jeudi 23 septembre 2021

Abrégé de stratégie navale en zone Indo-Pacifique

mappemonde

La carte géographique ci-dessus est celle que les petits Chinois ont devant eux en classe pour leur ouvrir l'esprit au vaste monde. C'est celle qui illustre le mieux le concept d'empire du milieu. Les petits Japonais doivent avoir la leur légèrement décalée vers la ligne de changement de date. On comprend donc leur engouement plus tard à découvrir le sous-continent d'extrême-Occident qu'est l'Europe de l'Ouest. Le top de l'exotisme, le voyage d'une vie, l'Ushuaïa du luxe ! La France de Louis Vuitton étant le clou du tour !

C'est cette carte que Joe Biden a affiché dans son garage à Wilmington (Del.). Messieurs Hollande et Le Drian voulaient la même, mais les Huns du Califat prirent Tombouctou pour y couper la musique, les cheveux et des mains, les obligeant à ressortir celle du méridien de Paris. Les chancelleries bruissent encore du surprenant strike que fait sur le Pacifique-nord le président le plus vieux que les Etats-Unis aient jamais élu : nucléariser la marine royale australienne pour l'associer à parité de capacités interopérables dans une guerre annoncée contre la Chine populaire dès sa première attaque... si d'aventure les hommes de Xi Jinping se maintiennent assez longtemps au pouvoir à Pékin.

Jusqu'à l'arrivée du gouvernement de Scott Morrison, l'Australie alignait ses pions au sein du jeu d'échecs asiatique. L'Australie s'insérait en Asie du Sud-Est pour des raisons de bonne gestion économique, la Chine et l'ASEAN faisant l'essentiel de son commerce extérieur. Jusqu'à même concéder un bail emphytéotique de 99 ans à la corporation chinoise Landbridge Group pour gérer le port de Darwin (NT) ! Ce port est un maillon d'une route de la soie vers l'Océan indien. Il est spécialisé dans l'exportation de cheptel vif (vers l'Indonésie) et de vrac minier, l'importation d'hydrocarbures et de marchandises diverses dont les automobiles. Cela n'empêche nullement les Etats-Unis de maintenir une demi-brigade de fusiliers-marins à quelques encâblures des docks chinois.
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'à ce que la Chine populaire réalise que son levier commercial devenait très puissant (la Chine absorbant bientôt la moitié du commerce extérieur australien) et que les tuition fees de dizaines de milliers d'étudiants célestes de plus en plus sensibles aux thèses du Parti communiste chinois (17 milliards d'euros selon Libération) permettaient d'intervenir dans le contenu des cours universitaires et dans la politique étrangère des Aussies. L'administration Obama-Biden avait fait des reproches au gouvernement fédéral australien pour son laisser-faire ; celle de Trump avait haussé le ton, jusqu'à ce qu'arrive à la barre au mois d'août 2018 qui voulait en découdre : Scott Morrison, sous vos applaudissements ! Les Chinois ont manœuvré comme des abrutis dans la séquence des loups combattants en ne négociant rien, donnant au nouveau cabinet australien tous les motifs de les contrer ! C'est là qu'intervient le changement de pied dans la marine de guerre ; un "complot" vieux de dix-huit mois maintenant, destiné à surprendre... la Chine ? Et ce fut la France qui prit le boulet dans le buffet !

Alors que les sous-marins anaérobies français étaient la meilleure option non-nucléaire en zone dénucléarisée pour défendre efficacement tous les parages du continent australien, et donc de rester forts mais chez soi, les sous-marins nucléaires américains allongeront la capacité offensive jusque sur les atterrages de la République populaire de Chine. Cela fait une différence énorme. L'Australie, qui sert aux Américains d'antenne Echelon et de base-arrière logistique depuis toujours, est à nouveau happée dans la guerre annoncée (du moins par les Etats-Unis) comme elle le fut au Vietnam, en Irak et en Afghanistan et cette fois encore, contre ses intérêts propres. Elle rompt en plus l'accord anti-nucléaire austral en acceptant d'assembler et maintenir chez elle des propulseurs atomiques à l'uranium enrichi au grade militaire. La Nouvelle-Zélande a déjà dénoncé ce revirement, et la nouvelle donne insulte les micro-nations de l'océan qui voient la première puissance du Pacifique-sud emprunter une voie interdite par elle-même après les derniers essais nucléaires français de Mururoa. Pour mémoire, les propulseurs atomiques miniaturisés des Barracuda français tournent à l'uranium enrichi au grade de 20% au lieu de 80% pour les américains.

