mercredi 17 novembre 2021

Prince philanthrope

Une obole évoque pour moi le bruit métallique redoublé de la piécette tombant dans une timbale en fer blanc. Au bout de la main, une jeune et fausse mère Rom tenant dans ses bras un nourrisson bourré de Phenergan. Avez-vous remarqué qu'ils ne pleurent jamais ? Mais depuis quelques temps, l'Obole (capitalisée) est un bizness qui fabrique de la monnaie à la demande, comme la planche nationale, pour la bonne cause exclusivement. C'est de fait une start-up. Le teasing d'une description de poste à pourvoir nous dit tout :

« Démultiplier l’impact de la levée de dons ! Deux objectifs : faire donner plus, et faire donner mieux. Plus, en réinventant les façons de collecter et en touchant de nouveaux publics. Mieux, en ciblant les meilleures associations. Le développement digital des organisations (sites, réseaux sociaux, communautés), la dématérialisation des dons (bornes, applis, site), associés à nos expertises en conseil et en événementiel, nous permettent de mettre une véritable palette à disposition des organisations pour simplifier et amplifier leur levée de dons...» la suite en site ici !

fondateurs d'Obole Digital
Romain Husson et Stanislas Billot de Lochner

Obole, Obole Digitale en version longue, est la création de deux étudiants de l’École supérieure des sciences commerciales d'Angers, Romain et Stanislas, qui ont eu l'idée de numériser la levée de fonds (caritatifs ou autres) (source). Ils se revendiquent chrétiens et ils ont vu le pape à Rome avec une délégation de deux cents patrons. Quand même ! Ce ne sont pas des miquets. D'ailleurs le père de Stanislas, François Billot de Lochner, orbite autour du RPR-UMP-LR.

Obole en son archipel de start-up convergentes a levé vingt-deux millions d'euros depuis le mois de janvier 2020. Sa manifestation la plus courue est La Nuit du Bien commun. La première question qu'un lecteur avisé de Royal-Artillerie se pose est la suivante : Où est le gras ? Il n'est nulle part question de rémunération pour la mise en tension de compétences avérées à l'aune des résultats revendiqués, mais au moins parlent-ils de "clients" ! Et si toute peine mérite salaire autant qu'il aille dans les mains d'aucuns qui se soucient du bien commun.
Les clients sont rigoureusement sélectionnés au bon endroit, à droite, loin de la philanthropie woke. Qu'on en juge : Chrétiens d'Orient, Ordre Equestre du Saint Sépulcre, Armée du Salut, Secours catholique et même les Apprentis d'Auteuil après bien d'autres.
Ce sont justement ces agapes nocturnes qui gagnent en notoriété. A tel point que le duc d'Anjou a manifesté son plus grand intérêt pour les causes financées par Obole et en a reçu la vice-présidence de La Nuit du Bien commun, sa structure dérivée. Les fondateurs s'appellent Pierre-Edouard Stérin et Thibault Farrenq. La déclaration du prince a paru dans le magazine Valeurs Actuelles du 4 novembre, qui l'a réservée à ses abonnés, mais le site Légitimité nous en propose l'in extenso que nous redistribuons avec sa permission pour le plaisir d'un texte de qualité.

