... et pas à Waterloo !
L'Epopée napoléonienne commença au 3 thermidor de l'an VI à la bataille des Pyramides pour s'achever au retour des cendres impériales le 15 décembre 1840 à Paris. Tout ce qui précéda, Toulon, l'Italie, ne furent que les prémices d'un officier général doué dans ses préparations (l'artillerie c'est des mathématiques), efficace dans l'exécution, infatigable dans l'action et meneur d'hommes, à pied, devant.
Nous commémorons, parmi des milliers d'autres blogues, le bicentenaire de la mort de Napoléon Ier à Sainte-Hélène le 5 mai. Il est deux nations qui s'y associent in petto, celle des Anglais et celle des Russes, pour qui l'empereur des Français fut le Mal absolu mais nécessaire. Les villes anglaises y pensent encore par quelques noms de victoires remportées, les campagnes russes aussi, par les stèles plantées aux lieux de combats épiques contre le général Koutouzov, celui qui eut le dernier mot. Les Italiens auraient pu suivre, qui ont d'autres soucis plus prégnants aujourd'hui.
Napoléon Bonaparte fut l'archétype du dictateur romain de l'époque moderne, Hercule aux écuries, qui fut chargé par les survivants de l'élite parisienne de laver le pont du navire des immondices et traces sanglantes laissés par le renversement de la monarchie de Louis XVI. Ce qui frappe parmi les souvenirs que l'histoire nous transmet c'est la plénitude de talents que cet homme a réunie plus que les succès qu'il a atteints. Prince à la guerre, administrateur hors-pair, intelligence aiguë, capacités d'empire (de Cadix à Lubeck), aimé des hommes ! D'une certaine façon, il termina le travail de régénération de la Constituante et termina l'Etat que Louis XIV s'était obstiné à constituer contre vents et grands de la Cour. "L'Etat c'est moi !", la maxime s'appliquait mieux à Napoléon Bonaparte. Mais l'épopée sema aussi l'ivraie de la grandeur gratuite quand les fils de France furent comptées comme les masses du combat automatique à consommer : « J'ai trois cent mille hommes de rente » confiait-il à Talleyrand, au-delà de quoi l'adhésion populaire s'évanouirait. Mais au quotidien, quand vint l'ère des batailles à moitié gagnées, la jeunesse de France prit souvent le maquis pour échapper à une conscription trop souvent mortelle. On ne compte pas non plus les désertions ou le débandage de troupes mal engagées dans la campagne de Russie de 1812.
Les pertes du Premier Empire s'évaluent à un million de "vieux Français" auxquels s'ajoutent les autres nationalités de la Grande Armée (plus). Le glas de l'aventure sonna quand l'empereur se présenta devant Moscou incendiée le 14 septembre 1812. Outre les complications techniques qu'il représentait, le spectacle d'une capitale aussi prestigieuse en feu signait le refus de la conversion républicaine d'un grand peuple, comme en avait donné l'avant-goût le peuple espagnol. L'adhésion populaire aux idées neuves avait complètement disparu, la transmutation du génie en ogre était achevée. Le reste est... littérature.
Les qualités d'administration de la race des Bonaparte ressurgit sous le Second Empire, à l'initiative d'un prince longtemps méprisé sur la foi de journaux de destruction massive de tout pouvoir qui alors déplaisait. Napoléon III hissa la France au premier plan des arts, sciences et techniques et les réalisations de cette époque façonnent encore le pays que nous connaissons. Mais, comme le remarquait Charles Maurras, cette famille ne sut devenir une dynastie en ratant par deux fois le moment de sa succession. Une dynastie est successible par essence, jamais éphémère. Ceci ne prive pas la génération actuelle d'en maintenir le souvenir et de belle façon, comme nous le propose le prince Jean-Christophe Napoléon avec beaucoup d'allure : son site est à parcourir.
D'une vieille famille de patriciens italiens remontant aux années 1200, Francesco Buonaparte, originaire de Sarzane en Ligurie où la légende le dit maure, débarqua à Ajaccio en 1490 avec une unité de cavalerie pour le compte de la Banque gênoise de Saint-Georges. Il y fit souche, en épousant Caterina, la fille du représentant local de la banque, Guido da Castelletto, et alluma la mèche lente de la gloire que nous commémorons aujourd'hui.
