Le limogeage de Suella Braverman, authentique ministre de droite du cabinet Sunak, et la lecture d'un article de Jeremy Stubbs publié ce matin dans Causeur (clic) m'ont conduit à mesurer les progrès du sans-couillisme dans nos démocraties vénérées. Il est patent.
Dans sa réaction donnée à la presse dès le lendemain de sa disgrâce, Suella Braverman taille un costard au premier ministre de sa majesté l'accusant de trahir le programme qui les a fait élire sur un ton inhabituel dans le cercle étonisé du pouvoir britannique. C'est à lire ici (clic droit sous Chrome en français). En résumé, mollesse dans la régulation de l'immigration, mollesse agravée dans la lutte contre l'immigration forcée ou illégale (Stop the boats !), molesse dans l'application du protocole irlandais, molesse dans l'expulsion des foutaises de genre du milieu scolaire, etc... Elle avait aussi demandé de rompre avec la Cour européenne des droits de l'homme qui bride la liberté de gouverner son espace au mieux des intérêts du royaume. Bref, elle était tout simplement de droite, et lui succède au Home Department James Cleverly, un besogneux ayant préféré l'escalier social à l'ascenseur, qui a fait carrière dans l'armée de réserve. Il est lt-colonel d'état-major à la 1st (UK) Division depuis huit ans. Rishi Sunak cherchait un ministre de l'Intérieur instruit et obéissant, il l'a !
Ces reproches sont du même accabit que ceux qu'on pourrait faire aux deux autres yuppies aux manettes que sont Emmanuel Macron et Justin Trudeau. Celui qui proclamait lors de son élection que le Canada était de retour sur la scène internationale, en digne fils de son père, n'a jusqu'ici impressionné personne. Que pouvait-on attendre d'un étudiant prolongé en sciences éducatives de McGill ? Est-ce la faute au Canada itself ? Sorti de l'arctique, le pays immense et sous-peuplé ne pèse pas grand chose en géopolitique, au moment surtout où le monde libre affronte des casques à boulons comme Poutine, Netanyahou, Erdogan ou Kim Il-jun (et sa sœur).
Mais le nôtre est-il mieux ? Que retiendra-t-on de ses deux mandats ? Dix ans, sinon rien. Macron a (mal) géré les défis sans les affronter vraiment, même sous un second mandat débarrassé d'une réélection. Ne parlons pas de la polka avec Poutine avant l'invasion de l'Ukraine (personne n'a toujours rien compris sauf peut-être que la doxa nucléaire interdisait de penser qu'un psychopathe pouvait accéder au bouton rouge), mais parlons plutôt de la position en ajustement quotidien sur l'opération d'éradication du Hamas par Israël. Frémissant d'horreur, il convoque une coalition anti-terroriste copiée sur celle anti-daesh, laisse passer les bombardements en tapis de l'armée de l'air israélienne sur Gaza-nord, puis se réveille pour un cessez-le-feu quand les combats ont cerné les hôpitaux mais au sol, donc moins meurtriers, et croit pouvoir longtemps ménager la chèvre et le chou en même temps, sans paraître à la marche contre l'antisémitisme quand on lui demandait seulement d'y venir un quart d'heure au début. Quant à la "coalition" anti-Hamas, personne strictement personne ne lui a répondu.
Comme le Canada de Justin Trudeau hélas, la France d'Emmanuel Macron n'est pas écoutée sur la scène internationale même quand il lui arrive de concrétiser de bonnes intentions. Aider l'Arménie à montrer les dents au satrape azéri et au sultan de la Porte n'a suscité aucun rallye derrière nous bien que ce pays chrétien enclavé mérite qu'on le protège des appétits voisins.
