#2240 - Ceci est un billet de saison qui va limiter ses réflexions à la nature humaine profonde inatteignable. Inatteignable vraiment ? Le carême ne peut se définir comme un jeûne bien qu'il y soit réduit par l'Eglise en difficulté à faire passer dans les communautés chrétiennes la notion d'ascèse spirituelle ; car une période de retrouvailles avec soi-même, les volets clos sur son for intérieur, sa propre découverte de la distance qu'il reste à franchir vers la lumière de la vérité n'est pas à portée du vulgum pecus. Où sont passés les grands prédicateurs qui sortaient des monastères au carême pour électriser la foule des fidèles accourus ? Martyriser le corps pour élever l'âme est un grand classique religieux que l'on retrouve partout pour l'asservissement des âmes. Le carême n'est pas non plus une période de "partage" issue du biais caritatif qui transmute le message essentiel en manifestation publique des richesses des uns contre la pauvreté des autres. Le carême doit être éminemment égoïste. D'ailleurs le Christ des évangiles n'est pas parti au désert en joyeuse compagnie au milieu d'une cohorte d'orants jouant des nebel, des toph, des khalil et des kinnor ; mais seul, ne comptant que sur la force de son esprit. Et pour ne pas laisser mourir avant l'heure son corps d'homme, il le laissa certainement boire et manger contrairement aux écritures, sinon quelque chose cloche.
Celui qui cherche un sens à la vie, croyant ou moins croyant - il n'existe pas d'incroyant viscéral - devrait profiter de ce temps d'ascèse pour faire le récolement de son être trinitaire. Son corps si imparfait est-il préparé à accueillir l'âme qui l'anime ? Cette âme est-elle connectée à l'esprit supérieur qui la guide ? Si oui, que lui insuffle-t-il ? Les règles de combat entre trois entités d'équilibre qu'elle va rencontrer à travers son être incarné !
L'esprit va l'aider à interagir avec le yin et le yang, l'ordre et le chaos, le bien et le mal. Le carême n'est donc pas affaire de perdrix et de truites. Et l'homme n'a que quarante jours à consacrer chaque année à cette retraite. De grands ouvrages offrent une étude approfondie de ces "paires".
Le "yin et le yang" dérive de la loi de gravitation universelle (jadis cachée) qui en fait deux concepts opposés donc associés qui règlent d'abord le principe de vie et le système solaire. L'ordre et le chaos ne se dissocient pas, l'un émanant toujours de l'autre et inversement sur l'abcisse du temps. Si sa loi préside à l'univers organisé sur une longue période, elle est à l'échelle humaine le marqueur d'une civilisation addictée à sa perpétuation. Son principe brime souvent le suivant. Le bien et le mal est un faisceau de conventions humaines réglant la vie pacifique en société dans les limites imposées par l'ordre. Le bien et le mal sont promulgués par les religions, qu'elles soient divines ou triviales, qui dans les deux cas ont leur codex et leurs clercs.
Dit en passant, le ramadan est aussi le temps du djihâd spirituel qui est le devoir religieux de lutter contre soi-même, amalgamant l'abnégation et la résistance aux penchants mauvais. Il est organisé différemment du carême chrétien, sur la base d'une journée renouvelée de jeûne, prière, introspection pendant trente jours. Il est un des cinq piliers de l'islam. On y mange beaucoup au clair de la lune.
Pour pratiquer un carême, à défaut d'avoir lu François Cheng, il suffit de partir à la recherche de son âme et de se souvenir de la maxime : « L'esprit raisonne, l'âme résonne ; l'esprit se meut, l'âme s'émeut; l'esprit communique, l'âme communie. » Si l'esprit est le yang normateur de la paire cosmogonique, l'âme en est la sensibilité, la plasticité de la pensée, le moteur du corps ; et contrairement à une idée sottement répandue, l'âme obscure à elle-même malgré tout se voit. Quand vous augmentez l'harmonie de l'environnement de vous-même, émane de votre corps de brute le bonheur d'y avoir atteint. Et ça se voit dans une glace. De la même façon que vous verrez en autrui la couleur de son âme dès qu'il apparaitra sincère et bien disposé à votre endroit jusqu'à rayonner de bonheur. Vous vous imprégnerez du bonheur proposé.
