dimanche 9 juillet 2023

Esquisse d'une reconstituante

François Hollande
Sollicité de son commentaire sur les émeutes parties de Nanterre, M. Hollande, ancien président de la République qu'on va finir par regretter, a jugé que le problème n'était pas dans l'immigration mais dans l'inégalité de destins. Il a raison et ça me troue le c*l d'en convenir. Bien sûr l'immigration à la française est un problème en soi mais demeure à la périphérie de l'émeute comme le papier peint qui tapisse une chambre ; un décor ! Si elle était la cause première des maux endurés par la république, il suffirait de la stopper pour qu'à échéance rapprochée les feux de la révolte des quartiers s'éteignent et que du lait coule des fontaines. Même si depuis quarante ans, la population d'origine extérieure a toujours été sur-représentée parmi les émeutiers, la tension latente des "cités" n'est pas due à l'immigration actuelle. Le bouton "on-off" n'agira pas, c'est trop tard ; les naturalisations en masse sont passées par là. Et M. Hollande de renchérir au micro de Radio-France : « La grande affaire des quartiers, c'est de savoir si les enfants pourront être encadrés, instruits et capables de trouver leur destin dans des conditions qui soient équivalentes ou, au moins, moins inégalitaires que ce que l'on connaît aujourd'hui.» Après quoi on pourrait commencer à travailler sur des solutions, neuves !

Pendant le temps d'élaboration d'un nouveau paradigme social, la réforme de l'application d'une autorité légitime devra aller au bout des dysfonctionnements constatées plusieurs fois dans le contrôle des villes, qui nourrissent le discours de l'anarchie payée au mois comme celui des singes savants des préaux médiatiques. Et le même de continuer : « Donner une espérance commune tout en étant extrêmement clairs sur l'autorité. L'autorité, ce n'est pas un mot qui doit heurter. Elle doit être légitime et assumée. Elle doit être sans doute respectueuse mais respectée. Et ce, c'est la question de l'autorité qui est forcément posée. Mais pour qu'il y ait de l'autorité, il faut qu'il y ait de la justice et de l'égalité. C'est ainsi qu'elle trouve toute sa force.» Je pense qu'il a tout dit, même s'il aurait pu insister sur l'inapplication aujourd'hui du principe fondateur des sociétés modernes : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Et non, pas chez nous, selon que vous serez blanc, noir, riche ou misérable, le baqueux dégainera ou pas.
Ne serait-il pas utile d'expédier déjà aux quatre coins du monde des enquêteurs capables d'appréhender l'organisation sociale de pays comparables au nôtre, en débarrassant leur esprit de toutes les foutaises sociologiques qui ont abouti à ce que l'on voit. Comment font déjà tous nos grands voisins ; puis plus largement, les pays compliqués bien plus grands que le nôtre ? Peut-être briserons-nous le carcan des idées toutes faites qui n'arrivent nulle part !

Si depuis l'émeute, la Gauche a pris le beau rôle de la distribution de la pièce (égalité, fraternité et vivre ensemble patin-couffin), la Droite n'a pas manqué de prendre le pire comme à l'accoutumée. Il se résume en un slogan éculé : la présomption d'innocence. Pas de chance pour les soutiers de l'Ordre, on a cette fois côté parties civiles, deux vidéos, une prise de son et deux témoins oculaires du moment fatidique. Le policier a déjà l'arme de service à la main alors qu'il n'y a aucun péril imminent à stopper et contrôler le véhicule en fuite ; il met en joue à un demi-mètre de sa tête le conducteur en infraction. Et le doigt étant déjà sur la queue de détente (c'est anormal), le coup part sur mouvement de la voiture. Fin de Nahel Merzouk.