Ce revirement annonce-t-il la nucléarisation de l'énergie électrique ? Si l'Australie veut décarboner sa consommation d'énergie, disposant de ressources importantes en uranium, son meilleur choix est la centrale nucléaire de dernière génération, au grand dam du cousin néo-zélandais. Ce serait donc un 180° qui retentira comme un coup de tonnerre à travers tout le Pacifique-sud. Nul n'en voit encore les conséquences qui seront de longue mèche, à coup sûr.

Après le pacte Aukus, on ne peut dire encore comment vont se ranger ou se reclasser par rapport à la Chine populaire les puissances sur zone. Elles sont trois en division 1, de l'ouest à l'est, l'Inde, l'Indonésie et le Japon. Elles sont six en division 2 : la Malaisie, la Thaïlande, les Philippines, le Vietnam, Taïwan (ROC) et la Corée du Sud. Et il ne faudra pas se fier aux déclarations des uns et des autres mais surveiller leurs démarches factuelles. L'entrée de l'Australie (qui manœuvrait déjà dans le cadre du QUAD) au sein de la stratégie des détroits accroît la pression conflictuelle, d'autant que sont annoncés les premiers sous-marins nucléaires en prêt-bail pour former ses équipages. Djakarta a signalé la hausse du risque de prolifération et de surarmement, mais au seuil d'une condamnation émise par Djakarta, les pêcheurs industriels chinois continuent à pénétrer dans les eaux de l'archipel des Natuna, ce qui est proprement stupide de la part du PCC, aveuglé par la "ligne en neuf traits" de Tchang Kaï-chek (qui en comportait onze).

carte de la mer de Chine par la ROC en 1947
Carte de la Mer de Chine du Sud publiée par la République de Chine en 1947


Commençons par la Chine. La future première économie du monde est à la merci d'une interruption des flux marchands dont elle vit, flux dont les routes peuvent être coupées assez facilement au niveau des approches océaniques. Une grande puissance doit forcément être "océanique". En cas de crise intense, les Chinois doivent être en capacité de forcer un blocus en Mer du Japon ou à travers la ligne des Ryukyu pour rejoindre l'Océan pacifique nord et organiser la protection des convois marchands, sinon forcer le passage à travers les Philippines, de même qu'ils doivent pouvoir traverser l'archipel indonésien pour atteindre l'Océan indien si le couloir de Malacca leur est fermé. Dans ces circonstances, il ne s'agirait pas de nautisme mais de guerre navale à outrance. On comprend son insistance à capter toute la Mer de Chine méridionale pour en faire un lac intérieur sûr où déployer leurs ressources logistiques en arrière des fronts. On comprend surtout son impatience à recouvrer Taïwan dont la côte opposée ouvre sur l'océan. Tout ceci explique sa fébrilité à disposer au plus vite de deux escadres modernes puissamment armées, capables de faire réfléchir ses contempteurs principaux que sont les Etats-Unis et le Japon. Malgré les cadences effrénées dans ses chantiers navals, elle n'y est pas encore parvenue et tout laisse à penser que la flotte américaine du Pacifique va être renforcée par l'administration Biden.
Le défi qu'affronte la Chine populaire en périphérie des mers de Chine n'est pas la différence des tonnages ou le nombre de missiles embarqués mais sa capacité à faire combattre l'escadre engagée dans les trois dimensions sur une durée suffisant à atteindre ses objectifs. C'est loin d'être simple car elle ne dispose d'aucun historique de guerre navale alors que le Japon et les Etats-Unis sont des experts en la matière pour avoir combattu l'un contre l'autre sur le plus vaste théâtre d'opérations imaginable, l'Océan pacifique. On comprend que les Etats-Unis veuillent péréniser ce gap à travers des manœuvres fréquentes en coalition pour maintenir matériel et équipages au top niveau. Mais ce n'est pas parfait non plus chez eux, à voir les avaries répétées en mer. Quoiqu'il en soit aujourd'hui, au vu des escadres engagées, la bataille navale annoncée sera... "fabuleuse". Dommage que l'Australie ait décidé de ne pas engager nos sous-marins Shortfin Barracuda classe Attack pour les faire entrer dans l'histoire ! Continuons la revue :