Pour boucler sur l'entame de ce billet d'humeur, que va-t-il se passer dans la navette de la loi d'immigration entre les deux chambres du parlement ? Le projet du gouvernement a été durci au Sénat par des mesures de bon sens. C'est dans ce domaine (le bon sens) qu'on attend la chambre haute. Nul doute que la majorité relative présidentielle à l'Assemblée nationale épurera le durcissement des dispositions pour aller vers le fameux consensus mou qui est la marque de fabrique de la Vème République depuis le second mandat de Chirac. Déjà les oppositions automatiques tant élues que professionnelles fourbissent leurs arguments contre la "cruauté" du texte. Le marais parlementaire fléchira et la énième loi de régulation de l'immigration sera archivée sur l'étagère ad hoc après que Dalloz ait amendé ses codes.
Le sentiment général, avec plus de cinquante pour cent d'abstention aux élections, est que le pays n'est pas gouverné tant à l'intérieur que sur ses marches. C'est pour nous le régime même qui est en cause. La classe politique est obsédée par sa carrière politique et jauge toute décision à l'aune du résultat électoral attendu. Ils sont déjà en campagne pour la présidentielle de 2027. Au niveau national, la démocratie est un venin. Nous l'avons souvent développé sur ce modeste blogue. Comme on dit au champ de tir, au résultat : nos armées sont sous-équipées ; nos finances publiques en grave déficit partout ; notre dette souveraine versée sur la tête de nos enfants est criminelle pour un pays disposant de tels atouts et en temps de paix en plus ; notre système éducatif public est à fuir tant notre place dans les classements mondiaux est basse ; notre société est de plus en plus communautarisée donc fragmentée, donc dividée en camps qui s'observent avec mépris ; et pour finir, nos outremers qui sont un héritage du prestige d'antan, ne sont pas défendus.
Il faut arracher l'essentiel de notre Etat au carnage démocratique tout en laissant prospérer le débat aux étages subalternes dans une monarchie fédérative, décentralisée, ayant pour principe de gouvernement le bons sens et la nature. Il existe des manières douces, non brutales, de convertir pas à pas un régime déficient, mais le pays gaulois ne croit qu'aux grands éclats, c'est notre malédiction hélas, trois fois hélas.
Dans sa réaction donnée à la presse dès le lendemain de sa disgrâce, Suella Braverman taille un costard au premier ministre de sa majesté l'accusant de trahir le programme qui les a fait élire sur un ton inhabituel dans le cercle étonisé du pouvoir britannique. C'est à lire ici (clic droit sous Chrome en français). En résumé, mollesse dans la régulation de l'immigration, mollesse agravée dans la lutte contre l'immigration forcée ou illégale (Stop the boats !), molesse dans l'application du protocole irlandais, molesse dans l'expulsion des foutaises de genre du milieu scolaire, etc... Elle avait aussi demandé de rompre avec la Cour européenne des droits de l'homme qui bride la liberté de gouverner son espace au mieux des intérêts du royaume. Bref, elle était tout simplement de droite, et lui succède au Home Department James Cleverly, un besogneux ayant préféré l'escalier social à l'ascenseur, qui a fait carrière dans l'armée de réserve. Il est lt-colonel d'état-major à la 1st (UK) Division depuis huit ans. Rishi Sunak cherchait un ministre de l'Intérieur instruit et obéissant, il l'a !
Ces reproches sont du même accabit que ceux qu'on pourrait faire aux deux autres yuppies aux manettes que sont Emmanuel Macron et Justin Trudeau. Celui qui proclamait lors de son élection que le Canada était de retour sur la scène internationale, en digne fils de son père, n'a jusqu'ici impressionné personne. Que pouvait-on attendre d'un étudiant prolongé en sciences éducatives de McGill ? Est-ce la faute au Canada itself ? Sorti de l'arctique, le pays immense et sous-peuplé ne pèse pas grand chose en géopolitique, au moment surtout où le monde libre affronte des casques à boulons comme Poutine, Netanyahou, Erdogan ou Kim Il-jun (et sa sœur).