Retirons-sous avec Le Rêve passe en souvenir de nos grands aïeux, qui furent les vrais "Géants de fer" de la chanson d'Adolphe Bérard (1907), en cliquant sur le disque :
Les soldats sont là-bas endormis sur la plaine
Où le souffle du soir chante pour les bercer,
La terre aux blés rasés parfume son haleine,
La sentinelle au loin va d'un pas cadencé.
Soudain voici qu'au ciel des cavaliers sans nombre
Illuminent d'éclairs l'imprécise clarté
Et le petit chapeau semble guider ces ombres
Vers l'immortalité.
Les voyez-vous,
Les Houzards, les Dragons, la Garde,
Glorieux fous
D'Austerlitz que l'Aigle regarde,
Ceux de Kléber,
De Marceau chantant la victoire,
Géants de fer
S'en vont chevaucher la gloire.
Mais le petit soldat
Voit s'assombrir le rêve,
Il lui semble là-bas
Qu'un orage se lève,
L'hydre au casque pointu
Sournoisement s'avance ;
L'enfant s'éveille, ému,
Mais tout dort en silence,
Et dans son cœur le songe est revenu.
Les canons !
Les clairons !
Écoutez !
Regardez !
Les voyez-vous,
Les Houzards, les Dragons, la Garde,
Ils saluent tous
L'Empereur qui les regarde.
[Version longue retirée du répertoire :
Et dans un pays clair où la moisson se dore,
L'âme du petit bleu revoit un vieux clocher.
Voici la maisonnette où celle qu'il adore
Attendant le retour, tient son regard penché.
Mais tout à coup... Douleur ! Il la voit plus lointaine,
Un voile de terreur a couvert ses yeux bleus.
Encore les casques noirs, l'incendie et la haine,
Les voilà ce sont eux !
Les voyez-vous,
Leurs hussards, leurs dragons, leur garde,
Sombres hiboux
Entraînant la vierge hagarde.
Le vieux Strasbourg
Frémit sous ses cheveux de neige.
Mourez tambours,
Voici le sanglant cortège ;
Bientôt le jour vermeil
A l'horizon se lève
On sonne le réveil
Et c'est encore le Rêve.
Les Géants de l'An II
Sont remplacés par d'autres.
Et ces soldats joyeux
France... ce sont les nôtres.
Blondes aimées ! Il faut sécher vos yeux.
Vos amis, les voici.
Les voyez-vous,
Les Hussards, les Dragons, l'Armée, Ils mourront tous
Pour la nouvelle épopée.]
Fiers enfants
De la race
Sonnez "Aux Champs !",
Le rêve passe.
(©Charles Helmer et Georges Krier, paroles d'Armand Foucher)
Où le souffle du soir chante pour les bercer,
La terre aux blés rasés parfume son haleine,
La sentinelle au loin va d'un pas cadencé.
Soudain voici qu'au ciel des cavaliers sans nombre
Illuminent d'éclairs l'imprécise clarté
Et le petit chapeau semble guider ces ombres
Vers l'immortalité.
Les voyez-vous,
Les Houzards, les Dragons, la Garde,
Glorieux fous
D'Austerlitz que l'Aigle regarde,
Ceux de Kléber,
De Marceau chantant la victoire,
Géants de fer
S'en vont chevaucher la gloire.
Mais le petit soldat
Voit s'assombrir le rêve,
Il lui semble là-bas
Qu'un orage se lève,
L'hydre au casque pointu
Sournoisement s'avance ;
L'enfant s'éveille, ému,
Mais tout dort en silence,
Et dans son cœur le songe est revenu.
Les canons !
Les clairons !
Écoutez !
Regardez !
Les voyez-vous,
Les Houzards, les Dragons, la Garde,
Ils saluent tous
L'Empereur qui les regarde.
[Version longue retirée du répertoire :
Et dans un pays clair où la moisson se dore,
L'âme du petit bleu revoit un vieux clocher.
