mardi 8 février 2022

Psychothérapie du Csar

le Kremlin
Cinq heures de discussions pour rien avec M. Macron ? Pas vraiment. Les "observateurs" payés au mois sont à jeun d'avancées concrètes... Quelles avancées concrètes leur faudrait-il ? Si vous allez chez le psy pour analyse il n'y a pas "d'avancées concrètes", seul votre cerveau est exploré afin d'en modifier les logiciels à la marge. Cinq heures d'analyse de Vladimir Poutine n'est pas du temps perdu si l'on veut bien considérer que le tsar est en échec dans son chantage ukrainien mais qu'il est parfaitement capable de se jeter dans la guerre pour desserrer l'étau psychologique dans lequel il a glissé sa tête. Tout dépendra maintenant du doigté que le docteur Macron a mis dans son travail.

En 2014, les Ukrainiens étaient partagés sur l'insurrection de Maïdan, sur l'accord d'association avec l'Union européenne et personne ne parlait de l'OTAN. L'armée ukrainienne était une gigantesque casse militaire. La capture sournoise du Donbass avec ensuite distribution de passeports russes, la destruction en vol du Boeing 777 de la Malaysian Airlines, la capture de la Crimée de Simféropol (passe encore pour Sébastopol) avec un référendum bidon de rattachement à la Fédération, la nationalisation de la mer d'Azov par le pont de Ketch, les manoeuvres russes permanentes sur la frontière, toutes ces actions ont changé l'eau du bocal mental ukrainien. Si les Russes restent des frères, parfois hostiles quand même, le Kremlin est vu comme une famille de la mafia oligarchique au pouvoir ; le rapprochement avec l'Union européenne est jugé comme une nécessité pour sortir le pays de sa crasse soviétique ; l'armée s'est rééquipée en rénovant tout l'héritage du pacte de Varsovie et en important de l'Ouest des armes modernes ; l'OTAN est désormais en Mer Noire, déploie ses bataillons en Roumanie et sur les frontières baltes ; la Finlande autrefois active dans une neutralité russophile collabore à l'OTAN, la Suède fait de même, réarme et rétablit la conscription, et pour finir, enfin presque ; l'enclave de Kaliningrad est désormais un gage et le gazoduc à pomper des devises convertibles est en grave péril. On ajoutera le renouveau d'intêrêt du Pentagone et de la Maison Blanche pour les complications européennes alors que tout avait été fait par l'Administration Trump pour à terme laisser l'Europe vivre sa vie. Nous ne pouvions que nous entendre avec Moscou, s'ils y mettaient un peu du leur. Chapeau l'artiste !

Alors, que M. Macron ait accouché les obsessions de M. Poutine, secrétées par une paranoïa endogamique en cercle fermé de politiciens sous-calibrés, a permis de lui faire comprendre que personne à l'Ouest ne voulait le renverser par quelque révolution de couleur que ce soit ; parce qu'au bout du bout, c'est ça sa plus grande crainte : une insurrection démocratique à Moscou suscitée par les agences américaines. D'où le détournement des soucis de l'opinion russe vers un affrontement construit de toutes pièces pour libérer l'Ukraine. Il faut souhaiter qu'Olaf Scholz qui va lui succéder au chevet du patient saura apaiser ses bouffées de chaleur et continuer le travail de divan. Saura-t-on lui faire accepter l'idée que tout l'Occident s'en fout de la Russie actuelle tant qu'elle envoie du gaz et des wagons de minerais ? Faut pas le vexer non plus ! L'autre levier d'un apaisement est justement l'oligarchie que l'Occident menace dans ses avoirs externalisés et son patrimoine étranger. L'accumulation de toute une vie de pillages et corruption ruinée pour faire peur aux demi-fachistes de Kiev ? C'est too much !

Les mêmes "observateurs" avancent une stratégie sino-russe que nos projets de rétorsions auraient provoquée. C'est oublier que Moscou est dans le pacte de Shanghaï depuis le début pour la simple raison que la Fédération est partie intégrante, et pour beaucoup, de la géographie de l'extrême orient. Maintenant, tenir la dragée haute à d'éventuels contempteurs sur sept mille kilomètres de longitude avec le PIB de l'Espagne, est une sacrée gageure, surtout si des moyens considérables se retrouvent bloqués sur la frontière européenne et baltique afin de montrer aux foules qu'elles sont bien protégées des hyènes, chacals et autres charognards occidentaux la bouche en sang. Et puis la Syrie, la Libye, le Sahel... ça commence aussi à faire beaucoup. M. Macron n'a sans doute pas cherché à percer les intentions du Kremlin au Mali - on les devine - mais peut-être a-t-il signalé à son hôte qu'il risquait bien de lui laisser très bientôt le bâton merdeux malien, plus facile à prendre qu'à lâcher ! Les Wagner n'y suffiront pas !

10 commentaires:

  1. Si on décidait un remake du Dictateur de Charlie Chaplin, la table gigantesque de Poutine serait refusée par la production parce qu'elle serait la caricature d'une caricature de la maison Disney. A quoi pense le petit Tsar ?

