vendredi 11 février 2022

Sept Plaies françaises

En son temps, Alain Peyrefitte écrivit Le Mal français : la France avait loupé la Réforme et était tombée du côté obscur de la force archaïque et hiérarchisée à outrance. L'Europe protestante allait briller de mille feux - la banane bleue d'aujourd'hui - quand nous resterions empêtrés dans les génuflexions, la corruption cléricale et des règles obsolètes en tous domaines, agravées par un contrôle social, parfois féroce, qui aboutira à la sanglante Révolution française. En gros, bien sûr, en gros ! Mais nous n'allons pas faire le procès de la Révocation de l'Edit de Nantes, décision malheureuse pour la seule gloire du roi, qui allait déclasser durablement le pays dans les arts et les métiers. Les canons de Gribeauval furent forés par les Maritz, fondeurs protestants de Berne, car nous n'en avions plus. Ce n'est pas le vrai sujet.

Marianne en larme

Le vrai sujet est que la France a atteint un palier de décadence si bas qu'il faut sans doute chercher en nous-mêmes les raisons de cet effondrement historique parce que les causes extérieures n'expliquent pas tout. Le constat est très simple parce que chiffrable (tous les ministères produisent des chiffres, des bilans). En aucun des cas cités il ne s'agit de sentiment, de perception. Non, des faits absolus :

- Déficit commercial humiliant comparé au résultat de tous nos voisins ;
- Dette colossale gagée sur rien ni quedalle pour un pays avec tant d'atouts ;
- Déficit budgétaire primaire avant service de la dette (l'Italie est en excédent) ;
- Déficit budgétaire total agravé par une gestion électoraliste de la pandémie ;
- Déficit social (CNAM, CNAV, Assedic) insoutenable qui nous oblige à faire la pute sur le Golfe ;
- Désindustrialisation quasiment achevée par le patronat mondialiste (toute relance augmente les importations) ;
- Souveraineté alimentaire en péril malgré la PAC organisée à notre profit (même là nous avons merdé);
- Souveraineté énergétique perdue - 16% de gaz russe - (on la retrouvera peut-être dans quinze ans par les EPR et les SMR) ;
- Insécurité générale, impossible à combattre avec les armes législatives émoussées par la naïveté de gouvernements tétanisés par des "valeurs" de gauche.
Ceci est le constat, volontairement abrégé. Quelles en sont les causes ? A mon avis ?

Il y a sept causes, toutes humaines, les 7 plaies françaises :

  • (i) Une classe politique sous-calibrée et vénale par défection des vraies élites qui font carrière ailleurs que dans le marigot politicien.
    Dans sa vie professionnelle ou civile chacun de nous a croisé des types qui en imposaient, de grande culture, d'autorité naturelle et toujours les plus aimables. J'ai rencontré parmi ceux-là il y a longtemps le Cévenol Julien Tardieu, maire de Paris, comme le sénateur aveyronnais Raymond Bonnefous. Des gens que l'on écoutait avec attention et respect. Aujourd'hui la ville de Paris est dirigée par une inspectrice andalouse du Travail qui désespère de son arrogance ses équipes municipales et dont le seul talent politique fut de se glisser dans son emploi en détournant l'esprit de la loi PLM, sans avoir jamais gagné un arrondissement parisien. Quant à la vénalité de notre classe politique, sa corruption est de notoriété publique, et quand s'y ajoute l'avarice d'un François Fillon, stipendié par une société du Kremlin, il n'y a plus qu'à tirer l'échelle.

  • (ii) Une immaturité politique chronique du corps électoral qui court après les vessies éclairées et rechigne à lanterner ses représentants.
    Que notre classe politique ne soit pas au niveau (elle vote par clientélisme toutes les calamités budgétaires) est une chose, qu'elle soit élue est plus grave. Les Français n'aiment que le spectacle politique, pas la politique de la cité. Ils n'y comprennent rien et ne savent toujours pas que les milliards qui volent au-dessus de leurs revendications sont tirés de leur poche. Les peuples voisins le savent, eux !

  • (iii) Une classe de grands patrons cooptés qui sédimentent dans les conseils d'administration et ne défendent qu'eux-mêmes.
    Il y a une arrogance très française des anciens élèves de nos grandes écoles qui ne connaissent personne de plus intelligent qu'eux. La plupart sont des super-employés payés une fortune, qui n'ont pas la fibre patrimoniale de certains homologues étrangers dont l'entreprise est leur enfant. Quand nous sommes opposés à eux, nous perdons presque à chaque fois parce que ceux-là sont habités par leur boîte quand nous, nous y habitons ! La râclée emblématique fut le contrat nucléaire civil perdu par la crème atomique française aux Emirats au bénéfice des besogneux du coréen KEPCO (Hyundaï).

