mardi 2 février 2021

Comment va-t-on du virus au roi ?

Le Piéton a été approché par une jeune journaliste de la Radioactive qui voulait connaître les incidences de la crise sanitaire sur la pensée et la propagande du royalisme (c'est moi qui le dit comme ça, puisque je ne veux pas citer mot à mot un message personnel). Sur le moment je lui ai répondu que la monarchie, que je prônais ab-solu pour gouverner le domaine régalien strict, n'était pas impactée puisque protégée des influences extérieures à son projet. Et je l'ai adressée aux porte-paroles officiels du mouvement royaliste...

bureau d'une journaliste de radio

Mais à la réflexion (on me dit dans l'oreillette qu'il fallait commencer par là) on s'aperçoit que s'il n'y a pas d'inflexion de l'axe de propagande monarchiste, plusieurs paramètres ont été modifiés en périphérie du projet, à commencer par les excès de la mondialisation qui donnent du grain à moudre pour l'autosuffisance du pays dans les domaines essentiels que sont les molécules-bases stratégiques et la munition de l'infanterie. Mais finalement c'est bien le principe de subsidiarité qui en prend un coup.

Pour contrer la pandémie chinoise, nous nous sommes embringués dans une européisation de la réponse qui nous a fait perdre trois mois dans l'approvisionnement des vaccins, pour commencer, et on ne sait combien de semaines maintenant que les usines pharmaceutiques peinent à fournir à nos conditions. Quelle mouche a piqué le gentil M. Macron pour remettre la clé de la riposte à la Commission de Bruxelles, sachant la lourdeur bureaucratique d'une administration fédérale qui n'est jamais comptable de ses résultats ? Un tropisme napoléonien sans doute. Si nous avions dû, pour des raisons de coûts de développement et de logistique, nous associer à quelques-uns, nous aurions été mieux inspirés de prendre la Grande Bretagne comme chef de file puisqu'elle a gagné à Waterloo. Ceci vaut pour autre chose.

Le Ministère de la Défense nous passe en ce moment des images de l'entraînement de forces spéciales provenant de pays tiers européens, Estonie et Tchéquie jusqu'ici, dans le cadre d'intervention de la force Takouba au Sahel. Avec le renfort allemand dans l'instruction des recrues africaines, celle des Anglais dans l'aéromobilité et quelques autres qui ont détaché des moyens en soutien sur nos arrières, la chimère d'une défense européenne continue de vivre sa vie en attendant la conjonction des astres. Nous avons plusieurs fois démontré qu'elle en resterait à sa nature de chimère puisque aucun pays européen n'entend troquer la sécurité projetée par la France contre la sécurité établie par l'OTAN. L'affaire des vaccins nous montre autre chose : c'est le leadership et la capacité de réaction.

La coordination et la cohésion obtenues à la suite du Brexit ont permis de grouper les négociations de commandes des vaccins, la bureaucratie ayant pris son tribut en matière de temps. La procédure (qui a quand même abouti) est inapplicable en matière de guerre, ce qui pose la question de l'entité décisionnaire à la faire. Que les dépenses préparatoires à la guerre soient mutualisées, pourquoi pas d'autant qu'elles le sont déjà pour l'avion de combat du futur, le char lourd franco-allemand, des missiles etc... mais cette communauté de défense s'arrête à la première sirène d'une attaque ! Il sera extrêmement difficile de faire réagir dans les temps un gouvernement national, et à moins qu'une grave crise internationale n'ait mis tout le monde sur le pied de guerre, on voit mal les pays débattre d'une stratégie de protection et riposte à la vitesse des missiles balistiques. Palier cette phase de compression de la décision oblige à refaire un commandement intégré et souverain en la matière : on l'a déjà, il est à Mons en Belgique et s'appelle le SHAPE.

En résumé, la pandémie a légèrement amélioré la propagande monarchiste dans le sens d'une facilité accrue à faire la démonstration d'un régime meilleur, comparé à l'existant, pour la seule raison d'une liberté retrouvée dans les choix essentiels par le rapatriement des compétences stratégiques entre des mains qui ne tremblent pas en fonction des sondages, ce qui n'induit pas de sortir de l'Union européenne. En ce sens, la question de la jeune journaliste de France Inter était pertinente et la réponse du Piéton trop abrupte.

rose rose

8 commentaires:

  1. L'ermite du gave2 février 2021 à 13:09

    Ai-je mal compris? C'est possible, mais il me semble bien qu'il y ait dans cet article, le parfait argumentaire pour notre sortie de l'UE. D'autant que "la mutualisation des dépenses préparatoires à la guerre" est une autre chimère: l'avion de combat du futur, le char lourd (pour servir à quoi et se battre contre qui? les Russes?) les missiles (pour quelle arme, Marine, Air, Infanterie?) vont se noyer dans les détails des exigences allemandes, françaises, italiennes etc. qui feront qu'à la fin, l'UE ira à la queue-leu-leu faire son choix sur les étagères du supermarché américain. La seule consolation, c'est qu'entre temps, les BE auront fait travailler des ingénieurs. En résumé, la "guerre du covid" est la démonstration parfaite du fonctionnement parfait de l'UE: à la fin, nous sommes tous allés acheter les vaccins américains!

