Riche éditorial de Bertrand Renouvin dans le numéro 1264 de Royaliste sur le désordre du domaine régalien assumé par le pouvoir au motif d'on ne sait quoi, et qui produit en queue de trajectoire l'égorgement du père Hamel dans son église à Saint-Etienne-du-Rouvray, la décapitation de Samuel Paty en pleine rue à Conflans-Sainte-Honorine et le poignardage mortel de Dominique Bernard dans son lycée d'Arras.
Mais cette fois encore, il est un paramètre absent de l'analyse, dont tous les éditocrates se tiennent éloignés et que nous allons évoquer ici : le blasphème.
Le droit au blasphème, si souvent brandi par la presse branchée quand il s'applique à une divinité quelle qu'elle soit ou aux us et coutumes d'une religion, ne peut régler les injures aux croyants, au clergé, aux adeptes, provocations à la haine souvent qui restent passibles de 45000 d'euros d'amende et d'un an de prison. La frontière est mince entre l'homme physique et ses idées.
Le blasphème est de longue mèche en France - une date les écrase toutes, celle du supplice du chevalier de La Barre le 1er juillet 1766 à Abbeville, convaincu « d'impiété, blasphèmes, sacrilèges exécrables et abominables » par le présidial compétent du baillage. Il faudra attendre la loi de Séparation de 1905 pour que ce délit ou crime (c'est selon) disparaisse du Code, la religion devenant une affaire privée de conscience (ou l'inverse). Puis ce droit exercé d'abord à l'endroit des clergés - l'anticléricalislme français est un sport national - a dérivé vers l'injure publique à l'endroit de Dieu. Je me souviens d'une réflexion de Jean-Marie Lustiger, pas encore cardinal, qui, a la vue de dessins immondes du Christ en croix sur Hara Kiri, faisait remarquer que la presse satirique était monté d'un étage, délaissant les clercs pour affronter Dieu lui-même, et qu'on en verrait de funestes conséquences. La rédaction de Charlie Hebdo et Samuel Paty expliquant maladroitement l'intérêt de ce filon l'ont payé de leur vie ; leurs assassins n'ayant pas compris la liberté d'injures garantie par le droit français. Mais qui comprend vraiment ça ?
Les unes anticléricales et très sexualisées des journaux satiriques, en voie de disparition aujourd'hui car débranchés du marché infomationnel, faisaient sourire quand on passait au kiosque prendre le journal du matin. Quand il s'est agi d'appliquer le même traitement aux divinités célestes, beaucoup de passants en furent choqués, et en bon agnostique, j'en fus. Il n'est pas si difficile de deviner l'effet que ces caricatures produisent sur le mental plus frustre de fidèles non "modernisés"; le ramdam qui suivit (avec un certain délai) la publication des fameuses caricatures danoises nous en a convaincu en son temps (2005). Mais sûrs de l'ancrage de nos valeurs républicaines, les pouvoirs publics se sont mis la tête dans le sac de la constitution irréfragable de la république en guise de totem d'immunité pour ceux qui franchiraient la lignerouge verte ! Ceux-là ont perdu la leur. Et bien sûr, la République française n'y est pour rien !
Arc-boutés sur le droit, les gouvernements croient se prémunir des dangers provenant du domaine spirituel, et de tous autres aussi, par une diarrhée législative continue réglant l'effet de la cause. Ceci est punissable, donc ne peut survenir ! Ce mantra est tout ce qu'on oppose en haut lieu au futur tsunami qui nous guette, je parle de la déferlante propalestinienne que la guerre dévastatrice de Gaza est en train de pousser vers tous les pays d'Occident. On signale à New York, Londres, Berlin une insécurité grandissante chez les communautés israélites ciblées par un nouvel antisémitisme, pas toujours initié par des musulmans d'ailleurs. Les doyens des universités américaines ont un mal de chien (quand ils s'en donnent) à faire rentrer le dentifrice de la haine antisémite dans le tube. Le Secrétaire Blinken somme le Qatar de modérer et réduire le flux d'informations émis par la chaîne Al Jæzeera sur la situation de Gaza pour prévenir une extension des manifestations de la rue arabe, en pure perte puisque dès ce matin, la chaîne a quasiment doublé son volume de reportages et analyses. Ankara prend fait et cause pour le Hamas : cette posture va résonner jusque dans les communautés turques d'Allemagne et d'Alsace. Et même TF1 diffuse un reportage par images satellites des destructions de l'enclave dans le style "avant-après". C'est ravageur ! En bas de chez nous, les partis radicaux tels La France insoumise ou le Nouveau Parti anticapitaliste ont flairé l'opportunité d'un surf facile sur la vague islamique qui monte partout en Europe contre les bombardements israéliens de la population gazaouie innocente. Les canaux officiels ont du mal à fonder la réaction virulente d'Israël sur le grand pogrom du 7 octobre dont on a fait, à tort, l'économie d'images insoutenables de décapitations, éventrations, incinérations à vif etc... qui auraient marqué les esprits dans un sens plus favorable aux kibboutzim et aux raveurs israéliens. Ces horreurs sont déjà passées par pertes et profits des "dérapages inévitables" par tous les sectateurs du Prophète. Ce que l'on entrevoyait de compassion au lendemain des massacres de Juifs a été estompé par certaines réactions très mesurées comme celles de la reine palestinienne de Jordanie sur CNN. Les gouvernements arabes ont parfois déploré mais le plus souvent se sont tus. Les autocrates à poste ont sauté sur l'occasion pour dénoncer, mais avec d'autres mots, l'idée absurde de vouloir forcer une greffe ethnique dans un corps qui la rejette. L'Asie centrale et orientale qui ne compte pas les hommes avec autant d'affection que nous, reste loin de l'orage, bien près de résoudre un conflit typiquement occidental par la loi du "dernier arrivé premier parti". Comme le dit Ricardo Perissich dans Telos, l'occasion est donnée au « Sud opprimé » de maudire l'Occident dans l'organisation foireuse de son espace au détriment de tous les autres. Que dire enfin de cet Occident dégueulasse qui en plus brûle des corans à Stockholm ? Blasphème, la boucle est bouclée.