L'Indonésie est un empire flottant de milliers d'îles de toutes tailles (la mère des thalassocraties) peuplées de deux cent soixante-dix millions d'habitants, qui ferme la Mer de Chine méridionale. Cet espace est invincible rapidement, sauf dans la durée et musulman ! Sa cousine la Malaisie ou plutôt la fédération des neufs sultanats malais, surveille en tenaille la partie sud de la Mer de Chine et la sortie par le détroit de Malacca vers l'Océan indien. Comme l'Indonésie, elle est une jungle invincible. Elle a de plus assimilé une diaspora chinoise qui tient à haut niveau son économie et qui se méfie des communistes chinois comme de la peste. A sa pointe sud, le plus gros port du monde, Singapour, est indépendant et chinois.
Jusqu'à présent le monde malais, bien que très attentif, n'est pas monté en pression plus que de raison. Avec la guerre froide sino-américaine, le QUAD et l'Aukus, pactes extérieurs à lui, la tentation va être grande à Djakarta comme à Kuala-Lumpur de réarmer sérieusement pour ne pas subir les dommages collatéraux de la bataille de Taïwan annoncée. Y placera-t-on nos sous-marins Attack* ? Un peu chers peut-être.

Naval Group Malaysia a fourni deux sous-marins Scorpène et travaille sur des frégates légères furtives (LCS) avec la Malaisie.


Les Philippines ? c'est Cairn Info qui en parle le mieux. Nous n'allons pas réécrire l'article de Quentin Chanal Stratégie maritime – Entre espoirs et vestiges : la marine philippine en changeant les virgules comme s'y complaisent certains. C'est à lire en cliquant sur le titre. Il conclut le dossier comme suit : « La marine philippine va rajeunir et gagner en polyvalence, mais la stratégie navale du gouvernement semble se borner à la protection des côtes, de la population et de l’ordre public. Comme depuis des années, et probablement pour l’avenir à long terme : plutôt que de préparer sa marine à une confrontation avec le rival chinois, Rodrigo Duterté a choisi de s’en faire un allié, allant jusqu’à demander son aide pour lutter contre l’explosion de la piraterie dans les eaux philippines. Il ne reste alors plus guère de raison d’investir le maigre budget militaire philippin dans une force de haute mer comme le souhaitent les responsables de la marine… Laquelle serait de toute façon déclassée par ses rivales régionales, qui ont presque toutes entamé une modernisation à marche forcée de leurs moyens navals. Alors que le pays est au cœur de plusieurs transitions simultanées (sociopolitique, économique, diplomatique), il semble clair que ce n’est pas par la force de son arme navale qu’il entend s’imposer sur l’échiquier régional d’aujourd’hui et de demain.» Il n'empêche que la pêche armée chinoise continue son harcèlement des îles littorales, ce qui a conduit la France à proposer de doter le pays d'une flotte submersible correspondant à son empreinte maritime sur zone, bien dans la ligne du double jeu du président Duterte. Les gracieusetés américaines pourraient nous y favoriser.

