Au Donbass, après Koupiansk, Lyman est tombée. Le chemin de croix continue pour l'infanterie et la cavalerie russes, premiers fournisseurs de chars et blindés aux Ukrainiens. La retraite désordonnée ne va pas rehausser le moral de troupes épuisées, mal équipées, mal commandées, mal nourries, russes quoi !
Lyssytchansk et Sievierodonetsk sont à portée d'assaut. L'état-major russe va-t-il jeter demain vingt, trente, quarante mille mobilisés dans le four du Donbass comme des poulets à frire ?
Dans son billet des âmes mortes à propos du format réduit des armées russes, le colonel Goya dit que « l’opération militaire spéciale était condamnée à réussir tout de suite sous peine de se retrouver en grande difficulté. Elle n’a pas réussi tout de suite.» Elle est donc en grande difficulté puisque la professionalisation est insuffisante à fournir la masse requise pour tenir un front chaud de mille kilomètres ; et que la mise en ligne d'amateurs en bouche-trous ne servira qu'à savoir où les Ukrainiens ont percé. Petit résultat, faible satisfaction. Combien de temps le troufion acceptera-t-il de faire au froc pour sauver la Sainte Russie des illusions perfides du riche occident ?
Après son discours mussolinien du vendredi 30 septembre devant les chambres rassemblées et son gouvernement au complet, Poutine entre sans le savoir dans l'entonnoir maléfique à l'intérieur duquel il n'aura plus assez d'espace pour opérer un retournement. N'écoutant que son délire uchronique, dans un réflexe de survie personnelle, il déclare une guerre à mort à l'Occident décadent qui pervertit l'âme slave. On sait où ça peut nous conduire sous effet de cliquet : à l'apocalypse ! Brisons là.
Y a-t-il une perspective raisonnable ?
Quand les Ukrainiens seront revenus aux frontières disputées de 2021 et auront récupéré toute la coupure du Dniepr, un cessez-le-feu sous l'égide de l'OSCE devrait ouvrir une phase de pacification de la zone occupée afin d'organiser la libre circulation des résidents actuels et passés. S'y appliqueraient sans retenue les Accords de Minsk (on n'a pas mieux) qui prévoyaient une large autonomie civile des territoires russophones dans le cadre de la République d'Ukraine. Une neutralisation (finlandisation) de l'Ukraine garantie par les cinq membres du Conseil de sécurité serait actée et Kiev s'y résignerait. Mais la condition sine qua non est que le fûhrer Poutine et les Siloviki aient préalablement disparu du gouvernement de la Fédération de Russie, car il est impensable de croire en leur signature. Est-ce trop demander ? A priori oui, mais il semblerait qu'au spectacle de la ruine lente du pays, l'idée de « regrets éternels » commence à affleurer dans les cercles du pouvoir moscovite, après l'annonce de fournitures militaires accrues de la part des pays de l'OTAN à l'Ukraine, geste ajoutant du moment au moment. Sans une redistribution des cartes politiques, il faudra atteindre la frontière internationale après beaucoup de morts et de dévastations. Seules les révolutions de palais fonctionnent depuis la grande révolution de 1917, et peut-être qu'une vérité à propos du saccage de Marioupol pourrait en être le déclencheur : quarante jours de bombardements indiscriminés, une estimation de vingt mille victimes, 90% des logements détruits, usage de gaz de combat dans les assauts d'Azovstal. Tout est prêt pour La Haye.
Crimée
A supposer que ce protocole de sortie de guerre réussisse (buvons frais !), il faudrait l'appliquer ensuite à la Crimée dans un délai raisonnable et négocié. La libre circulation serait rétablie sur toute la presqu'île, et compte tenu des spécificités de la ville-état de Sébastopol et de la Crimée intérieure de Simféropol, des référendums internationaux de rattachement à l'Ukraine ou à la Russie seraient organisés dans ces deux circonscriptions, sinon sur la presqu'île d'un seul bloc. Mais la bonne idée (puisqu'elle vient de moi) serait que la Crimée se constitue en principauté indépendante de toutes les parties et se développe comme la Singapour de la Mer Noire. Un grand port en eau profonde avec une belle rade d'attente, une grande zone franche de transformation de valeur ajoutée et de réexportation, des zones touristiques populaires, églises à oignons, hôtels pour tour-operators, marinas, casinos, pubs et claques à marin. Penser à remplacer l'arche centrale du pont de Kertch par un pont-basculant ou levant permettant l'accès des panamax à la mer d'Azov.
