jeudi 28 juillet 2005

Pourquoi la Monarchie

par Jean-Philippe Chauvin
(avec la permission de l'auteur)

Ne pas tomber dans le fatalisme, mais, au contraire, poser la question du régime politique susceptible de répondre au mieux aux défis contemporains, dans le sens de l’intérêt commun.

La Ve République est-elle entrée en agonie ? Bien sûr, les institutions semblent encore fonctionner, le Président présider et le gouvernement gouverner... Mais cela tient plus à l’habitude qu’à un véritable dynamisme politique.

Du coup, comme le souligne, parfois crûment, Nicolas Baverez, la France est malade : « Une gesticulation législative subordonnée aux impératifs de communication, mêlant les textes de circonstance – telle que la désastreuse loi dite du voile – aux textes d’exception, qui tendent à systématiser [...] le soupçon et la délation au mépris des libertés.

Un État en faillite, dont les finances publiques sont les plus dégradées au sein de l’Europe des Quinze. Un engrenage de guerre civile froide avec la montée des tensions entre les statuts, les corporations, les générations, et plus encore les communautés. [...]
La France présente aujourd’hui ce paradoxe scandaleux d’un pays qui décline, s’appauvrit et se déchire, en dépit de ses immenses atouts, du seul fait de règles absurdes et d’un manque criant de leadership politique.
La France ne meurt pas d’un excès, mais d’un déficit de politique, ou plus exactement de la cannibalisation du politique par une conception cynique du pouvoir qui en monopolise les avantages, tout en en refusant les responsabilités, qui en dissout la dimension de projet et d’action pour n’en retenir que l’accaparement et la distribution des emplois et des fonds publics.
Elle est le pays où le Premier ministre se définit comme un fusible et un simple exécutant du Président, tandis que le Président ne se consacre qu’à sa propre réélection, se spécialisant dans les causes humanitaires pour mieux se dérober devant les choix politiques qu’imposent les intérêts supérieurs de la nation » (1).

Autre problème, évoqué par Jean-Louis Guigou, ancien délégué à la D.A.T.A.R. : « La France est [...] bien “malade” d’un manque de prospective. La société devient nerveuse et se bloque car, à l’évidence, un peuple n’avance pas s’il ne sait pas où il va. [...]
« Ce qui caractérise la France, actuellement, c’est cette absence de vision du futur. Ce manque de projet et d’ambition collective [...] Le long terme disparaît, tout se ramène à l’impérialisme de l’instantané. » (2)

Cela se marque aussi, comme le souligne l’un des animateurs des Guignols de l’Info, par le fait que le pays est en « période électorale permanente », phénomène aggravé par le quinquennat : il en résulte ainsi l’affaiblissement du politique et de l’État par le mécanisme du “balancier démocratique” qui engage toutes les structures gouvernementales de l’État. La preuve en est fournie par les alternances politiques à répétition (particulièrement depuis 1981), mais aussi par les cohabitations classiques (président et gouvernement de couleurs politiques différentes) et les “nouvelles cohabitations” en cours de définition liées à la décentralisation (régions quasi-intégralement dirigées par la gauche face à une majorité parlementaire et gouvernementale de droite).

Devant une telle confusion, il est permis de ne pas tomber dans le fatalisme, mais, au contraire, de poser la question du régime politique susceptible de répondre au mieux aux défis contemporains, dans le sens de l’intérêt commun bien compris des Français d’aujourd’hui et de demain.
Jean-Louis Guigou évoque la nécessité de « réintroduire la pensée à long terme dans l’action politique » (3) : cela est fort bien, mais incomplet, car c’est aussi dans les institutions qu’il faut remettre le “long terme”, en ne confondant pas celui-ci avec une forme moderne de “fixisme” ou de “fossilisation politique”. Le long terme nécessite la continuité certes, mais une continuité qui se doit d’être dynamique pour épanouir ses qualités et accompagner le temps sans l’arrêter, ni se laisser dépasser par lui.

Or, quel État peut, par essence, disposer du “long terme” ? Sûrement pas la république du quinquennat ! Une sixième république parlementaire, “redite” de feue la quatrième ? Ce n’est ni souhaitable, ni viable !