Voici la maisonnette où celle qu'il adore
Attendant le retour, tient son regard penché.
Mais tout à coup... Douleur ! Il la voit plus lointaine,
Un voile de terreur a couvert ses yeux bleus.
Encore les casques noirs, l'incendie et la haine,
Les voilà ce sont eux !
Les voyez-vous,
Leurs hussards, leurs dragons, leur garde,
Sombres hiboux
Entraînant la vierge hagarde.
Le vieux Strasbourg
Frémit sous ses cheveux de neige.
Mourez tambours,
Voici le sanglant cortège ;
Bientôt le jour vermeil
A l'horizon se lève
On sonne le réveil
Et c'est encore le Rêve.
Les Géants de l'An II
Sont remplacés par d'autres.
Et ces soldats joyeux
France... ce sont les nôtres.
Blondes aimées ! Il faut sécher vos yeux.
Vos amis, les voici.
Les voyez-vous,
Les Hussards, les Dragons, l'Armée, Ils mourront tous
Pour la nouvelle épopée.]
Fiers enfants
De la race
Sonnez "Aux Champs !",
Le rêve passe.
(©Charles Helmer et Georges Krier, paroles d'Armand Foucher)
Surprenante chanson: on savait, en 1907, au milieu de la Troisième République, rendre hommage au grand homme. Coup de chapeau à l'éditeur pour publier dans un blogue royaliste cet ode à une armée issue de la Révolution.
RépondreSupprimerAujourd'hui, c'est avec beaucoup de prudence (de réticence?) que le président tentera de ne pas fâcher, par son discours, les contempteurs de Napoléon.
Et pourtant, en passant sous silence les batailles et les conquêtes qui font polémique (quoique la plupart de celles-ci eurent été provoquées par les Anglais) , il y a beaucoup à (re)dire sur l'héritage fabuleux: les 5 codes, le baccalauréat, les grandes écoles, la structure administrative de la France d'aujourd'hui, la Banque de France... Tout cela en 15 ans!
Curieusement, plus le temps passe, plus il semble que les commémorations, les célébrations et les hommages (avec reconstitution des différentes batailles) soient plus importants à l'étranger (en Angleterre et en Russie, entre autres!) qu'en France.
Paradoxe d'un pays qui pleure sa grandeur passée mais qui occulte son histoire.
Ces prudences de chaisière ont été inaugurée par notre Chirac Fainéant qui escamota Austerlitz et envoya le Charles-de-Gaulle à Portsmouth avec la frégate Jean-Bart et le SNA Perle pour montrer le pavillon au bicentenaire de Trafalgar !
SupprimerReste que sur le fond, après avoir reconstruit les armées du roi Louis XV, passablement négligées par Louis XVI qui ne put jamais s'y appuyer, Napoléon perdit son pari par la démesure de son tempérament. Aurait-il seulement "bloqué" les acquis de la Convention (voir la carte dans l'article) en achevant le projet capétien de tenir en sûreté la rive gauche du Rhin jusqu'à la mer, que sa dynastie aurait peut-être continué jusqu'à nous, et que les Prussiens ne nous auraient pas battus en passant trois fois par la béance du nord-est.
A faire de mauvaises comparaisons, les politiques qui aujourd'hui se disputent sur le sens de cette journée, ressemblent aux grenouilles de la fable.
Excellent documentaire sur la bataille de Waterloo, hier soir sur LCI. On y apprend que Napoléon n'avait pas rappelé Grouchy à temps et qu'il n'avait pas "commandé" la bataille, peut-être diminué dans ses facultés d'attention par le cancer de l'estomac qui le rongeait. Et finalement que Ney avait ruiné toutes ses chances par une charge ultime de cavalerie sans préparation d'artillerie sur les carrés d'infanterie anglaise, formés à l'espagnole, qui ne purent être démontés. Passionnant.
RépondreSupprimerDu titre de votre article et de l'image associée du cimetière d'Eylau j'ai conclu que Napoléon Ier était mort dans son lit quand tant de Français avaient crevé sur les champs de bataille. J'ai bon ?
RépondreSupprimerVous avez bon !
SupprimerC'est le crime de la Levée en masse.