Baltique
Dans un autre registre l'image du jour fait la couverture du Spiegel. L'article du jour concerne la sûreté des communications immergées, dont je vous passe le lien de la version anglaise en cliquant ici. L'allemand est accessible en pied d'article et on peut traduire en 40 langues par Google Translate. Ma perception est que Gazprom a saboté les tubes sur ordre, par introduction des piglets explosibles dans les gares de racleurs. On saura après plongée (les fuites de méthane vont cesser) si les moignons de tube se sont ouverts de l'intérieur ou de l'extérieur. C'est tout pour aujourd'hui.
Tchao !
Lyssytchansk et Sievierodonetsk sont à portée d'assaut. L'état-major russe va-t-il jeter demain vingt, trente, quarante mille mobilisés dans le four du Donbass comme des poulets à frire ?
Recyclage d'un char russe par les Ukrainiens |
Dans son billet des âmes mortes à propos du format réduit des armées russes, le colonel Goya dit que « l’opération militaire spéciale était condamnée à réussir tout de suite sous peine de se retrouver en grande difficulté. Elle n’a pas réussi tout de suite.» Elle est donc en grande difficulté puisque la professionalisation est insuffisante à fournir la masse requise pour tenir un front chaud de mille kilomètres ; et que la mise en ligne d'amateurs en bouche-trous ne servira qu'à savoir où les Ukrainiens ont percé. Petit résultat, faible satisfaction. Combien de temps le troufion acceptera-t-il de faire au froc pour sauver la Sainte Russie des illusions perfides du riche occident ?
Après son discours mussolinien du vendredi 30 septembre devant les chambres rassemblées et son gouvernement au complet, Poutine entre sans le savoir dans l'entonnoir maléfique à l'intérieur duquel il n'aura plus assez d'espace pour opérer un retournement. N'écoutant que son délire uchronique, dans un réflexe de survie personnelle, il déclare une guerre à mort à l'Occident décadent qui pervertit l'âme slave. On sait où ça peut nous conduire sous effet de cliquet : à l'apocalypse ! Brisons là.
Y a-t-il une perspective raisonnable ?
Quand les Ukrainiens seront revenus aux frontières disputées de 2021 et auront récupéré toute la coupure du Dniepr, un cessez-le-feu sous l'égide de l'OSCE devrait ouvrir une phase de pacification de la zone occupée afin d'organiser la libre circulation des résidents actuels et passés. S'y appliqueraient sans retenue les Accords de Minsk (on n'a pas mieux) qui prévoyaient une large autonomie civile des territoires russophones dans le cadre de la République d'Ukraine. Une neutralisation (finlandisation) de l'Ukraine garantie par les cinq membres du Conseil de sécurité serait actée et Kiev s'y résignerait. Mais la condition sine qua non est que le fûhrer Poutine et les Siloviki aient préalablement disparu du gouvernement de la Fédération de Russie, car il est impensable de croire en leur signature. Est-ce trop demander ? A priori oui, mais il semblerait qu'au spectacle de la ruine lente du pays, l'idée de « regrets éternels » commence à affleurer dans les cercles du pouvoir moscovite, après l'annonce de fournitures militaires accrues de la part des pays de l'OTAN à l'Ukraine, geste ajoutant du moment au moment. Sans une redistribution des cartes politiques, il faudra atteindre la frontière internationale après beaucoup de morts et de dévastations. Seules les révolutions de palais fonctionnent depuis la grande révolution de 1917, et peut-être qu'une vérité à propos du saccage de Marioupol pourrait en être le déclencheur : quarante jours de bombardements indiscriminés, une estimation de vingt mille victimes, 90% des logements détruits, usage de gaz de combat dans les assauts d'Azovstal. Tout est prêt pour La Haye.
Crimée
A supposer que ce protocole de sortie de guerre réussisse (buvons frais !), il faudrait l'appliquer ensuite à la Crimée dans un délai raisonnable et négocié. La libre circulation serait rétablie sur toute la presqu'île, et compte tenu des spécificités de la ville-état de Sébastopol et de la Crimée intérieure de Simféropol, des référendums internationaux de rattachement à l'Ukraine ou à la Russie seraient organisés dans ces deux circonscriptions, sinon sur la presqu'île d'un seul bloc. Mais la bonne idée (puisqu'elle vient de moi) serait que la Crimée se constitue en principauté indépendante de toutes les parties et se développe comme la Singapour de la Mer Noire. Un grand port en eau profonde avec une belle rade d'attente, une grande zone franche de transformation de valeur ajoutée et de réexportation, des zones touristiques populaires, églises à oignons, hôtels pour tour-operators, marinas, casinos, pubs et claques à marin. Penser à remplacer l'arche centrale du pont de Kertch par un pont-basculant ou levant permettant l'accès des panamax à la mer d'Azov.