Alors ? Alors, la monarchie !
Mais pas n’importe laquelle : il ne s’agit pas d’une monarchie féodale copiée d’un passé révolu, ni d’une pétro-monarchie plus théocratique que politique. Nous nous intéressons à la monarchie “à la française”, pour ce pays-là et non pour un autre (même s’il y a des points communs avec d’autres régimes royaux, tels que le mode de transmission du pouvoir ou le rôle symbolique du souverain) ; la monarchie française, “capétienne”, peut être attentive aux autres monarchies dans le monde, mais elle trouve d’abord ses raisons d’être et ses motivations politiques dans l’histoire, le terreau et la nation française.

La monarchie française est “héréditaire et successible” : cela signifie qu’elle n’est pas esclave des élections et de ceux qui les font ; non pas vraiment les électeurs, mais les partis et les “puissances d’argent”.
La monarchie, par son principe même, c’est la transmission de l’État, de son sommet institutionnel et symbolique (au sens fort du terme), par le biais le plus simple, le plus naturel, car filial, du père au fils, par la disparition de l’un et l’“apparition” immédiate de l’autre. « Le Roi est mort, vive le Roi ! » et son complément théorique « le Roi de France ne meurt jamais » sont les deux formules qui caractérisent le mieux cette “passation de sceptre” qui, si elle voit la mort physique d’un monarque, voit aussi dans le même temps la pérennité de sa fonction et de l’État immédiatement assurée par son successeur.

Ainsi, le Roi ne doit son pouvoir qu’à la naissance et au deuil : il n’a pas choisi de naître héritier de Roi, “Roi en devenir”, comme il n’a rien choisi de ce (et de ceux) qui le précède. Sa naissance en position d’héritier lui fixe des devoirs et lui assure une formation politique pour un avenir royal qu’il aura, peut-être, à assumer.

Comme le souligne le journaliste belge Paul Vaute, le principe même de l’hérédité monarchique assure une indépendance de fait, quant à l’origine de son pouvoir, voire de sa légitimité, au monarque : « Une personne – mais aussi un couple, des enfants, une dynastie – dont le pouvoir n’est pas le fruit d’une lutte politique, qui n’a pas été fabriquée par l’état-major d’un parti, qui n’a pas percé à grands coups de marketing, qui ne peut être identifiée à un groupe social, un milieu culturel ou une région [...] : tel est le Roi. Il n’est pas nécessairement parfait – nul ne l’est – mais il n’est pas un parvenu. Il offre un visage humain bien nécessaire, indispensable même, à ces mons-tres froids que sont devenus les États dans le monde contemporain » (4).

L’indépendance du Roi, conséquence du principe héréditaire, est beaucoup plus importante que sa compétence personnelle : c’est cette indépendance qui lui permet d’exercer son pouvoir suprême dans de bonnes conditions, en particulier dans le cadre de la monarchie active que nous prônons, dans le choix du personnel gouvernemental, dans la mise en place des grandes politiques, dans l’exercice de la diplomatie et dans l’arbitrage politique. Cette indépendance de position assure aussi l’unité même, à travers sa personne et sa famille, du pays : Louis XVI, Roi de France, s’adressait aux “peuples de France” et il apparaissait, à la suite de ses prédécesseurs, comme « le seul point commun à tous les habitants du royaume » au-delà des fortes différences provinciales, linguistiques et culturelles, voire institutionnelles.

Paul Vaute le rappelle en quelques phrases fort judicieuses, écrites pour traiter de la monarchie belge, mais qui peuvent en l’occurence s’appliquer fort bien à la monarchie française : « Hors des clivages de toute nature, le Roi n’est pas pour autant cet être transparent, cette statue de marbre, cette fonction pure, ce personnage incolore, inodore, insipide, censé s’abstenir de tout avis au grand jour, tel qu’il semble émaner de nos traités de droit public. (..). En tout occupant du trône, nolens, volens, on trouve un exorciste du démon des divisions internes, quelles qu’en soient les causes ou les prétextes [...]. Le Roi est toujours celui qui rappelle que “fédérer, c’est unir dans la différence acceptée et non pas dissocier dans l’affrontement” (5 bis).» (5).

