Va commencer la campagne électorale très bientôt. Avec l'arrivée sur le marché du candidat LR officiel le 4 décembre prochain et la mainlevée cette semaine aussi de l'hypothèque Zemmour, le band-wagon sera lancé. Qui ne le prendra pas maintenant n'y montera jamais... le sortant étant à part, pour continuer à bénéficier des avantages de la fonction et faire campagne aux frais de la marquise, mais quand tu tutoies le pape, tout t'est permis ! Il n'est aucun jour déjà que lui ou sa clique ne fasse irruption sur l'avant-scène médiatique pour maintenir éveillé l'intérêt des masses laborieuses et démocratiques comme le disait Georges Marchais (il nous manque !). Les médiats sont au maximum de puissance d'émission dans le même but, captiver l'auditoire qui renchérira l'Audimat (comprenez, le prix des quinze secondes de publicité). Mais les bâtons merdeux commencent à se compter, qui vont faire grossir la facture des déplacements : guerre des coquilles, Antilles, Nouvelle Calédonie, Brexit de Calais, rigueur budgétaire revenue à la Chancellerie de Berlin, prurit poutinien aux portes de l'Union et pour faire bon poids, l'Omicron austral. Miquet à la houppe a donc lancé la sienne campagne, toute en rhétorique ; il adore "expliquer" !
L'auditoire justement, quel est-il ? Mis à part les locuteurs étrangers non impliqués dans la vie d'une nation qui n'est pas la leur mais qui résident ici à millions, apparaissent dans la boule de verre quatre blocs distincts qui ne se mélangent pas. On aurait pu titrer ce billet "Typologie de l'électorat" mais c'est assez prétentieux. Commençons par les plus nombreux, ceux qui ne votent pas !
Bon an mal an, ils constituent maintenant la moitié des citoyens appelés aux urnes, non-inscrits et abstentionistes. C'est beaucoup pour avoir fait la Révolution que le monde entier nous envia. La moitié des non-inscrits sont de jeunes adultes ayant autre chose à faire que de la politique ou qui sont partis réussir ailleurs. Un tiers des non-inscrits sont des déclassés sociaux qui ne se sentent pas concernés par la Cité ou qui subissent parfois des avanies administratives qui les distancient des services publics. Le solde (17% donc) sont des anarchistes et autres asociaux de naissance qui ne reconnaissent pas la légitimité de l'Etat et moins encore celle des scrutins. Les deux dernières catégories sont figées, on y entre comme dans les ordres sans en jamais sortir. La première catégorie est évolutive, les individus passant ou pas vers les autres blocs. Les abstentionistes varient au fil des circonstances si les étals politiques n'offrent rien qui les branchent. Ils sont issus des quatre blocs dont on va parler maintenant et ne sont pas agrégés, donc divisibles et enrôlables (plus par là).
C'est donc la moitié seulement des citoyens qui va voter et infléchir la course des astres politiques. Cette moitié est constituée de quatre blocs sociaux, travaillés par des partis politiques qui cherchent à s'identifier à eux pour en obtenir les faveurs avant d'en prendre le commandement. Subséquemment on trouve les Indignés de Stéphane Hessel, les lève-tôt, les administrateurs à statut et les pensionnés. Leurs intérêts se croisent rarement mais on pourrait segmenter différemment. Ce qui est intéressant n'est pas de décrire dans le détail la composition de chaque bloc (on va le faire très brièvement ci-dessous) mais de les voir interagir pour déboucher in fine à former une majorité qui réalisera l'équation magique « e=50+epsilon/100 ». Pour les cerner, il ne faut pas se fier aux politiciens qui idéologisent le bloc concerné mais parler aux gens qui le constituent. Voisins, familles, bar-tabac, camping, transports en commun, manifestations diverses et variées donnent accès à l'échantillonnage. Libre ensuite à chacun de comprendre, de vouloir comprendre et de relever sa position géodésique.
C'est chez les trois autres qu'il faut observer la parthénogenèse qui au fil des semaines va faire Le Nombre. Le bloc le plus important des lève-tôt restera le plus solide dans ses convictions d'ordre et de gestion patrimoniale d'un Etat dégraissé, puis se jettera dans les bras du plus habile à lui faire croire qu'il est le pari le plus sûr dans l'avenir. Mais ce n'est pas non plus le bloc des playmobils. Il sait compter, il sait anticiper, et plus important, il sait décoder la promesse électorale. Toutes choses égales par ailleurs, le candidat gagnant sera celui qui apaisera les inquiétudes des lève-tôt à se lever pour rien. Et ce bloc a fourni la ressource des gilets jaunes sur les ronds-points, auxquels M. Macron n'a jamais sû répondre malgré un happening de tous les instants en province. Si ce bloc vote pour un candidat incongru comme Hollande en 2012, c'est que l'adversaire est moins que rien dans sa tête. Pauvre Zébulon Sarkozy qui a cru refaire en 2012 le coup de 2007 : "Vous allez voir ce que vous allez voir !" Qui l'aurait cru deux fois ?
