dimanche 8 mai 2022

Tyrannosaures

drapeau soviétique sur Berlin

Honneur aux soldats morts les derniers jours de la guerre à Berlin. Ils n'ont pas fait semblant. Soixante et dix-sept ans plus tard, calé dans mon Voltaire, les pieds sur la fenêtre à contempler au soleil couchant la guirlande de gui qui orne le fleuve au long des peupliers, je devisais sur l'espèce humaine en ce jour de commémoration de l'incinération d'Adolf Hitler, en me demandant si Aymeric Caron est si décalé que ça à mépriser les hommes comparés aux insectes. Les hommes qui gouvernent les hommes ont trop rarement la vocation de se soucier du peuple pour qu'on leur fasse confiance longtemps. La supercherie démocratique n'est même plus cachée. Certains dirigeants deviennent les loups de la formule de Hobbes.

Dans la famille des Allumés j'appelle :

Xi Jinping, qui pousse le rêve de revenir aux marches impériales pour éloigner sinon stériliser toute influence exogène capable de compromettre l'avenir enchanté du Parti communiste chinois. Il est prêt à tout et, en communiste bien borné, il ne récuse aucune mesure à l'évidence contre-performante, comme par exemple la lubie du Covid Zéro. Qu'a-t-il à faire des peuples de Chine ? Beaucoup si ceux-là obéissent minutieusement aux consignes du Parti qui détient la science infuse, rien ou que dalles, s'ils le contestent, auquel cas la chirugie sociale extirpe les activistes ou déclarés tels du corps social et va jusqu'à les faire disparaître dans les méandres du digesteur judiciaire chinois. Mais le pire de tout n'est pas la colère intime des Tibétains ou l'insurrection larvée des Ouighours et des Mongols, mais la provocation permanente du bonheur taïwanais décorélé des soins intensifs du Parti communiste.

L'autre "impérial" est le plus dangereux parce que plus petit : Vladimir Poutine. Il n'a pas fait plus d'études que le précédent, mais il s'est rattrapé par la lecture d'ouvrages de russification à outrance jusqu'à former le projet d'un rôle à la mesure de sa propre estime, réunissant sous l'étendard de la Sainte Russie toutes les terres où les tsars de jadis ont pu poser le pied. Pour meubler ce délire hors des capacités de l'impétrant, tous les motifs sont bons même les plus éculés, comme la menace aux frontières que l'homme de Cro-Magnon utilisait déjà. Si le Chinois est fils de prince et le ressent, le Russe est fils de rien sinon d'un concours de circonstances ayant arrangé les affaires de la mafia qui a grandi sur le fumier des ruines soviétiques. Mais par ses accointances avec le patriarche de Moscou, il détient un morceau de la vraie croix et subjugue le moudjik.

L'autre fou est mon préféré : Kim Jong-un. Il forme un duo infernal avec sa sœur terrible, Kim Yo-jong. Ils jonglent avec la bombe atomique, comptant sur le bunker sans doute le plus profond au monde pour survivre à l'apocalypse qu'ils rêvent de déclencher, juste pour voir ! Le peuple nord-coréen n'est pour eux que du bétail incinérable, élevé pour satisfaire à la pérennité de la dynastie issue de la guerre de Corée. Ces trois déments eurasiens "règnent" sur seize cents millions de gens soit vingt pour cent de la population mondiale, ce qui mesure l'étendue de l'infection. Et il y en a d'autres, plus petits, partout.

Dans la famille des "grands missionnés", on trouve entre autres moins pires qui détruisent quand même leur pays - je pense à Bolsonaro - le Birman Min Aung Hlaing, le Nicaraguayen Ortéga, l'insubmersible Bachar el-Assad. A tuer ! Ces tyrans de division 2 se sont retranchés dans les palais du pouvoir à soigner leur bénéfice exclusif et "gèrent" leur peuple comme une ressource qui leur est due. C'est là que l'on touche du doigt la différence entre eux, légitimés par un protocole démocrasseux au comble du ridicule, et les monarques constitutionnels esquivant l'élection, qui vivent au milieu de leurs sujets pour en partager les sentiments ; mais plus fort encore pour la démonstration, est le cas des monarques absolus de droit divin qui n'avaient de limites que celles posées par leur tuteur, Dieu. Plus libres encore, ils avaient pour la plupart un réel souci de leur peuple. C'est l'amour du peuple qui a conduit Louis XVI à l'échafaud. Presque tous les rois de France ont montré une préoccupation sincère pour les conditions de vie des peuples à eux confiés, et ce ne furent pas toujours les plus grands les plus attentionnés.

Pause ! Hier avait lieu l'investiture d'Emmanuel Macron pour son second mandat présidentiel. On connaît ses idées, ses obsessions, son orgueil, mais où est le bonheur des gens ? Il a des soucis comptables générés par l'impéritie des cabinets politiques qui se sont succédés aux concours de démagogie ; des soucis de prééminence européenne que ses partenaires lui dénient ; des soucis de défense européenne qui n'impriment pas ; des soucis d'influence en Afrique sans projet décolonial sructuré. Ses contempteurs n'en ont pas plus. Le plus bruyant est même le plus dangereux à cause d'un agenda caché qui se dévoile à mesure qu'il forme la coalition d'opposition pour les élections législatives de juin. C'est un projet de collectivisation qui se dessine. Chacun va à la soupe, petite soupe, tiède potage, le bonheur du peuple ? Quelle idée ! On va le foutre dans la Constitution le bonheur et basta ! Que demande le peuple d'ailleurs ?
Ben oui : d'être protégé au-dedans comme au-dehors, soigné correctement et libre de s'occuper à vivre par lui-même. Dans ce pays qui s'est donné la mission d'exporter son modèle, nous en sommes très loin, malgré la prégnance d'un Etat total qui se mêle de tout, à nous faire rêver d'anarchie.

Tit'conclusion

Faite de glaise dit la légende, l'espèce humaine a besoin de transcendance pour ne pas sombrer dans sa bestialité génétique. Les rois procèdent de cette transcendance essentielle, les dirigeants élus, jamais. Il en est d'honnêtes certes, mais l'ambition personnelle prend trop souvent le pas sur le bien commun, et plus le temps passe à poste, plus la dérive se monarchise jusqu'à faire croire au titulaire éphémère qu'il est là en viager. Même les grands fauves démocratiques n'arriveront jamais à la cheville d'un roi oint. Toute démocratie est vanité. Demain, à midi heure de Moscou, on saura si la Troisième Guerre mondiale est possible. Ce ne sera pas anodin car nous ne sommes pas prêts. Pauvre de nous !

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