La frégate Forbin inaugure le mouillage de Mina Zayed en 2009 |
L'accord d'Abraham est le résultat de la mise en tension du Moyen-Orient par la théocratie iranienne. Les camps se forment à l'approche d'une guerre ouverte entre les deux obédiences musulmanes. La Chine populaire renforce en armes et en moyens de toute sorte, l'allié millénaire de l'Empire du Milieu. les Etats-Unis tentent de former au sud du Golfe persique un bloc ayant une profondeur stratégique permettant la manœuvre. La Chine est motivée par les importantes ressources pétrolières de Mésopotamie ; les Etats-Unis autosuffisants en pétrole, réduisent leurs soucis à la pérennisation de l'Etat hébreu, le chouchou des Evangéliques américains... et des juifs de New-York.
S'invite dans le schmilblick la Turquie, pas vraiment invitée et le cul entre deux chaises, qui rêve de revenir aux frontières du califat historique aux dépens des Arabes. Pour le moment l'écho est plutôt celui d'un refus du néocolonialisme ottoman mais les services sont tous sur le qui-vive, tant le Sultan de la Porte est imprévisible. Ceci étant posé, on voit aussi que l'Accord d'Abraham agit comme un révélateur argentique sur chaque pays et dévoile au public la lassitude générale des soutiens aux Palestiniens dont les organisations corrompues et imbéciles réclamaient encore hier le droit au retour des réfugiés.
Evacuons cette question collatérale que la presse mouline en continu :
Fin 2018, on comptait 5442947 fiches palestiniennes actives à l'UNRWA -Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. L'UNRWA annonce en 2020 qu'elle en a 5,6 millions. Il existe environ un million de réfugiés non-inscrits, susceptibles de demander un numéro en cas de droit au retour. La population citoyenne d'Israël est de neuf millions de gens dont six millions de Juifs ou déclarés tels. A côté d'eux sont installés 4,6 millions de Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza en sus des résidents arabes israéliens. On n'imagine pas un gouvernement juif accepter l'installation supplémentaire de l'équivalent de sa propre population pour former à ses portes un Etat plus gros que lui. Mais c'est plutôt la communauté médiatique internationale qui remet balle au centre le problème palestinien, les soucis des chancelleries arabes sont ailleurs et plus graves. Fin de la blague.
Derrière les Emirats arabes unis ou à côté d'eux, se rangent les intérêts bien compris de chacun. Oman est géographiquement au cœur du défi persique. Pour ne pas tenter le diable, Elana DeLozier du Washington Institute, signalait hier soir que le nouveau sultan d'Oman venait de reconstruire son Etat duquel il ne gardait que les fonctions de chef d'Etat et de chef des Armées. En vingt-huit décrets, Défense, Affaires étrangères, Finances et Banque centrale sont dévolues à des ministres, pas tous de la famille, mais le sultan Haitham reste Premier ministre en titre, assisté de trois vice-premiers gérant le domaine réservé. Ceux qui connaissent quelqu'un à Mascate peuvent cliquer ici. L'Omanais sait qu'il ne peut rester neutre avec le Yémen en feu à sa porte et de l'autre côté, riverain du Détroit d'Ormuz sous le feu des canons iraniens. Ainsi augmente-t-il les garanties du sultanat en n'étant plus la pièce indispensable de l'échiquier, cible éventuelle d'escadrons de la mort des gardiens de la révolution qui ne se sont pas privés de cibler dans leur communication les tours de verre dans lesquelles complotent les cheikhs.
L'autre pays qui se prépare à la guerre est le petit royaume de Bahrein, une île de pas 800km² coincée entre la côte séoudienne et le Qatar pro-iranien. Sa chance est d'abriter deux bases navales importantes de l'US Navy. Il fait peu de doute que la maison royale cherche les mots pour le dire avant de satisfaire son protecteur.
Quid de la France dans tout ça ?
Nous sommes mouillés jusqu'au cou même si les officines de gauche concentrent l'analyse sur l'avenir compromis de la Palestine arabe pour ameuter l'opinion française au bénéfice de leurs clients. En fait le piège... à loup est sur le Golfe, pas au Liban ou à Ramallah, encore moins à Bamako. Impatient de faire l'acteur sur le Golfe persique, pourtant zone britannique des Sykes-Picot, Jacques Chirac signa, après le Koweit et le Qatar, un accord de défense avec l'émirat d'Abou Dhabi, à divers motifs peu stratégiques que nous n'étalerons pas ici (chars Leclerc et avions Mirage 2000). L'accord affichait une solidarité franco-arabe contre l'Iran de... Valéry Giscard d'Estaing (eh oui !). Voulant faire plus que son prédécesseur décrété impotent, Nicolas Sarkozy établit une base navale au port de Mina Zayed en 2008 pour activer la guerre si besoin était, malgré une vision stratégique encore plus mesurée que celle de son prédécesseur. On peut maintenant que ça risque de chauffer parler de l'accord qui nous tient :
Bien sûr il est secret (?!) quoique les milieux généralement bien informés affirment que c'est une assurance à première demande. Le téléphone sonne et nous attaquons. On ne va pas aller faire les miquets au Conseil de sécurité, non, nous attaquons ! Incertitudes, ambiguïté ? Nous attaquons ! Mais j'ignore si les moyens militaires inscrits dans l'accord sont limités ou illimités. En régime de croisière, les forces françaises prépositionnées se limitent au 5è Cuirassiers, à l'escadron Lorraine sur Rafale, au commandement et à la logistique d'une force française de l'Océan indien et à l'antenne d'acquisition de renseignements armée par la DGSE ; ce qui fait environ sept cents personnes sur le payroll. La Royale fait escale régulièrement à Mina Zayed pour recharger les frigos. Donc, que les lecteurs fidèles se rassurent, les Français seront au cœur de l'action. Rien à voir avec la chasse aux freux au Sahel, ou le five o'clock tea de la FINUL. Une petite carte pour finir ?
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