La quasi-automaticité (mais tout dépend de la grandeur du "quasi") de l'article 5 du Traité de l'Atlantique nord interdit d'accepter au sein de l'Alliance comme membre à part entière tout Etat en guerre ouverte avec un autre pays. Pour la raison de bon sens que cela reviendrait à entrer en guerre quasi-automatiquement avec le dit-pays tiers.
Donc la colère un peu surjouée de Zélensky avait un autre but que l'inscription aux agendas à suivre d'une adhésion à l'OTAN. L'Ukraine dispose depuis son indépendance d'un conseil spécialisé dans un quartier général européen OTAN et se trouve de facto dans la situation de partenaire stratégique comme le sont les ANZAC. Et dans la pratique le bénéfice est grand puisque de nombreux membres de l'Alliance épuisent leurs stocks stratégiques à soutenir les opérations militaires de Kyiv.
L'intention la plus probable du président Zélensky, qui connaît très bien ce raisonnement pour avoir exclu cette adhésion lors des négociations de mars 2022 à Istanbul (clic), est de consolider ses requêtes de munitions et d'appui aérien à la prochaine réunion du Ramstein Group (UDCG).
Le communiqué assez faisandé, publié par le secrétariat de l'OTAN en fin de journée (le lire ici), est du style "if and when" et vise à ne lier les mains de personne dans le futur, mais signale une évidence subliminale : l'inclusion d'un agenda d'adhésion déclenché par la constatation d'un état de paix entre l'Ukraine et la Russie, pourrait provoquer de la part du Kremlin une procrastination indéfinie pour barrer l'entrée de l'Ukraine dans le dispositif que Poutine redoute le plus. Et l'OTAN déteste caler son action sur un évènement qu'elle ne maîtrise pas, comme la paix entre deux pays tiers.
Il ne manque dans ce communiqué que la demande aux Nations-Unies de foutre dehors la palanquée de peigne-culs russes qui font office de diplomates dans la grande tour de New York et violent en permanence les engagements de la Charte onusienne avec un aplomb et un culot dont se privent même les Nord-Coréens.
Deuxième clé : le strike d'Erdogan. Sa réélection à l'arraché du modèle courant (ballotage et petite marge) qui le maintient dans le club des démocraties, a boosté son action diplomatique en donnant des gages à l'Ukraine (1) et en troquant la permission à la Suède d'adhérer à l'OTAN contre la réouverture du process d'adhésion à l'Union européenne demandée directement à Charles Michel, et contre la fourniture des kits d'augmentation de leurs F-16 demandée à Joe Biden. On a pu croire un moment que la Turquie de l'AKP caressait le rêve d'un empire ottoman revenu sur son empreinte turcique, mais l'enthousiasme mesuré des satrapes de la steppe à repasser sous le chasse-mouche de la Sublime Porte joint à la détestation ouverte des voisins balkanniques, a convaincu le vieux sultan de se recentrer sur l'essentiel, la Mer noire et les Détroits qui la ferment. Face à la menace de quelques centaines d'ogives nucléaires russes à dynamiter la porte du Bosphore, la réponse fondamentale demeure le soutien américain à travers l'OTAN. D'où la bonne volonté affichée publiquement par le Turc, même si je pense que les relations n'ont jamais été mauvaises avec le Pentagone.
Troisième clé : l'annonce du pré-positionnement de trois cent mille hommes à la frontière NATO-russe, intègre l'incorporation de plein droit désormais de l'armée finlandaise dans le déploiement. Ça aide à gonfler les chiffres. Bien que l'alliance se revendique d'une posture unique de défense, il ne fait aucun doute dans les esprits paranoïaques de l'élite russe que la Fédération est maintenant menacée en permanence depuis la Mer de Barents jusqu'à la Mer noire. Le dispositif russe devra être étiré bien au-delà des capacités promises par le ministre russe de la défense. Quant à la Mer baltique, elle devient un lac atlantique avec l'entrée de la Suède et de l'île stratégique de Gotland dans le dispositif OTAN !
Même si les Etats-Unis n'ont aucun projet sur l'enclave de Kaliningrad, une prospective géopolitique raisonnable annonce que les jours russes de la Poméranie orientale sont comptés. Le différentiel de développement déjà flagrant va devenir tel dans les années futures, que la population va prendre en grippe le joug d'autorités lointaines qui se la pètent dans des palais de voleurs, mais qui sont incapables de développer l'enclave comme elle le voit faire chez les pays voisins. Poutine et sa clique de branques ont bien mérité de l'Occident !
