samedi 17 octobre 2009

On va désherber le Waziristan

char lourd pakistanaisCent soixante-dix-huit morts par attentats des fondamentalistes ont fourni ces jours-ci le prétexte à une opération d'envergure au nord-ouest du Pakistan, que les Américains réclament depuis un an. Les ISI pakitanais ont tracé la piste des donneurs d'ordres terroristes au Sud-Waziristan ! Y a plus qu'à !
Le ministre pakistanais en charge des FATAs a annoncé aujourd'hui le début du ratissage au Sud-Waziristan. Vingt-huit mille fantassins montent sur les retranchements talibans pachtounes et alqaïdistes emmêlés, et qui sont estimés à dix mille hommes¹. Le rapport assez limité de 3 à 1 pour ces opérations de chasse laisse penser que des moyens électroniques de reconnaissance et d'acquisition de cibles pour les Predators vont être déployés. Cinq cents commandos spécialistes des excavations sont à pied d'oeuvre. Que de bonnes nouvelles !

Le fort de Ladha et les postes fortifiés du district de Saam sont les premiers objectifs. Ces positions avaient été abandonnées par le Frontier Corps l'été dernier car intenables à la pression des tribus mahsudes. Mollah Omar avait alors annoncé qu'il s'y installait avec une garnison conséquente. Personne ne s'étonne du retrait du Frontier Corps qui est recruté localement et n'a pas une réputation de sacrifice ! Ce n'est d'ailleurs pas son job.
Des colonnes de réfugiés wazirs² sont descendues des montagnes pour ne pas se trouver coincés dans l'étau.

carte waziristan
D'autres sources laissent entendre que 30000 hommes supplémentaires vont être affectés à la contre-insurrection dans cette zone. Les experts prédisent un désastre si on n'aligne pas 60000 hommes au moins - les experts qui ne prédisent aucun désastre sont rarement longtemps payés pour leur expertise. L'hiver arrivant vite, le top départ ne peut être différé, sauf à chercher le futur prétexte à un arrêt de l'opération. Tout est possible, mais les dollars américains ne pleuvent pas comme la manne au désert sur l'Hébreu. Robert Gates³ veut des scores. Les généraux pakistanais l'ont bien compris avant de commander le jacuzzi dans la villa.

Si on pose un regard militaire là-dessus, on ne peut que souhaiter que des exigences politiques, comme ont dû les subir les forces spéciales françaises dans la traque d'Oussama Ben Laden, ne freinent pas le travail d'éradication. Qu'est-il besoin de juger dans un procès à grand spectacle les commandants d'al-Qaïda ou les chefs talibans mahsuds, leurs alliés déclarés ? Les prochaines élections américaines n'auront pas lieu avant treize mois. Les premiers revendiquent à l'envi toutes méchancetés à notre endroit. Les survivants chez les seconds vont s'auto-démobiliser et disparaître dans la nature jusqu'à tomber sur dénonciation juteuse des tribus concurrentes. La justice pakistanaise en fera son pain.
On prépare les brochettes et le napalm.

carte de la frontière afghano-pakistanaise
Si le pays est nettoyé, l'effet en sera immédiat sur les provinces orientales d'Afghanistan dès lors que briser le mythe d'invincibilité découragera les ralliements et incitera à la mise en sommeil des bandes. C'est à ce moment qu'il sera avisé de redéployer des activités de développement sur les zones "pacifiées" pour donner du travail aux soldats dormants qui se dégoutteront de se peler le jonc sur le piémont de l'Hindu Kouch. Ils finiront peut-être par sombrer dans le service civil, un bureau chauffé avec une paie mensuelle. La bureaucratisation est une arme aussi employée que la corruption à l'italienne pour entamer l'enthousiasme des ennemis.

para USL'opération pakistanaise débute en hiver (pas de demi-saison) et profitera d'un temps sec et froid dans ses approches alors que les retranchements d'altitude seront en étage humide et glacé. Tout le monde a quand même les moufles. Elle devrait s'achever à la Noël car les conditions météorologiques se dégradent ensuite carrément et l'effet de choc aura disparu.
Si l'opération en cours ne parvient pas à ses buts, la zone deviendra un abcès de fixation des forces pakistanaises, ce qui par ricochet devrait faciliter l'ouverture de discussions avec le voisin indien. Auquel cas, la stratégie d'Obama de mettre le paquet sur les FATAs par l'armée pakistanaise, aura fait d'une pierre deux coups. du grand art. D'autant que le récent prix Nobel de la paix le handicape vraiment pour renforcer les effectifs du général McChrystal en Afghanistan (CLIC). Mais attendons...

Note (1): ce chiffre donné par le ministre est sousévalué. Les comptages faits en 2008 sur les deux Waziristan et Bajaur donnaient déjà 8000 combattants en ne comptant que les "étrangers" c-a-d. les arabes alqaïdistes. Il faut y ajouter les tribus mehsudes qui se sont ralliées à la Pieuvre.
Note (2): on parle de 90000 réfugiés mais c'est invérifiable tant le relief est tourmenté, car il y a eu éparpillement général. Peut-être ce chiffre correspond-il aux réfugiés accueillis en camps. Il est vraisemblable que tout le pays à partir des montagnes et jusqu'à la ligne Durand a été "évacué".
Note (3): patron "républicain" du Pentagone



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3 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  2. Samedi 24 octobre, après une semaine d'offensive au Sud-Waziristan, les troupes pakistanaises ont repris Kotkai, la ville natale d'Hakimullah Mehsud, le chef des talibans pakistanais. Pour l'armée, il s'agit de "la première grande victoire" de l'offensive militaire, qui permet aux troupes d'avancer vers Sararogha, une importante base talibane.
    [source]

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  3. Des nouvelles fraîches avec Stéphanie Gosk (NBC News) au Pakistan
    CLIC

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