Les candidats déclarés à ce jour, qui ne sont pas captifs d'un bloc comme celui des Indignés, ont parfaitement saisi les attentes du bloc majeur. C'est pourquoi tous les programmes des centres et de droite sont miscibles. Reste à voir qui va se détacher des deux autres blocs pour rejoindre celui-ci au second tour.
De celui des pensionnés ? Probablement parce qu'il ont des soucis approchants d'ordre et de saine gestion pérénisant leurs "acquis". Une fraction cèdera aux sirènes socialistes en souvenir de vieilles solidarités à compte d'autrui comme les piétons de gauche les exigeaient de la Bastille à la République quand ils étaient plus jeunes. Et ce bloc se coupera en trois. Les rêveurs finissants voteront par habitude, les gens sérieux revenus de tout voteront pour l'efficacité à rénover l'Etat, et les doctrinaires engoncés dans des schémas impossibles mais parfaits en théorie qui entendent mourir intellectuellement intacts, voteront pour un candidat atypique voire s'abstiendront, ou marqueront leur bulletin du signe de leur dépit, d'une fleurdelis parfois.
De celui des administrateurs ? Peu à très peu rejoindront. L'état de calamité générale observé dans tous les compartiments d'une sphère publique invasive et décalée (déficits partout, dettes à l'africaine, affaissement des services publics à commencer par l'enseignement) convoque à son chevet les bons docteurs de droite comme de gauche, signifiant à ce bloc des immobiles que leur statut plus ou moins privilégié est malgré toutes les assurances, en péril ! Devant la menace, ce bloc n'en restera pas un. Les plus intraitables, sachant perdue d'avance la cause de solidarité nationale à leur profit, rallieront les Indignés pour marquer le coup. Ce qui explique le score étonnant de Mélenchon la dernière fois ! Au second tour, une partie des administrateurs votera blanc ou nul. Le solde votera contre le favori des instituts de sondage pour amoindrir le plus possible sa légitimité en prévision des élections législatives et du quatrième tour dans la rue s'il y échet.
Sinon, à quoi sert cet article ?
A rien, sauf à augmenter le compteur : c'est le numéro 1982.
L'auditoire justement, quel est-il ? Mis à part les locuteurs étrangers non impliqués dans la vie d'une nation qui n'est pas la leur mais qui résident ici à millions, apparaissent dans la boule de verre quatre blocs distincts qui ne se mélangent pas. On aurait pu titrer ce billet "Typologie de l'électorat" mais c'est assez prétentieux. Commençons par les plus nombreux, ceux qui ne votent pas !
Bon an mal an, ils constituent maintenant la moitié des citoyens appelés aux urnes, non-inscrits et abstentionistes. C'est beaucoup pour avoir fait la Révolution que le monde entier nous envia. La moitié des non-inscrits sont de jeunes adultes ayant autre chose à faire que de la politique ou qui sont partis réussir ailleurs. Un tiers des non-inscrits sont des déclassés sociaux qui ne se sentent pas concernés par la Cité ou qui subissent parfois des avanies administratives qui les distancient des services publics. Le solde (17% donc) sont des anarchistes et autres asociaux de naissance qui ne reconnaissent pas la légitimité de l'Etat et moins encore celle des scrutins. Les deux dernières catégories sont figées, on y entre comme dans les ordres sans en jamais sortir. La première catégorie est évolutive, les individus passant ou pas vers les autres blocs. Les abstentionistes varient au fil des circonstances si les étals politiques n'offrent rien qui les branchent. Ils sont issus des quatre blocs dont on va parler maintenant et ne sont pas agrégés, donc divisibles et enrôlables (plus par là).