La monarchie française n’a pas vocation à être seulement constitutionnelle ou parlementaire : elle se doit d’être politiquement active, de rendre au politique ses capacités d’action et d’intervention face aux grandes forces financières et économiques, et d’incarner (et de motiver) la diplomatie française dans le monde. Elle n’est pas une fin en soi, mais le moyen d’agir pour la France, dans les meilleures conditions possibles. Dans un monde incertain, la monarchie française, “ré-instaurée”, pourrait être le signal annonciateur d’une reconquête par le politique des territoires que l’économique occupe indûment. Ce serait, en somme, la victoire des hommes sur le pouvoir anonyme de l’Argent-dieu...

Notes :
(1) Nicolas Baverez, Le Monde, 25 mars 2004.
(2) Jean-Louis Guigou, La Croix, 25 juin 2004.
(3) Jean-Louis Guigou, Le Figaro, 5 juillet 2004.
(4) Paul Vaute, Voie royale, p. 19, éditions Mols, 1998.
(5) Paul Vaute, Voie royale, p. 57-58.
(5 bis) Nous, Baudouin, Roi des Belges. Testament politique, social et moral d’un noble souverain, t. II : de 1974 à 1993, pp. 856-858, Balen, Eurodef sa/nv, 1996.

Article édité dans la rubrique "Idées" du site www.royaliste92.com
et publié dans L'Action française 2000, n°2658, 29 juillet-25 août 2004.

mardi 26 juillet 2005

La monarchie absolue n'est pas la dictature absolue

On s'irrite dans les couloirs des palais parlementaires de cette semi-monarchie socialiste qui gère les affaires depuis le Château entre soi, sans rien entendre des alarmes que sonnent les représentants du souverain peuple, eux qui voient les suffrages futurs couler de leurs doigts comme sable trop fin.
Pour l'ISF, la belle poire déjà blette, un énième rapport est lancé par Matignon alors que tout a été dit sur la stupidité de cet impôt, rapporté dans tous les pays de l'Union qui semblent bien moins coincés que nous, mais que veut maintenir contre vents et marées le locataire radical de l'Elysée, au slogan qu'il vaut mieux désepérer les riches que la masse des votants. On se croirait sous la coupole translucide de la Place du Colonel Fabien.
As usual, le vieux cacique est à côté de la plaque. Il lasse. Et puis l'ISF est le cadet de ses soucis, Sarkozy son cauchemar.


Jean-Philippe Chauvin nous narre dans son blogue l'absorption d'énergie que représente la lutte au sommet d'un Etat à l'encan.

Dans le cadre des polémiques entre les fidèles de M. Chirac et ceux de M. Sarkozy, M. Devedjian, appartenant au second camp, a rappelé que "la France n'est pas encore devenue une monarchie absolue", croyant ainsi dénoncer les vélléités du camp chiraquien de faire taire son "adversaire du dedans"... Situation étrange où des membres d'un même mouvement politique passent leur temps à s'entredéchirer par médias interposés : ainsi, l'Etat apparaît-il comme un simple objet de convoitise et non comme l'instance au service de la nation et de ses citoyens.

En voyant ce triste spectacle qui fatigue les électeurs et décourage les énergies françaises, nous pouvons effectivement conforter M. Devedjian : nous ne sommes pas en Monarchie absolue mais bien en "République des Clientèles". D'ailleurs, il suffit pour s'en convaincre un peu plus de lire ces quelques lignes écrites par l'historien Jean-Christian Petitfils dans son ouvrage sur Louis XVI, paru au printemps 2005, et où il définit la Monarchie française :

"La personne du monarque, dépositaire provisoire d'une autorité souveraine qui le dépassait, ne se confondait pas avec l'Etat. La royauté est une charge, non une propriété dynastique dont il pouvait disposer selon "son bon plaisir". (...). La personne du roi exerçait la potestas absoluta, chère à Jean Bodin, réunissant ce que nous appelons les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. (...) Ce n'est pas pour autant qu'il faille en faire un pouvoir totalitaire ou despotique, ni même, à proprement parler, personnel. "Absolu" ne veut pas dire arbitraire ou sans limite, mais unique, sans lien".

Le roi n'était pas lié à une caste, à un groupe de pression ou à un parti : au regard de la situation actuelle, oui vraiment, M. Devedjian a raison : aujourd'hui la France n'est pas une Monarchie...
Sans doute faut-il le regretter...


