Ayant eu le privilège de bien connaître l'un des camelots du roi qui avancèrent vers le pont de la Concorde en ce funeste jour du 6 février, j'en appris qu'il n'y avait aucune insurrection qui vaille sans chef décidé à vaincre. Relire aussi Lucien Rebatet qui s'y battit et à l'occasion, Robert Brasillach qui fut tué le même jour onze ans plus tard, ce jour même où naissait Bob Marley. Il est de ces collisions !
On a dit beaucoup (trop) contre le colonel de La Rocque, on a dit beaucoup moins contre les chefs absents de l'Action française qui avaient arpenté les tréteaux en appelant le peuple à renverser la Gueuse, sans qu'on les retrouve le jour venu sur le pavé parisien. Maurice Pujo se fendit d'une longue analyse justifiant l'échec de cette journée par le déroulé prévisible des événements du lendemain qui en annuleraient tous les fruits.
Dit en plus court, l'insurrection n'avait pas téléphoné avant son entrée en gare !
Ce blogue a chaque année commémoré le 6-février-34. Nous n'ajouterons pas de révélations inédites ou moins sues, mais profitons de cette méditation annuelle pour prévenir les jeunes militants de ne pas s'engager à corps perdu dans une manifestation si leurs chefs ne l'ont pas préparée, ne sont pas devant, et si le nombre critique n'est pas atteint. Certes ce n'est pas un métier que la révolte, mais ça y ressemble.
Benito l'ancien était plus affûté à l'ouvrage que nos penseurs au marbre.
On a dit beaucoup (trop) contre le colonel de La Rocque, on a dit beaucoup moins contre les chefs absents de l'Action française qui avaient arpenté les tréteaux en appelant le peuple à renverser la Gueuse, sans qu'on les retrouve le jour venu sur le pavé parisien. Maurice Pujo se fendit d'une longue analyse justifiant l'échec de cette journée par le déroulé prévisible des événements du lendemain qui en annuleraient tous les fruits.
Dit en plus court, l'insurrection n'avait pas téléphoné avant son entrée en gare !
Ce blogue a chaque année commémoré le 6-février-34. Nous n'ajouterons pas de révélations inédites ou moins sues, mais profitons de cette méditation annuelle pour prévenir les jeunes militants de ne pas s'engager à corps perdu dans une manifestation si leurs chefs ne l'ont pas préparée, ne sont pas devant, et si le nombre critique n'est pas atteint. Certes ce n'est pas un métier que la révolte, mais ça y ressemble.
Benito l'ancien était plus affûté à l'ouvrage que nos penseurs au marbre.
PSAUME VII
J'ai passé cette nuit au mont des Oliviers.
Etais-je auprès de vous, bien indigne, Seigneur ?
Je ne sais, mais la chaîne était lourde à mes pieds,
Et je suais aussi, comme vous, ma sueur.
Ce n'est pas sans grand mal, voyez-vous qu'on arrache
Notre cœur aux seuls biens auxquels il fut voué
Et l'ange vient trancher plutôt qu'il ne détache
Le fil de ce bateau que vous aviez noué.
Vous avez trop connu cette terre où nous sommes,
Vous avez trop aimé l'air que nous respirions,
Pour n'avoir pas souffert ce que souffrent les hommes
Et n'avoir pas gémi dans votre passion.
Ah ! si demain, Seigneur, du jardin des Olives,
Je pouvais repartir vers le monde qu'on voit,
Laissez-moi boire encor aux fontaines d'eau vive,
Et laissez s'éloigner cette coupe de moi.
Mais s'il vous faut encor mon attente, Seigneur,
S'il vous faut l'aube noire et la plus dure peine,
Prenez l'arrachement et prenez la douleur,
Que votre volonté soit faite et non la mienne.
(Robert Brasillach, Fresnes, 5 février 1945)
J'ai passé cette nuit au mont des Oliviers.
Etais-je auprès de vous, bien indigne, Seigneur ?
Je ne sais, mais la chaîne était lourde à mes pieds,
Et je suais aussi, comme vous, ma sueur.
Ce n'est pas sans grand mal, voyez-vous qu'on arrache
Notre cœur aux seuls biens auxquels il fut voué
Et l'ange vient trancher plutôt qu'il ne détache
Le fil de ce bateau que vous aviez noué.
Vous avez trop connu cette terre où nous sommes,
Vous avez trop aimé l'air que nous respirions,
Pour n'avoir pas souffert ce que souffrent les hommes
Et n'avoir pas gémi dans votre passion.
Ah ! si demain, Seigneur, du jardin des Olives,
Je pouvais repartir vers le monde qu'on voit,
Laissez-moi boire encor aux fontaines d'eau vive,
Et laissez s'éloigner cette coupe de moi.
Mais s'il vous faut encor mon attente, Seigneur,
S'il vous faut l'aube noire et la plus dure peine,
Prenez l'arrachement et prenez la douleur,
Que votre volonté soit faite et non la mienne.
(Robert Brasillach, Fresnes, 5 février 1945)
D'après ce que j'ai lu, Charles Maurras passa la journée, chez lui, à écrire de la poésie.
RépondreSupprimerPar ailleurs, Brasillach fut exécuté après avoir été condamné à mort par la justice française pour "intelligence avec l'ennemi". On peut être opposé à la peine capitale mais Brasillach souhaitait la victoire de l'Allemagne et a oeuvré en ce sens. Or en 1945, la peine capitale s'appliquait pour ce genre de crime.