C'est donc la moitié seulement des citoyens qui va voter et infléchir la course des astres politiques. Cette moitié est constituée de quatre blocs sociaux, travaillés par des partis politiques qui cherchent à s'identifier à eux pour en obtenir les faveurs avant d'en prendre le commandement. Subséquemment on trouve les Indignés de Stéphane Hessel, les lève-tôt, les administrateurs à statut et les pensionnés. Leurs intérêts se croisent rarement mais on pourrait segmenter différemment. Ce qui est intéressant n'est pas de décrire dans le détail la composition de chaque bloc (on va le faire très brièvement ci-dessous) mais de les voir interagir pour déboucher in fine à former une majorité qui réalisera l'équation magique « e=50+epsilon/100 ». Pour les cerner, il ne faut pas se fier aux politiciens qui idéologisent le bloc concerné mais parler aux gens qui le constituent. Voisins, familles, bar-tabac, camping, transports en commun, manifestations diverses et variées donnent accès à l'échantillonnage. Libre ensuite à chacun de comprendre, de vouloir comprendre et de relever sa position géodésique.
Composition des blocs
Les Indignés comprennent les révolutionnaires, les insoumis, les réveillés (woke), les discriminés par auto-suggestion et les assistés sociaux de métier. C'est le syndicat des "droits à" et toujours plus. Les équilibres budgétaires sont refusés au simple motif que de l'argent, il y en a ! L'oisiveté est une occupation comme une autre. Chez eux, c'est à ras du sol ! Certains écologistes s'y font happer qui en meurent comme la mouche sur le papier-collant.
Les "lève-tôt" sont tous ceux qui on mis le réveil entre 6h30 et 7h00 pour rejoindre un poste de travail. Ça va du cadre d'entreprise au petit patron, du médecin à l'infirmière, de l'ouvrier au commercial itinérant, du saltimbanque à la caissière. Ils sont le plus grand effectif électoral, et heureusement ! Leur souci est d'arrêter le manège aux chevaux de bois électoraux pour stabiliser le faisceau de contraintes en tout genre qui les visent. Travaillant dur, ils n'acceptent pas la gabegie de la dépense publique et l'assistanat open bar à l'endroit des populations du hamac national.
Les administrateurs à statut sont les rouages de l'Etat et des services publics, abonnés au Monde en haut, lisant Le Hérisson chez le coiffeur en bas ! En France ils sont très nombreux et partagent des réflexes conservateurs pour perpétuer les avantages de leur statut, avantages anciens qui furent édictés pour attirer des vocations dans des emplois monotones ou usants. Tous savent exactement le nombre de jours de congé qu'il leur reste ainsi que celui des arrêts maladie acceptés.
Les pensionnés profitent de leur retraite de la vie active. Certains viennent des catégories ci-dessus mais leur nouvelle position en marge crée des intérêts spécifiques au bout de quelques années. Leur souci est la pérénisation viagère de leur pouvoir d'achat, fut-il modeste, la stabilité du système d'assurance maladie et les conditions à venir qui environneront la vie de leurs descendants s'il en ont ; à défaut d'en avoir, ils mangent leur épargne au tirage et au grattage en croisière.
A noter que les écologistes se répartissent entre ces quatre blocs, et le challenge du candidat officiel des Verts n'est que de les en extraire pour former un bloc à lui, en dramatisant à outrance le défi climatique et la pollution.
Les "lève-tôt" sont tous ceux qui on mis le réveil entre 6h30 et 7h00 pour rejoindre un poste de travail. Ça va du cadre d'entreprise au petit patron, du médecin à l'infirmière, de l'ouvrier au commercial itinérant, du saltimbanque à la caissière. Ils sont le plus grand effectif électoral, et heureusement ! Leur souci est d'arrêter le manège aux chevaux de bois électoraux pour stabiliser le faisceau de contraintes en tout genre qui les visent. Travaillant dur, ils n'acceptent pas la gabegie de la dépense publique et l'assistanat open bar à l'endroit des populations du hamac national.
Les administrateurs à statut sont les rouages de l'Etat et des services publics, abonnés au Monde en haut, lisant Le Hérisson chez le coiffeur en bas ! En France ils sont très nombreux et partagent des réflexes conservateurs pour perpétuer les avantages de leur statut, avantages anciens qui furent édictés pour attirer des vocations dans des emplois monotones ou usants. Tous savent exactement le nombre de jours de congé qu'il leur reste ainsi que celui des arrêts maladie acceptés.
Les pensionnés profitent de leur retraite de la vie active. Certains viennent des catégories ci-dessus mais leur nouvelle position en marge crée des intérêts spécifiques au bout de quelques années. Leur souci est la pérénisation viagère de leur pouvoir d'achat, fut-il modeste, la stabilité du système d'assurance maladie et les conditions à venir qui environneront la vie de leurs descendants s'il en ont ; à défaut d'en avoir, ils mangent leur épargne au tirage et au grattage en croisière.