La Thailande commande le golfe éponyme et s'ouvre sur la Mer d'Adaman. Sa Royal Navy est une force navale littorale axée sur la police des eaux territoriales contre tous les trafics, et ils sont nombreux, et la surveillance de ses approches. Diverses problématiques intérieures ont privé la marine thaïe d'un rehaussement du tonnage et des systèmes d'armes. Par contre elle s'intéresse au concept de guerre maritime hybride (HMW) beaucoup moins coûteux et tout aussi efficace selon ses promoteurs qu'une ligne d'escadre. Ce concept, créé par le colonel des Marines Frank Hoffman en 2007, articule la riposte du faible au fort par des moyens conventionnels dissimulés en attaquant la cible dans plusieurs secteurs simultanément. C'est la méthode qui fut choisie par le Kremlin pour phagocyter la Crimée au nez et à la barbe des Ukrainiens. Appliqué aux crises navales, le HMW nous ramène à l'époque de la course à brevet, voire à la piraterie. Dans les faits, on surarme de petites plateformes furtives que l'on lance sur la cible, en saturant les réseaux de communications et en procédant à une déception ailleurs. On sait que les grands vaisseaux qui font l'orgueil des flottes océaniques sont à la merci d'un speedboat furtif armé d'Exocets, voire d'un chalutier cachant dans ses entrailles deux tubes lance-torpilles. ou tout autre vecteur inventé pour James Bond. Mais c'est bien la mise en conférence de plusieurs techniques simultanées qui garantit le succès. La Royal Thai Navy travaille sur cette option et limite, ce faisant, ses ambitions maritimes à la défense de ses intérêts de continuité. Ce choix permet aussi de mieux déceler les intentions d'opérations asymétriques de l'ancien sultanat malais annexé en 1902 et toujours turbulent.

Le Vietnam est dans la même situation que Taïwan, à portée immédiate de la Fureur. L'esprit de Plan a privilégié la mer afin que le pays devienne une réelle puissance maritime en Mer de Chine méridionale pour limiter au possible l'espace laissé à la Chine populaire dans la zone d'intérêts vietnamiens. Flotte marchande, flotte de pêche, caboteurs de transport, navires d'exploitation minière, tourisme balnéaire et forcément la marine de guerre qui va bien. L'économie martitime du Vietnam contribue aujourd'hui au tiers de son produit intérieur brut, pas mal.
Sa stratégie, à défaut de pouvoir faire confiance au grand frère chinois, est de tisser des liens avec les autres au sein de l'ASEAN, de bombarder les institutions internationales de ses revendications fondées sur le droit de la mer et de se montrer acueillant vis à vis des Etats-Unis avec lesquels le Vietnam participe à des manœuvres navales. Il compte aussi défendre absolument les îles lui appartenant pour que le prix de leur conquête soit dissuasif. Ils savent faire. Comme la Thaïlande, le Vietnam est concerné par ses intérêts propres et aura peu d'appétit à converger vers une coalition anti-chine, surtout à des motifs moraux ou... démocratiques. Et comme tous les riverains de la Mer de Chine méridionale, le Vietnam s'adonne au double jeu.

Pour le Japon et l'archipel des Senkaku menacé par Pékin, nous prions le lecteur de retourner à nos articles :

- J'irai mourir aux Senkaku du 14/09/2012
- Le facteur américain du 26/10/2012, et accessoirement :
- Le phare d'Agincourt du 20/10/2012.

Les Senkaku sont la ligne d'intrusion en avant des RyuKyu qui sont, elles, les portes de l'Océan pacifique. Leur valeur stratégique est notable dans la mise en œuvre d'un endiguement de la Chine populaire qui se trouve ainsi repoussée vers la Mer du Japon, en tenaille entre la Corée du Sud et l'empire nippon. Sauf à conquérir Taïwan ! L'autre issue étant le détroit de Malacca au sud, impraticable en cas de guerre. Pour terminer ce tour d'horizon, disons que le Japon contribuera à l'endiguement dans un renfort efficace de la VIIè Flotte US car il dispose de bâtiments modernes et d'équipages entraînés. Le soleil rayonnant est revenu sur ses navires d'autodéfense.

