Le Spiegel a diffusé un entretien avec le nouveau ministre fédéral des finances Christian Lindner (FDP) le 27 novembre dans son édition papier. Nous traduisons le passage qui concerne la France et abandonnons le reste à votre curiosité en cliquant ici.
DER SPIEGEL (DSp): Savez-vous déjà où vous irez pour votre première mission ?
Lindner : À Paris. L'amitié germano-française a un caractère particulier. Le ministre des finances Bruno Le Maire et moi nous connaissons depuis longtemps. Nous avons déjà parlé au téléphone cette semaine.
DSp : Comment envisagez-vous d'apaiser les inquiétudes françaises sur un ministre des finances allemand libéral en économie tel que vous - qui vraisemblablement sera plus strict sur la dette souveraine que ne l'est Scholz, un social-démocrate ?
Lindner : La politique fiscale allemande sert les intérêts de ce pays en cohérence avec nos responsabilités européennes. Je ne deviens pas le ministre des finances du FPD, mais le ministre des finances de la République fédérale d'Allemagne. Cependant je ne peux caché le fait que je sois un libéral. Il est dans l'intérêt suprême de l'Europe que l'union économique et monétaire reste stable et qu'ensemble, nous produisions plus de flexibilité pour agir contre des défis plus grands, tels que la réponse technologique au changement climatique. Ceci veut dire que l'Allemagne ne peut pas être le tuteur d'autrui pour ses dépenses, ni ne suivra l'avis de ceux qui cherchent à miner le Pacte de stabilité et croissance.
DSp : Pendant la campagne, Olaf Scholz exigea que les milliards de dette nouvelle dont s'est chargée l'Europe en réaction à la pandémie de coronavirus soient augmentés. Prenez-vous le parti de cette stratégie ?
Lindner : Bien que dans l'opposition, le FDP a voté en faveur du Fonds européen de reconstruction. C'était une réponse appropriée à une situation extraordinaire, présentée alors comme ponctuelle. Maintenant, l'argent du fonds doit être utilisé. L'accord de coalition est clair : nous soutenons les résolutions de l'Union européenne qui ont été prises ; mais elles n'établissent pas une architecture (ndlr: financière) permanente. Divers Etats membres ont aussi exclu cette possibilité, et plus récemment le chef du gouvernement de Finlande.
DSp : Sérieusement, vous n'essayez pas de vous cacher derrière la Finlande n'est-ce pas ?
Lindner : L'Allemagne a la responsabilité de faire converger les positions. La position collective de l'Ampelkoalition (coalition des feux tricolores) est que le Pacte de stabilité et croissance, y compris sa flexibilité, a fait ses preuves.
DSp : L'accord de coalition dit que le gouvernement à venir devra davantage développer le Pacte de stabilité et croissance. Qu'est-ce que ça veut dire ?
Lindner : Actuellement, beaucoup de règles fiscales, par exemple, sont opaques et bureaucratiques. Avant tout, il faut prendre en considération le danger que la prédominance fiscale s'accroisse - que la Banque centrale européenne se retrouve elle-même guidée par les finances des Etats. Une certaine pression peut résulter du développement de l'inflation et du possible rehaussement des taux d'intérêts de la Réserve fédérale américaine. Dans ce cas, l'Europe a tout intérêt à assurer la durabilité à long terme des finances des Etats. Une dévaluation de la monnaie serait incroyablement injuste pour les retraités et les petits épargnants.
DER SPIEGEL (DSp): Savez-vous déjà où vous irez pour votre première mission ?
Lindner : À Paris. L'amitié germano-française a un caractère particulier. Le ministre des finances Bruno Le Maire et moi nous connaissons depuis longtemps. Nous avons déjà parlé au téléphone cette semaine.
DSp : Comment envisagez-vous d'apaiser les inquiétudes françaises sur un ministre des finances allemand libéral en économie tel que vous - qui vraisemblablement sera plus strict sur la dette souveraine que ne l'est Scholz, un social-démocrate ?
Lindner : La politique fiscale allemande sert les intérêts de ce pays en cohérence avec nos responsabilités européennes. Je ne deviens pas le ministre des finances du FPD, mais le ministre des finances de la République fédérale d'Allemagne. Cependant je ne peux caché le fait que je sois un libéral. Il est dans l'intérêt suprême de l'Europe que l'union économique et monétaire reste stable et qu'ensemble, nous produisions plus de flexibilité pour agir contre des défis plus grands, tels que la réponse technologique au changement climatique. Ceci veut dire que l'Allemagne ne peut pas être le tuteur d'autrui pour ses dépenses, ni ne suivra l'avis de ceux qui cherchent à miner le Pacte de stabilité et croissance.
DSp : Pendant la campagne, Olaf Scholz exigea que les milliards de dette nouvelle dont s'est chargée l'Europe en réaction à la pandémie de coronavirus soient augmentés. Prenez-vous le parti de cette stratégie ?
Lindner : Bien que dans l'opposition, le FDP a voté en faveur du Fonds européen de reconstruction. C'était une réponse appropriée à une situation extraordinaire, présentée alors comme ponctuelle. Maintenant, l'argent du fonds doit être utilisé. L'accord de coalition est clair : nous soutenons les résolutions de l'Union européenne qui ont été prises ; mais elles n'établissent pas une architecture (ndlr: financière) permanente. Divers Etats membres ont aussi exclu cette possibilité, et plus récemment le chef du gouvernement de Finlande.
DSp : Sérieusement, vous n'essayez pas de vous cacher derrière la Finlande n'est-ce pas ?
Lindner : L'Allemagne a la responsabilité de faire converger les positions. La position collective de l'Ampelkoalition (coalition des feux tricolores) est que le Pacte de stabilité et croissance, y compris sa flexibilité, a fait ses preuves.
DSp : L'accord de coalition dit que le gouvernement à venir devra davantage développer le Pacte de stabilité et croissance. Qu'est-ce que ça veut dire ?
Lindner : Actuellement, beaucoup de règles fiscales, par exemple, sont opaques et bureaucratiques. Avant tout, il faut prendre en considération le danger que la prédominance fiscale s'accroisse - que la Banque centrale européenne se retrouve elle-même guidée par les finances des Etats. Une certaine pression peut résulter du développement de l'inflation et du possible rehaussement des taux d'intérêts de la Réserve fédérale américaine. Dans ce cas, l'Europe a tout intérêt à assurer la durabilité à long terme des finances des Etats. Une dévaluation de la monnaie serait incroyablement injuste pour les retraités et les petits épargnants.
(le reste concerne la politique intérieure allemande)
Sans faire une exégèse de la sémantique libérale de Christian Lindner (surtout en traduction), on a compris que la souplesse des dispositions budgétaires européennes ne sera acceptée dans l'avenir que contre la durabilité des comptes nationaux que l'Allemagne refuse d'entrée de garantir d'aucune façon. L'échange de vue franco-allemand sera une négociation d'arrière-pensées, les Allemands restant sur une orthodoxie des finances publiques modérée, Ampelkoalition oblige, mais les dérapages du quoiqu'il-en-coûte macronien ne seront plus de saison. Les tensions probables attendues sur le service de la dette souveraine française devront d'abord se gérer au sein de la dépense publique française. En douceur, le ministre FDP nous met face à la glace ! La présidence française du Conseil européen, qui pis est en pleine campagne présidentielle française, sera, n'en doutons pas, houleuse quand les caméras seront éteintes.
[1986°]
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