lundi 26 septembre 2022

Que voit le duc d'Anjou de son avenir ?

(billet spécial royco déporté après les funérailles d'Elizabeth II)

Echange commenté entre Louis-Alphonse de Bourbon et Antoine de Montjoie à l'occasion de la venue en France cette année de l'aîné des capétiens. Le texte est repris du site Légitimité sous timbre officiel du secrétariat du duc d'Anjou en France (texte intégral). Antoine de Montjoie est le rédacteur du journal Une France Un Roy, organe du Cercle Royal des Enfants de France (clic). Nos commentaires sont nettement identifiables et tapés en gras italique vert. Nous avons choisi d'enlever la décoration pour se concentrer sur le verbatim.


ADM - Que pensez-vous de l'avenir de la France avec la réélection d'Emmanuel Macron en tant que président ?

Louis-Alphonse de Bourbon
LDB - Je ne polémique pas avec l’actuel Président de la République qui comme tous ses prédécesseurs passera… Je suis plus intéressé par l’avenir de la France qui, elle, a vocation de durer. Je dois dire que je suis inquiet de ce qui se passe depuis des décennies dans la terre des lys. Comme nous le montre l’histoire, la France a été une terre de progrès, de culture, de civilisation ; un pays non seulement prospère et puissant mais, encore plus, regardé par de nombreux autres comme un modèle. Pourtant, actuellement, nous voyons l’œuvre des siècles détruite. Pour une large part c’est le fait d’institutions inadaptées car elles ne permettent aux meilleurs de donner toute leur puissance au service de la collectivité. Où sont les Colbert, les Sully, les Michel de l’Hospital ? Pareillement elles appauvrissent des populations toujours plus nombreuses. La France a progressivement été déclassée ce qui a des conséquences sur sa souveraineté et son moral. Or c’est contre cet esprit d’abandon qu’il faut réagir et, malheureusement les gouvernements actuels sont incapables de le faire puisque les institutions ne sont plus à même de répondre aux besoins. Bâties sur des idées fausses, minées par le scepticisme et le relativisme elles ne peuvent répondre aux interrogations du monde d’aujourd’hui. D’ailleurs depuis des décennies les gouvernements ont promis des réformes mais ils n’ont rien fait car c’est le système qui est mauvais.

RA : on est d'accord, le système est vicié à la base, qui interdit réforme et renaissance du pays dans le concert des grands.

ADM - Que pensez-vous de l'Union Européenne, trouvez-vous qu'elle remplit son rôle, ou va-t-elle trop loin ?

LDB - Vous faites bien de poser la question en termes d’Union Européenne car c’est là où le bât blesse. Un capétien ne peut être que pour l’Europe qui a été le creuset de la civilisation occidentale à laquelle le monde entier doit tant. L’Europe a toujours eu le souci de transmettre sur les cinq continents ses valeurs inspirées par sa foi chrétienne et l’héritage gréco-romain. Qu’a-t-telle à transmettre actuellement si ce n’est des idéologies délétères. Avec l’Union européenne ce qui était un projet de civilisation rayonnant sur le monde, est devenu un mauvais modèle économique et financier technocratique menant à une mondialisation dangereuse puisqu’ordonnée à rien d’autres que l’esprit de profits à court terme. Afin que L’Europe puisse de nouveau être un modèle et non un pion plus ou moins malmené dans un concert des nations toujours plus instable et dangereux, la France doit reprendre conscience de sa vocation d’éducatrice des nations.

RA : la vocation française d'éducatrice des nations est justement niée hors du cercle étroit de la francophilie de proximité. Il faut inventer autre chose que de reprendre la trace d'un passé civilisé qui n'a pas l'aura escomptée dans le monde actuel. La dévolution des pouvoirs n'est pas citée or c'est un des "sine qua non".

ADM - Avez-vous l'impression que les Français désirent un roi ?

LDB - Cela ne peut-être une question d’impression. Le roi sous-entend une volonté de partager un destin commun, un grand dessein dans lequel tous se retrouvent, heureuse alchimie entre les désirs individuels et la volonté de garantir ce que les anciens appelaient la chose publique. Les Français n’ont jamais totalement oublié le roi. Les dix siècles de royauté demeurent comme une sorte d’âge d’or auquel ils peuvent se référer ne serait-ce qu’en matière de patrimoine. Ce qui est « royal » par nature est « beau et glorieux ».
Sur un autre plan voyez aussi combien les Français regardent avec envie vers les princes étrangers que ce soit les Windsor ou les Grimaldi. Plus de Français ont suivi le Jubilé des 70 ans de règne de la Reine Elisabeth II que la cérémonie du second septennat de M. Macron. Mais d’un certain sentiment en faveur de la royauté il conviendrait de passer à une volonté.

RA : les Français n'auront une volonté de royauté qu'à partir du moment où ses promoteurs afficheront un vrai projet, lisible et compris facilement par tous. Les photos sur papier glacé des magazines royaux n'y suffiront pas.


ADM - Avez-vous une impression que la civilisation européenne sombre dans un déclin profond à un point où toutes les valeurs qui l’ont bâtie ont été oubliées ? Quelle serait votre alternative face à ce déclin ?