A ceux qui observent que les monarchies constitutionnelles qui nous entourent ont pour principale activité de faire des coucous à la foule depuis leurs balcons, M. Chauvin précise que ...

La France est une nation particulière, avec son histoire qui ne ressemble à aucune autre. La monarchie active (et pas seulement décorative) que nous souhaitons, ne doit pas négliger les particularités de notre pays, que cela soit sur le plan politique, culturel ou social. Son rôle est d'empêcher que le pouvoir soit confisqué par les nouveaux féodaux (multinationales, financiers, politiciens, partis, etc.) comme c'est trop souvent le cas aujourd'hui. Son rôle est aussi de veiller à la redistribution des pouvoirs locaux aux citoyens à travers des institutions et des associations adaptées au terrain considéré. Les royalistes ont souvent évoqué ces "nouvelles agoras" dans lesquelles les citoyens exercent des vraies libertés de parole et de décision: la fameuse formule "L'autorité en haut, les libertés à la base" résume cette optique.

"L'autorité en haut", c'est-à-dire un Etat arbitral, souverain et libre des groupes de pression quels qu'ils soient, financiers ou politiciens. Un Etat qui ne s'occupe pas de tout mais qui s'occupe de la diplomatie, de la grande politique intérieure nécessitant le long terme et de symboliser l'unité française au-dessus des particularismes. Un Etat qui garantit les libertés publiques et privées en laissant communautés et citoyens les exercer eux-mêmes.

"Les libertés à la base" doivent trouver des formes d'expression et d'action: chaque province, chaque profession, chaque commune doivent définir elles-mêmes leur organisation, leurs institutions, leurs modes de décision et de communication, l'Etat ne jouant là que son rôle d'impulsion et d'arbitrage. Cela doit permettre une plus grande fluidité de la "parole" et permettre à chacun de "reprendre ses pouvoirs" par une proximité plus visible des institutions et des citoyens, considérées comme des personnes particulières et intégrées à des communautés de lieu, de profession ou de choix.

Il n'est pas impossible de penser aussi aux possibilités qu'offre la Toile dans l'expression des communautés et des citoyens. Le but de tout cela étant de "relier" à nouveau les êtres entre eux au sein de la société, en finir (autant que faire se peut, car il faut éviter de tomber dans la démagogie ou l'utopie) avec l'anomie sociale qui semble caractériser nos sociétés contemporaines.

La monarchie peut jouer un rôle dans cette réactivation du "lien social" puisqu'elle "libère" l'Etat de tâches et de responsabilités (qu'il a jadis confisqué au nom de la centralisation) pour les rendre sous forme de libertés, de pouvoirs et de responsabilités nouvelles aux communautés et aux citoyens. Cela étant, cela ne se fera pas toujours facilement car beaucoup de gens préfèrent être consommateurs qu'acteurs, et certains seront indifférents à ces nouvelles possibilités qui leur seront offertes... La monarchie, n'ayant pas à penser pour eux (car elle n'est pas un régime totalitaire), leur laissera aussi cette "liberté d'indifférence", son rôle étant toujours d'assurer les libertés sans intervenir dans leur usage.

(JP Chauvin, juillet 2005)

mercredi 20 juillet 2005

Reconstruisons les Tuileries



Commencé sous Catherine de Médicis, achevé par Napoléon III, ce palais était, dans une miraculeuse continuité de Philibert de Lorme à Lefuel, en passant par du Cerceau, Le Vau, Gabriel, Soufflot, Percier, Fontaine, Visconti, le plus magnifique témoignage de notre génie architectural ?

La pétition portée par le Comité national pour la reconstruction des Tuileries, 10 place Vendôme 75001 Paris, est internationale.

Maurice Druon, l’arme de la Culture, vient d’adresser une lettre ouverte à monsieur le premier Galouzeau de Villepin, jugé plus attentif aux signes de notre glorieux passé qu’à ceux des arts premiers.