louis-Alphonse de Bourbon
Perdu de vue par un Etat devenu distributeur de droits, le Bien commun est redécouvert par les structures élémentaires de la société, qui le remettent au cœur du monde de demain.
Comme le beau, le juste ou le vrai, le bien faisait partie de l’armature fondatrice de notre société, héritage de 15 siècles de message chrétien. Dans la sphère publique on parlait plus couramment de bien public ou commun, parangon de la chose publique ou Res publica résultant d’une longue tradition politique qui reposait sur l’Etat garant des intérêts supérieurs de tous. L’homme doit y tendre tout autant que l’Etat, du moins est-ce ainsi que je le ressens comme descendant de Saint Louis. Cette volonté, autant individuelle que collective, de se transcender par le don et la gratuité, donne du sens à la vie privée et à la pratique publique.
La France a pu, ainsi, développer son modèle social, le roi étant dès les premiers capétiens, le garant de ce bien commun, de ce bien public qui a permis à la Couronne puis à l’Etat de conserver longtemps sa qualité d’arbitre des passions. L’actuelle crise des institutions a fait vaciller cette notion de bien commun au profit d’intérêts privés plus ou moins puissants et contradictoires. Ce qu'on croyait immuable comme découlant d'un droit naturel jusqu’alors évident pour tous, peu à peu s'est délité. L’action publique détachée de la finalité du bien commun qui permet de souder la nation, n’assure plus le consensus social nécessaire à la communauté de destin.
Notre société post-moderne est celle de l’individualisme sans frein qui conduit à laisser les plus humbles sur le bord de la route. Au bien commun et au service, la société, trop souvent, s’est mise à préférer la revendication de droits inspirés par des minorités. Des droits, sur tout et pour tout : au logement, à la santé, à l’enfant voire au sexe ; droits économiques, civiques, droits sociaux etc. Cette accumulation crée autant de dérèglements, car ces droits n’ont plus, pour les équilibrer, les devoirs que la finalité du bien public garantissait. Le lien social s’est distendu et la redistribution par l’Etat, l’impôt et les privilèges sectoriels ne peuvent y suffire.
Comme dans toutes les crises, par une subsidiarité bien comprise, le bien commun est désormais réhabilité par la sphère privée. C’est dans le cercle des familles et d’entrepreneurs sachant aller hors des sentiers battus que le retour de la recherche du Bien commun apparait désormais comme essentiel pour que la société puisse retrouver du sens et se réinscrire dans des perspectives d’un futur collectif et partagé.
Le bien commun a l’avantage de pouvoir être exercé par tous. Riches et pauvres, enfants ou adultes sont sur ce point à égalité. Mû par ce souci, chacun peut agir en donnant un peu plus que ce qu’il reçoit, en partageant se part de gratuité. Pour les plus riches c’est l’occasion de rappeler que la propriété est plus une fonction qu’une richesse. Plus un service qu’un privilège. Que l’avoir ne peut remplacer l’être.
Tendre au Bien commun est le fait d'une société ordonnée à des fins supérieures et qui dépasse l’égoïsme de la satisfaction individuelle. La société à laquelle aspirent tous ceux qui ne se retrouvent plus dans celle qui leur est actuellement offerte. Sans lui l’édifie social est ébranlé. Il est, en effet, le premier lien entre les hommes qui permet à chacun de recevoir et de donner jusqu’au sacrifice s’il le faut. Cela était naturel pour nos aïeux. Le bien commun habitait « ceux de 14 », honorés cette semaine, comme il anime toujours nos soldats qui veillent pour nous, dans des opérations souvent lointaines. Sans le sens du bien commun que serait le devoir ? Ces exemples signifient qu’au-delà de la démission qui frappe un grand nombre, il y a le sursaut d’autres. Voilà ce qui compte !
Heureusement, le souci du bien commun anime les meilleurs, ne fussent-ils encore qu’une petite cohorte. Je suis admiratif des expériences dont on me fait part, d’initiatives comme celle de la Nuit du Bien Commun. Là c’est une Fondation, ici un fonds de dotation, là encore, des actions ponctuelles. Autant de projets au service du Bien commun. De plus en plus de personnes se rendent compte que le modèle actuel de société est à bout puisqu’il ne sert plus l’homme. Face à tant de vacuité et de perversions des idées et parfois même des institutions, des principes supérieurs sont redécouverts non seulement pour eux-mêmes mais encore plus parce qu’ils sont reconnus comme fondamentaux. Sans eux, la vie commune est impossible. Ce sont la défense de la vie de la conception aux derniers jours, la primauté de la famille naturelle et du respect de son devoir d’éduquer les enfants.
Le Bien commun ainsi est progressivement réaffirmé et redevient l’objectif de ceux qui sont les pionniers lucides du monde d’après. Tel est ce dont témoignent les dossiers qui seront présentés lors de la Nuit du Bien commun dont la majorité porte sur la famille, la formation et l’accompagnement à la personne. Ils méritent tous d’être aidés. Ainsi, le bien commun redevient un puissant levier du dynamisme social dont a tant besoin la France d’aujourd’hui pour préparer celle de demain.

Louis,
Duc d’Anjou


logo Obole


Regrets

Par son bulletin mensuel LBC, l'Action française avait déjà le nom et son champion du bon côté du manche, avec un poste d'administrateur à la Fondation Lejeune qui œuvre à préserver la vie du berceau à la tombe. Il était tout indiqué pour briller de mille feux dans la Nuit du Bien Commun, mais réfugié en pays cathare pour une durée indéterminée en attendant que la Justice lui donne les clefs de la Fondation Saint-Louis, il ne pouvait être au four et au moulin. Quand ça veut pas, ça veut pas ! Mais foin des regrets.
Ce qui me navre plutôt est cette éternelle position de nos princes en second de quelqu'un, de tous nos princes. "Le second de personne" est la devise du 2è Régiment d'Artillerie de Montagne issu du 2è bataillon du Royal-Artillerie de 1720, puis "l'Artilleur de Metz". Louis de Bourbon a une affaire de fitness en propre à Madrid mais n'a jamais été plus loin qu'administrateur suppléant du Banco Occidental de Descuento, banque de ses beaux-parents. Jean d'Orléans, après de longues études, fut employé chez Lazard Frères puis chez Deloitte et finalement à la Banque populaire, sans avoir jamais rien créé. Leurs pères respectifs, duc de Cadix et duc de France, sont de la même eau des seconds, bien qu'Alphonse de Bourbon ait été président du Comité olympique espagnol... sous la férule du marquis de Samaranch (CIO). Henri d'Orléans, rien. Est-ce génant de prétendre à l'emploi de chef d'Etat "perpétuel" en n'ayant soi-même jamais créé, vaincu, réussi ? Ce n'est qu'une question, remarquez !



