dimanche 3 octobre 2021

« Belle marquise, d'amour mourir vos yeux me font »

Margarita Vargas

Ce billet gothesque n'a d'autre motif que de montrer au lectorat cloîtré de Royal-Artillerie la duchesse d'Anjou en majesté. C'est à la noce impériale du grand-duc Jorge Mikhailovich Romanov et de mademoiselle Rebecca Victoria Bettarini que se sont donné rendez-vous les princes de ce monde déchargés de toutes responsabilités, ce qui laisse du temps. Ayant confié ses quatre enfants à la gouvernante à Madrid, une sylphide est apparue au bras musclé de l'aîné des Capétiens, Louis-Alphonse de Bourbon, qui prit sa place très naturellement entre le Csar des Bulgares Siméon II et Dom Duarte de Bragance, chef de la maison royale du Portugal. On y vit les Tilsim du Liechtenstein, Fouad II d'Egypte, le prince de Venise, le nouveau duc d'Aoste, le prince Leika d'Albanie, les princes Murat et tout ce que compte l'aristocratie européenne ayant les moyens d'un cadeau de mariage royal. Les grandes maisons régnantes étaient absentes pour des raisons tenant sans doute à l'inextricabilité de l'héritage dynastique des Romanov exterminés en 1917 par les Bolcheviques. Ce ne sera pas l'analyse du jour, mais chacun a noté que Vladimir Poutine n'a pas fait tirer le canon à la sortie de messe. Parmi les quinze cents invités à la cérémonie religieuse furent présents deux Français connus, Stéphane Bern et Charles-Philippe d'Orléans-Cadaval qui a pris des photos du plafond de l'église. On lira par ailleurs l'article de Nicolas Fontaine dans Histoires Royales et quelques-autres qu'il a commis sur son site exceptionnel.

les ducs d'Anjou
Ce sont les ducs d'Anjou qui nous intéressent aujourd'hui, n'en déplaise aux D'Orléans, peu présents cette fois. Louis et Marguerite de Bourbon sont un couple aimant après dix-sept ans de mariage et quatre enfants. En 2004 il y avait plus de quinze cents invités à la noce exotique de La Romana que la Casa Real avait boudée, mais du côté français, seul un représentant de Présence du Souvenir Bourbonnien avait fait le voyage. La Légitimité institutionnelle y perdit là l'affection du jeune prince qui s'en accommodera ensuite sans chaleur aucune. Son père eut-il survécu à son accident de ski au Colorado, qu'il aurait formé son fils à la gestion de l'aréopage légitimiste et des courtisans jaloux qui y patrouillent en défense de leurs intérêts propres. Il n'en fut pas ainsi, et déjà seul, sans le soutien du Garde des Sceaux Jean Foyer, le jeune Louis aurait perdu armes et titre à l'âge de quinze ans dans un procès ubuesque préalablement ouvert contre son père et dont il hérita (le procès), que lui intentèrent feu Henri d'Orléans et Sixte-Henri de Bourbon-Parme (clic) sous des prétextes futiles, sans que j'ai pu comprendre jusqu'à maintenant leur motif premier, si ce n'est la rancœur de laissés-pour-compte de l'histoire n'ayant jamais douté de leur supériorité (humour). Brisons là.