Quatrième clé : il n'est un secret pour personne que l'approche méthodique et progressive des Américains du conflit russo-ukrainien vise à ne pas précipiter la destruction de la Fédération de Russie. Cette précaution relève de deux stratégies, déjà anciennes :
- le pouvoir en place à Moscou fut et demeure toujours de second choix, menteur et non-fiable ; mais il commande à lui seul un espace immense de Brest à Vladivostok doté d'ogives nucléaires, autorisant ce faisant l'unicité de l'analyse géostratégique. Si la Fédération éclatait - et nul n'en connaît tous les morceaux - les difficultés d'analyse seraient multipliées exponentiellement et la synthèse très difficile, voire impossible avec l'entrée en jeu de la Chine populaire sur son extrême-orient proche. Pour faire simple, les agences américaines et le Pentagone ne sont pas outillées pour gérer le bordel post-soviétique sur onze fuseaux horaires.
Second point qui nous concerne : Après l'éclatement de la Yougoslavie, les chicayas greco-turcs en Méditerranée orientale et maintenant la guerre ouverte en Mer noire, les Etats-Unis considèrent être impliqués plus qu'à leur tour dans des affaires européennes (ne parlons pas de la Syrie et du Liban) tandis que les pays européens de l'Alliance se les roulent dans des systèmes de protection sociale bien plus avantageux que ceux dont disposent les Etats américains. Il ne fait pas de doute que le transfert de la charge de défense sur les épaules européennes est imminent et qu'il se manifestera dans la campagne présidentielle américaine qui s'approche.
Théoriquement nos prestations sociales vont être contractées et la dépense publique réorientée vers le réarmement. Nécessité fait loi.
Donc la colère un peu surjouée de Zélensky avait un autre but que l'inscription aux agendas à suivre d'une adhésion à l'OTAN. L'Ukraine dispose depuis son indépendance d'un conseil spécialisé dans un quartier général européen OTAN et se trouve de facto dans la situation de partenaire stratégique comme le sont les ANZAC. Et dans la pratique le bénéfice est grand puisque de nombreux membres de l'Alliance épuisent leurs stocks stratégiques à soutenir les opérations militaires de Kyiv.
L'intention la plus probable du président Zélensky, qui connaît très bien ce raisonnement pour avoir exclu cette adhésion lors des négociations de mars 2022 à Istanbul (clic), est de consolider ses requêtes de munitions et d'appui aérien à la prochaine réunion du Ramstein Group (UDCG).
Le communiqué assez faisandé, publié par le secrétariat de l'OTAN en fin de journée (le lire ici), est du style "if and when" et vise à ne lier les mains de personne dans le futur, mais signale une évidence subliminale : l'inclusion d'un agenda d'adhésion déclenché par la constatation d'un état de paix entre l'Ukraine et la Russie, pourrait provoquer de la part du Kremlin une procrastination indéfinie pour barrer l'entrée de l'Ukraine dans le dispositif que Poutine redoute le plus. Et l'OTAN déteste caler son action sur un évènement qu'elle ne maîtrise pas, comme la paix entre deux pays tiers.
Il ne manque dans ce communiqué que la demande aux Nations-Unies de foutre dehors la palanquée de peigne-culs russes qui font office de diplomates dans la grande tour de New York et violent en permanence les engagements de la Charte onusienne avec un aplomb et un culot dont se privent même les Nord-Coréens.
Deuxième clé : le strike d'Erdogan. Sa réélection à l'arraché du modèle courant (ballotage et petite marge) qui le maintient dans le club des démocraties, a boosté son action diplomatique en donnant des gages à l'Ukraine (1) et en troquant la permission à la Suède d'adhérer à l'OTAN contre la réouverture du process d'adhésion à l'Union européenne demandée directement à Charles Michel, et contre la fourniture des kits d'augmentation de leurs F-16 demandée à Joe Biden. On a pu croire un moment que la Turquie de l'AKP caressait le rêve d'un empire ottoman revenu sur son empreinte turcique, mais l'enthousiasme mesuré des satrapes de la steppe à repasser sous le chasse-mouche de la Sublime Porte joint à la détestation ouverte des voisins balkanniques, a convaincu le vieux sultan de se recentrer sur l'essentiel, la Mer noire et les Détroits qui la ferment. Face à la menace de quelques centaines d'ogives nucléaires russes à dynamiter la porte du Bosphore, la réponse fondamentale demeure le soutien américain à travers l'OTAN. D'où la bonne volonté affichée publiquement par le Turc, même si je pense que les relations n'ont jamais été mauvaises avec le Pentagone.
