« Notre outre-mer est une chance et un espace de respiration et de réalisation extraordinaires pour la France, de par sa richesse avant tout humaine et de par les horizons qu’il nous ouvre dans un monde trop enclin au repli sur soi » déclare Eric Cerf-Mayer dans la RPP (clic). Il est permis d'en douter et de lui répondre que ces départements français, qui à l'origine était des territoires de plantations, sont aussi des danseuses de la République. Leurs économies insulaires de faible envergure n'arrivent pas à contribuer aux schémas sociaux importés de métropole. Si les niveaux de vie de nos outremers sont sensiblement inférieurs à ceux de métropole de 31 à 68% selon le Sénat, ceux des îles voisines qui jouissent de leur indépendance sont encore en dessous des nôtres. Quelques comparaisons (ce ne sont que des ordres de grandeur):
- Martinique ou Guadeloupe : 20000 à 21500 euros par tête
- République dominicaine : 14000 euros
- Grenade ou Sainte Lucie : 12000 euros
- Dominique (l'île seule entre les nôtres): 9000 euros
- Saint-Vincent-Grenadines : 9000 euros
- Haïti pour mémoire : 1500 euros !
Seules les îles néerlandaises produisant des hydrocarbures s'en sortent, sans parler des paradis fiscaux.
Et pour finir, Maurice : 18000 euros (Réunion 19500€), les territoires sont déjà plus grands.
On pourrait faire aussi des comparaisons instructives entre les petites nations de l'Océan pacifique.
Ces décalages signifient que l'indépendance n'est viable économiquement qu'en rabattant les prestations sociales au minimum minimorum, ce qui calme bien des ardeurs.
Les grands territoires comme la Guyane où tout reste à faire ou bien la Nouvelle Calédonie richement dotée pourraient réfléchir à larguer les amarres, nos départements antillais addictés à l'assistance certainement pas. Mais il n'y a pas que la production de richesse. Il y a les hommes. Nos départements d'outremer sont entrés dans le premier empire, celui des rois de France, bien avant que la Corse, la Savoie et le comté de Nice n'entrent en France. Qu'on en juge :
Ceci pour dire que la France a des responsabilités sur ces territoires et que l'histoire des soubresauts de l'époque moderne prouve qu'elle ne s'en est pas acquittée. Certes la "départementalisation", décrétée par un Etat jacobin dans l'âme, est un venin qui suscita toutes les envies et de justes revendications pour atteindre à la parité avec les départements métropolitains. Mais c'est moins dans le domaine des prestations sociales que dans celui des services publics élémentaires que la France a péché. Les viabilités enfouies sont obsolètes depuis longtemps. L'eau ne coule plus au robinet dans beaucoup de villages. Les flux économiques sont monopolisés par des malins qui se goinfrent sur la respiration financière des îles : octroi de mer enchérissant tous les produits importés, obligation de faire venir de France métropolitaine des produits qui sont accessibles à moindre prix dans la région caraïbe (comme l'essence); déficit d'investissements lourds qui auraient un effet d'entraînement. Abandon des îles au tourisme et à la banane. Mais ces reproches furent entendus en 2009 (Sarkozy régnant) lors des émeutes Domota pour essayer d'aller un peu plus loin que la répression aveugle des désordres. En vain ! Les politiciens locaux reprirent vite les habitudes et le chemin de la chocolaterie, ne se souciant même pas de convaincre les pouvoirs parisiens.
Et puis il y a cet outrage du chlordécone, le bien nommé. Interdit partout ailleurs, ce pesticide contre le charançon de la banane fut maintenu aux Antilles françaises pour le bénéfice des planteurs. Son usage massif et sa longue persistance dans les sols ont provoqué des désordres sanitaires graves parmi la population. Ce qui explique pourquoi l'Etat français n'est plus crédible aux yeux de beaucoup, même si certains forcent un peu le trait. Pauvreté, chômage, cherté de la vie, gestion Covid mal comprise ? alors la République envoie sa gendarmerie pour protéger les intérêts des commerçants et rouvrir les routes coupées par l'insurrection ! Et le ministre des outremers Lecornu ? A l'heure où nous mettons sous presse, il a décidé de ne pas se montrer pour ne pas distraire de moyens à sa propre protection ! Aucune empathie, aucun courage et il se croit indispensable. Misère de nous ! Ce gouvernement où les grotesques gouvernent les miquets n'en finit plus de faire sous lui !
Sans doute est-il venu le temps de poser les dossiers sur la table. Tous les dossiers.