[1976°]

9 commentaires:

  1. RoyautéNews communique :
    Hier soir la Nuit du Bien Commun s'est déroulée à Paris, à l'Olympia, en présence du Duc d'Anjou qui a pris la parole. Cette soirée a permis de lever 1.020.000 euros de fonds pour douze entrepreneurs sociaux et associations qui déploient des trésors d'ingéniosité au service des autres.
    (source)

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    1. Il y a deux éléments dans votre partie Regrets.
      Si l'on préfère qu'il n'y ait pas de seconds au moins dans la cour dynastique, il est aussi bien que chacun des deux princes ici concernés trace son sillon de son côté.
      A mon humble avis le Prince n'est pas le Surhomme qui, en plus d'une position qu'il assume déjà par force, se devant contenter par présupposé des facilités ou handicaps du départ, doive prouver, et même égaler, les entrepreneurs de premier rang.
      Son office est différent et en même temps va plus loin.
      Il est vrai que c'est dur, pour ceux qui attendent indéfiniment de leur prince, d'attendre l'étincelle magique des réenchantements !

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    2. Merci pour votre commentaire. La monarchie enchantée n'existe plus, sa magie non plus. Un monarque "actif " ne pourra pas laisser manger la soupe sur sa tête par les puissants du moment au motif qu'ils savent et peuvent.
      Sans être le plus doté de l'aréopage, il doit émaner de lui l'autorité naturelle que donne une formation intellectuelle de qualité et un peu plus. Il n'existe de "surhomme" que dans la mythologie, mais l'emploi convoque des hommes intelligents et actifs dans leur vie, capable de décider, et qui auront gagné leur sérénité dans leur propre accomplissement. On cherche des candidats.

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  2. Put.... le descendant de Philippe Auguste, Philippe le Bel et Charles V a réussi à lever des fonds à l'Olympia (quel lieu transcendant!) pour des "entrepreneurs sociaux et des associations". On doit rêver de monarchie avec ça? Avec le temps je deviens bonapartiste, dans le sens ou je suis "capetioniste": je suis convaincu que si un jour la royauté revient un jour en France c'est parce que celui qui décrochera la timbale fleurdilisée ne le devra qu'à ses "couil..." façon "Hughy 987"( il les faudra épaisses et velues) et pas au fait d'avoir passé sa vie à animer des soirées mondaines caritatives avec des fins de race nourris à la rente foncière ou au placement de notaire ! J'ai du trop regarder Papacito et ses comparses, mais là excusez du peu, ca manque vraiment de testo!

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    1. Le miroir leur renvoit l'image de rois people, des princes de communication. Ils s'y conforment dans une démarche d'audience.
      Mais tout dépend de ce que cherchent les royalistes, et c'est très difficile à savoir au fond ! Jusqu'à croire qu'ils prendront ce qu'on leur donnera, peu importe, s'ils ont le "nom" et sa photo dans le bureau.

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  3. Les "rois en attente" semblent dépassés par les événements. Ce sont des gens du passé qui ne montrent aucune appétence pour les solutions d'avenir. Ils n'en proposent aucune et pourtant les dangers affrontés par les nations sont mortels. Ce sont des princes de bénitiers, sincères et droits mais obsolètes. L'avenir n'est pas dans l'eau bénite !
    René

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    1. René,
      Les prétendants ne fondent leur revendication dynastique que sur le passé, et aucunement sur leurs capacités personnelles à sauver nos nations des périls qui les guettent.
      Ils vont subir les lois du darwinisme à la prochaine rupture de paradigme et disparaître.
      Peut-être le savent-ils, ce qui expliquerait leur timidité à nous étonner.

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  4. Il y a aujourd'hui un article sur VANITATIS qui parle d'autres affaires gérées par Luis-Alfonso de Borbon et Margarita Vargas. C'est plus qu'une salle de sport.
    Voir ici : https://www.vanitatis.elconfidencial.com/famosos/2021-11-22/luis-alfonso-de-borbon-negocio-sorprendente-margarita-vargas_3326515/

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    1. Merci de l'info.
      J'en étais resté à la séquence de désinvestissement opérée pendant les restrictions sanitaires en Espagne. Et j'ignorai carrément que le bizness hippique de Marguerite d'Anjou (c'est son nom désormais sur RA) soit aussi doté en capitaux.
      On va réviser tout ça. Merci encore.

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