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    1. Le Guardian d'hier matin en a fait des tonnes sur la "three-legged colossus" et j'ai bien ri.
      https://www.theguardian.com/world/2022/feb/08/vladimir-putin-massive-table

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  2. Pour des raisons qui m'échappent, sauf une ode à la virilité ou un remerciement pour l'aumône, les candidats flanc-garde à la présidentielle confondent la Russie éternelle et francophile avec le lt-colonel KGB Poutine et sa clique de paranos venus de l'Ecole de la Forêt pour piller le pays.

    "Россия Биез Путина" (la Russie sans Poutine) criaient les foules avant d'être écrasées par une répression féroce, leurs leaders tués (Nemtsov, Politkovskaïa, Baburova etc...) ou neutralisés avant accident (Navalny...).
    Et les mêmes derrière Fillon, prêts à "comprendre" le problème des...... Sudètes russes ?
    A croire que MM. Mélenchon et Mme Le Pen ne savent rien ou si peu, avant de découvrir bientôt que les Russes ne les aiment pas, eux ! Quant à l'historien universel Zemmour, il piétine les os brisés de l’Holodomor pour prendre la pose et courir à Munich ! On est vraiment gâtés.

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  3. La photo Xi-Poutine aux JO d'hiver est à prendre pour ce qu'elle est. Pas grand chose.
    Les intérêts cruciaux de la RPC a son occident sont au Kazakhstan oriental et pas en Mer noire. Ne pas oublier non plus que les exportations vitales chinoises sont dix fois plus importantes vers l'Union européenne et le Royaume-uni que vers la Russie, au moment où l'économie chinoise souffre.
    Il est impossible que la Chine endosse une guerre ouverte en Europe orientale pour les beaux yeux d'un autre dictateur alors que toute la mécanique commerciale et énergétique du monde en sera bouleversée. On sait de plus les arrières-pensées chinoises sur l'Extrême-orient russe qui est considéré comme une patrie volée.

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    1. Oui Gérald.
      La prétendue alliance sino-russe qui nous menace dans les instituts stratégiques subventionnés, me fait penser à ces couvertures aguichantes de magazines à coiffeurs qui incitent à les feuilleter pour passer le temps.
      D'ailleurs les stratèges climatisés ne disent pas - même s'ils sont tout à fait au courant - que les deux pays amis à la vie à la mort ont disposé chacun des troupes en nombre à portée de leur frontière d'extrême orient. Pour repousser une invasion japonaise ? américaine ?
      La Chine prendra son avantage le jour venu. C'est écrit !

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  4. Moi je mettrais un petit bémol. Oui oui, Poutine est un mégalo, dictateur, chef maffieux et tout ce que vous voudrez, j'en conviens. Cependant si vous regardez une photo de Poutine en kimono et que vous la mettez en parallèle avec Macron ou Edouard Philippe avec des gants de boxe (voire Sarkozy et Estrosi en train de faire du velo), que vous comparez -à fonction égale-Serguei Choigou et Florence Parly, que vous vous souvenez de ce qu'il restait de Grozny alors que vous venez de visionner "Bac Nord", vous comprendrez que chez le réac gaulois de base, le choix est vite fait!!!!!!

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    1. La vraie question est de savoir s'il nous faut pour chef d'Etat une égérie de Décathlon.
      Pourquoi pas d'ailleurs. Mais les difficultés se résolvent-elles par la fureur ou le fuhrer ?
      De l'avis des agences (une au moins) Poutine est confronté à des problèmes psychiques assez graves pour être notés. Il a grossi, ne sourit plus, semble bloqué sur une logorrhée répétitive qui tourne en rond. Il va avoir 70 ans, mine de rien !

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  5. Un éclairage très intéressant sur les crises d'Europe orientale par deux prix Nobel de littérature ; l'une naquit en Ukraine, l'autre en Roumanie à l'époque de l'URSS. Dans le Speigel et en anglais (sorry!) :
    German Politicians Are Disgracing Us Before the Entire World.

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  6. Le discours de Vladimir Poutine sur l'Ukraine ce lundi soir 22 février fait avancer le diagnostic. Le lt-colonel du KGB s'est construit sa propre histoire de l'Union soviétique et de sa désintégration, amalgamant des faits soigneusement sélectionnés dont il crée les causes pour alimenter son récit.
    Il s'est aussi dessiné une image mentale des peuples ukrainiens qui correspondent à sa démonstration de pays fait de bric et de broc, et leur refuse l'acceptation de toute influence étrangère, hormis celle de la sainte Russie. L'Ukraine est pour lui une erreur historique de l'URSS ; elle n'existe pas. C'est une chose, un sujet d'étude, un champ de manoeuvres. Il ne va pas en rester là.

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  7. La Revue parlementaire publie la traduction française du discours de Poutine reconnaissant les deux républiques populaires russes au Donbas. Le lien est ci-dessous :
    https://www.revuepolitique.fr/intervention-du-president-de-la-federation-de-russie/

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