Si on veut aller au bout de la départementalisation, il faut sortir les DOM du ministère des Outremers en n'y gardant que les TOM. Les DOM passeraient simplement au ministère de l'Intérieur et la mise à parité serait programmée sur quinze ans par exemple.
Si l'affaire coûte trop cher, il faut trouver les ressources financières pour réparer et étendre les infrastructures de base, comme les réseaux d'adduction d'eau par exemple et les logements sociaux. Il faut aussi intéresser des investisseurs internationaux au développement des îles en débureaucratisant les procédures et en mettant notre souveraineté jalouse dans la poche. C'est aussi une question de niveau des fonctionnaires appelés à décider comme au temps béni de l'Ecole coloniale. Cessons de détacher dans les DOM-TOM ceux dont on ne veut plus dans l'Hexagone. Et s'il reste une case libre dans le cerveau politique du chef de l'Etat, intégrer économiquement les deux DOM antillais dans l'espace caraïbe en coupant le cordon ombilical comme les Anglais l'ont fait de leurs possessions régionales en les intégrant dans la Communauté caribéenne (CARICOM) qui regroupe quinze états. Vous en entendez parler ?
Pour finir, je regardais mercredi dernier un court reportage sur l'invasion des sargasses sur les plages de Guadeloupe. Deux ou trois employés avec une griffe à feuilles ramassaient ces algues dans des seaux. Il y en avait des tonnes et des tonnes ; et aucun autre moyen de récolte (tracteur à herse) comme on en voit en baie de Saint-Brieuc, n'est apparu. Moyens dérisoires pour employés démotivés, et la paillotte de la plage était en faillite ! Une grande fatigue émanait de ces images. Face à l'énormité de la tâche, ces ouvriers étaient démunis, abandonnés par leur hiérarchie. Il y aura du travail pour rattraper tout ça.
- Martinique ou Guadeloupe : 20000 à 21500 euros par tête
- République dominicaine : 14000 euros
- Grenade ou Sainte Lucie : 12000 euros
- Dominique (l'île seule entre les nôtres): 9000 euros
- Saint-Vincent-Grenadines : 9000 euros
- Haïti pour mémoire : 1500 euros !
Seules les îles néerlandaises produisant des hydrocarbures s'en sortent, sans parler des paradis fiscaux.
Et pour finir, Maurice : 18000 euros (Réunion 19500€), les territoires sont déjà plus grands.
On pourrait faire aussi des comparaisons instructives entre les petites nations de l'Océan pacifique.
Ces décalages signifient que l'indépendance n'est viable économiquement qu'en rabattant les prestations sociales au minimum minimorum, ce qui calme bien des ardeurs.
Les grands territoires comme la Guyane où tout reste à faire ou bien la Nouvelle Calédonie richement dotée pourraient réfléchir à larguer les amarres, nos départements antillais addictés à l'assistance certainement pas. Mais il n'y a pas que la production de richesse. Il y a les hommes. Nos départements d'outremer sont entrés dans le premier empire, celui des rois de France, bien avant que la Corse, la Savoie et le comté de Nice n'entrent en France. Qu'on en juge :
- La Martinique et la Guadeloupe, 1635, Louis XIII régnant
- La Réunion, 1665, Louis XIV régnant
- La Guyane, 1676, Louis XIV régnant
Ceci pour dire que la France a des responsabilités sur ces territoires et que l'histoire des soubresauts de l'époque moderne prouve qu'elle ne s'en est pas acquittée. Certes la "départementalisation", décrétée par un Etat jacobin dans l'âme, est un venin qui suscita toutes les envies et de justes revendications pour atteindre à la parité avec les départements métropolitains. Mais c'est moins dans le domaine des prestations sociales que dans celui des services publics élémentaires que la France a péché. Les viabilités enfouies sont obsolètes depuis longtemps. L'eau ne coule plus au robinet dans beaucoup de villages. Les flux économiques sont monopolisés par des malins qui se goinfrent sur la respiration financière des îles : octroi de mer enchérissant tous les produits importés, obligation de faire venir de France métropolitaine des produits qui sont accessibles à moindre prix dans la région caraïbe (comme l'essence); déficit d'investissements lourds qui auraient un effet d'entraînement. Abandon des îles au tourisme et à la banane. Mais ces reproches furent entendus en 2009 (Sarkozy régnant) lors des émeutes Domota pour essayer d'aller un peu plus loin que la répression aveugle des désordres. En vain ! Les politiciens locaux reprirent vite les habitudes et le chemin de la chocolaterie, ne se souciant même pas de convaincre les pouvoirs parisiens.