Baltique
Dans un autre registre l'image du jour fait la couverture du Spiegel. L'article du jour concerne la sûreté des communications immergées, dont je vous passe le lien de la version anglaise en cliquant ici. L'allemand est accessible en pied d'article et on peut traduire en 40 langues par Google Translate. Ma perception est que Gazprom a saboté les tubes sur ordre, par introduction des piglets explosibles dans les gares de racleurs. On saura après plongée (les fuites de méthane vont cesser) si les moignons de tube se sont ouverts de l'intérieur ou de l'extérieur. C'est tout pour aujourd'hui.
Tchao !
Parmi toutes les revendications irrédentistes de Vlad, la seule qui paraisse légitime est que la Crimée soit russe. Un simple oukase pris par un ukrainien en 1954 serait donc frappé de la légitimité éternelle? Un peu comme nos énarques qui décident sur un coin de bureau qu'Aurillac et Evian font parti de la même région ou que Nantes n'est pas bretonne!
RépondreSupprimerD'accord avec vous, mais pour couper court à toute revendication ultérieure, il faut rétablir la liberté de réinstallation des aborigènes (Tatars) pas si nombreux que ça, et trancher la question par un vote en bonne et due forme de temps de paix. L'issue fait peu de doute sauf exactions russes toujours possibles.
SupprimerGarder aussi en mémoire qu'il y a deux Crimées : le complexe portuaire de Sébastopol(1) et la steppe aride de Simféropol alimentée en eau douce par le canal ukrainien du Dniepr.
Note (1) selon la Wikipedia : La municipalité de Sébastopol comprend deux villes (Sébastopol et Inkerman), une commune urbaine (Katcha) et un certain nombre de villages. Son territoire est administrativement subdivisé en quatre raïons. Deux raïons sont entièrement urbains : raïon de Gagarine pour la partie ouest de Sébastopol et raïon de Lénine pour le centre-ville. Le raïon de Nakhimov comprend la partie nord de Sébastopol plus le territoire situé au nord du fleuve Belbek, y compris la commune urbaine de Katcha. Enfin le raïon de Balaklava, qui est le plus étendu, comprend la partie sud-est de Sébastopol, la ville d'Inkerman et un vaste espace rural.
Sir Andrew Wood, ancien ambassadeur du Royaume-Uni à Belgrade et à Moscou, chercheur-associé dans le programme Russie et Eurasie de Chatham House, pense que l'erreur de Poutine à mobiliser lui sera fatale :
RépondreSupprimer« Nobody in the west wants to get involved in a nuclear exchange. I don’t think anybody in the Russian Federation would want to be involved in a nuclear exchange, except possibly President Putin. The whole trouble with Russia is everything is being decided by one man who hides from discussion, who hides from other possible views, that interferes in military undertakings by issuing direct orders to the commanders on the field and has thoroughly muddled up the whole situation.» (source Sky News UK)
A recouper plusieurs sources fiables dont Forbes Russia, Rosstat, douanes Kazakhstan (200k), douanes Georgia (200k), UE (66k) plus d'un million de Russes dans la force de l'âge et la plupart formés ont quitté la Fédération de Russie depuis le déclenchement des hostilités. La seule mobilisation de Choïgou a poussé environ 700000 individus hors des frontières. Ce drainage de compétences n'est pas sans conséquences pour la suite.
RépondreSupprimerC'était dans Defense One :
RépondreSupprimerUkraine is amassing a huge arsenal of abandoned Russian weapons, and not just rifles and small arms. “Over half of Ukraine’s currently fielded tank fleet potentially consists of captured vehicles,” the British military said Friday, and noted that, “Ukraine has likely captured at least 440 Russian Main Battle Tanks, and around 650 other armored vehicles since the invasion.” Indeed, “Russia has become the biggest (if involuntary) provider of heavy weapons for Ukraine,” Yaroslav Trofimov reported Wednesday for the Wall Street Journal.