formosans. Hurlements de Pékin. A mesure que vont apparaître les effets néfastes pour ne pas dire létaux des atermoiements du Parti communiste chinois à déclarer l'origine et la propagation du virus SARS-CoV-2, derrière les dénonciations trumpiennes, plusieurs pays accepteront les secours de l'industrie taïwanaise capable de produire neuf millions de masques par jour, des tests et tous articles sanitaires en rupture partout ! D'où la photo largement distribuée sur les réseaux sociaux que voici :


Coincé dans la ratière où il s'est mis lui-même à sucer Zhongnanhai, le directeur éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus argue maintenant d'injures racistes à son endroit provenant des milieux taïwanais sans pouvoir démontrer l'origine des attaques, ce que Taïpei dénonce comme la énième insulte de cette administration corrompue à son égard. Autant dire qu'avec l'arrêt du financement américain, les jours du Dr Tedros à la tête de l'OMS sont comptés ; il y aura fait la preuve d'un souci politique personnel peu raccord avec la gravité du moment. Il faut être solide pour contenir la marée montante du mépris et ce docteur-diplomate est sous-calibré dans l'emploi. Mais cette victime de la discrimination positive n'est pas le sujet du jour.

Taïwan n'a jamais appartenu à la République populaire de Chine. En fait elle n'entre dans l'Empire du Milieu qu'en 1683 sous la dynastie mandchoue des Grands Tsings. Jusque là elle sera découverte par les Portugais qui la nommeront Formosa, colonisée par les Hollandais puis par un général de pirates chinois qui fondera une dynastie éphémère. Les Tsings la perdront au traité de Shimonoseki de 1895, et elle sera réoccupée par les armées chinoises de Tchang Kaï-Chek, président de la République de Chine, qui s'y repliera en 1949. On sait la suite. Il apparaît donc que cette terre n'est pas chinoise depuis des temps immémoriaux comme le fait croire le pouvoir communiste.

L'Empire chinois sous aucune dynastie ne fut une thalassocratie régnant sur les mers dont il fut riverain. Au plus loin, l'empereur exerçait sa suzeraineté sur les rois des Ryûkyû à la limite de l'océan, et l'archipel inhabité des Senkaku, aujourd'hui disputé entre la Chine et le Japon, fut donné par l'impératrice douairière Tseu-Hi à un entrepreneur herboriste de la cour pour y cueillir des plantes à infusion - c'est l'origine de la revendication. Disons pour être juste, que des expéditions océaniques furent lancées au XVè siècle par l'amiral Zheng He, un eunuque hui, qui est encore aujourd'hui une icône de la grandeur chinoise. A la mort de l'amiral (1433), la Chine referma ses portes, détruisit les grands navires et vécut sur elle-même en complète autarcie, l'ouverture au monde étant terminée pour longtemps. Autant en fut-il pour aucune revendication outremer qui ne se manifesta jamais !

Mme Tsai Ing-wen, Présidente de la République de Chine

Taïwan a une histoire propre, une culture propre fortement influencée par la civilisation japonaise, et des pratiques démocratiques semblables aux nôtres. Pourquoi devrait-elle accepter la tyrannie brutale et obsolète du Parti communiste chinois ? La République de Chine n'a nul besoin de la République populaire, sauf à commercer sur un grand marché comme le font toutes les économies du monde. L'île est complètement indépendante. Mais sous la présidence de Mme Tsaï, l'île a ouvertement soutenu le mouvement de démocratisation à Hong Kong, ce qui n'a pas arrangé ses affaires dans les ministères de Pékin. La menace militaire s'en est accrue d'autant.

L'hybris de Xi Jinping à étendre ses limites de souveraineté maritime dans les deux mers de Chine sous la menace explicite d'une guerre navale n'a aucune justification historique, encore moins économique. Les canaux de collaborations économique et financière sont multiples avec tous les voisins de la Chine pour le bénéfice de tous. Déplacer l'escadre est pur orgueil ! Et dans le passé, ce genre d'arrogance poussant les autres à l'exaspération a conduit à des désastres. Qu'on se souvienne du Reich allemand de 1871 qui à la charnière du siècle dominait l'industrie occidentale de la tête et des épaules, fournissait les sciences et les techniques à tout le monde, mais a chopé le virus colonial et démontra à la thalassocratie impériale britannique qu'elle devrait compter désormais sur un concurrent qui à la fin la dominerait. Le Reich en mourut.

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