Brasillach fut plombé par son poste de rédacteur en chef du journal collaborationniste Je Suis Partout, jusqu'en juillet 43. Cela seul et la virulence extrême de ses polémiques permettaient de le condamner, mais en France on n'avait pas tué d'écrivain depuis la Révolution. La perpétuité avec 20 ans de sûreté aurait été juste. Cela reste une tâche sur l'Epuration.
SupprimerPour le reste, les chefs de l'Action française se sont avérés d'excellents journalistes et pour certains des penseurs prolifiques, mais certainement pas des capitaines d'escadrons. Je pense que l'étrécissement inexorable de l'AF commencé par l'excommunication de 1926 fut accéléré au lendemain de cet échec sanglant.
Une tâche sur l'Epuration? Il faudrait mettre en perspective cette sentence avec les milliers de morts de la politique antisémite soutenue par Je suis partout. Brasillach a choisit l'ultra-collaboration. Le jour de la rafle du Vel d'Hiv, il publiait "l'expiation commence", Il a choisit son camp, celui des barbares, je ne vais pas pleurer.
RépondreSupprimerOn sait ce que fut Je Suis Partout et les contributions de Brasillach devaient le condamner lourdement, voire à la relégation ; mais je questionne le pourquoi de la demande de grâce signée par 55 personnalités du monde des arts et de la littérature, qui vont de Paul Valéry à Charles Dullin (source et note 8).
SupprimerMa langue au chat.
Moi aussi je me demande ce que ces 55 là avaient dans la tête.
RépondreSupprimerLe mieux est de le leur demander. Voici la pétition des 55 :
Supprimer« Les intellectuels soussignés, appartenant tous à des titres divers à la Résistance française, unanimes pour condamner la politique néfaste de Robert Brasillach dès avant l’occupation, puis en présence même de l’ennemi, sont néanmoins d’accord pour considérer que la mise à exécution de la sentence qui vient de le frapper aurait, dans toute une partie de l’opinion publique, tant en France qu’à l’étranger, de graves répercussions.
Ils en jugent ainsi d’après leur propre réaction dont ils ont été les premiers à être étonnés mais que c’est leur devoir de vous faire connaître. C’est un fait qu’adversaires de Robert Brasillach et ne pouvant être taxés de connivence ou d’indulgence à son égard, ils se sont tous trouvés en quelque sorte solidaires de lui lorsqu’ils l’ont vu condamné à mort. C’est un fait que la pensée que cet arrêt pourrait être exécuté leur est intolérable.
Ce n’est point la complicité, ni même sentimentalité plus ou moins avouable ; ce n’est pas même refus de la justice, maus seulement désir d’une Justice d’au-delà la justice, acceptation d’un sentiment de solidarité essentielle, reconnaissance de la tragique complicité de tous les hommes doués de pensée et de cœur.
Il y a en dehors de la politique et au-dessus d’elle un plan humain qui est celui auquel les meilleurs d’entre nous se réfèrent dans les circonstances les plus graves de leur vie. Or, ayant à juger en nous-même du cas de Robert Brasillach, nous reconnaissons la nécessité, de passer d’un plan à l’autre et gardons dans ce transfert notre bonne conscience. Tout ce que nous appelions, fort raisonnablement, les crimes de cet homme, ne nous semble plus soudain mériter ce nom, lorsque la sanction du crime lui est proposée. Ce visage de lui-même nous apparaît qu’il a révélé dans les meilleurs de ses livres. Sous le partisan, aveuglé par la passion, trahi par elle, par elle conduit aux pires erreurs, nous retrouvons cet homme dont nous nous étonnions naguère de découvrir qu’il aimait, comme il fallait les aimer, ce que notre civilisation et notre culture françaises ont donné de meilleur. Nous reconnaissons que nous lui devons tous quelque chose. Et sans croire qu’il était permis de suivre une autre politique que celle que nous avons, à votre suite, adoptée, qui est celle de la France éternelle et au nom de laquelle Robert Brasillach a été condamné, il nous apparaît qu’une suivant celle de l’abandon, l’homme capable de l’intelligence et de la sensibilité que la part non politique de son œuvre révèle, ne pouvait être véritablement vis-à-vis de lui-même un traître.
Après tant d’épreuves, la France déchirée, se sentant malgré elle entraînée dans l’atroce tourbillon ou l’adversaire abhorré l’a jetée, se rebelle contre ce destin tragique. Elle éprouve le besoin de donner aux faits des réponses qui soient siennes et non pas de jouer plus longtemps le jeu dément que les nations ennemies ont imposé au monde avec une telle force de persuasion qu’il semble leur rester, au seuil de la défaite, la promesse de cette ultime victoire : la contamination du vainqueur. La France souhaite qu’il soit enfin donné au sang une autre réponse que le sang.
C’est en son nom que nous avons conscience de parler, Monsieur le Président, en vous suppliant d’accorder votre grâce à Robert Brasillach qui a accepté avec dignité et courage le verdict de cette Justice à laquelle il s’était livré. Il est terrible de faire tomber une tête pensante, même si elle pense mal. Car qui connaît l’avenir d’un poète ! Nous pensons seulement, devant cet homme, notre ennemi, lié au poteau et en qui nous avons soudain la stupeur de reconnaître un frère, que les mauvaises causes n’ont pas besoin de martyrs et que le pardon peut être quelquefois la plus décisive en même temps que la plus sage sanction ».
(projet rédigé par Claude Mauriac le 21 janvier 1945 - source L'Histoire en rafale)
L'indulgence des intellectuels pour leurs pairs. Les crimes ne Brasillach n'en sont plus, tout au plus une politique néfaste.
RépondreSupprimerBrasillach a accepté la sentence, lui.
En France, les littérateurs forment un "corps constitué".
Supprimer