Même si le royalisme providentialiste est récusé par le légitimisme incandescent parce qu'il en affaiblirait la propagande adoubée par le prince en droit de régner, on peut lui reprocher d'invoquer à la fois le majorat intégral de la Providence et dans le même élan imposer la voie où elle devrait cantoner son choix. C'est là le vice caché de la posture.
Comment peut-on s'en remettre aux voies de la Providence et vouloir la contraindre à s'engager dans le tunnel des lois fondamentales du royaume de France ? Tant Frère Maximilien Marie du Sacré-Cœur, prieur de la Confrérie royale, qu'Hervé Volto, gouverneur émérite de la Charte de Fontevrault, semblent décidés à sommer le Ciel d'amener à la lumière le prince attendu sous les conditions qu'ils lui posent, savoir :
N'importe qui, au choix du Très-Haut, mais...
- mâle blanc au titre de la loi salique ;
- catholique en capacité d'être oint ;
- français (de souche) par le droit du sang ;
- issu de la primogéniture des rois de France ayant régné jusqu'à l'abdication ;
- jurant de son incapacité à disposer de la couronne qui en droit divin ne lui appartient pas ;
- plus ad libitum...
C'est parfait et nous n'en discuterons aucun article aujourd'hui car ce n'est pas le sujet du jour.
Apparemment, nul prince dans ce cadre légal depuis deux siècles n'a retenu l'attention de la Providence. En quoi devrait-elle se plier aux Lois fondamentales ? Qui se sent investi d'une mission de coopérateur en restauration monarchique pour tutoyer le Juge en dernier ressort ? Est-ce que le lecteur providentialiste saisit bien l'énorme péché d'orgueil consistant à se hisser au niveau de la décision ? A voir avec quel entrain ils veulent forcer le Destin sous les fourches caudines des Lois, on peut raisonnablement en douter. La punchline à buzz c'est qu'ils sont gonflés comme les grenouilles de l'étang qui demandent un roi à leur guise, mais les nôtres répètent à l'envi et en même temps que ce n'est pas à eux de choisir le roi ! A n'y rien comprendre. Reprenons par le début.
Thèse A : pour l'agnostique, Dieu existe comme l'horloger de l'horloge cosmique (merci à Voltaire). Il est un principe mathématique d'astrophysique inaccessible et autonome qui (a) produit les équations de la création. Sans doute hors du temps, a-t-il réuni les conditions d'éclosion de la vie (âme) et de l'intelligence (esprit) des espèces crées à partir d'un néant originel voire primordial, tirant son Ordre du chaos. Il ne règle pas les rouages, sa création est parfaite et éternelle, peut-être en observe-t-il l'évolution quand il revient dans notre galaxie. Il ne connaît ni le temps ni le périmètre du monde, il est le monde dans son impermanence essentielle. Dans ces conditions, il y a peu de chances qu'un pouvoir célestiel interfère dans le régime politique d'une nation donnée sur une des planètes du cosmos.
algèbre du boson de Goldstone |
Thèse B : s'il n'est pas "que" l'Esprit mathématicien d'où tout émane, il peut être alors le dieu hébreu, vengeur et jaloux de l'Ancien testament, qui a passé la main à son fils pour œuvrer d'Amour et Charité au bénéfice de l'humanité, enfin, de la fraction de cette humanité qui le reconnaît pour maître absolu. Sauf qu'à moins d'avoir une foi aveugle, on ne peut pas considérer le désordre du monde et le malheur immense répandu pendant des siècles sur la création terrestre, comme participant de son projet. Et là, on devient vite dualiste:
Dieu ferait face à une opposition nihilienne qui procède du néant primordial et cherche à détruire ce qu'il a créé pour retourner au non-état antérieur. L'observation de la réalité peut conduire à croire en l'existence d'un mal principiel émané du chaos, résilient et concurrent du dieu positif. Alors, pour en revenir à nos moutons, se pourrait-il que ce Mal parvienne à entraver voire bloquer tout projet providentiel ? Auquel cas - mais nous allons un peu loin - demander à la Providence d'entrer dans les lices des lois fondamentales n'est-il pas compliquer sa tâche pour autant qu'elle parvienne à mater son contraire ? Auquel cas encore, nous devrions en rabattre un peu et laisser les titans combattre en attendant de connaître à quelle sauce nous serons "mangés".
Conclusion : plutôt que de forcer les voies de la Providence à notre idée, appelons-la de nos prières dans le pari pascalien et reconnaissons son libre-arbitre puisque elle-seule, à mon sens, en dispose. La juste mission du providentialisme n'est pas d'obtenir un monarque préformaté par un modèle royaliste historicisé, mais de ranger l'espace où s'accomplira la restauration au seul gré des voies de la Providence réputées impénétrables. La prière de référence et quotidienne dès prime devrait reprendre une supplique qui pourrait être quelque chose comme : « Donne-nous aujourd'hui, Seigneur, un roi saint derrière qui Tes enfants marcheront à Ta rencontre ». C'est un exemple.
