dimanche 25 juin 2023

Castration du csar

pince de hongreur
Le même qui a fait tuer son premier opposant politique sous les fenêtres du Kremlin, ne peut pas laisser vivre celui qui l'a humilié en montrant toute sa fébrilité à la face du monde dans ce qui s'avère être ce matin une tragédie de théâtre. Mais à la différence de Nemtsov, Prigojine est au courant des voies et moyens d'injection de la mort qui guette. Où qu'il aille, et surtout pas à Coyoacán du Mexique, il sera sur ses gardes au sens propre et au sens figuré, et il ne boira rien qu'il n'ait préparé lui-même à Bangui ou à Bamako. Tant qu'il aura de l'argent ! Il est probable que Patrouchev et les siloviki vont tarir les ressources du bandit qui les a défiés, à commencer par les commandes d'Etat et les transferts vers les bases lointaines. Puis ils vont le pister sans aucune évaluation de dommages collatéraux - son épouse Lyoubov lui a donné trois enfants - à moins que le proxénète de Saint-Pétersbourg ne détienne un secret qui les ruinerait (bancaire ? ça se raconte...).

Que nous apprend le putsch ? Finalement rien que nous ne sachions déjà. La guerre des gangs n'a pas eu lieu, mais elle reste larvée d'autant plus que le Parrain n'a vraiment pas la carrure de l'emploi - sauf à faire tuer l'un ou l'autre au caprice du jour - et qu'il a laissé monter les revendications de Prigojine pendant des semaines d'insultes à l'endroit de son ministre et de son chef d'état-major, sans rien dire, comme s'il ne savait sur quel pied danser. Ce type est définitivement un subalterne, pas un chef.

Le premier impact de cette pantalonnade atteint la sphère ultra-nationaliste chez qui le doute s'était installé quant aux capacités de stratège du petit csar, et qui se voit confirmée dans son appréciation : Poutine est incapable de finir cette p... de guerre.

L'autre impact est sur l'oligarchie régnante. Les coffres ne sont plus gardés à l'intérieur du pays, les sanctions entament de beaucoup les possessions externalisées, la guerre ne va rien leur rapporter, si tant est que l'on tienne longtemps du territoire conquis en Ukraine. Si la franche camaraderie a disparu, si la fâcherie est manifeste à voir les défenestrations, la franche hostilité n'est pas déclarée sauf par des exilés de longue date comme Khodorkovski, à cause des escadrons de la mort qui patrouille le globe. Si le pronostic est plus complexe que les capacités d'analyse du blogueur assis, il est, dans cet empire pourri qu'est la Fédération de Russie, une action qui n'a pas été tentée par les Américains et qui avait parfaitement réussi en Irak au moment de la marche sur Bagdad : acheter les commandants d'unités dans le dos de Saddam Hussein. Une grande pizzeria à Reno avec un million de dollars de mise de fonds, ça peut tenter ! La discussion apaisée (clic) entre Prigojine et le vice-ministre de la Défense russe Iounous-bek Evkourov d'un côté et un général de l'armée russe de l'autre, au QG de Rostov-sur-le-Don abandonné par Guerassimov, montre une certaine compréhension mutuelle. Il sera plus dur de faire monter aux échelles de tranchée les fantassins qui auront vu cette vidéo après avoir entendu les allégations dévastatrices du patron de Wagner pour le haut-commandement.

3 commentaires:

  1. Igor Guirkine demande l'exécution du traitre Prigojine après avoir rappelé que tout comme le poisson pourrit par la tête, la Russie est mise en danger par le sommet de l'Etat.
    Lui par contre ne mollirait pas puisqu'il terminerait la guerre immédiatement avec une bombe atomique tactique sur Kiev et basta !
    Le Kremlin sous l'assaut des génies !

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  2. Cette histoire me rappelle le "coup d'état " en 1991 contre Gorbatchev ou tout est rentré dans l'ordre quelques jours après. Mais l'addition est arrivée plus tard. Et elle fut salée!

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    1. Je pense que Poutine a étudié le coup de 1991 en détail et qu'il a passé vingt ans à s'en prémunir. D'où cette addiction aux copains contre la compétence et les mesures extravagantes de sûreté personnelle portées au niveau de sa paranoïa.
      Rien ne dit qu'on ne lui tuera pas un sosie à l'occasion d'une sortie prochaine.
      A suivre.

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