Dans l'affaire Juan Carlos, il y a les interprétations, l'accusation et la défense aveugles, et il y a les faits. Deux sont sûrs et posent problème plus qu'on ne le croit à tel point que même en Espagne ces questions ne sont pas réellement creusées pour l'instant après la fuite à Varennes du roi émérite.
Les cent millions de dollars signalés par la Justice suisse sont apparemment des retro-commissions balladuriennes puisqu'il n'est pas imaginable que le roi ait été remercié par les Séouds pour avoir pousser à la roue du TGV séoudien. Normalement ce devait être l'inverse. La question est donc : que récompensait la monarchie séoudienne avec cent millions de dollars à titre personnel et discrets ? D'autant que le roi n'était pas connu pour faire des affaires, même s'il œuvrait régulièrement à la promotion d'accords commerciaux à l'étranger, surtout en Amérique latine (récupération de l'économie argentine) et sur le Machrek arabe (Maroc, Algérie, reconnaissance d'Israël très tardive en 1986). Alors j'émets l'hypothèse à vérifier que la maison des Séouds a remercié le roi pour son soutien dans l'ouverture de l'Espagne aux wahhabites dont les imams salariés du Golfe prêchent dans des mosquées financées par les pétro-monarchies, sans parler des salles de prières salafistes éparpillées un peu partout où l'on éduque les paumés aux rites médiévaux. Le retour de l'islam en Espagne date de l'époque franquiste quand des accords formels ont été passés avec la communauté musulmane résidente dans les années 60, pour croître ensuite sous Juan-Carlos Ier qui vit s'édifier de magnifiques mosquées, à Madrid et sur l'ancien territoire d'Al-Andalous, toutes financées de l'étranger. Cf. la Wikipedia des mosquées espagnoles. Disons en passant que leur architecture est soignée pour être raccord avec les splendeurs architecturales du califat historique, et que toutes ont érigé un minaret de grande hauteur. Ajoutons aussi que la Commission islamique espagnole serait entre les mains des Frères musulmans par procuration ; mais on ne prête qu'aux riches.
Mosquée King Abdul Aziz al Saud de Marbella |
Le second fait est l'atterrissage du roi émérite à Abou Dhabi et déjà son refus d'en bouger. S'il est sûr qu'aujourd'hui pour cent millions t'as plus rien, cela n'empêche pas d'avoir un mandat d'amener international exécutable dans la plupart des pays prétendument démocratiques. L'Amérique latine, un temps pressentie - la presse allait donner le numéro de la rue où Juan-Carlos se cachait en République dominicaine - l'Amérique latine donc était-elle à l'abri d'une procédure ? Les choses changent à chaque élection/révolution et le bain culturel ne compense pas l'angoisse d'Interpol. Par contre les pétro-monarchies du Golfe persique mettent à l'abri leurs riches amis sans qu'ils n'aient plus rien à craindre.
Ce billet ne tient aucun compte des spéculations sur la mésentente des familles au palais de la Zarzuela, sur l'accord tacite ou explicite du président du gouvernement, pas plus que des affirmations de Corinna Larsen zu Sayn-Wittgenstein (atchoum), amie de cœur du vieux paillard et mère de toutes les salopes à soixante briques la passe (c'est exagéré).
Si Don Juan Carlos s'est fait entôler par une croqueuse de diamants, on peut attendre la suite le sourire aux lèvres. Si les cent millions séoudiens rémunèrent l'accès des idéologues wahhabites à la communauté musulmane espagnole, c'est autrement plus grave, à la fois moralement en pays chrétien, mais surtout à gérer par la Fiscalia de Madrid ! Ça ne fait peut-être que commencer quand la Casa Real a pu croire un moment que l'exil étouffait les développements dangereux pour le couple titulaire actuel. Mais ce n'est pas gagné si l'on sait qu'un Centro de Investigaciones Sociológicas a fait un sondage en mai 2020, avant donc la fuite à Varennes. La république l'emportait de justesse à 51% mais la monarchie n'arrivait pas à convaincre plus de 34% des sondés (source HispanTV). On était en mai ! On imagine aisément que la fracture s'est creusée depuis la nouvelle de l'exil rocambolesque à Abou Dhabi. Aujourd'hui 55% des Espagnols voudraient qu'un référendum tranche la question du régime et 35% jugent que la monarchie pose problème (source N&R). Il faut que 2/3 du parlement espagnol approuvent le lancement d'un référendum ; reste à calculer finement de qui serait constitué le tiers réfractaire et bloquant. Mais l'appétit de nouvelles prébendes républicaines peut faire basculer les indécis au motif de "faire trancher le peuple" pour encaisser les bénéfices bourgeois. Nous terminerons par une motion de soutien au roi Felipe VI et sa charmante reine qui se donnent à fond depuis le début de leur règne pour perpétuer la monarchie de Bourbon en Espagne, dynastie régulièrement exilée depuis Carlos IV. Vive le roi !
L'Alhambra de Grenade et la Sierra Nevada au fond |
Première réaction positive :
RépondreSupprimerDans le journal de gauche El País 75 ministres et hauts fonctionnaires du PP et du PSOE signent une motion de soutien au règne du roi Juan-Carlos Ier.
C'est par ici et c'est à lire.
Ceux qui veulent tout savoir sur la vie amoureuse de Don Juan feront leur profit de l'article paru sur El Cierre Digital ce mois-ci sous le titre Marta Gayà, la mujer discreta que ha estado desde hace más de 30 años al lado de Juan Carlos.
RépondreSupprimerCorinna Larsen se confie à Paris Match à ce que nous en dit La Vanguardia de Barcelone.
RépondreSupprimerCela vaut son pesant d'arachides :
Corinna dice que Juan Carlos fue víctima de un “golpe” de su familia y de Rajoy.