samedi 29 mai 2021

Ryanair #FR4978

carte d'Europe orientale

Quelle mouche a donc piqué le satrape Loukachenko pour engager un Mig-29 de la chasse biélorusse pour faire poser le Boeing 737 de la Ryanair alors qu'il aurait suffi de le taper avec un missile Buk depuis le sol, comme ont pu le faire au Boeing 777 du vol MH17 de Malaysia Airlines les séparatistes russes du Donbass en 2014, sinon les Ukrainiens en 2001, qui ont descendu le Tel-Aviv-Novossibirsk de la Siberian Airlines au dessus de la Mer noire ? En plus, l'incinération de l'opposant Protassevich aurait évité les désagréments de sa détention sous l'œil inquisiteur de la communauté internationale à qui l'on offre un levier puissant de sanctions ciblées contre les protagonistes officiels du régime. A noter que « l'alerte à la bombe du Hamas » offrait le début du commencement d'un motif pour descendre l'avion menaçant.

On me dit dans l'oreillette que le KGB de Minsk voulait récupérer ses deux agents sous couverture présents derrière le siège de la cible, agents dont la mission ne pouvait être autre que de finir le dissident à Vilnius au cas où le détournement aurait échoué. Il n'y avait pas besoin de serrer de près Protassevich confiné dans un avion de la Ryanair si l'avion obéissait au Mig intercepteur, donc... CQFD : ils ne changeront jamais !

La Biélorussie, qui bénéficie d'une position avancée dans la géographie de l'Union européenne (voir la carte), est un pays qui s'en sort plutôt bien et qui n'a nul besoin des peines, soins et conseils d'Alexander Loukachenko pour avancer. Elle travaille entre deux grands marchés solvables, l'UE et la Fédération de Russie, qui sont clients et fournisseurs, c'est selon. Ce pays a donc un avenir, une industrie un peu ancienne, une agriculture exportatrice en kolkhozes, un système de santé performant et des salaires presque corrects pour la zone de référence (salaire mensuel moyen 2019 à 523$ selon la Banque mondiale). Dans ce futur paradis, les gens sont mécontents ! Jusqu'à décréter la grève nationale le 26 octobre 2020 et faire sortir le satrape en ville, armé d'une kalashnikov, pour qu'on ne lui fasse pas le coup de Ceaușescu ; des fois que l'état-major ne lui échappe. La révolution de couleur aura lieu au moindre affaissement du soutien russe, pour toujours la même raison : les gens et les jeunes surtout, ne se satisfont pas d'un avenir matériel mais aspirent à une liberté de penser et de mœurs qui croise à angle droit le dogme matérialiste hérité de l'Union soviétique.

Justement, les clés de l'avenir biélorusse sont au Kremlin, où les apparatchiks se seraient bien passés des dernières frasques aériennes du cousin retardé, qu'il va falloir soutenir jusqu'au bout du ridicule. Mais Poutine n'a pas le choix (voir à nouveau la carte). La Biélorussie est un partenaire naturel de l'Union européenne, plus que l'Ukraine ou la Géorgie, parce qu'elle est mitoyenne de la Pologne (avec un minorité polonaise chez elle), de la Lituanie et de la Lettonie, sans parler de l'Ukraine occidentale sur laquelle elle est posée et qui est carrément passée à l'Ouest à partir de la rive droite du Dniepr. La Biélorussie est le dernier carré de résistance russe à l'avancée fantasmée de l'OTAN. Mais comme Poutine n'est pas très sûr du régime pétrifié, et du satrape playmobil encore moins, il propose avec insistance l'anschluss à Minsk, afin de consolider les fortifications qui tiendront à distance respectable la démocratie fatale ! Loukachenko est un poids, pas si mort que ça, mais un poids mort quand même pour la politique extérieure du Kremlin. Mais il n'entend d'aucune façon laisser sa place à un pouvoir plus "cool" qui éviterait l'insurrection générale. C'est le dilemme russe : s'en sortiront-ils par une diagonale du fou dont Poutine a le secret ? A la place du Biélorusse, j'y regarderai à deux fois avant de m'engager sur les clous ou de boire n'importe quoi ! Quoique ! Assad, l'autre bâton merdeux* du Kremlin, a bien été confirmé dans sa fonction de bonde d'évier ! L'un et l'autre ont programmé leur fils dans leur succession. Poutine n'en a pas. A suivre.

Sur Royal-Artillerie, le "bâton merdeux" est défini par ce qu'il est plus facile à prendre qu'à lâcher.

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