Et puis il y a cet outrage du chlordécone, le bien nommé. Interdit partout ailleurs, ce pesticide contre le charançon de la banane fut maintenu aux Antilles françaises pour le bénéfice des planteurs. Son usage massif et sa longue persistance dans les sols ont provoqué des désordres sanitaires graves parmi la population. Ce qui explique pourquoi l'Etat français n'est plus crédible aux yeux de beaucoup, même si certains forcent un peu le trait. Pauvreté, chômage, cherté de la vie, gestion Covid mal comprise ? alors la République envoie sa gendarmerie pour protéger les intérêts des commerçants et rouvrir les routes coupées par l'insurrection ! Et le ministre des outremers Lecornu ? A l'heure où nous mettons sous presse, il a décidé de ne pas se montrer pour ne pas distraire de moyens à sa propre protection ! Aucune empathie, aucun courage et il se croit indispensable. Misère de nous ! Ce gouvernement où les grotesques gouvernent les miquets n'en finit plus de faire sous lui !
Sans doute est-il venu le temps de poser les dossiers sur la table. Tous les dossiers.
Si on veut aller au bout de la départementalisation, il faut sortir les DOM du ministère des Outremers en n'y gardant que les TOM. Les DOM passeraient simplement au ministère de l'Intérieur et la mise à parité serait programmée sur quinze ans par exemple.
Si l'affaire coûte trop cher, il faut trouver les ressources financières pour réparer et étendre les infrastructures de base, comme les réseaux d'adduction d'eau par exemple et les logements sociaux. Il faut aussi intéresser des investisseurs internationaux au développement des îles en débureaucratisant les procédures et en mettant notre souveraineté jalouse dans la poche. C'est aussi une question de niveau des fonctionnaires appelés à décider comme au temps béni de l'Ecole coloniale. Cessons de détacher dans les DOM-TOM ceux dont on ne veut plus dans l'Hexagone. Et s'il reste une case libre dans le cerveau politique du chef de l'Etat, intégrer économiquement les deux DOM antillais dans l'espace caraïbe en coupant le cordon ombilical comme les Anglais l'ont fait de leurs possessions régionales en les intégrant dans la Communauté caribéenne (CARICOM) qui regroupe quinze états. Vous en entendez parler ?
Pause bonheur !
Mwen ja ba'w tchè mwen
Mi kò mwen
É man paré pou alé la ou lé
Pou volé dan syèl
Aï chèché soley
Man ké fè mil é mil foli
Pou fè'w plézi
É man ké goumen
Pou nou toujou byen
É si fò mwen kriyé divinité
Man ké fé'y
Lanmou dan tchè mwen
Ka brilé kò mwen
É man ké préyé Dié pou sa toujou toujou diré
Pa fè mwen lapenn o
Pa fè mwen la penn an ké'y mò
Pa fè mwen lapenn o
An an an an
Pa fè mwen lapenn o
Pa fè mwen la penn an ké'y mò
Pa fè mwen lapenn o
An an an an
Si janmen sa rivé
Ola man ké alé
Lwen lwen
É le tan ka pasé
Pé ké fè mwen oubliyé
Hou hou
Ou ja ni tchè mwen
Mwen ja ba'w kò mwen
Donné lavi mwen si ou lé
La ou lé
Man oubliyé fanmi
Tou lé bon zanmi
Man ké fè mil é mil foli si ou anvi
Man ni'w an lapo mwen
San ki dan venn mwen
Ès fòk mwen kriyé pou ou konprann sa ou yé pou mwen
Bondié ou ka kouté
Ba mwen fòs pou tjenbé
Fòs pou mwen goumen lannuit kon jou pou lanmou nou
Pa fè mwen lapenn o
Pa fè mwen la penn an ké'y mò
Pa fè mwen lapenn o
An an an an
Pa fè mwen lapenn o
Pa fè mwen la penn an ké'y mò
Pa fè mwen lapenn o
An an an an
Si janmen sa rivé
Ola mwen ké alé
Lwen lwen
Ki sa ké réparé
Tchè mwen ki déchiré
Pa fè mwen lapenn o
Pa fè mwen la penn an ké'y mò
Pa fè mwen lapenn o
An an an an
Pa fè mwen lapenn o
Pa fè mwen la penn an ké'y mò
Pa fè mwen lapenn o
An an an an
La la la la la la la la la la la la la la la
Gadé mwen dan zyé'w
Gadé mwen
Jiré mwen
Mi zyé mwen dan zyé'w
O Oooooo
Pa fè mwen lapenn o
Pa fè mwen la penn an ké'y mò
Pa fè mwen lapenn o
An an an an
Pa fè mwen lapenn o
Pa fè mwen la penn an ké'y mò
Pa fè mwen lapenn o
An an an an
Pa fè mwen lapenn o
Pa fè mwen la penn an ké'y mò
Pa fè mwen lapenn o
An an an an - ©Eric Virgal
Pour finir, je regardais mercredi dernier un court reportage sur l'invasion des sargasses sur les plages de Guadeloupe. Deux ou trois employés avec une griffe à feuilles ramassaient ces algues dans des seaux. Il y en avait des tonnes et des tonnes ; et aucun autre moyen de récolte (tracteur à herse) comme on en voit en baie de Saint-Brieuc, n'est apparu. Moyens dérisoires pour employés démotivés, et la paillotte de la plage était en faillite ! Une grande fatigue émanait de ces images. Face à l'énormité de la tâche, ces ouvriers étaient démunis, abandonnés par leur hiérarchie. Il y aura du travail pour rattraper tout ça.