Si Israël ne peut pas laisser vivre une menace terroriste d'ampleur théocratique à ses frontières, il ne peut aboutir à un résultat pérenne à Gaza et demain au Sud-Liban sans accepter sa propre damnation. Cornérisé par l'impéritie du cabinet "biblique" Netanyahou, l'Etat hébreu renoue avec la conquête sanglante de Canaan que ses voisins peuvent relire pour s'édifier. Et trois groupes navals américains ne bloqueront pas les torrents de rage qui vont noyer le monde arabe. Le Secrétaire général des Nations Unies le voit bien et l'exprime avec d'autres ; on va vers quelque chose d'inédit qui peut muter à tout moment en une guerre sainte épouvantable, laquelle allumera ses feux partout où vivent des musulmans, quiétistes, pieux ou salafistes, voire soufis ou agnostiques. Il ne sera plus temps de faire des lois et de s'empoigner sur les bancs de l'Assemblée nationale. Ce sera bien plus cher que les émeutes "Nahel" du 27 juin au 7 juillet de cette année qui ont touché soixante-six départements et cinq cent seize communes pour 58297 atteintes aux biens ; elles ont surpassé de beaucoup celles de 2005 qui avaient concerné (seulement) vingt-cinq départements et deux cents communes, selon un rapport au Sénat du 25 octobre. What next ? Quelqu'un a-t-il le 06 de Madame Borne ?
Mais cette fois encore, il est un paramètre absent de l'analyse, dont tous les éditocrates se tiennent éloignés et que nous allons évoquer ici : le blasphème.
Le droit au blasphème, si souvent brandi par la presse branchée quand il s'applique à une divinité quelle qu'elle soit ou aux us et coutumes d'une religion, ne peut régler les injures aux croyants, au clergé, aux adeptes, provocations à la haine souvent qui restent passibles de 45000 d'euros d'amende et d'un an de prison. La frontière est mince entre l'homme physique et ses idées.
Le blasphème est de longue mèche en France - une date les écrase toutes, celle du supplice du chevalier de La Barre le 1er juillet 1766 à Abbeville, convaincu « d'impiété, blasphèmes, sacrilèges exécrables et abominables » par le présidial compétent du baillage. Il faudra attendre la loi de Séparation de 1905 pour que ce délit ou crime (c'est selon) disparaisse du Code, la religion devenant une affaire privée de conscience (ou l'inverse). Puis ce droit exercé d'abord à l'endroit des clergés - l'anticléricalislme français est un sport national - a dérivé vers l'injure publique à l'endroit de Dieu. Je me souviens d'une réflexion de Jean-Marie Lustiger, pas encore cardinal, qui, a la vue de dessins immondes du Christ en croix sur Hara Kiri, faisait remarquer que la presse satirique était monté d'un étage, délaissant les clercs pour affronter Dieu lui-même, et qu'on en verrait de funestes conséquences. La rédaction de Charlie Hebdo et Samuel Paty expliquant maladroitement l'intérêt de ce filon l'ont payé de leur vie ; leurs assassins n'ayant pas compris la liberté d'injures garantie par le droit français. Mais qui comprend vraiment ça ?