Royal Artillerie invite ses lecteurs à courir sur les liens ci-dessous qui en deux pages vous disent tout. Druon a même convoqué Otto de Habsbourg et Li Pei, c’est dire !
Le Figaro, Débats & Opinions du 15 juillet 2005
Le Figaro, Débats & Opinions du 16 juillet 2005

Pour nous l’idée est géniale ! Sauf à n’y point transférer comme le demande hypocritement notre académicien, le Quai d’Orsay qui triomphe dans ses fastes actuels et doit persister quelque temps encore dans l’emphase diplomatique avant d’être recalibré aux débours disponibles, mais pour y préparer, devinez-quoi, l’installation d’un futur roi et son conseil.
Et les petits dauphins pourront jouer dans les bassins du grand jardin à pousser des voiliers comme tous les gamins du royaume. Buckingham Palace enfoncé ! Dites-moi que je rêve.

Reconstruisons les Tuileries pour accueillir la restauration monarchique au coeur de la cité. Elle lui fera tant de bien.
Les fondations existent bien évidemment nous disent les architectes. Cela préfigure la suite.

Rebâtissons ensemble l'écrin de l'histoire de France


En attendant voici un entretien de l'an passé de Politique Magazine avec Alain Boumier
Président du Comité national pour la reconstruction des Tuileries


Pourquoi s'être lancé dans ce projet ?

Il m'a toujours coûté que de nos jours, dans l'acception courante, le mot Louvre évoque un musée et les Tuileries un jardin. Cela prouve que quelque chose ne va pas quelque part. Résultat de quatre siècles de persévérance, l'ensemble incomparable du Louvre et des Tuileries est un monument de mémoire. Napoléon III a qualifié d'œuvre nationale la réunion des Tuileries au Louvre, soulignant que l'histoire des monuments a sa philosophie comme l'histoire des faits. Siège du pouvoir central sous tous les régimes de 1789 à 1870, les Tuileries sont un fort symbole de la continuité française à l'image du pays qui pendant le même temps prit sa configuration contemporaine.

L’arasement des Tuileries a été une amputation brutale, une mutilation de l'œuvre. Aucune loi n'a décidé de supprimer les Tuileries. De même, aucune décision délibérée n'a été prise par la Commune de les incendier. Ce fut une voie de fait, due à une poignée d'éléments incontrôlés. Au Sénat, en 1882, Jules Ferry, ministre de l'éducation nationale et des beaux-arts, s'est engagé solennellement au nom du gouvernement à reconstruire les Tuileries soit à l'identique soit sous une forme plus ramassée.

De même que les pensées, par essence immatérielles, ont leur existence propre et vont leur chemin dans l'espace et dans le temps, les chefs-d'œuvre n'auraient-ils pas une présence ineffaçable ? Ne subsiste-t-il pas une rémanence de leur charge émotionnelle ? Les Tuileries manquent au Louvre, à la France et à l'Europe. Un vide de 266 m demeure entre deux longues ailes qui n’ont plus de sens. Le fait que cet espace soit depuis vingt ans dénaturé par des baraquements provisoires abritant 3.000 m2 de bureaux administratifs prouve qu'il s'agit d'un vide reconnu comme tel et ce n'est pas satisfaisant.

Aucun argument contraire raisonnable ne nous est opposé. La longue perspective sera rétablie et non entravée. Le Louvre est en fausse équerre par rapport aux Tuileries. En d'autres termes la pyramide n'est pas dans l'axe des Champs Elysées. Ce n'est pas elle qui est le vis-à-vis naturel de l'Arc de triomphe de l'Etoile, c'est le pavillon central des Tuileries ! Dès que cet ensemble unique sera redevenu une grande enceinte d'art comme l'est à sa propre échelle la Cour carrée, tout se rééquilibrera et rayonnera de sa plénitude recouvrée. L'authentique vraie perspective est celle qui prend naissance aux Tuileries, cœur de notre Histoire, pour s'élancer vers l'ouest, l'Arc de triomphe et la Grande Arche, plongeant ensuite vers l'autre rive de la Seine. Un grand symbole de la créativité française au long des siècles.

La question à surmonter est cette règle non écrite qui prévaut aux monuments historiques et qui consiste à ne pas reconstruire un monument qui a été détruit depuis longtemps. Mais pourquoi imposer uniformément une règle qui devient discutable dès qu'on veut la généraliser ? Le cas des Tuileries est exceptionnel sur les plans de l’histoire, de l’architecture et du financement.


Quelles Tuileries va-t-on reconstruire ?