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    1. Exact ! Mais du souhaitable, voire même sous l'empire de la nécessité, jusqu'au possible, il y a toute la mer des subsidiarités à boire. Faut suivre (clic). Dans l'état de calamités financières où nous sommes rendus, il est exclu de s'arracher au Léviathan. D'ailleurs le "peuple du principe de précaution" ne le permettrait pas.
      La collaboration industrielle d'armement est presque incontournable de par les contraintes budgétaires que nous nous sommes imposées avec deux millions de fonctionnaires surnuméraires.
      Quant au marché américain, cette année, on vend du Rafale à la Grèce, à l'Inde et plus si affinités, des VTT Nexter (à la Belgique...) et même des canons Caesar aux Américains. Faut pas être pessimiste dès le matin mais attendre l'ouverture du bar quand le soleil est couché.

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    2. L'ermite du gave2 février 2021 à 20:52

      Peut-être que tout n'est pas perdu. Je note cependant une chose: lorsque je fréquentais les ateliers du GIAT, celui-ci s’enorgueillissait de fabriquer l'AMX 30, un char lourd qui a équipé la France et plein de pays du Golfe, et qui semble faire défaut en Europe aujourd'hui. J'apprends que NEXTER, fille industrielle du GIAT, fabrique des VTT (militarisés, je suppose) exportés en Belgique. A une époque (pas si lointaine) la théorie était de "upgrader" le produit pour "upseller" le chiffre d'affaire; je constate que les choses ont un peu changées. Encore qu'il soit sans doute possible de "booster", dans un deuxième temps, nos succès avec la trottinette (pour infanterie 2.0, encore à l'étude mais électrique elle aussi) pour équiper nos armées européennes.
      Mon problème, c'est que le bar du coin ne sert que de la limonade!

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    3. De mémoire il y a trois chars lourds en Europe, le Centurion anglais, le Léopard II allemand (un vrai succès d'exportation) et le Leclerc français. Ces trois-là seront remplacés par le char lourd franco-allemand auquel va s'associer le Royaume-Uni si j'ai tout compris. Les AMX30 encore actifs servent de plastron au CRAC de l'infanterie (combat rapproché anti-char). Pétaing que c'est loin :)
      La trottinette 2.0 va être mise en dotation comme robot d'approche.

      Ceci dit et le monde étant toujours ce qu'il était il y a deux minutes ; nous sommes en guerre, a dit le Gamin. Normalement en temps de guerre on ne doit servir d'alcool qu'un jour sur deux dans les bars. ce qui signifie qu'ils sont ouverts tous les jours. Il n'a pas fait de service !

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    4. L'ermite du gave3 février 2021 à 18:23

      Il serait étonnant que les Anglais, s'étant retiré de l'Europe, maintiennent leur participation au développement et la construction du futur char européen. Ce qui risque de lui porter un coup fatal. Mais on verra. En attendant, je vais suivre celui du VTT de Nexter et admirer l'ingéniosité des BE qui réussiront, je n'en doute pas, à fixer un canon de 30mm à tir rapide sur son cadre.

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  2. La petite journaliste de France Inter sera contente de voir qu'on a creusé son sujet "rock bottom" !
    J'ai bien fait de l'adoucir en lui offrant une jolie rose rose.

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  3. Un lecteur assidu ayant le pied marin m'invective ci-dessus avec une question perfide à laquelle mon courage me dit de répondre : ""l'avion de combat du futur, le char lourd (pour servir à quoi et se battre contre qui? les Russes?) "
    Exactement, les Russes, les Turcs et les Perses pour commencer, les Barbaresques de M. Stora restant à la merci de notre flotte de la Méditerranée. Mais pas pour se "battre" vraiment, moins que pour les dissuader de s'y mettre. Si vis pacem para bellum ! Instiller le doute dans la détermination des tyrans expansifs est la fréquence porteuse de la musique du réarmement. Et leur foutre la pâtée à l'occasion, pour... le plaisir !

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