A noter que les écologistes se répartissent entre ces quatre blocs, et le challenge du candidat officiel des Verts n'est que de les en extraire pour former un bloc à lui, en dramatisant à outrance le défi climatique et la pollution.
Tectonique des blocs électoraux
L'archipel des Indignés commence toujours sa campagne en représentation de tout le corps électoral dont on décrète l'insupportable souffrance sous le joug des riches et des puissants. Les imprécations révolutionnaires n'améliorant pas le score, les ténors se radicalisent tout au long de la campagne au fur et à mesure qu'ils comprennent qu'ils ne gouverneront jamais. En 2017 M. Mélenchon, champion de ce bloc, fit quand même 20% des exprimés et 15% des inscrits (source). L'usure de l'image d'un vieux tribun toujours plus bolivarien laisse douter d'un meilleur résultat en avril 2022. Ce bloc fait bloc et reste à part. Il ne participe pas à la tectonique des blocs électoraux.C'est chez les trois autres qu'il faut observer la parthénogenèse qui au fil des semaines va faire Le Nombre. Le bloc le plus important des lève-tôt restera le plus solide dans ses convictions d'ordre et de gestion patrimoniale d'un Etat dégraissé, puis se jettera dans les bras du plus habile à lui faire croire qu'il est le pari le plus sûr dans l'avenir. Mais ce n'est pas non plus le bloc des playmobils. Il sait compter, il sait anticiper, et plus important, il sait décoder la promesse électorale. Toutes choses égales par ailleurs, le candidat gagnant sera celui qui apaisera les inquiétudes des lève-tôt à se lever pour rien. Et ce bloc a fourni la ressource des gilets jaunes sur les ronds-points, auxquels M. Macron n'a jamais sû répondre malgré un happening de tous les instants en province. Si ce bloc vote pour un candidat incongru comme Hollande en 2012, c'est que l'adversaire est moins que rien dans sa tête. Pauvre Zébulon Sarkozy qui a cru refaire en 2012 le coup de 2007 : "Vous allez voir ce que vous allez voir !" Qui l'aurait cru deux fois ?
Les candidats déclarés à ce jour, qui ne sont pas captifs d'un bloc comme celui des Indignés, ont parfaitement saisi les attentes du bloc majeur. C'est pourquoi tous les programmes des centres et de droite sont miscibles. Reste à voir qui va se détacher des deux autres blocs pour rejoindre celui-ci au second tour.
De celui des pensionnés ? Probablement parce qu'il ont des soucis approchants d'ordre et de saine gestion pérénisant leurs "acquis". Une fraction cèdera aux sirènes socialistes en souvenir de vieilles solidarités à compte d'autrui comme les piétons de gauche les exigeaient de la Bastille à la République quand ils étaient plus jeunes. Et ce bloc se coupera en trois. Les rêveurs finissants voteront par habitude, les gens sérieux revenus de tout voteront pour l'efficacité à rénover l'Etat, et les doctrinaires engoncés dans des schémas impossibles mais parfaits en théorie qui entendent mourir intellectuellement intacts, voteront pour un candidat atypique voire s'abstiendront, ou marqueront leur bulletin du signe de leur dépit, d'une fleurdelis parfois.
De celui des administrateurs ? Peu à très peu rejoindront. L'état de calamité générale observé dans tous les compartiments d'une sphère publique invasive et décalée (déficits partout, dettes à l'africaine, affaissement des services publics à commencer par l'enseignement) convoque à son chevet les bons docteurs de droite comme de gauche, signifiant à ce bloc des immobiles que leur statut plus ou moins privilégié est malgré toutes les assurances, en péril ! Devant la menace, ce bloc n'en restera pas un. Les plus intraitables, sachant perdue d'avance la cause de solidarité nationale à leur profit, rallieront les Indignés pour marquer le coup. Ce qui explique le score étonnant de Mélenchon la dernière fois ! Au second tour, une partie des administrateurs votera blanc ou nul. Le solde votera contre le favori des instituts de sondage pour amoindrir le plus possible sa légitimité en prévision des élections législatives et du quatrième tour dans la rue s'il y échet.
A retenir peut-être, que les commerçants du marché politique sont là pour vendre leur production en fracturant les blocs électoraux à leur avantage. Quand vous écouterez les allocutions des uns et des autres, campés sur des convictions inébranlables, vous en saisirez désormais plus facilement le motif, qui est de cliver d'abord pour entrer ensuite dans la circulation générale des blocs fracturés dérivants, avant qu'ils ne se ressoudent.
Sinon, à quoi sert cet article ?
A rien, sauf à augmenter le compteur : c'est le numéro 1982.
[1982°]
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