L'Allemagne, plus gros contributeur net de l'Union européenne, refusait d'abonder à la caisse "noire" de 330 milliards d'euros - elle ne demandait pas d'où viendrait tout cet argent si la France et l'Italie ne pouvaient pas payer - et dans le même temps décrétait la garantie totale sans franchise des dépôts bancaires pour rassurer son opinion, faisant ce qu'elle avait reproché samedi dernier à l'Irlande.
On s'attendait alors à ce que les frontaliers français inquiets transportent leur épargne outre-Rhin du moins pour la fraction dépassant le seuil de 70000 euros garantis par l'Etat français ; avec quoi est une autre question !
Cette attitude sonnait le glas de toute politique européenne dans l'avenir jusqu'à précariser les institutions de l'Union particulièrement inaudibles dans cette crise, à l'exception de la BCE de Francfort, puisqu'en cas de krach politique, militaire ou financier, la collaboration de l'Allemagne était maintenant à la carte.
On peut craindre que ce "retrait" de l'Allemagne ait été provoqué par les déclarations "spectaculaires" du président Sarkozy à la fin du G4, lui qui vendait sa soupe médiatique sans grand souci de la réalité des divergences. Il n'empêche que l'Allemagne réagissant sur un coup de tête n'était pas attendue dans ce registre. Sans doute le rallye à Berlin de conseillers financiers d'un niveau plus élevé a-t-il permis de convaincre la chancellerie du R... de la RFA que l'endogamie bancaire fédérale n'était pas le pare-feu qu'elle croyait et qu'on entendrait dans le landerneau financier allemand, d'autres détonations que l'implosion soudaine de l'Hypo Real Estate de Munich, même si l'Oktoberfest bat son plein. Peut-être lui fut-il réexpliqué que l'Europe continentale était désormais allemande sous le joli nom d'Euroland et que ses intérêts vitaux excédaient largement ses frontières. Le IV° Reich est pratiquement achevé, ce n'est pas le moment de revenir au périmètre de la Prusse, voyons !
Demi-tour à 180° donc ! Mercredi soir, Paris et Berlin se coordonnent officiellement. En braille ça veut dire que la BCE retrouve sa liberté totale de gestion du prix de l'argent (exigence allemande) si elle consent à soulager le crédit par un enfoncement de son taux de base (exigence française) ; pour le reste "on se téléphone !".
Entretemps le Trésor britannique met 200 milliards de livres sterling à la disposition des banques anglaises qui ne se prêtent plus entre elles, pour renforcer leurs fonds propres et relancer leurs prêts dans un meilleur ratio d'engagements. Suit la lettre du Premier britannique aux 27 pays de l'Union demandant de l'imiter en créant un fonds paneuropéen : « Le marché du financement à moyen terme est actuellement gelé sur la planète, avec des conséquences économiques potentiellement graves [...] il faut faire repartir le marché en rétablissant la confiance, en assurant que les prêts aux institutions financières seront remboursés (Gordon Brown)»
Cette lettre est pour l'instant ignorée des autres, mais pose une vraie question : quelles sont les contreparties que les banques remettent aux banques centrales en échange de ces capitaux frais ? Leur qualité est-elle de premier choix ? Parce que si le bon argent se paie en assignats, on est foutu !
Or en échange des prêts à court terme voire très court terme qu'elles reçoivent de la BCE ou de la BOE, les banques des places concernées déposent en garantie des créances à beaucoup plus long terme dont la bonne fin est imprévisible. Ainsi au fil des jours les actifs de ces deux banques sont-ils en train de se dégrader en qualité.
Il vaut mieux forcer les banques à se prêter entre elles pour réamorcer la pompe, et pour se faire, ne pas hésiter à intervenir brutalement dans leurs directions générales par tous moyens, même répréhensibles ! A défaut de quoi, les garanties d'Etat données au moteur financier mondial en panne peuvent conduire à une dégradation sévère de la note financière des Etats dans les agences de notation si le temps se gâte, ces Etats qui auront garanti un montant faramineux de dette bancaire, jusqu'à conduire in fine le contribuable à payer sur son épargne confisquée, l'addition de crédits de mauvaise qualité. Et là se dessinerait le scénario catastrophe argentin : le Trésor devrait payer plus cher son emprunt forcé hebdomadaire sur la place, entraînant la hausse des taux d'intérêts de la Dette, ce conduisant à l'assèchement des capacités budgétaires de l'Etat qui, pour survivre, dévorerait alors la richesse nationale ou ce qu'il en reste, dans le droit fil des Révolutionnaires de la haute époque. On voit déjà le tabou de l'épargne brisé et les doigts crochus du Trésor s'avancer vers les Livrets A et les Codevi !
Dans la situation de contestation et de très faible confiance des citoyens de ce pays dans leurs dirigeants, on peut deviner en cas de malheur les prémices d'une révolution. Nous sommes en retard ...
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Obliger quelle banque à prêter à quelle autre?
RépondreSupprimerOn peut difficilement obliger une banque saine jusqu'ici, à prêter de trop grandes sommes à une banque qui ne l'est pas, au risque d'être entraînée dans sa chute à moyen terme!
Il y a aussi des refus de concours, sous prétexte de défiance, qui sont dus en réalité à un manque de liquidités inavoué, j'en suis sûre! Qui veut porter le coup de grâce à ces établissements?
Croyez-vous que l'État soit réellement au courant de la véritable situation de chaque banque, comme on l'était autrefois, quand les rois "ponctionnaient" au besoin les plus grosses réserves financières?
Les banques entre elles se connaissent bien et leur prudence est quelquefois justifiée. Mais le problème des liquidités en devises est réel, les comptes étrangers des banques pouvant être "boudés" par les détenteurs de la devise recherchée.
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