Les unes anticléricales et très sexualisées des journaux satiriques, en voie de disparition aujourd'hui car débranchés du marché infomationnel, faisaient sourire quand on passait au kiosque prendre le journal du matin. Quand il s'est agi d'appliquer le même traitement aux divinités célestes, beaucoup de passants en furent choqués, et en bon agnostique, j'en fus. Il n'est pas si difficile de deviner l'effet que ces caricatures produisent sur le mental plus frustre de fidèles non "modernisés"; le ramdam qui suivit (avec un certain délai) la publication des fameuses caricatures danoises nous en a convaincu en son temps (2005). Mais sûrs de l'ancrage de nos valeurs républicaines, les pouvoirs publics se sont mis la tête dans le sac de la constitution irréfragable de la république en guise de totem d'immunité pour ceux qui franchiraient la ligne
Arc-boutés sur le droit, les gouvernements croient se prémunir des dangers provenant du domaine spirituel, et de tous autres aussi, par une diarrhée législative continue réglant l'effet de la cause. Ceci est punissable, donc ne peut survenir ! Ce mantra est tout ce qu'on oppose en haut lieu au futur tsunami qui nous guette, je parle de la déferlante propalestinienne que la guerre dévastatrice de Gaza est en train de pousser vers tous les pays d'Occident. On signale à New York, Londres, Berlin une insécurité grandissante chez les communautés israélites ciblées par un nouvel antisémitisme, pas toujours initié par des musulmans d'ailleurs. Les doyens des universités américaines ont un mal de chien (quand ils s'en donnent) à faire rentrer le dentifrice de la haine antisémite dans le tube. Le Secrétaire Blinken somme le Qatar de modérer et réduire le flux d'informations émis par la chaîne Al Jæzeera sur la situation de Gaza pour prévenir une extension des manifestations de la rue arabe, en pure perte puisque dès ce matin, la chaîne a quasiment doublé son volume de reportages et analyses. Ankara prend fait et cause pour le Hamas : cette posture va résonner jusque dans les communautés turques d'Allemagne et d'Alsace. Et même TF1 diffuse un reportage par images satellites des destructions de l'enclave dans le style "avant-après". C'est ravageur ! En bas de chez nous, les partis radicaux tels La France insoumise ou le Nouveau Parti anticapitaliste ont flairé l'opportunité d'un surf facile sur la vague islamique qui monte partout en Europe contre les bombardements israéliens de la population gazaouie innocente. Les canaux officiels ont du mal à fonder la réaction virulente d'Israël sur le grand pogrom du 7 octobre dont on a fait, à tort, l'économie d'images insoutenables de décapitations, éventrations, incinérations à vif etc... qui auraient marqué les esprits dans un sens plus favorable aux kibboutzim et aux raveurs israéliens. Ces horreurs sont déjà passées par pertes et profits des "dérapages inévitables" par tous les sectateurs du Prophète. Ce que l'on entrevoyait de compassion au lendemain des massacres de Juifs a été estompé par certaines réactions très mesurées comme celles de la reine palestinienne de Jordanie sur CNN. Les gouvernements arabes ont parfois déploré mais le plus souvent se sont tus. Les autocrates à poste ont sauté sur l'occasion pour dénoncer, mais avec d'autres mots, l'idée absurde de vouloir forcer une greffe ethnique dans un corps qui la rejette. L'Asie centrale et orientale qui ne compte pas les hommes avec autant d'affection que nous, reste loin de l'orage, bien près de résoudre un conflit typiquement occidental par la loi du "dernier arrivé premier parti". Comme le dit Ricardo Perissich dans Telos, l'occasion est donnée au « Sud opprimé » de maudire l'Occident dans l'organisation foireuse de son espace au détriment de tous les autres. Que dire enfin de cet Occident dégueulasse qui en plus brûle des corans à Stockholm ? Blasphème, la boucle est bouclée.
Si Israël ne peut pas laisser vivre une menace terroriste d'ampleur théocratique à ses frontières, il ne peut aboutir à un résultat pérenne à Gaza et demain au Sud-Liban sans accepter sa propre damnation. Cornérisé par l'impéritie du cabinet "biblique" Netanyahou, l'Etat hébreu renoue avec la conquête sanglante de Canaan que ses voisins peuvent relire pour s'édifier. Et trois groupes navals américains ne bloqueront pas les torrents de rage qui vont noyer le monde arabe. Le Secrétaire général des Nations Unies le voit bien et l'exprime avec d'autres ; on va vers quelque chose d'inédit qui peut muter à tout moment en une guerre sainte épouvantable, laquelle allumera ses feux partout où vivent des musulmans, quiétistes, pieux ou salafistes, voire soufis ou agnostiques. Il ne sera plus temps de faire des lois et de s'empoigner sur les bancs de l'Assemblée nationale. Ce sera bien plus cher que les émeutes "Nahel" du 27 juin au 7 juillet de cette année qui ont touché soixante-six départements et cinq cent seize communes pour 58297 atteintes aux biens ; elles ont surpassé de beaucoup celles de 2005 qui avaient concerné (seulement) vingt-cinq départements et deux cents communes, selon un rapport au Sénat du 25 octobre. What next ? Quelqu'un a-t-il le 06 de Madame Borne ?