lundi 20 juin 2022

Macron brise la glace

Macron
Comme Jésus marchait sur l'eau du lac de Tibériade, Emmanuel Macron marchait sur le plafond de verre du front républicain. Il est passé à travers !
C'est sa pratique de la fonction qui a aminci la glace au point qu'elle se rompe. Le Rassemblement national est entré à la chambre basse du parlement, et sans doute pour longtemps. Le vieux Menhir en avait rêvé, sa fille l'a réalisé.

Menacé de calamités, méprisé, battu et moqué, la moitié du corps électoral a envoyé une assemblée plus représentative du pays, autant du moins que le mode de scrutin trafiqué au bénéfice des sortants au prétexte de majorité, l'a permis. L'autre moitié de ce corps a abandonné toute illusion électorale (+).

Ce qu'il se passera demain dans la production des lois de la République ne sera pas différent de ce qu'il se passe chez tous nos voisins. Notre exception démocratique (visant à atténuer la celticité de nos intérêts locaux) se fracasse sur le Mécontentement général. Mais la condescendance, le mépris, l'arrogance jusqu'à l'insulte du président n'ont pas peu fait pour ruiner la clef de voûte du régime : une majorité obéissante. Son ressemelage devient inutile. Le processus législatif basé sur "le bloc permanent" devient inopérant - la garde-chiourme Ferrand-Castaner est déjà débarquée - et nous allons assister aux fractures politiques habituelles entre les vizirs potentiels, coalisés jusqu'à hier. La majorité présidentielle devrait éclater en trois groupes, dont celui d'Edouard Philipe déjà en selle pour 2027. La coalition hétéroclite du cartel des gauches va en faire autant, aidée en cela par les divergences internes non pontables. Voici de gauche à droite les cartes à jouer probables par groupes (les deux seuils importants sont à 15 et 60 députés) :
  • PCF : 12
  • LFI : 72
  • EELV : 26
  • PS : 23
  • LREM : 170
  • Rad. : 3
  • MoDem : 46
  • HORizon : 26
  • UDI : 3
  • LR : 61
  • RN : 89
  • Solde et divers : 46
C'est maintenant que va apparaître d'une part l'incapacité génétique de M. Macron a négocier en continu, et d'autre part l'inutilité d'un premier ministre-collaborateur aux ordres comme Mme Borne. Il va falloir plus de finesse en politique que la caporalisation qui a prévalu jusqu'à hier ; et comme l'intelligence à Matignon deviendra vite insupportable au locataire de l'Elysée, cette chambre sera dissoute à la rentrée après le gros échec annoncé de la réforme des régimes de pensions. A l'issue de ces quatre tours électoraux, on notera la mort de tous les traîtres, à la notable exception de l'inoxydable Eric Woerth. Marion Maréchal peut se reconvertir, elle appartient au passé. Pour finir, une mention spéciale pour Jordan Bardella qui a montré tout au long de l'exercice une maturité politique rare à son âge, exprimée clairement dans une dialectique posée et articulée. Tiens, personne n'a parlé de restaurer le roi. Reste à jauger la perte d'influence dans les enceintes européennes d'un président français battu. Le tour français s'achève le 30 juin, la Tchéquie lui succèdera avec un agenda très différent ; puis ce sera la Suède, membre influent de l'Europe sérieuse agacée. Que du bonheur pour les cigales !

2 commentaires:

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