(1) Erdogan transfère une usine de drones Baykar en Ukraine ; il fait sortir la marine turque en protection des convois de grains chargés en Ukraine ; il libère publiquement les commandants du bataillon Azov capturés à Marioupol et détenus en Turquie au grand dam du Kremlin, lequel se sent si faible qu'il communique le lendemain sur une future coopération russo-turque avantageuse pour les deux parties.
Troisième clé : l'annonce du pré-positionnement de trois cent mille hommes à la frontière NATO-russe, intègre l'incorporation de plein droit désormais de l'armée finlandaise dans le déploiement. Ça aide à gonfler les chiffres. Bien que l'alliance se revendique d'une posture unique de défense, il ne fait aucun doute dans les esprits paranoïaques de l'élite russe que la Fédération est maintenant menacée en permanence depuis la Mer de Barents jusqu'à la Mer noire. Le dispositif russe devra être étiré bien au-delà des capacités promises par le ministre russe de la défense. Quant à la Mer baltique, elle devient un lac atlantique avec l'entrée de la Suède et de l'île stratégique de Gotland dans le dispositif OTAN !
Même si les Etats-Unis n'ont aucun projet sur l'enclave de Kaliningrad, une prospective géopolitique raisonnable annonce que les jours russes de la Poméranie orientale sont comptés. Le différentiel de développement déjà flagrant va devenir tel dans les années futures, que la population va prendre en grippe le joug d'autorités lointaines qui se la pètent dans des palais de voleurs, mais qui sont incapables de développer l'enclave comme elle le voit faire chez les pays voisins. Poutine et sa clique de branques ont bien mérité de l'Occident !
Quatrième clé : il n'est un secret pour personne que l'approche méthodique et progressive des Américains du conflit russo-ukrainien vise à ne pas précipiter la destruction de la Fédération de Russie. Cette précaution relève de deux stratégies, déjà anciennes :
- le pouvoir en place à Moscou fut et demeure toujours de second choix, menteur et non-fiable ; mais il commande à lui seul un espace immense de Brest à Vladivostok doté d'ogives nucléaires, autorisant ce faisant l'unicité de l'analyse géostratégique. Si la Fédération éclatait - et nul n'en connaît tous les morceaux - les difficultés d'analyse seraient multipliées exponentiellement et la synthèse très difficile, voire impossible avec l'entrée en jeu de la Chine populaire sur son extrême-orient proche. Pour faire simple, les agences américaines et le Pentagone ne sont pas outillées pour gérer le bordel post-soviétique sur onze fuseaux horaires.
Second point qui nous concerne : Après l'éclatement de la Yougoslavie, les chicayas greco-turcs en Méditerranée orientale et maintenant la guerre ouverte en Mer noire, les Etats-Unis considèrent être impliqués plus qu'à leur tour dans des affaires européennes (ne parlons pas de la Syrie et du Liban) tandis que les pays européens de l'Alliance se les roulent dans des systèmes de protection sociale bien plus avantageux que ceux dont disposent les Etats américains. Il ne fait pas de doute que le transfert de la charge de défense sur les épaules européennes est imminent et qu'il se manifestera dans la campagne présidentielle américaine qui s'approche.
Théoriquement nos prestations sociales vont être contractées et la dépense publique réorientée vers le réarmement. Nécessité fait loi.
Excellente et logique analyse mais il ne fait pas de doute que ladite réorientation aurait dû intervenir il y a déjà longtemps. Toutes les décisions majeures qui ne sont pas prises à temps (gouverner c'est, paraît-il, prévoir) coûtent toujours plus cher et nous en avons un paquet à notre passif...JYP
RépondreSupprimerLa porteuse de la démocratie latine est le clientélisme. La gabegie est donc consubstantielle au régime.
SupprimerLors d'une conférence de presse à Helsinki ce 13 juillet, le président Biden a confirmé notre approche : pas d'adhésion à l'OTAN de l'Ukraine en guerre.
RépondreSupprimer(source NBC News)