Mais le nôtre est-il mieux ? Que retiendra-t-on de ses deux mandats ? Dix ans, sinon rien. Macron a (mal) géré les défis sans les affronter vraiment, même sous un second mandat débarrassé d'une réélection. Ne parlons pas de la polka avec Poutine avant l'invasion de l'Ukraine (personne n'a toujours rien compris sauf peut-être que la doxa nucléaire interdisait de penser qu'un psychopathe pouvait accéder au bouton rouge), mais parlons plutôt de la position en ajustement quotidien sur l'opération d'éradication du Hamas par Israël. Frémissant d'horreur, il convoque une coalition anti-terroriste copiée sur celle anti-daesh, laisse passer les bombardements en tapis de l'armée de l'air israélienne sur Gaza-nord, puis se réveille pour un cessez-le-feu quand les combats ont cerné les hôpitaux mais au sol, donc moins meurtriers, et croit pouvoir longtemps ménager la chèvre et le chou en même temps, sans paraître à la marche contre l'antisémitisme quand on lui demandait seulement d'y venir un quart d'heure au début. Quant à la "coalition" anti-Hamas, personne strictement personne ne lui a répondu.
Comme le Canada de Justin Trudeau hélas, la France d'Emmanuel Macron n'est pas écoutée sur la scène internationale même quand il lui arrive de concrétiser de bonnes intentions. Aider l'Arménie à montrer les dents au satrape azéri et au sultan de la Porte n'a suscité aucun rallye derrière nous bien que ce pays chrétien enclavé mérite qu'on le protège des appétits voisins.
Pour boucler sur l'entame de ce billet d'humeur, que va-t-il se passer dans la navette de la loi d'immigration entre les deux chambres du parlement ? Le projet du gouvernement a été durci au Sénat par des mesures de bon sens. C'est dans ce domaine (le bon sens) qu'on attend la chambre haute. Nul doute que la majorité relative présidentielle à l'Assemblée nationale épurera le durcissement des dispositions pour aller vers le fameux consensus mou qui est la marque de fabrique de la Vème République depuis le second mandat de Chirac. Déjà les oppositions automatiques tant élues que professionnelles fourbissent leurs arguments contre la "cruauté" du texte. Le marais parlementaire fléchira et la énième loi de régulation de l'immigration sera archivée sur l'étagère ad hoc après que Dalloz ait amendé ses codes.
Le sentiment général, avec plus de cinquante pour cent d'abstention aux élections, est que le pays n'est pas gouverné tant à l'intérieur que sur ses marches. C'est pour nous le régime même qui est en cause. La classe politique est obsédée par sa carrière politique et jauge toute décision à l'aune du résultat électoral attendu. Ils sont déjà en campagne pour la présidentielle de 2027. Au niveau national, la démocratie est un venin. Nous l'avons souvent développé sur ce modeste blogue. Comme on dit au champ de tir, au résultat : nos armées sont sous-équipées ; nos finances publiques en grave déficit partout ; notre dette souveraine versée sur la tête de nos enfants est criminelle pour un pays disposant de tels atouts et en temps de paix en plus ; notre système éducatif public est à fuir tant notre place dans les classements mondiaux est basse ; notre société est de plus en plus communautarisée donc fragmentée, donc dividée en camps qui s'observent avec mépris ; et pour finir, nos outremers qui sont un héritage du prestige d'antan, ne sont pas défendus.
Il faut arracher l'essentiel de notre Etat au carnage démocratique tout en laissant prospérer le débat aux étages subalternes dans une monarchie fédérative, décentralisée, ayant pour principe de gouvernement le bons sens et la nature. Il existe des manières douces, non brutales, de convertir pas à pas un régime déficient, mais le pays gaulois ne croit qu'aux grands éclats, c'est notre malédiction hélas, trois fois hélas.
C'est sincère : je n'aurais rien écrit de plus net, de plus précis et, surtout, de plus exact. Alors je me tais mais merci quand même pour le clin d'oeil à ce que j'affirmais en 2022 (après avoir sonné le tocsin en 2017) :"Si Macron est réélu... C'est dix ans de foutus". JYP
RépondreSupprimerLe problème géopolitique de Macron, Trudeau et Sunak est que leur pays respectif est tombé en division 2. Et le reste du monde le voit et en tient compte dans sa réponse aux objurgations de ces anciennes puissances morales : il ne nous écoute plus.