[1981°]
Le zouk Santimantal d'Anik Et Janklod c'est du grand art.
RépondreSupprimerLa prise en paillotte a été remixée en studio, ce qui donne un rendu exceptionnel. Merci.
Pour le reste, quoi dire ?
Rien ! C'est de toujours pareil.
C'est un groupe de zouk qui a un peu disparu des charts, semble-t-il, depuis que le couple a perdu son fils Yann-Cédric en 2017. Sa production réunit pas mal de moyens contrairement à la prise dépouillée. C'est du haut niveau.
SupprimerPour le reste, comme vous dites, la classe politique française commence à comprendre que l'insurrection antillaise n'est pas une question de vaccination mais de délaissement. Il ne suffit pas de voter des budgets suffisants, faut-il encore que la gouvernance suive dans l'exécution et que la Justice passe ! En pré-campagne électorale, Macron est saisi à la gorge d'autant que la Nouvelle-Calédonie vote le 12 décembre et que rien ne sera réglé si les Canaques indépendantistes refusent le scrutin.
Macron et son équipe de "génies" en soupentes ne ressentent rien vis à vis de l'Outremer.
https://louischiren6.wixsite.com/peintreetpoete/les-enfants-du-lys
RépondreSupprimerBienvenue Monsieur Chiren.
SupprimerQuand on voit les réactions de la "droite" au sujet de l'évocation d'une possible autonomie des deux iles antillaises, on se dit que la dejacobinisation du pays soviétique n'est pas pour demain. Surtout que la séparation de Saint Barthelemy et Saint Martin de la Guadeloupe n'avait pas eu que des effets négatifs (surtout pour Saint Barth) A l'inverse avoir transformé les pêcheurs de Saint Pierre et Miquelon en fonctionnaires ou assistés ne leur a pas rendu service (leurs collègues boulonnais et calaisiens savent ce qui les attend) Au final, on est parti sur une jamaÏquasion de ces zones. Cayenne et ses favelas, c'est déjà fait! (seule ville de France ou la BAC est activée 24/24h) Des cités comme chez nous mais avec palmiers. Au moins la continuité territoriale est assurée partout: des gens pas contents, un bordel sans nom , le même MI incapable de faire autre chose que des communiqués abscons et le Grand remplacement en cours la bas aussi (mahorais, surinamiens, haitiens...) Manque plus que la Corse s'agite un peu et le tableau sera complet
SupprimerLes nationalistes corses devraient s'engouffrer dans la brèche de "l'autonomie" surtout en période électorale où ils peuvent arracher le paragraphe qui va bien dans la loi d'organisation du territoire.
SupprimerPour les Antilles, seule leur imbrication dans l'économie caraïbe et centre-américaine peut leur donner de l'air. Le joug métropolitain, outre qu'il est anachronique, alourdit de contraintes stupides le fonctionnement d'économies déjà assistées, pour le bénéfice de quelques monopoles d'importation.
Mais s'ils veulent ensuite équilibrer leur budget, ils devront renoncer au hamac français. Et ça ce n'est pas demain la veille.
Annick, fascinante dans Santimantal !
RépondreSupprimerBon choix !
La visite en courant du ministre Lecornard a été prise pour une insulte par les Antillais.
RépondreSupprimer