Il sera utile de commencer l'exercice par une recension (clic) du De Anima d'Aristote qui vous dévoilera les trois âmes de l'homme : l'âme "sensitive" qui est le propre de l'animal, par opposition à l'âme "végétative" de la plante captive, l'âme "intellective" de l'homme qui comprend les deux autres mais est capable de connaître et de spéculer. Mais spéculer sur quoi ? il n'est de philosophie que de la mort. L'eschatologie qui devait y préparer fut jetée aux orties par les Modernes et a disparu des sermons en chaire, remplacée depuis soixante ans par de mièvres litanies auxquelles ne manquent plus que le balancement rythmé des corps en transe. Encore était-elle épurée de toute transcendance par les images sulpiciennes qu'on enfonçait dans les jeunes esprits jusqu'à leur faire croire au Vieillard tout puissant dans sa grande barbe blanche. Aujourd'hui Lui-même a disparu pour ne laisser la place qu'à l'Amour immatériel et matériel de la charité chrétienne qui a tout dévoré.
Comment pratiquer un carême ?
La première chose à faire est de commencer un cahier en notant toutes ses pensées concernant le corps, l'âme et l'esprit. Il faut s'y mettre chaque soir avant de dormir. Au début, on peut se contenter de faire la critique d'ouvrages tiers. Puis peu à peu appraîtront des idées personnelles induites par ces lectures et votre propre méditation.
Au soir du quarantième jour, brûlez le cahier. Tout aura été assimilé, et si vous êtes fétichiste, récoltez les cendres et confiez-les à une boîte à cirage sur laquelle vous noterez l'année. Et faites-en collection.
L'âme qui nous meut et nous émeut est immortelle puisqu'elle ne participe pas de la corruption physique d'un corps fini, programmé dès le premier jour pour disparaître. Rendre l'âme n'est pas mourir mais transmettre. Appliquez-vous à savoir quoi ; quand vous aurez trouvé, cherchez à savoir à qui.
Anima Christi Sanctifica Me
Celui qui cherche un sens à la vie, croyant ou moins croyant - il n'existe pas d'incroyant viscéral - devrait profiter de ce temps d'ascèse pour faire le récolement de son être trinitaire. Son corps si imparfait est-il préparé à accueillir l'âme qui l'anime ? Cette âme est-elle connectée à l'esprit supérieur qui la guide ? Si oui, que lui insuffle-t-il ? Les règles de combat entre trois entités d'équilibre qu'elle va rencontrer à travers son être incarné !
L'esprit va l'aider à interagir avec le yin et le yang, l'ordre et le chaos, le bien et le mal. Le carême n'est donc pas affaire de perdrix et de truites. Et l'homme n'a que quarante jours à consacrer chaque année à cette retraite. De grands ouvrages offrent une étude approfondie de ces "paires".
Le "yin et le yang" dérive de la loi de gravitation universelle (jadis cachée) qui en fait deux concepts opposés donc associés qui règlent d'abord le principe de vie et le système solaire. L'ordre et le chaos ne se dissocient pas, l'un émanant toujours de l'autre et inversement sur l'abcisse du temps. Si sa loi préside à l'univers organisé sur une longue période, elle est à l'échelle humaine le marqueur d'une civilisation addictée à sa perpétuation. Son principe brime souvent le suivant. Le bien et le mal est un faisceau de conventions humaines réglant la vie pacifique en société dans les limites imposées par l'ordre. Le bien et le mal sont promulgués par les religions, qu'elles soient divines ou triviales, qui dans les deux cas ont leur codex et leurs clercs.
Dit en passant, le ramadan est aussi le temps du djihâd spirituel qui est le devoir religieux de lutter contre soi-même, amalgamant l'abnégation et la résistance aux penchants mauvais. Il est organisé différemment du carême chrétien, sur la base d'une journée renouvelée de jeûne, prière, introspection pendant trente jours. Il est un des cinq piliers de l'islam. On y mange beaucoup au clair de la lune.
Pour pratiquer un carême, à défaut d'avoir lu François Cheng, il suffit de partir à la recherche de son âme et de se souvenir de la maxime : « L'esprit raisonne, l'âme résonne ; l'esprit se meut, l'âme s'émeut; l'esprit communique, l'âme communie. » Si l'esprit est le yang normateur de la paire cosmogonique, l'âme en est la sensibilité, la plasticité de la pensée, le moteur du corps ; et contrairement à une idée sottement répandue, l'âme obscure à elle-même malgré tout se voit. Quand vous augmentez l'harmonie de l'environnement de vous-même, émane de votre corps de brute le bonheur d'y avoir atteint. Et ça se voit dans une glace. De la même façon que vous verrez en autrui la couleur de son âme dès qu'il apparaitra sincère et bien disposé à votre endroit jusqu'à rayonner de bonheur. Vous vous imprégnerez du bonheur proposé.