En deux mots, la Corée du Sud n'entrera peut-être pas en guerre contre la Chine qu'elle considère comme sa génitrice civilisationnelle. Son unique obsession est la Corée du Nord et tout son agacement s'adresse au Japon, qui peine à reconnaître tout le mal qu'il lui fit. On pourrait y voir des manifestations d'ampleur contre la nouvelle guerre froide de Joe Biden, si la Chine populaire modérait ses provocations maritimes, ce qui n'est pas demain la veille.

Nous avons gardé l'Inde pour la fin. Le géant indien commande son "propre" océan ! Comme tous les grands Etats du monde il a besoin de sécuriser les flux marchands qui sont le sang de son économie. La géographie du sous-continent, avec les hautes montagnes de la chaîne himalayenne au nord et à l'est, et un voisin hostile à l'ouest, le Pakistan, oblige l'économie indienne à respirer par ses huit mille kilomètres de côtes. La protection d'un trafic marchand si important l'oblige à déployer une flotte de guerre de bon niveau et d'un tonnage respectable. La Chine a la même obligation stratégique. On ne parlera pas de Ceylan dans les griffes des corporations chinoises, ni du collier de perles chinois qui va des Paracels à Djibouti, ce serait trop long.

Océan indien

La menace permanente pakistanaise oblige l'Inde à modéliser des plans d'attaque pour bloquer tout renfort au niveau des grands ports comme Karachi avec sa base navale, celle d'Ormara et plus loin le port rapide (chinois) de Gwadar, ce qui signifie des capacités amphibies. A l'est, le Myanmar est l'allié objectif des Chinois qui pourraient y disposer rapidement d'une base navale. L'Etat précaire de la paix armée avec la Chine populaire au Ladakh exige de l'amirauté indienne le déploiement de moyens pour contrer en même temps la Chine et le Pakistan, très capables de se coaliser contre elle ; auquel cas il lui faudrait bloquer le détroit de Malacca pour rompre les liaisons maritimes chinoises au débouché de la Mer de Chine méridionnale. A noter qu'on parle ici de trois puissances nucléaires !
On comprend mieux l'intérêt pour l'Inde de participer aux manœuvres du QUAD (Quadrilateral Security Dialogue) dans l'Océan indien avec les Etats-Unis, le Japon et l'Australie. La nouvelle du pacte Aukus la renforce directement. Tout ceci nous indique que les capacités de construction navale sont primordiales pour l'Inde mais qu'elle doive aussi recourir aux importations de technologies étrangères (russe, française) puisque la menace s'accroît. Elle participe aussi à la course aux bases navales sur tout l'Océan indien concurremment à la Chine. La France lui a ouvert les siennes.

Est-ce bien utile de parler de la France et du Royaume-Uni dans le schmilblick ? Ces deux pays lointains (voir la carte recentrée en tête d'article) cultivent un tropisme impérial jugé exotique voire "comique" par la plupart des acteurs de la zone indo-pacifique. Dans l'esprit des élites informées, la Grande Bretagne est un championnat de foot à nul autre pareil, et le destin des possessions françaises parsemant l'espace maritime austral est à terme une indépendance douce, sans violence. Peut-être que le résultat du troisième et dernier référendum proposant à la Nouvelle Calédonie de voler de ses propres ailes en sera pour eux la confirmation. Ceci pour nous dire que la posture global player tant de Macron que de Boris Johnson est d'une grande vanité, surtout avec les moyens étiques disponibles sur zone.