La séquence violente est connue de tous dès le lendemain du drame, ce qui n'empêche pas le directeur narcissique de l'Institut Apollon de lancer illico une cagnotte pour secourir la famille du mis en cause, comme on le fit jadis du boxeur-gitan de Massy qui avait tenu tête à des gendarmes excédant leur pouvoir sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor en janvier 2019. Obscène est le mot. Plus obscène est la déclaration de l'avocat du prévenu à qui la Justice a refusé une mise en liberté, niant tout fait de délinquance de la part de son client présumé innocent, alors qu'il a tué un gosse à bout portant et sans raison (selon le Parquet) quelques jours avant ! Je ne me suis pas levé ce matin pour faire le procès du policier qui fait un métier ingrat, mais j'ai noté la circonstance aggravante de son passage par le 35è RI de Belfort qui l'avait familiarisé avec les armes, d'autant qu'il était parti avec lui en Afghanistan. Est-ce son passage dans des unités de police réputées toxiques qui a modifié sa perception de l'instant présent ? Son historique judiciaire interroge aussi (16 citations comme victime). Sa réaction fébrile n'est pas celle d'un Gaillard du 35. Houston ? on a un problème avec le brigadier Florian.

En attendant la fin des bouchons sur la route des vacances, on pourrait faire la liste des mesures nécessaires à établir progressivement une paix civile, laissant à d'autres son classement par priorités. Ces deux blocs s'ajoutent à la description du pays réel criblé de dettes, proposé dans l'article de la Bavure (ici).
En vrac :

- Destruction rock-bottom du ministère de l'Education nationale. Dispersion des agents sur toute la ZEE et transformation des locaux en internats d'excellence tous niveaux avec plateaux de sport intégrés - Autonomisation des établissements scolaires de métropole et d'outremer, et renforcement des rectorats pour les questions de discipline et de cohésion dans un conseil des recteurs - Contrôle physique (ou par portiques) des frontières y compris en montagne - Enseignement de deux langues vivantes de la sixième à la terminale assuré par des locuteurs étrangers d'origine (anglais, espagnol, mandarin, arabe littéral) - Restauration de l'apprentissage des langues structurantes au collège en commençant en ZEP (voir le Nonagone de RA) - Construction de commissariats permanents en zone d'autre droit et déploiement d'une police de proximité partout, pas seulement en cité (voir avec les polices municipales) - Restauration des brigades cantonales de gendarmerie en zone gendarmerie et réaffectation de l'arme au ministère des Armées - Suppression du juge d'application des peines et transfert de la fonction en préfecture - Suppression des unités spéciales de police de la voie publique à l'exception des BACs de nuit - Suppression des possibilités de sursis dans les condamnations touchant le personnel politique dans l'exercice de ses fonctions - Assèchement des "fours à came" par la criminalisation des clients par publicité ou par la légalisation des produits, au choix - Suppression des syndicats de magistrats pour implémenter la séparation des pouvoirs - Suppression du droit de grève pour tous les fonctionnaires du domaine régalien (comme dans des pays voisins) - Interdiction aux fonctionnaires d'Etat de candidater aux élections politiques (tous niveaux) avant d'avoir démissionné - Restauration du CPE simplifiant drastiquement l'embauche des jeunes - Rapporter la loi de regroupement familial - Rétablissement de l'expulsion des criminels étrangers en fin de peine - Externalisation des peines judiciaires dans les pays d'origine (voir le Nonagone de RA) - Régularisation des étrangers travaillant à plein temps - STO agricole des abrutis du RSA - Etablissement de statistiques démographiques à l'haplogroupe des habitants de la République - Destruction du système d'enregistrement des créations d'entreprise (faire le voyage de Rotterdam pour comprendre qu'une simple déclaration à la chambre de commerce du coin doit suffire) - Refonte du système de formation professionnelle (30 mds€ par an) avec ou en dehors des partenaires sociaux habituels et destruction des bureaux-suceurs - Revalorisation des emplois délaissés nécessaires au pays - Réécriture de la carte sanitaire en adéquation besoins/ressources, en commençant par l'outremer. Remonter un réseau national de dispensaires gratuits - Interdiction stricte d'artificialisation des sols pour éviter l'extension indéfinie du zonage - Salaire des élèves des lycées professionnels (un demi-smic à prendre sur la formation professionnelle) - Salaire étudiant adossé au succès du parcours (ditto à deux-tiers) - Salaire de base des médecins généralistes s'installant dans des cantons désertés - à votre idée...

