samedi 8 avril 2023

Pâques 23

Jésus et Marie-Madeleine au tombeau
Peinture d'Antonio Allegri da Correggio titrée Noli me Tangere 

Au matin de Pâques, le Seigneur s'est accompli dans sa divinité en prenant pour premier témoin une femme. Marie-Madeleine. Toute l'affaire avait commencé par une femme, l'archétype du Contraire qui voulut connaître l'interdit et ruina le projet de béatitude d'une espèce qui allait immanquablement s'ennuyer au jardin d'Eden. Eve. Puis passèrent les grandes reines d'Israël* qui surgissent des pages noires du peuple hébreu, Bethsabée, Jézabel, Athalie, Esther, sans lesquelles les tribus abrahamiques auraient succombé aux fumées bitumineuses du Jourdain, puis Judith qui décolla Holopherne comme on le fit plus tard de Fualdès, toutes symboles vivants de l'alliance avec Yavhé ; jusqu'à la modeste davidienne Marie de Nazareth qui enfantera le Messie.

Tout ceci est-il vraiment vrai ? Interrogeons le spécialiste :
« J’appelle historique ce qui est réellement arrivé dans le monde extérieur aux esprits, ce qui est événementiel et non seulement conscientiel. Et, en un second sens, plus profond, j’appelle historique ce qui, étant arrivé, suscite chez les hommes animés par l’idée de vérité l’attitude de l’attestation. Et j’appelle enfin historique, en un troisième sens plus profond encore, ce qui a été affirmé par divers témoins indépendants les uns des autres dans des conditions telles que l’accord de leurs témoignages ne peut s’expliquer ni par l’influence de l’un sur l’autre ni par le hasard. C’est dans ce sens-là que je crois pouvoir dire que la résurrection se présente comme historique. Ce que j’ai remarqué au sujet du tombeau vide et des apparitions (et surtout de leur rapport réciproque) me porte à penser que je suis ici en présence d’une réalité ayant le caractère d’un événement, bien que ce soit plutôt un trans-événement, je veux dire : un événement qui, quoique dans ce monde, n’est pas seulement de ce monde » (Jean Guitton).

Donc Jésus de Nazareth et Marie de Magdala se sont bien vus au tombeau après la mort du Christ, et si elle ne l'a reconnu qu'à sa voix, c'est que son corps astral* était en cours de transfiguration, pas encore achevée. Μή μου ἅπτου (noli me tangere) Ne me touche pas !
La femme est l'origine du monde. Si tous les rois naissent des femmes, les manants, les marchands, les saints, les capitaines, les voleurs, les prêtres et les assassins aussi. Le Christ ressuscité affirma cette vérité première en retardant sa rencontre d'avec les hommes. Redivinisé, il recommença par l'essentiel.
Bizarre. Vous avez dit "salique" mon cousin ? Comme c'est bizarre !

6 commentaires:

  1. Le Noli me tangere ! du Christ ressuscité à Marie-Madeleine a toujours éveillé un doute sur leur relation. Et les exégètes n'ont jamais tranché au fond la signification historique du mot "rabbouni" qui pourrait très bien se comprendre comme "mon maître d'école" mais peut-être aussi comme le diminutif de "rabbi" au temps de Jésus. Vous est-il venu à l'esprit, si vous rencontrer par surprise votre maître d'école, de tendre la main pour le toucher ?
    Les contemporains n'ont, semble-t-il, jamais eu de problème avec une éventuelle relation intime entre eux, sans aller toutefois jusqu'à l'existence d'une progéniture qui autrement aurait surgi rapidement dans tous les actes des apôtres, voire en Provence, ce qui nous autorise à l'exclure.
    Si Jésus assuma d'être un homme complètement, il ne put se passer de la connaissance d'une femme et des joies du foyer. Les évangélistes, tous issus d'une société patriarcale, ne manquent jamais de montrer qu'il y avait beaucoup de femmes dans l'entourage du messie. Ce qui pose question, c'est aussi la façon dont le réssuscité s'adresse à elle : "Marie !". Comme s'ils étaient de plain-pied. Alors que dans sa jeunesse, quand sa mère, folle d'inquiétude, vint le chercher au temple, il la rabroua d'un "femme... !".
    Bon, on dira qu'ils semblaient bien se connaître, gardant à l'esprit que ce sont tous récits de tiers, les intéressés n'ayant rien écrit qui soit parvenu jusqu'à nous et c'est tellement dommage.

    RépondreSupprimer
  2. Je suis certain que Jean-Philippe C qui vous lit régulièrement ici et sur la Charte de Fontevrault esquisse un sourire amusé en lisant votre article.

    RépondreSupprimer
  3. Pendant les deux jours d'absence, Jésus de Nazareth est-il descendu aux enfers ? Le Symbole des Apôtres édicte qu'il mourut et qu'en conséquence il descendit au royaume des morts pour "ressusciter d'entre les morts". Cette question fondamentale fut esquivée par les évangélistes mais les "apocryphes" n'eurent pas les mêmes pudeurs, puisque on retrouve dans leurs récits.cette symbolique très répandue dans l'eschatologie païenne jusqu'en Inde.
    N'avait-il pas dit aux pharisiens :" Ainsi que Jonas fut 3 jours et 3 nuits dans le ventre du poisson, le Fils de l'homme sera dans le sein de la terre". Reste à savoir qui de l'âme ou de l'esprit du Christ a fait le voyage imposé. Le corps lui ne bougea pas et entama sa corruption sur la croix, corps qui n'était pas complètement réparée quand vint Marie-Madeleine, d'où le Noli Me Tangere".

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vaste sujet qui convoque à son étude la mythologie grecque et sa conversation permanente avec les Enfers. Les rédacteurs du premier siècle ont-ils été influencés ? A priori, ceux des évangiles, non.

      Supprimer
    2. La descente aux enfers (la catabase grecque) n'est pas une novation, toutes les religions de l'époque l'avaient déjà incorporée, comme toutes les mythologies. Le retour des enfers est par contre d'une extrême rareté. Et plus encore sans payer. A reprendre les grands textes, on notera que le "moteur" de la catabase volontaire et du retour sur terre est toujours l'amour. Est-il la clef qui tourne dans la serrure de la porte que garde Cerbère ?
      L'enfer est peuplé de dieux et de démons qui par principe ne relâchent pas leur visiteur. Si le Nazaréen en est revenu sans contrepartie, c'est qu'il en est le maître suprême, qu'il passe et repasse les portes sans encombre. La manifestation de son autorité sans destruction du monde inférieur présage aussi l'éternité des puissances infernales et ouvre le champ du dualisme.
      Les masses humaines épouvantées par le désordre du monde finiront un jour en ce siècle par l'accepter. La Révélation sera forcément mise à jour, mais à cet ouvrage il faudra des titans apocalyptiques.

      Supprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.

Les plus consultés sur 12 mois

Compteur de clics (actif)