C'est une question que l'on doit effectivement se poser. Les grandes étapes de l'évolution des Tuileries depuis sa création sont les développements apportés par Louis XIV, puis par Napoléon Ier, Louis-Philippe et enfin par Napoléon III. Pour réédifier un monument historique, la règle qui prévaut est de restituer le dernier état, en l'occurrence celui de la fin du Second Empire. Nous projetons donc de reconstituer, le grand escalier, le théâtre et la chapelle, la galerie des travées, le salon de la paix, le grand salon central de 600 m2 dit des maréchaux, qu'il conviendra de dédier à la France de Catherine de Médicis à Napoléon III. La moitié sud, côté Pavillon de Flore, sera mise à la disposition du Musée du Louvre, ou mieux encore, consacrée à un Musée des Tuileries, qui manque à la France, et qui pourra abriter de nombreuses expositions se rapportant aux différentes époques du palais resituées dans leur contexte européen.


Comment cela va se faire ?

Une chose est claire et c'est en un sens notre chance : il n'en coûtera rien à l'Etat (propriétaire du terrain), ni à l'Etablissement public du Musée du Louvre, ni à la Ville de Paris.

Le Comité National pour la reconstruction des Tuileries, qui en quelques semaines en est déjà à près de quatre cents signatures - et non des moindres puisque son Haut Conseil regroupe un ancien président du Sénat, un ancien président de l'assemblée nationale, cinq académiciens, plusieurs anciens ministres, deux parlementaires, deux généraux, plusieurs hauts fonctionnaires et professeurs d’universités - a pour vocation de se transformer en fondation.

Expression responsable d'une initiative citoyenne, la fondation proposera à l'Etat un bail à construction selon la loi du 16 décembre 1964 pour une durée à convenir : vingt, trente ans ou davantage. Selon ce mécanisme, l'Etat loue le terrain à la fondation qui s'engage, selon un cahier des charges, à reconstruire les Tuileries à l'identique. La fondation gère ensuite les Tuileries sans aucune charge pour l'Etat. A la fin du bail, les Tuileries sont remises gratuitement à l'Etat.

Le financement se fera par la voie du mécénat français et international et par une souscription nationale et internationale.


Pourquoi est-ce possible et pourquoi cela va se faire ?

La France a toujours trouvé en son sein les moyens de réaliser ce qu'elle voulait fortement. Le mouvement d'opinion est en marche. C’est un élan au-delà des générations, des tendances politiques et des frontières, pour un creuset où s'est cherchée et où s'est trouvée la France moderne. Traduit en anglais, en allemand, en russe, en hongrois, en espagnol et en italien, le formulaire d'inscription au Comité, sans engagement financier, commence à parcourir l'Europe et l'Amérique.

L'élan est beau et il ne manque pas de noblesse. Notre langage touche une fibre sensible dans toutes les composantes de la population française et au-delà. L’élan est exceptionnel en ce sens qu'il adhère à un projet qui plait et unit au lieu de diviser et de déranger.

Investissement porteur d'avenir, la reconstruction des Tuileries sera un événement majeur qui rendra à l'Europe l'un de ses plus prestigieux chefs-d'œuvre, un joyau du patrimoine mondial. Un projet qui porte en lui l'exception.

Il n'y a qu'une France malgré les changements de régime. Et aucun régime n'est propriétaire de la France, ni de son patrimoine, notre dépôt à tous, sacré et indivis.


A.B. Juillet 2004


vendredi 15 juillet 2005

Le sourcil froncé du prince

Sur le forum de la Restauration Nationale, Lux a publié aujourd'hui cette lettre reçue de l'Institut de la Maison Royale de France. Nous avons requis l'autorisation de publier, bien que la disposition d'ouverture du courrier soit inscrite in fine.







A l'attention de Louis-Marie de B...

Cher Monsieur,

Vous remercier sans tarder de votre courrier du 30 juin.
Vos réflexions portent sur un point essentiel. Avant de tenter de vous répondre je voudrais vous préciser que l’IMRF, à savoir l’Institut de la Maison Royale de France, n’est pas un mouvement et ne saurait l’être. En effet, il s’agit d’une association dont Monseigneur le Comte de Paris est le président. De même, le chef de la Maison de France ne peut être chef de parti. La question que je me pose tout autant que vous est en fait simple:
Tous les mouvements royalistes ou les “chapelles” existantes sont-ils une chance témoignant de notre vitalité ou un handicap montrant de manière éclatante notre incapacité à nous unir?