Financements (au hasard) :
- Réduction drastique du train de vie de l'Etat (l'énumération ferait vingt pages) à commencer pour l'exemple par le train de vie des anciens présidents de la République et des premiers ministres qui retomberaient au SMIC - Lutte à mort contre la fraude aux prestations sociales sous le principe que "dans le doute, on coupe" - Lutte à mort contre la fraude fiscale (d'abord la TVA d'importation avant l'externalisation des bénéfices) - Suppression des allocations de confort qui font monter le prix des services dont elles facilitent l'accès (typique de l'allocation logement qui fait mécaniquement monter les loyers) - Révision de l'AME sur les pathologies lourdes ou dangereuses - Retourner à la retraite à 65 ans (modifiée par Mitterrand) - Suppression de toutes les aides publiques à la presse - Remise à l'équilibre de la Sécurité Sociale par interruption des versements au jour du premier déficit - Suppression des subventions culturelles sauf aux institutions emblématiques - Fermeture des agences d'aides à la création d'activité, avec déploiement d'une seule banque publique de lancement ou développement des projets d'entreprise - Cessation des subventions aux syndicats professionnels ou salariés à financer sur cotisations obligatoires (comme en Allemagne) - Cessation des subventions aux fromages de la République (agences, fondations, instituts, bureaux, hauts-commissariats, postes réservés...) - Réduction drastique du personnel ministériel par concentration des ministères et défaisance des domaines inutiles accaparés par l'Etat - Suppression des doublons ou triplons de connivence dans l'administration du pays et des régions - Autonomisation financière et fiscale des régions pour contraindre à la détaxation de la décentralisation - Retour à l'IRPP universel au premier franc - à votre idée...

Pour terminer "classe", nous finissons sur cette citation du Dr Robert Lascaux :
« Si la Terreur n'est pas un système normal de gouvernement (le docteur Lascaux n'était pas un comique), elle est le fatal aboutissement d'un Etat faible tel celui de Louis XVI, qui laisse partis et factions se dresser contre son autorité. Et c'est pourquoi un Etat, s'il ne veut pas être balayé un jour et ses membres martyrisés, a le devoir de rester rigoureusement souverain.» (Biologie..., Ed. Revue mondiale p.286)
Depuis la mort de Georges Pompidou, le régime actuel est dans la même situation que le royaume de Louis XVI alors que les communautés résidentes exigent de l'Etat qu'il mette son autorité à leur service pour combattre les autres, d'ordre et pour compte. Aussi longtemps qu'il résistera à cette exigence, la situation sera stable, pourrie mais stable. Quand il inclinera vers l'un des partis pressé d'en découdre, les prodromes de l'insurrection générale seront sûrs. La "cagnotte" chez GoFundMe parle d'elle-même.

7 commentaires:

  1. Comment ne pas partager ? Mais, avec un tel programme, vous ne tiendrez pas deux jours ! C'est le temps qu'il faudra pour mobiliser tous les prébendiers et autres parasites. Alors, attendons tranquillement l'insurrection générale dont on peut espérer qu'ils ne se remettront pas... avant un certain temps (car, comme disait l'autre, chassez le naturel il revient au galop). JYP

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    1. Qui a dit que ces réformes seraient entreprises par le régime actuel ? Le préalable est sans doute quelque "dictateur romain" appelé par les chambres en feu...
      Mais c'est aussi un exercice de style.

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  2. Mort de rire ! Mais c'est effectivement ce qui nous pend au nez.

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  3. Je ne trouve pas la cagnotte indécente. L'afflux de donneurs et le montant récolté sont significatifs. Ceux qui y ont participé devaient se souvenir de la phrase de Robert Pandraud à propos de Malik Oussékine: "Si j'avais un fils sous dialyse, je l'empêcherais d'aller faire le con la nuit" . On attend la série Netflix avec impatience!

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    1. Que les collègues policiers fassent une cagnotte - et les motards l'ont fait - ne me choque pas. Mais qu'un ténor des plateaux télé réponde par "sa" propre cagnotte à celle des proches de la victime me déplaît.
      Ou alors il va embrayer sur la situation des cités en proposant une vraie solution. Bien sûr qu'il n'en a pas, il incante et se pavane.

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  4. Un article de Sophie Bourlet dans Mediapart en dit long sur l'appréhension sociale des ados des cités-nord de Marseille.
    Lien à lire pour bien comprendre le défi et à archiver : https://www.mediapart.fr/journal/france/170723/marseille-la-mer-n-appartient-pas-tout-le-monde

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