Dès lors, il faudrait sortir des allégeances et ignorer les princes autant qu'ils refuseront de se soumettre à la Providence quand le temps viendra. Ranger l'espace d'accueil c'est un peu ranger sa chambre, purifier son cœur, s'instruire pour être utile au prince qui vient, amasser des soutiens et toutes bonnes choses nécessaires au succès de l'entreprise. C'est à mon avis la seule posture pertinente pour un providentialiste sincère. Toute autre "exigence" instrumentalise le concept pour l'abouter à notre propre construction intellectuelle. C'est un blasphème contre l'Esprit saint.
Dès lors, il faudrait sortir des allégeances et ignorer les princes autant qu'ils refuseront de se soumettre à la Providence quand le temps viendra. Ranger l'espace d'accueil c'est un peu ranger sa chambre, purifier son cœur, s'instruire pour être utile au prince qui vient, amasser des soutiens et toutes bonnes choses nécessaires au succès de l'entreprise. C'est à mon avis la seule posture pertinente pour un providentialiste sincère. Toute autre "exigence" instrumentalise le concept pour l'abouter à notre propre construction intellectuelle. C'est un blasphème contre l'Esprit saint.
Qu'on garde bien en tête aussi que l'intérêt de retrouver en France une monarchie n'est pas de faire revivre l'Ancien régime aboli dont les traces sont partout visibles, mais de convoquer le maximum de chances à la survie de notre nation d'abord et de sa régénérescence ensuite. Mais il faut déjà être convaincu que la monarchie soit la meilleure solution et ensemencer l'opinion en conséquence. Sans être providentialiste, je le suis, je le fais. S'il reste une question fondamentale qui peut se poser, c'est bien celle-ci :
La méritons-nous ?
[ fin de la séquence pascale ]
Hélas, cher ami, tout nous prouve aujourd'hui que la réponse à votre dernière question est la suivante : C'EST NON !
RépondreSupprimerJYP
C'est OUI !
SupprimerVoir le livret de l'Abbé Augustin Lémann : Dieu a fait la France guérissable.
FXP
La Charte de Fontevrault a mis cet article en ligne ce matin :
RépondreSupprimerhttps://charte-fontevrault-providentialisme.fr/index.php/2023/04/11/royal-artillerie-leve-un-lievre-dans-lesperance-providentialiste/
Souhaitons que nous soyons entendu. Leurs commentaires nous le diront.
Bonjour Catoneo,
RépondreSupprimerJe souhaite répondre en détail à votre article ci-dessus, parce que je crois qu'il y a plusieurs erreurs qu'il va falloir absolument corriger.
Elles sont dues certainement à la confusion que l’on trouve sur Internet sur le ce sujet, issues de divers auteurs et commentateurs (même de notre microcosme royaliste), qui ne sont pas assez précis sur ce qu’ils affirment, ou ne s’appuient sur aucune source ou référence historique, créant ainsi une impression de flou sur la question, si ce n’est de sophisme.
Je suis dans l'impossibilité de le faire cette semaine et ne pourrai commencer cette critique (au bon sens du terme) qu'après le 18 avril, ayant plusieurs documents à reconsulter.
En effet, je pense que votre article demande une étude approfondie, de façon à rappeler et réaffirmer précisément ce que le royalisme présidentialiste de la Charte de Fontevrault dit exactement sur le sujet, comme ce qu'elle ne dit pas, avec les arguments les plus appropriés.
Bien à vous,
François-Xavier PACHOT (Chouandecoeur)
Acceptons-en l'augure pour découvrir les "erreurs".
SupprimerJe pense que "sophisme" vous a échappé ; vous pensiez "paralogisme".
A l'attention des lecteurs de ce blogue, je précise que le providentialisme de la Charte de Fontevrault a été appréhendé ici à l'aune des textes produits sur son blogue par ses dirigeants. Mais tout approfondissement est bienvenu.
Non, non, je confirme sophisme, et je m'en expliquerai.
SupprimerFXP
Bon, au 24 de ce mois, toujours silence du gouverneur de la Charte !
SupprimerIl semblerait que les "erreurs" n'en étaient pas vraiment et le "sophisme" non plus.
Tant mieux ! On ferme !
Avis : les commentaires sur cet article sont fermés jusqu'au 18 avril inclus. Le sujet est aussi débattu sur le blogue de la Charte de Fontevrault auquel vous pouvez participer.
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