Dans l'affaire du 6 janvier 2021, qui a vu le Capitole de Washington envahi par des hordes de mécontents amassés devant l'institution par les discours enflammés de la Maison Blanche, l'ex-président des Etats-Unis Donald Trump a été reconnu coupable par 57 sénateurs sur cent ce samedi 13 février 2021.
Le leader républicain Mitch McConnell, qui a voté l'acquittement par discipline partisane a déclaré à l'annonce du verdict : « There's no question — none — that President Trump is practically & morally responsible for provoking the events of [Jan. 6.]...The people who stormed this building believed they were acting on [Trump's] wishes and instructions.» (source Axios).
Trois séquences de cette journée du 6 janvier ont levé le doute quant au niveau d'implication de l'ex-président :
- la caméra de surveillance du hall d'entrée principale du Capitole a montré qu'une équipe d'activistes équipés et décidés ont brisé les ouvrants pour faire entrer les braillards. Vêtus de noirs, masqués et portant de gros sacs à dos, ils n'avaient pas prévu de pique-niquer sur les tapis de haute laine ! L'irruption de ces gens organisés démontrait le lien entre l'émeute et les appels à s'en prendre aux traitres proférés sur les réseaux sociaux que l'équipe présidentielle de communication suivait en continu depuis plusieurs jours en espérant une inversion de tendance par la peur à l'avantage de leur patron.
- Appelé en urgence pour faire monter la Garde après la mise en sécurité précaire du vice-président Mike Pence (que les assaillants voulaient pendre), Donald Trump a refusé sous le prétexte fallacieux qu'il s'agissait d'antifas, montrant par là qu'il ne pouvait surmonter son exaspération devant le refus d'obtempérer de Pence (celui-ci n'avait pas le pouvoir constitutionnel pour annuler la certification des votes des grands électeurs).
- La démonstration de la déléguée des Iles Vierges soulignant l'intention ou la bêtise du président immobile devant sa télévision au spectacle de l'émeute et ne faisant rien ! Comme le pyromane qui craque une allumette au pied du sapin, puis le voyant s'embraser, appelle les pompiers, conscient de sa faute. Si le même reste à contempler le brasier, ce n'est plus un accident !
Il n'en fallait pas plus pour condamner l'ex-président, même si la règle des deux-tiers s'est appliquée comme il en va pour destituer un président en exercice, alors que le gouvernement du pays n'était pas mis en danger par la procédure, bien que les faits ressortissent à son mandat. Pourtant la présidence du tribunal a été remise au doyen d'âge et non pas au président de la Cour suprême parce que l'accusé est déchargé de ses fonctions. Et Trump, qui semble ignorer le score désastreux pour son image et la condamnation morale qu'il induit, a aussitôt crié "victoire" ! On ne se refait pas !
Suivre les débats en direct sur CNN a permis de lire une page d'histoire en cours d'écriture, sans les commentaires vaseux des journalistes de plateaux français. Ainsi a-t-on pu mesurer le professionnalisme des procureurs démocrates qui ont cherché avec patience et pédagogie à convaincre les indécis de la partie adverse, tandis que les avocats de l'ex-président, confiants dans l'arithmétique, n'ont fait aucun effort de conviction, accumulant les arguments de procédure. Merci aux fournisseurs d'accès.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.