LDB - Comment ne pas voir qu’il y a un certain déclin européen. Il y a des causes extérieures par exemple la poussée des pays émergents qui sont de nouveaux concurrents notamment économiques mais encore plus il y a des causes morales, une sorte de démission née d’une perte de confiance. L’Europe rejette ses racines historiques, religieuses et civilisationnelles, comme si elle avait honte d’elle-même et de ce qu’elle a réussi par le passé et qui a fait sa grandeur. Elle semble oublier qu’elle a été le lieu de tous les progrès tant matériels que culturels. Elle a été l’espace où ont pu s’épanouir tous les arts. L’Europe peut être fière d’elle-même. Quand elle abandonne sa mission le monde retrouve les désordres : l’esclavage renait comme la piraterie et tous les trafics, les obscurantismes de tous ordres s’épanouissent et donc l’insécurité pour tous. Les périls extérieurs sont autant le fruit des démissions internes que des volontés hégémoniques de nos ennemis. Quand la France et l’Europe montraient leur puissance et leur détermination elles n'ont pas été attaquées. C’est une des leçons que Louis XIV donnait au Dauphin. Elle n’a pas perdu de son actualité.
Pour stopper le déclin il faut que l’Europe retrouve confiance en elle et revienne a plus de sens du réel c’est-à-dire tire un trait sur les fausses idées et les idéologies. Les dernières crises, économiques, sociales et sanitaires, montrent nos fragilités en des domaines toujours plus larges et pourtant vitaux pour notre pays. Cette dépendance accompagne le déclin. Il faut en tirer les conséquences et savoir renouer avec une action politique réaliste permettant de retrouver les voies de la croissance et du développement équilibré.

RA : on peut discuter du déclin européen qui n'est pas si sûr dans tous les domaines. Par ailleurs l'affirmation de puissance de la France et de l'Europe s'est faite aussi dans l'aliénation de nations qu'elles ont vaincues à la guerre. C'est pas top.
Le second paragraphe ne veut rien dire. Le passé ne nous aide pas au pantographe de la mondialisation. La France, premier royaume jadis, a été engloutie par la naissance ou le retour des grands empires. Relever le défi d'une civilisation de mort (IVG, euthanasie) et de perversités sexuelles est au-dessus des forces de la seule France actuelle qui exhale une odeur d'eau croupie. Le seul bassin civilisationnel où sont promues avec succès mais au prix de l'asservissement des âmes les "valeurs chrétiennes" pour lesquelles combat la droite et le prince, est celui de l'Islam ! On fait quoi, Monseigneur, une fois qu'on aura transformé l'Europe en hard-power ? J'avoue être perdu.

ADM - Que pensez-vous de la place de la jeunesse dans le royalisme actuel ? Les encouragez-vous à poursuivre des actions tel que ce journal, du militantisme (collage d’affiche…) ou d’autres actions ?

LDB - Les jeunes sont toujours l’avenir. Cela est vrai pour les familles comme pour les Etats. Cela est vrai aussi, bien évidemment, pour le royalisme. Que serait-il s’il n’était que prôné par les anciens ? Tout au plus une nostalgie pour un monde révolu du passé. Or le royalisme comme cela l’a toujours été du temps des rois de France doit être avant tout vision d’avenir, d’espoir pour demain. Chaque règne nouveau apportait un peu plus au royaume. Dans les premiers siècles, assurer l’essor territorial ; ensuite créer des structures politiques et administratives performantes avec une fonction publique dévouée au service de l’Etat, enfin assumer et garantir la souveraineté. Actuellement la société est si malade que sa renaissance incite à revenir aux formes qui ont fait leur preuve et non aux utopies. Je ne peux qu’encourager les jeunes à la fois dans leur activité d’approfondissement des connaissances pour pouvoir défendre leurs idées et de militantisme car les jeunes ont besoin d’action. Ainsi je soutiens les jeunes qui s’engagent dans les actions diverses pour contribuer au bien commun.

RA : oui, c'est exactement ça, mais quel est le cadre monarchique à bâtir pour demain qui motivera une jeunesse combattante ? Quel est le cadre monarchiste à bâtir aujourd'hui où s'exprimeront efficament ces jeunes ? Atterrissez un jour, Monseigneur !

[...]

ADM - Quelle forme aurait la Monarchie future ?

LDB - Elle ne pourrait avoir que la forme de son temps comme ce fut toujours le cas. Du Xème au XIXème siècle la royauté a connu des formes diverses. Celle de saint Louis n’est pas celle de Louis XIV, celle de François 1er la même que celle d’Henri IV. Il en serait de même aujourd’hui ou demain. La monarchie restaurée dans un souci de bien commun retrouvé devra assurer leur place aux corps intermédiaires pour une bonne représentativité de tous. C’est sur ce point que notre régime malgré son emploi permanent du mot démocratie, n’assume plus ses devoirs d’où la crise sociale permanente du fait de tous ceux qui se trouvent exclus. C’est de cela que le taux d’abstention à toutes les élections témoigne. La royauté nous a appris que la société doit être un corps social vivant dans lequel chacun est à sa place du plus humble jusqu’au roi qui est sa clef de voûte. C’est vers cela qu’il faut tendre en redonnant leur place à tous les corps intermédiaires, le premier étant bien évidemment la famille.

RA : "je vous remercie de cette question, mais je n'en sais foutre rien !" On est là au fond de la faille programmatique ; aucun des prétendants à la couronne ne sait aujourd'hui quoi en faire, aucun ! Il faut faire sauter le mur de l'indécision sauf à vouloir continuer l'agit'prop à trois pelés et un tondu en collant des tracts sur les réverbères la nuit ! Cette cause génère du désespoir, il faut que ça change et que les princes parlent d'autre chose que du glorieux passé, sans y avoir jamais vécu.

[...]

Cette recension critique des propos largement réécrits du prince Louis n'est pas une manifestation d'hostilité à son égard. Mais il est toujours aussi indéterminé que lors de l'entretien donné à Paris-Match depuis New-York après la naissance des jumeaux en 2010. En résumé, le prince n'a pas de projet rédigé, seulement de pieuses intentions, mais à sa décharge, les questions sont mal posées et n'appellent pas des réponses constructives.

Qu'il se saisisse donc du régalien et basta !

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