SupprimerPour la France, l'expertise africaine est réfusée en Afrique mais désormais chez nos amis européens et américains (Centrafrique, Guinée, Mali, Burkina, Niger, ça fait beaucoup). Le tropisme proche-oriental de la France protectrice (des lieux saints) ne donne rien, ni en Syrie, ni au Liban, ni en Egypte.
Il serait préférable que la présidence française se taise, mais Macron comme les deux autres se sent obligé de parler à temps et contretemps tant qu'il a le micro. A chaque fois nous perdons de la substance. Dix ans pour rien, dites-vous, mais c'est notre destin qui se déroule sous nos yeux.
Ducunt volentem fata, nolentem trahunt !
J'ajouterai pourtant que, après cette implacable remise à l'heure de Big Ben, nous attendons celle non moins nécessaire de la Puerta del Sol en ce jour calamiteux pour l'Espagne.
RépondreSupprimerPour sa part, l'Espagne est en division 3. Sa fragmentation est en marche puisque c'est son destin à elle-aussi dès lors qu'elle fut construite de royaumes divers et concurrents. Les Espagnes reviennent.
SupprimerQue hara el rey de las Españas ? JYP
SupprimerLa titulature d'autrefois comprenait le "roi de toutes les Espagnes". Et ça allait jusqu'au nouveau monde. Ce qui fait que Don Felipe aujourd'hui ne rate jamais une intronisation présidentielle en Amérique latine.
SupprimerOn attend beaucoup des JO. ça transpire déjà beaucoup rue des Saussaies. Toutes les forces de sécurité seront sur Paris IdF, la France sera un désert sécuritaire total. Manque plus qu'une extension en Cisjordanie ou qu'un petit ange sans permis ne reparte trop tôt au ciel et la on pourrait rigoler ! Perso je recommande la chevrotine 9 grains pour appliquer efficacement l'article du 122-6 du code pénal -en toute légalité, bien entendu- car l'attente au "17" sera longue avant que l'on ne décroche ! La fenêtre de tir sera peut être ouverte. Mais pour qui?
RépondreSupprimerToute la racaille d'Europe va venir en région parisienne faire son marché sur les hordes de touristes "sportifs", et la province sera plus tranquille en conséquence.
SupprimerPour ma part, je charge aux petits noyaux d'olives niçoises, ça fait très mal mais c'est pas pas létal. On m'a fourni récemment en prévision des bris de clôture par nos amis olympiques du voyage.
Qu'est-ce qu'on va rigoler au cours de ces prochains JO. Mais après, c'est moins sûr y compris en ce qui concerne l'abîme financier qui ne manquera pas de suivre, malgré les assurances données (les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent). En attendant, et pour vous distraire avec des gens de bonne compagnie : https://www.hola.com/actualidad/20201111178896/margarita-vargas-buena-causa/
RépondreSupprimerJYP
La boucle de cet article sera bouclée quand vous aurez lu l'étude du caractère d'Emmanuel Macron par Philippe Bilger en cliquant ici. On peut fermer derrière.
RépondreSupprimerRishi Sunak a finalement obtenu une majorité aux Communes pour déporter les requérants d'asile au Rwanda. Source : https://www.theguardian.com/uk-news/2023/dec/12/rishi-sunak-survives-rwanda-bill-commons-vote
RépondreSupprimerTrudoïsation toujours : M. Macron nous disait hier que faire passer la loi sur l'immigration revenait à contrer le Rassemblement national.
RépondreSupprimerIl semble plus probable que l'opinion y verra une validation des thèses du Front national ; même si les services de l'Etat vont s'atteler au détricotage des mesures à la faveur des décrets d'application. Qu'importe !