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Les Ninja de Langley

Ayman Mohammed al-Zawahiri est mort de neurasthénie sur son balcon de Kaboul où il prenait le frais en attendant le châtiment divin. Car on ne peut raisonnablement croire que le "penseur" d'al-Qaïda, celui qui a monté tous les gros coups, à commencer par l'attaque des tours jumelles de New-York et du Pentagone de Washington, n'ait pas anticipé pendant une seconde de temps le repérage satellitaire américain de la CIA qu'il avait aux trousses depuis 2002.

drone Reaper

Les circonstances de la liquidation du chef suprême dans sa villa sécurisée d'Abbottabad en 2011 ne laissaient aucun doute sur les capacités de l'agence à acquérir ses cibles. L'homme le plus prudent et le plus informé de la sphère terroriste ne pouvait l'ignorer. C'est ainsi qu'il avait pris l'habitude de sortir fumer une clope (ndlr) sur le balcon quand la brise de l'aurore descendait sur la ville à ses pieds. Qui attendait-il à 6h15 du matin ?

On saluera le luxe de précautions limitant les dommages collatéraux à rien ou epsilon, en remplaçant le combo "lumière et chaleur" par deux Flying Ginsu amenés à portée par un drone Reaper, les lames hachant menu tout ce qu'elles rencontrent en bas. Les fondamentalistes afghans ont trahi leur promesse de lutter contre le terrorisme international, promesse signée le 29 février 2020 à Doha (Qatar), en hébergeant à Kaboul dans une "villa sûre" le leader le plus corrosif du même terrorisme international. Nul doute que leurs réclamations sur tel ou tel point des accords de paix ne soient jamais prises en considération par les Etats-Unis ni par leurs alliés dans la cagade afghane. Quoique, à voir tout ce que perd la société afghane depuis la Libération, nous pouvons croire que nous avions quand même apporté quelque chose à ces peuples. S'il y eut de nombreux conflits entre tradition et développement - BREAKING : je m'interromps cinq minutes pour regarder sur CTi Taïwan le C-40C de Nancy Pelosi (82 ans) atterrir à Taïpei (02.08.2022-22:45 heure locale) ; un doigt d'honneur dans le cul de Xi Jinping - Oui... les avancées sociales en Afghanistan ?

Elles concernent surtout le développement de base par la réhabilitation des services publics avec les infrastructures idoines (écoles, postes, gares, banques, aéroports, rails, routes), l'électrification et le déploiement d'une administration sur le territoire au plus loin possible en profondeur (c'est elle qui pliera en premier sous la poussée des talibans). Mais c'est la libération du sexe jadis faible qui en sera l'emblème dans tous les pays du monde, même et surtout là où les femmes musulmanes sont opprimées.

Les filles feront des études, qu'elle pourront pousser jusqu'au troisième cycle ; et les garçons aussi, qui rencontreront des professeurs de meilleure valeur. Les femmes iront travailler le matin dans toutes sortes de services et guichets comme chez nous, et même comme pilote d'avion de ligne ou de liaison (Top Gun). Les clubs de sport se multiplieront (boxe féminine aussi) et des emplois en tout genre seront offerts par les administrations renaissantes et l'économie ragaillardie. On comprend la stupeur et la douleur d'une population ramenée brusquement à l'âge du bronze.

Certains petits reporters, comme Geoffroy Antoine chez Bld Voltaire qui passe sur CNews, se vautrent dans l'antiaméricanisme primaire en ne voyant d'autre issue à l'intervention occidentale en Afghanistan que le retour des talibans aux affaires et leur réarmement. Mais ce sont avant tous, les politiciens afghans désignés par la Loya Jirga et la hiérarchie militaire afghane qui ont trahi leurs peuples en détournant les moyens de défense du pays à leur profit, moyens considérables mis à disposition de l'ANA par les Occidentaux. Oui, cela nous a coûté très cher, mais il est minable de soutenir que c'était en pure perte. La mission civilisatrice était largement acceptée dans les couches pacifiques de la population. L'erreur - parce qu'il y a bien une couille dans le potage quelque part - est de n'avoir pas su instrumentaliser la dynastie des Mohammedzaï (Barakzaï), dont le dernier roi, Zaher Shah, était très respecté ; auquel on substitua le gauleiter Hamid Karzaï, un Popalzaï de la tribu pachtoune d’Ahmed Shah Dourrani (1722-1772), fondateur de l’Afghanistan. S'il avait des références, il n'avait pas l'aura qui en impose jusqu'au fond des montagnes.

Faute de vouloir en dire plus, le nez dans son parjure, le pouvoir à Kaboul dénonce l'intrusion d'un drone et in petto la pratique de l'assassinat ciblé qui menace ses chefs. Certains qui se croient plus forts que nous peuvent maintenant mesurer la valeur de la signature afghane à l'aune de la preuve, et accessoirement la furtivité de la menace qui "plane". Les Chinois s'inquiètent déjà de la merde islamiste qui risquent de remonter le corridor du Wahkan s'ils y passent une route de la soie comme c'était prévu au moment des effusions sino-afghane, quand Pékin prit le départ cahotique américain pour une victoire chinoise. Ils vont déchanter et réduire les transferts. A quoi sert-il d'acheter à prix d'or des gens sans aveu ?

Ce soir, champagne pour fêter la dispersion d'al-Zawahiri le funeste, mais surtout pour féliciter Mme Pelosi de n'avoir pas écouté les sirènes du sans-couillisme et les menaces en papier mâché de Pékin. On lui savait de la pugnacité. Ceux qui l'ont connue ou ceux qui la suivent savent qu'elle n'a pas un tempérament à avoir peur du bruit.

l'avion de Pelosi se pose à Taïpei

Commentaires

  1. Apparemment il ne vous a pas traversé l'esprit que le renseignement afghan pouvait avoir livré Zawahiri à la CIA par le canal de l'ISI pakistanaise par exemple.
    Loger en ville le chef de l'organisation, qui a fait détruire le premier régime taliban en attaquant New York contre l'avis de feu Mollah Omar, est un souci de plus pour le pouvoir à Kaboul, déjà en lutte contre l'Etat islamique au Khorasan qui le menace au quotidien. C'est probablement du nettoyage intérieur et le gouvernement n'a pas fait de crise de nerf.

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    1. D'accord. J'avoue n'avoir pas vu la perversité de l'Orient compliqué. Effectivement c'est tout bénéfice pour les talibans.

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    2. Plus pervers encore : loger Zawahiri dans une villa en plein Kaboul revenait à faire le pari de gagner facilement la prime de 25 millions de dollars qui avait été mise sur sa tête. Il a suffi d'envoyer les bonnes coordonnées GPS.

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    3. Anonymous,
      D'autres y pensent aussi (clic).

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  2. On n'a pas fini de dérouler la pelotte.
    Al-Zawahiri était sous la protection (ou aux arrêts comme on veut) du ministre de l'intérieur Sirajuddin Haqqani dans l'enclave de Shirpour à Kaboul, district diplomatique contrôlé par le Réseau Haqqani. Ce réseau terroriste vaut à son leader une prime FBI de 10 millions de dollars sur sa tête.
    Financés par l'Arabie séoudite, les Haqqani sont les talibans les plus proches du leadership d'al-Qaïda.
    De quoi rassurer complètement al-Zawahiri.
    Qui l'a dénoncé ?

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