Je me dois de vous préciser que je milite depuis l’âge de 17 ans au sein des mouvements royalistes et que rendu dans ma 54 ème année, je m’étonne encore de mon attachement militant à notre cause... J’ai donc connu l’Action Française des années post “soixantehuitardes” et la Nouvelle Action Française qui a suivi. J’ai fait parti des deux mouvements... Mon propos n’est pas de vous énumérer les richesses de toutes ces années ainsi que les déceptions... Mais d’esquisser un avenir possible, parce que vous faîtes parti de la relève, tout comme nombre de nos amis communs tels que ... (censuré par discrétion par RA) .

Quel est le paysage du royalisme français aujourd’hui?
Il me semble qu’il subsiste un royalisme de sentiment qui échappe aux divers mouvements et nous essaierons de le définir une autre fois...

Les Mouvements: Ils sont 4.
Par ordre chronologique, citons l’Action Française ( Pierre Pujo) de la rue Croix des Petits-Champs... Puis la Nouvelle Action Royaliste succédant à la Nouvelle Action Française ( Bertrand Renouvin), et la Restauration Nationale ( H de Crémiers)... Enfin l’ Alliance Royale de Y-M. Adeline, dernier venu.
Précisons que les 3 premiers sont issus de l’école de pensée de Charles Maurras et sont en fait des scissions ou des divorces d’avec la “maison Mère” du royalisme français. Ces trois mouvements témoignent à des degrés divers d’une même fidélité à la Maison de France, à savoir les Orléans.
L’Alliance Royale par contre ne se prononce pas...

Nous constatons que malgré un “tronc” commun et une même fidélité à la même maison, les trois mouvements issus de l’A.F. sont incapables de s’entendre sur quoi que ce soit... Il n’y a que de constater les divisions lors de temps forts qui devraient nous permettre de tous nous retrouver: 21 janvier, Fête de Jeanne d’Arc, ou plus ponctuellement la campagne contre le référendum de mai 2005.
Alors que tous les mouvements royalistes se sont prononcés pour le Non, avez-vous vu une seule réunion commune ?
L’esprit de chapelle prévaut sur toute autre considération... Le moteur principal de cette incapacité à s’unir tourne à plein régime alimenté par les “ego” et bien pire parfois. Cet esprit de chapelle quand ce n’est pas un esprit de “secte” entrave toute tentative d’unité même ponctuelle. Ainsi même la qualité du “Prince” est fragilisé par cet esprit sectaire qui est le seul à avoir progressé ces dernières années.

Quand vous écrivez le Prince, de quel prince s’agit-il ?
La Maison de France a un chef, issu de la primogéniture bien de chez nous... Il s’agit donc de Henri comte de Paris... Et après Lui, Jean duc de Vendôme poursuivra, en place de son frère François comte de Clermont, empêché par son handicap... Les choses sont simples. Alors pourquoi sont-elles troublées par les attitudes de certains.
Le premier voeu de tout royaliste devrait-être que l’union règne au sein de la Maison de France, cela faciliterait peut-être, l’union des royalistes. Or ce n’est pas le cas. Pour preuve, un magazine royaliste, de qualité, a pris pour ligne de ne citer, autant que pouvait ce faire, que les déplacements ou propos de Jean duc de Vendôme, et ce même au plus fort de la campagne pour le référendum... Je ne pense pas que cette attitude soit louable et je la regrette. Elle dessert au nom d’intérêts personnels celui qu’elle prétend servir.
L’unité “minimale nécessaire” ne peut se faire qu’autour du Prince, dans un premier temps. Il conviendrait de nous rappeler pourquoi nous sommes royalistes. Pour ma part, au delà d’un héritage familial, je suis royaliste par amour pour mon pays. C’est de cet amour que découle mes convictions et mes choix “politiques”.

A quoi, les mouvements royalistes passent-ils leur temps? A servir la cause qui les unit ? Non! Ils passent leur temps à défendre leurs différences, et les responsables de ces mouvements à faire valoir leur légitimité ou la justesse de leur ligne politique... L’esprit partisan règne en maître au sein même des chapelles royalistes. Partagez avec moi que c’est un comble!

