samedi 11 septembre 2021

Business as usual

PM afghan
La conscience internationale se réveille en même temps que s'installent aux commandes les talibans. Et de constater que les portefeuilles du gouvernement provisoire de Kaboul sont confiés à des Pachtounes ayant dirigé le pays jusqu'en 2001, avec une mention spéciale pour celui de l'Intérieur qui est donné au chef du réseau indépendant Haqqani, lequel est considéré comme un fondé de pouvoir d'al-Qaïda. Le Premier ministre Akhund (en image), qui était déjà conseiller politique de Mollah Omar dans le premier gouvernement de 1996, dispose d'une légitimité religieuse ancrée au berceau taliban de Kandahar mais d'aucun emploi à la guerre (source), ce qui ne fait pas d'ombre aux commandants provinciaux. Il se trouve être le plus petit commun dénominateur des diverses factions qui s'observent à la Rehbar-e-Shura (conseil de surveillance). S'ils sont malins, et rien encore ne permet d'en douter, les dirigeants devraient convoquer une Loya Jirga qui approuverait un gouvernement d'union nationale (ou presque) incluant les ethnies non-pachtounes afin de demander à l'ONU sa reconnaissance. Alors tourneront les robinets de l'aide internationale qui jusqu'ici couvrait 40% des dépenses publiques du pays. Et le tour sera joué. Pour le dire quand même, un rétablissement de la monarchie pachtoune (elle a un héritier) serait un atout considérable sur la scène internationale, mais c'est plutôt le modèle iranien de théocratie hégémonique qui semble avoir les faveurs des vainqueurs.

D'aucun s'offusquent que ce gouvernement transitoire édicte déjà des instructions bridant la liberté comme l'autorisation préalable de manifester dans la rue. C'est ignorer les lois françaises. D'autres dénoncent des morts dans pareilles manifestations non autorisées. Il nous faut leur fournir des LBD40 ! Les derniers observateurs sont attentifs au décrets à venir réinstituant la charia dans tous les domaines de la société. Mais c'est le programme annoncé par les Talibans depuis vingt-cinq ans (prise de Kaboul le 27 septembre 1996), qui ne semble pas avoir levé de fortes oppositions dans le peuple majoritaire pachtoune, à voir la rapidité de contrôle du pays. Il n'y a de fait aucune surprise ! Elle viendrait plutôt du côté de la Coalition pour son défaut d'anticipation. Mais nous en avons déjà parlé.

Sauf tuerie de masse dans une province hors d'atteinte des dirigeants de Kaboul, et sous condition de reconnaissance du prochain gouvernement afghan (inclusif comme disait Yves Le Drian) avec deux femmes âgées dans des postes de secrétaires d'Etat, les affaires vont reprendre entre la communauté internationale, Etats-Unis compris, et l'Emirat islamique d'Afghanistan, quoiqu'en dise ce pauvre Josep Borrell qui enfile les éléments de langage comme des perles de culture. Mais pourquoi avoir choisi ce con au poste diplomatique européen ? A dire vrai, en ce vingtième anniversaire des attaques séoudiennes sur New-York, nous sommes au seuil d'une collaboration entre les services de renseignement afghans et américains pour confiner al-Qaïda et détruire l'Etat islamique Khorasan. Rien ne dit d'ailleurs que l'ISI pakistanaise ne soit pas déjà entrée dans cette coalition de l'ombre, car l'effervescence nouvelle dans les FATAs et les camps de réfugiés afghans archi-pleins commencent à déstabiliser le pouvoir à Islamabad.

Restera ensuite la façon talibane d'appliquer en toute hypocrisie les directives gouvernementales aux provinces, ce qui dans le système fédératif afghan n'est pas donné d'avance. On l'a déjà vu à Hérat. Mais nécessité faisant loi, les besoins dramatiques de fonds étrangers pour nourrir une population à moitié dénutrie et relancer les utilités de base avant l'hiver primeront les considérations coraniques. C'est le seul levier dont dispose la communauté internationale pour relativement protéger la population d'exactions révolutionnaires. Espérons que la Chine populaire ne le bloquera pas, pour le simple plaisir d'exposer son incontournable pouvoir de nuisance et affirmer sa suzeraineté sur un pays prometteur.

Entretemps, sauvons les femmes afghanes et les lévriers !

2 commentaires:

  1. Les lévriers ET les chevaux, surtout ceux dressés pour le bouzkachi!

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.

Les plus consultés sur 12 mois

Compteur de clics (actif)