Margerite de Bourbon
Les royalistes de France tombèrent amoureux de Marguerite Vargas au premier regard et nul ne douta du coup de foudre de Louis. Timide comme lui au début, elle s'inséra lentement dans la bonne société madrilène en cochant toutes les cases. Une famille aisée au loin, un clan bien défendu en accueil, un latin lover pour mari, de beaux enfants ensuite et quelquefois une couverture de magazine. On ne lui connaît pas d'ambition démesurée à la Sussex, du moins se limite-t-elle à sa propre famille et au soutien inébranlable de son mari, même quand il est empêtré dans des affaires, le lot de tous ceux qui en font vraiment au lieu d'en juste parler. Oui, elle est un tribut de la famille Franco mais elle n'a jusqu'ici jamais pris publiquement fait et cause pour eux, même si on la devine avancer dans le sillon tracé par Louis, non plus qu'elle n'a participé aux conférences de défense de la famille traditionnelle où il va. Est-elle heureuse ? A la suivre régulièrement, on devine qu'il y a eu des baisses de pression. Quatre enfants rapprochés, le souci de parents publiquement séparés avec des articles dans la presse people, une pression politique constante sur le foyer, des accidents d'équitation-concours ont marqué ces dernières années, mais elle a su chaque fois revenir au meilleur de sa forme, à côté de son mari qui la couve. La duchesse d'Anjou porte plusieurs noms dans les articles de presse, Maria Margarita Vargas Santaella, Margarita de Borbon, Marie-Marguerite de Bourbon. Royal-Artillerie en tiendra désormais pour Marguerite d'Anjou. Ce nom est chic et correspond bien à la lumière émise par la princesse comme à cette province dont Joachim Du Bellay vantait la douceur.

Aux noces impériales de Saint-Pétersbourg, on n'a vu qu'elle, sa capeline sans doute, mais une rare élégance surtout, confortant son rang. Souvenons-nous qu'elle fut reçue le 25 juin 2016 Dame Grand-Croix d’Honneur et de Dévotion de l’Ordre Souverain Militaire Hospitalier de Saint Jean de Jérusalem de Rhodes et de Malte en la chapelle royale de Versailles sous la présidence du cardinal Tauran, camerlingue de la Curie romaine et du général Jean-Louis Georgelin, Grand Chancelier de la Légion d’honneur, au milieu d'une foule de chevaliers (dont Bernadette Chirac), grands maîtres, ducs et prélats (clic). Difficile de faire plus cher. Ça redresse son homme. Le maintien de Marguerite d'Anjou et son port altier ne sont pas étrangers à cette distinction rare, reçue précocement à l'âge de trente-deux ans. Feu le baron Pinoteau qui l'adorait, avait réalisé ses armoiries. Elle y fait honneur.

Que Dieu veille sur elle !



Armes de Marie Marguerite de Bourbon

2 commentaires:

  1. Il y avait 2 ducs d'Anjou à l'office de St Isaac à Saintpetersburg ?

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    1. Il n'y a qu'un duc d'Anjou dès lors que le titre appartient à la branche aînée. et que rien n'atteste que la branche cadette lui ait succédé en droit. C'est une grosse dispute dans laquelle nous n'entrerons pas aujourd'hui.
      L'affaire du titre d'Anjou a été jugée par la Première Chambre de la Cour d'Appel de Paris le 22/11/1989, qui déboute Henri d'Orléans de la possession de la ducature d'Anjou qu'aucun de ses ascendants n'a reçue. La Cour agrée le port des pleines armes de France par le jeune duc d'Anjou et condamne les plaignants (lui et Mgr Sixte-Henri) aux dépens ! (source)

      Ceci ne freinera pas Henri d'Orléans de mettre ensuite les pleines armes de France sur son papier à en-tête et de titrer son neveu Charles-Philippe, duc d'Anjou. Quelle était l'intention d'une assignation en justice dont on refuse le jugement si l'on est débouté deux fois ? Qu'importe à la fin. Paix à son âme.

      Le reportage Reuters (clic) du mariage impérial en la cathédrale de Saint-Pétersbourg montre bien l'ordre protocolaire par lequel les ducs d'Anjou sont au premier rang dans ce que d'aucuns appelleraient "la rangée des rois déchus", et que Charles-Philippe d'Orléans est dans le paquet européen deux rangs derrière. Il n'est sur aucune photo officielle de la cérémonie, et il y en a beaucoup. Tout le gotha connaît l'usurpation de titre, et la duchesse d'Anjou et Cadaval n'a pas fait le voyage de Russie.

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