Des efforts ont été faits ou sont faits pourtant. Je prendrai pour exemple l’engagement de Pierre Pujo (AF 2000) dans le combat souverainiste au côté de nombreux mouvements non royalistes, mais aussi la qualité des Mercredis de la NAR lors desquels Bertrand Renouvin reçoit et débat avec des intervenants de qualité, mais issus principalement de la “gauche”...
Mais les royalistes entre eux... Surtout pas!
J’ai pu en faire l’expérience il y a peu lors de mon déplacement aux Baux. Pour ne pas m’étendre trop, je partagerais bien volontiers un objectif simple avec toutes les bonnes volontés: Travaillons de concert.
Dans ce dessein, il serait naturel que les “cadres” ou les représentants des mouvements actuels se rencontrent régulièrement, définissent un minima commun... Et à ce jour ce minima n’a toujours pas été possible. Il me semble pourtant urgent à définir, pas tant pour la génération des anciens à laquelle j’appartiens maintenant que pour vous, la génération des jeunes...
C’est autour d’un travail commun, d’actions communes que se forgent les amitiés solides et ces amitiés contribuent fortement au succès!

Mes propos ne sont pas “secrets” et je vous laisse le soin d’en disposer en toute confiance.
Bien amicalement, avec mon bon souvenir à ... (censuré par discrétion par RA) .


Marc VandeSande
Secrétaire général de l’I.M.R.F.






Seigneur, que ma joie demeure ! Le secrétaire de l'Institut, loin des componctions ou paresses qu'à tort on soupçonnait, appelle un chat un chat, mais pas encore le chapelain un factieux. Il est dommage que la passe s'arrête au premier sang, j'aurai voulu qu'il pousse la garde jusqu'à clouer au mur, quitte à essuyer la lame d'un mouchoir de Cholet avant de la retirer pour prévenir l'infection.

Cette lettre et son offre de "concert" doivent être lues comme une mise en demeure du château, qui semble-t'il en a soupé des cryptes aux chandelles où bien des vanités se brassent sans l'émouvoir aucunement, mais sans doute aucun, l'agacent. Si le prince n'a point parlé par son oracle, nous l'avons néanmoins entendu. Enfin !

(les alinea sont de la rédaction)

mardi 5 juillet 2005

Premier Tract sur la Treizième

Voici le texte du premier tract que les royalistes vont distribuer sur la circonscription ce mois-ci :


A la rentrée prochaine a lieu une élection législative partielle à laquelle les électeurs de la 13ème circonscription des Hauts de Seine sont conviés.
M. Patrick Devedjian est candidat. Mais il y aura aussi, face à lui , un candidat royaliste , Jean-Philippe Chauvin , professeur d’histoire de l’enseignement public.

Face à la crise des institutions , ne faut-il pas imaginer autre chose que ce qui existe ?
Aujourd’hui , avec le quinquennat , la France semble en campagne électorale permanente : tous les débats politiques , économiques et sociaux , sont pollués par l’échéance présidentielle et les jeux d’intérêts politiciens. Un ministre en exercice annonce même qu’il n’ira pas jusqu’au bout de la législature pour pouvoir se présenter à la présidentielle…
Où est alors l’intérêt de l’Etat quand il est l’objet de toutes les convoitises ?
Ainsi , pour mettre un terme à ce spectacle étrange que la République française donne au monde entier , nous pensons qu’il faut à nouveau inscrire l’Etat dans la durée , réintroduire la pensée à long terme dans l’action politique.
Le long terme en politique nécessite la continuité , mais une continuité qui se doit d’être dynamique pour épanouir ses qualités.

Quel Etat peut disposer de la continuité ? Une sixième République parlementaire où l’Etat serait impuissant ? Non , il faut regarder ailleurs !
C’est pourquoi nous proposons la Monarchie , héréditaire et successible , où l’Etat n’est pas le jouet des politiciens ; où l’Etat doit servir avant tout les intérêts du pays qu’il dirige ; où l’Etat doit rendre aux citoyens leurs pouvoirs concrets de parole et d’action dans leurs cadres sociaux (communes , régions , professions ).

Nous ne sommes pas des nostalgiques , nous voulons simplement penser la politique autrement.
Nous voulons mettre l’imagination au pouvoir en instaurant une Monarchie adaptée à notre temps et aux défis de la globalisation.


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