Il sera utile de commencer l'exercice par une recension (clic) du De Anima d'Aristote qui vous dévoilera les trois âmes de l'homme : l'âme "sensitive" qui est le propre de l'animal, par opposition à l'âme "végétative" de la plante captive, l'âme "intellective" de l'homme qui comprend les deux autres mais est capable de connaître et de spéculer. Mais spéculer sur quoi ? il n'est de philosophie que de la mort. L'eschatologie qui devait y préparer fut jetée aux orties par les Modernes et a disparu des sermons en chaire, remplacée depuis soixante ans par de mièvres litanies auxquelles ne manquent plus que le balancement rythmé des corps en transe. Encore était-elle épurée de toute transcendance par les images sulpiciennes qu'on enfonçait dans les jeunes esprits jusqu'à leur faire croire au Vieillard tout puissant dans sa grande barbe blanche. Aujourd'hui Lui-même a disparu pour ne laisser la place qu'à l'Amour immatériel et matériel de la charité chrétienne qui a tout dévoré.
Comment pratiquer un carême ?
La première chose à faire est de commencer un cahier en notant toutes ses pensées concernant le corps, l'âme et l'esprit. Il faut s'y mettre chaque soir avant de dormir. Au début, on peut se contenter de faire la critique d'ouvrages tiers. Puis peu à peu appraîtront des idées personnelles induites par ces lectures et votre propre méditation.
Au soir du quarantième jour, brûlez le cahier. Tout aura été assimilé, et si vous êtes fétichiste, récoltez les cendres et confiez-les à une boîte à cirage sur laquelle vous noterez l'année. Et faites-en collection.
- une urne à pensées de carême - |
L'âme qui nous meut et nous émeut est immortelle puisqu'elle ne participe pas de la corruption physique d'un corps fini, programmé dès le premier jour pour disparaître. Rendre l'âme n'est pas mourir mais transmettre. Appliquez-vous à savoir quoi ; quand vous aurez trouvé, cherchez à savoir à qui.
Anima Christi Sanctifica Me
Ca commence fort pour un 1er dimanche de carême. Que dit le vatican?
RépondreSupprimerLa méditation du jour n'est pas si loin finalement de votre "métaphysique".
C'est d'un jésuite bien sûr : https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2022-03/meditation-1e-dimanche-de-careme.html
Aymeric
C'est trop d'honneur, Aymeric, de faire un parallèle entre Canon Gaillon et un professionnel de la trempe du père N'Tangu SJ. Mais j'avoue d'avoir pris plaisir à sortir des actualités profanes si décevantes ces jours-ci.
SupprimerSi vous trouvez en bouquinerie le bouquin de François Cheng sur l'âme, n'hésitez pas à l'acquérir. Salut.
Le carême n'est pas pratiqué par les Protestants, cependant la pratique du jeûne est usitée surtout chez les Evangéliques calvinistes. Les raisons sont les suivantes: le jeûne nous aide à réaliser notre petitesse et notre dépendance à Dieu;
RépondreSupprimerLe jeûne nous libère du temps pour prier;
Le jeûne nous rappelle que nous sommes appelés à offrir toute notre vie à Dieu comme un sacrifice vivant (pas juste sacrifier quelques repas);
Le jeûne en tant qu’auto-discipline augmente notre capacité à résister à la tentation;
Le jeûne concentre notre attention sur la présence de Dieu;
Le jeûne "exprime le sérieux et l’urgence de nos prières: si nous continuons à jeûner, nous allons finir par mourir. "
Les références au jeûne sont fréquentes dans le nouveau testament aussi bien dans les Evangiles que dans les Epitres et ne sont pas l'apanage des mystiques!
Dans mon entourage, ceux qui font carême emprunte la voie spirituelle qui est celle recommandée par les prêtres lesquels déconseillent le jeûne aux travailleurs de force, aux femmes enceintes, aux malades et aux vieillards (tout pensionnaire en EHPAD).
SupprimerMais en cherchant bien, ce n'est qu'un infime minorité des pratiquants. Par contre, ils sont plutôt jeunes.
J'avoue que je n'étais pas, jusqu'à présent, particulièrement "carêmophile" mais moins encore "carêmologue". Et pourtant je dois dire que j'ai été impressionné et séduit par votre réflexion sur le sujet. Le début d'une métamorphose ? Merci. JYP
RépondreSupprimerAgnostique de raison mais chrétien de cœur comme bien d'autres :)
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