Pour fixer les idées, Global Firepower classe cent quarante pays du monde par puissance militaire sur un indice de puissance conventionnelle calculé en son sein sur 50 critères pour les trois armes, dont ils ne dévoilent pas le détail, mais on sait que l'index mesure en fait les capacités d'agressivité. Voici ceux de la zone Indo-Pacifique (avec l'index de référence -> 0,0000 c'est le maximum théorique):

1er/ Etats-Unis d'Amérique (0.0718)
2ème/ Fédération de Russie (0.0791)
3ème/ République populaire de Chine (0.0854)
4ème/ Union indienne (0.1207)
5ème/ Japon (0.1599)
6ème/ Corée du Sud (0.1612)
10ème/ Pakistan (0.2073)
16ème/ Indonésie (0.2684)
19ème/ Australie (0.3378) (on touche du doigt le souci australien)
22ème/ République de Chine (Taïwan) (0.4154)
24ème/ Vietnam (0.4189)
26ème/ Thaïlande (0.4427)
28ème/ Corée du Nord (0.4673)
44ème/ Fédération de Malaisie (0.7451)
48ème/ Philippines (0.8219)
Pour mémoire, la France est classée 7ème sur 140 pays avec un index de 0.1681 comparable à celui de la Corée du Sud, et le Royaume uni est 8ème/140 avec 0.1997 à peine mieux que le Pakistan.


Conclusion pour nous

Dans son discours à l'Assemblée générale de l'ONU du 21 septembre 2021, Joe Biden a célébré les alliances qui renforcent la politique américaine. Il n'est pas question de partenaires, moins encore de co-décisions partagées. La conversation téléphonique d'apaisement entre Biden et Macron a débouché sur un approfondissement des questions de coopération bilatérale, et a évoqué le renforcement du pilier européen de l'Alliance atlantique, ce qui ne peut-être dans l'esprit de Biden que l'augmentation des budgets militaires européens. On se doute que tout développement des relations sera contrôlé par le Pentagone dans un schéma de subordination. Nous ne sommes pas pris au sérieux. Rien de changé ! Il est plus que temps que la France joue le match dans des crampons à sa pointure plutôt que de courir dans des galoches en 45 quand on fait un petit 41. Nous irons plus loin bien chaussés.
Utilisons les alliances à notre profit - et l'Alliance atlantique par exemple en propose beaucoup - et cessons de nous prétendre exportateurs de valeurs, lumières, foutaises et vessies ! Braquer les Etats-Unis ne nous apportera rien, nous coucher devant eux non plus. Innovons, fabriquons et commerçons sérieusement sans morgue ni arrogance, en évitant de nous proposer comme la meilleure alternative aux ambitions de l'Oncle Sam !
Sachons raison garder la tête froide. E la nave va !

3 commentaires:

  1. Dans l'affaire des sous-marins, la France a pris une gifle et tout le monde politico-médiatique de se lamenter sur l'humiliation subie. Mais je ne me souviens pas avoir entendu qui que ce soit protester lorsque NOUS avons rompu (avec beaucoup moins de raisons valables) unilatéralement des marchés similaires: qui se rappelle des vedettes de Cherbourg (payées mais bloquées) ou plus récemment des Mistral achetés (et payés) par la Russie mais dont la livraison a été suspendue par Flamby. (Dans cette affaire, les USA nous ont aidés en permettant à l’Égypte de nous racheter ces deux bateaux).
    Le commerce international des armes et armements, n'est pas un jeu entre copains. Nous avons une industrie (la seule qui nous reste?) d'armements encore puissante, nous pouvons rivaliser avec les grands à condition de respecter nos engagements et notre signature, sous peine de devoir subir à notre tour ce que nous nous autorisons à faire à nos clients.

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    1. L'indignation est surjouée côté français.
      Mais je crois que la trudeauïsation d'Emmanuel Macron qui ne conçoit de politique étrangère qu'entre "copains", a vu là son aboutissement le plus négatif. Marcher sur la pelouse la main dans le dos de Joe Biden a été pris pour un manque de respect de sa part. Eut-il été aux premiers jours de son mandat, qu'on lui aurait pardonné, mais il avait provoqué déjà ce genre de familiarités avec Donald Trump.
      Et nos services de renseignement n'ont pas fait le job.

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  2. Un éclairage différent qui remet les choses à leur juste proportion : La France dans le Pacifique, une présence intermittente et discrète par M. de la Neuville pour la Revue politique et parlementaire.

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