dimanche 24 mars 2024

De l'innocence du peuple

vignette rouge demos-cratos
#2251 - Au soir de l'attaque vendredi dernier du Crocus City Hall de Krasnogorsk, revendiquée par la franchise afghane de l'Etat islamique, les services de déblaiement ont décompté cent quarante trois spectateurs morts en sus des trois centaines de blessés évacués par ambulance. Quel que soit l'environnement géopolitique au moment, la réprobation du monde fut unanime et les pensées des communiqués tournées vers le peuple russe, parfois mais rarement vers ses dirigeants. Nous y joignons les nôtres. Est revenue maintes fois l'expression de "civils innocents" comme Raymond Barre avait parlé un jour de "juifs innocents". S'il ne fait pas de doute pour ceux de jadis - l'expression malencontreuse venait d'un politicien pressé de marquer sa sympathie - qu'en est-il du premier, après le triomphe électoral du petit despote éclairé au gaz ?

En effet, le peuple a "réélu" son dictateur, activant la sentence de Pierre-Joseph Proudhon (1852) : « Il est prouvé que le peuple est d’inclination favorable au despotisme, hostile à la liberté. » Réélire c'est prendre la responsabilité d'une répétition de ce qui fut. Les manipulations de tous ordres qui ont construit le scrutin présidentiel russe n'acquittent pas le peuple russe pour autant. La seule circonstance atténuante est que le désordre ou le danger favorise grandement un pouvoir fort et même dégondé de l'Etat de droit, lequel n'est plus que le cache-sexe de sa brutalité. Désordre, danger, nous y étions complètement avant-hier soir à Krasnogorsk. Pour faire plus court encore, c'est tout bénéfice pour un pouvoir qui ne compte pas et enfourne ses soldats comme du bois dans la locomotive de son offensive hectométrique au Donbass. Il suffit ensuite d'écrire le livret qui va bien avec la partition. C'est la première compétence d'un service de police politique.

Au résultat, le peuple votant n'est pas si innocent que ça, qui a choisi ses dirigeants et à travers eux, a confirmé ses bourreaux. Mais ce qui est vrai de la Sainte Russie, l'est plus encore de la République française où la démocratie fait rage. Le dèmos est coupable chez nous plus encore qu'en Russie parce qu'il est constamment ramené aux devoirs et conséquences de sa charge politique, qui est de renouveler ses chefs et de protéger ses juges qui condamnent "au nom du peuple français".
L'état de calamités financières, économiques et militaires que nous révèlent aujourd'hui les instituts officiels, lui est imputable. En ces matières, ce peuple n'est pas innocent. Il s'est vautré dans le confort à crédit d'un modèle social banqueroutier en tirant des traites sur ses enfants, protégé de la pluie des malheurs par un parapluie atomique qui ne s'ouvre pas. Au prochain attentat, il n'y aura pas de "victimes innocentes" mais des citoyens "malchanceux". A plaindre tout autant !

couronne de fleurs
R.I.P.

3 commentaires:

  1. On ne peut qu'approuver et soutenir cette analyse. En particulier en ce qui concerne nos "malchanceux". JYP

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  2. Comme souvent sinon toujours, la mise en perspective de l'attentat islamiste du Crocus City Hall est publiée sur le site Desk Russie, aujourd'hui sous la plume de Galia Ackerman (clic).
    La "Vérité" est en construction. Le dessein est inchangé.

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  3. Je ne suis pas surprise du contenu de l'article de Galia Akerman. Mais admirative de sa clarté comme vous.
    H. M.

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