  • (iv) Un peuple dont le cerveau a été javélisé à l'assistanat public du berceau à la tombe et qui choisira toujours l'avantage immédiat.
    Si nous sommes fiers d'être le peuple des droits de l'homme quoique dans le passé nous imposâmes les nôtres sans trop chercher ceux des autres, nous sommes devenus depuis la récompense du CNR-1945 à un peuple battu le "peuple des droits" tout court. Des droits à ! Des avantages acquis ! De la "lutte" ! De la grève ! etc... ou, pour faire plaisir à M. Zemmour : « nous avons trop revendiqué, nous n'avons pas assez servi !» (PP capitulant en juin 40). Notre appétit insatiable d'allocations en tout genre, notre complexe égalitaire, notre soif de loisirs, ont fini par ruiner notre modèle social auquel s'accrochent encore quelques fous, inconséquents et parfois bêtes à manger du foin. Les Français ont mis la France en coupe réglée. Chapeau les cons !

  • (v) Une classe de hauts fonctionnaires qui a capté l'Etat à son bénéfice et décide de tout dans un complexe de supériorité (le néo-colbertisme sans Colbert).
    L'impéritie de la classe politique - et ça remonte à loin - a obligé l'Administration à prendre le pouvoir pour que la maison France soit tenue. Ainsi le pays a-t-il traversé la IVème République sans graves dommages (mise à part la guerre socialiste d'Algérie) et même avec quelques succès. La fabrique des hauts fonctionnaires supplanta rapidement dans la conduite du pays les anciens élèves des Grandes écoles d'ingénieurs et d'artillerie parce qu'elle tint très tôt les cordons de la bourse et qu'une partie considérable de cette aristocratie est entrée dans les hémicycles de décisions politiques auxquelles elle aurait dû être naturellement subordonnée. Cette classe - La Casta en Italie - est inexpugnable. Elle fait même la pluie et le beau temps, et quand l'orage gronde, elle fait élire l'un des siens, Emmanuel Macron, qui la protègera.

  • (vi) Une immigration de peuplement délibéré, au motif de dénatalité des souchiens, qui appauvrit le niveau moyen général, les caisses publiques et qui bourre les prisons.
    Que la terre soit basse, qu'au cul des bennes puantes l'odeur soit incommodante, que les chantiers de plein vent soient fatigants, froids ou trop chauds, que le BTP paye mal, que le travail posté en usine use prématurément la santé etc... oblige à importer des nègres. Il est carrément stupide de les prendre en otage dans la dénonciation de nos insuffisances. Il faut bien faire tourner les bétonnières et cuire le pain. Que par contre on légalise les regroupements familiaux de gens uniquement intéressés par les prestations sociales et qui pis est pour certains, transportent de chez eux une haine viscérale de la France, est d'une grande idiotie. Nous savons quels imbéciles ont signé.

  • (vii) Une orgie soviétique de normes, règles, correctifs en tous domaines pénétrés par l'Etat qui veut absolument tout contrôler avec des administrateurs de terrain sous-formés ou incapables. D'où le blocage de la créativité, de la recherche, de l'entreprenariat et surtout de l'enrichissement personnel qui reste ici un péché.
    Le paysage normatif et réglementaire français est tellement monstrueux que je ne vais pas épiloguer. A notre propre vice jacobin - les "bureaux" de Maurras - nous avons ajouté celui de la technocratie européenne qui produit du texte à jet continu, étant jugée et payée à la ligne !

Est-ce la peine de développer plus encore ? Chaque lecteur de ce blogue a déjà compris : il ne suffira pas de "réformer" le pays. D'ailleurs avez-vous entendu un candidat à la présidentielle prendre à bras le corps une des sept plaies ? la sixième par M. Zemmour, mais qui ne résout pas le problème posé par la paresse d'un peuple amolli.
Aucun candidat n'a la carrure pour conduire la révolution nécessaire, que le peuple n'acceptera pas en plus ! Ce pays irréformable va donc être exposé en proie dès que les taux d'emprunt dépasseront nos capacités de service de la dette parce qu'il faudra taper où les Français sont le moins prêts à recevoir des coups : les prestations sociales, ce fameux pognon de dingue qui nous fait champion du monde de l'Etat providence à compte d'autrui. Autrui étant nos enfants et leurs propres enfants.
Demain, les 7 atouts français ?

Nous n'avons pas parlé d'une autre grave question : nos armées, surestimées en capacités de combat intensif. Entre la dissuasion nucléaire et nos unités (très entraînées certes) de gendarmerie coloniale, nous avons des unités de démonstrateurs, nous n'avons pas la masse critique dissuasive dans aucune des trois armes. C'est le CEMA Lecointre qui l'a dit juste avant de partir. Faut-il faire un article sur cette supercherie ? Pas la peine. Le site Atlantico s'en est occupé. L'obsession islamiste et le maintien de l'ordre africain dévorent les crédits qu'il faudrait allouer à l'armée de mêlée pour faire peur sur le continent et à la Marine pour tenir l'outremer. Nous en sommes loin. Lire l'article.
Dieu contienne la Russie !

10 commentaires:

  1. Jean Calvin a écrit: "Quand Dieu veut juger une nation, il lui donne des dirigeants pervers" . CQFD: on est très con, on a ce qu'on mérite!

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    1. Je ne sais plus où j'avais lu l'histoire de la République de Genève, c'était Pyongyang tous les jours mais avec le lac. Le bûcher marchait à plein tube, non ?
      Mais d'accord avec vous, les peuples libres ont les dirigeants qu'ils méritent. C'est pourquoi il ne faut jamais faire confiance au peuple.

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  2. Genève a une certaine époque c'était pas drôle tous les jours. (Jetez un œil sur l'histoire de Michel Servet) Sa banlieue (Carouge) qui appartenait au duc de Savoie avait des airs de Las Vegas ou les bourgeois venaient s'encanailler. D'ailleurs Genève l'annexera comme une vulgaire Ukraine. Preuve évidente (d'un principe éminemment calviniste) que quoiqu'il arrive le pouvoir corrompt irrémédiablement.

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    1. Je ne connais pas la République de Genève autrement que par ses excès, mais je sais que les pasteurs génevois contribuèrent à la francisation des Cévènes à partir de 1550 parce qu'ils prêchaient en français au milieu d'un peuple languedocien qui ne parlait que le pâtois mais comprenait un peu la langue du Nord, et l'obligèrent à lire le soir la Bible en famille dans la langue française.

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  3. Contrairement à ce que l'on croit Calvin n'était pas Suisse mais devint citoyen genevois 5 ans avant sa mort. Genève fut plus française que Suisse (au niveau mental je parle) pendant longtemps. Théodore de Beze, Pierre Valdo ou Pierre Olivetan étaient tous français mais firent de la Réforme francophone une affaire suisse. Le "Réveil " protestant en France sous le règne de Louis Philippe fut le fait des prédicateurs suisses qui firent de la Suisse Romande (lémanique) la "Rome protestante" pour les protestants français (encore d'actualité aujourd'hui malgré l'immixtion d'anglo-saxons) La suissité de Genève a vu le jour après la guerre civile du Sonderbund . C'est d'ailleurs pour cela qu'une identité romande n'a jamais pu vraiment voir le jour en Suisse: Vaudois, Neuchâtelois (protestants) Fribourgeois et Valaisiens (Catholiques) s'opposant à cette "république" trop exogène à leur gout. Le seul (autre) canton francophile était celui du Jura qui s'est séparé de Berne et s'est même fait connaître dans les années 70 par des actions "politiques" J'ai même connu un genevois qui faisait parti d'un mouvement pour le rattachement de la république de Genève à la France. (400 membres)...Pauvre fou!

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    1. C'est toute une histoire à notre porte à découvrir.

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  4. Atlantico et d'autres sites "militaires" en font des tonnes sur la cyberguerre, la guerre hybride, la guerre assymétrique des terroristes, la désinformation et propagande à l'intention des démocraties qui peuvent désarmer leurs opinions publiques (comme en Allemagne orientale). Est-ce que c'est pour éloigner le projecteur de la vraie guerre avec les avions, les chars et l'artillerie lourde ?
    Parce que cette guerre, que vous appelez de "haute intensité", nous ne pourrons pas la gagner avec le taux important d'indisponibilité de nos armes et la faiblesse de nos effectifs. Et c'est pire en Allemagne ! J'ai l'impression que le MDN joue de la flûte !

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    1. La guerre n'est pas encore sur le Rhin. Mais ses préparatifs dévoilent notre impréparation au conflit continental, qui n'arrivera pas si nous et l'Allemagne faisons peur. Ce n'est pas le cas et d'après le Spiegel (clic) une forte majorité des Allemands est pour réitérer des "accords de Munich" afin de terminer le Nord Stream 2 et huiler le business avec la Fédération russe et ses satellites. Et souvent même par russophilie. Ce qui peut vouloir dire que la boussole stratégique européenne promue par M. Macron ne donnera rien sur le sol allemand.

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  5. L atout culturel, nous sommes en train de la perdre. Quand j'entends les journalistes et politiques s'exprimer, mes oreilles de collégiens des années 80 élevé au Bled et au Bescherelle saignent...J'en veux pour preuve les aveux de la prof de Latin d'un de mes fils qui m'avait dit lors d'une réunion parents-professeurs : " Votre génération connaissait mieux le Latin que moi, vous au moins vous utilisiez le Gaffiot" . J'étais pourtant dans un CES aujourd'hui classé ZEP. et je n'ai fait que deux ans de Latin. Consternant. Cette inculture générale qui touche également l'élite se propage à tous niveaux et nous vaudra de sérieux revers diplomatiques car quand on est con, on n'est pas crédible. Et la baisse du niveau de l'apprentissage des maths risque d'être fatal à la qualité de nos ingénieurs. "Le monde nait, Homère chante, c'est l'oiseau de cet aurore" résonne comme le chant du cygne!

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    1. Tout a commencé par Edgar Faure qui supprima le latin en 6è en 1968 pour faire "djeune". Les lois subséquentes empirèrent la dérive, le niveau d'enseignement s'adaptant à la "clientèle" alors qu'il aurait dû se maintenir pour tirer la jeunesse vers le haut. C'est l'avachissement général de l'Occident.
      Rome eut une fin !

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