mercredi 30 mai 2007

Lignières du Berry

château de Lignieres

En préparation au CMRDS 2007 découvrons le château de Lignières.
Le nom de Lignières vient des lineries, fabrication locale d'antan. On y honore aussi l'âne, le "grand noir du Berry" lors de la Foire aux ânes créée dans les années 1980, à l'origine pour sauver la race berrichonne. Si la ville n'a pas de casino, elle dispose depuis 1879 d'un hippodrome, créé alors par la famille de Bourbon-Parme. Il y aura course hippique le 12 août au nouvel hippodrome départemental (trot ou galop, je ne sais). Il est bon de savoir qu'à Lignières se pratiquent aussi l'aïkido et le taekwondo, au cas où vous feriez des rencontres.

La ville possède une riche histoire, par l'importance de sa place forte à double muraille. Jeanne de France, fille de Louis XI, fut élevée au château de Lignières. Les guerres de religion verront l'armée protestante saccager la ville (vers 1569). Le château fort fut démoli par M. de Nouveau qui érigea le château actuel sur ses fondations ; il fut la propriété de la princess Palatine, puis de Colbert qui mourut le lendemain de l'acte, de Jean-Baptiste Colbert, son fils, et le château passa par héritage à la famille de Bourbon-Busset qui furent comtes de Lignières, puis par mariage à la maison de Bourbon-Parme, puissance invitante chaque année.

Notice des Monuments Historiques
Lieu-dit : Le Bourg
Epoque de construction : 1654 - 1660
Auteur(s) : François Le Vau (architecte) ; Michel Roy (maître maçon) ; Larivière (maître fontainier) ; Gabriel Thévenon (jardinier) ; Jérôme Drouard (maître fontainier) ; Robert Geoffroy (architecte) ; René Boissonnet (maître d'oeuvre)
Historique : Ce château fut construit à partir de 1654 par François Le Vau pour Jérôme de Nouveau, grand maître des Postes et Relais de France et financier parisien, sur les bases d'un château féodal abattu en 1653. Le corps de logis fut édifié de 1654 à 1656. La galerie fut alors construite, puis, en 1660, celle des deux pavillons qui cantonnent la terrasse d'entrée sur la cour. Les douves furent construites à la place des fossés par Larivière.
Les plans des jardins furent établis par Le Nôtre mais non réalisés. Les jardins furent conçus par le maître jardinier parisien Gabriel Thévenon ; les canaux sont de Jérôme Drouard, gendre de Larivière et maître fontainier de Paris.
Les travaux furent conduits par Robert Geoffroy, architecte, décédé en 1660, puis par l' entrepreneur René Boissonnet qui, en 1665, travaillait encore aux basses-cours.
Date protection : château, ses dépendances, cour d'honneur, douves, bâtiments des communs et petit parc : classement par arrêté du 27 juin 1935.


Des âmes illustres qui vécurent ou passèrent à Lignières, Henri IV, le duc de Clermont Tonnerre, le duc de Maillé, la Grande Duchesse de Luxembourg et son époux le prince Félix, la dernière impératrice d'Autriche, Zita de Hongrie, la reine Juliana des Pays-Bas et le comte Bernhard zur Lippe Biesterfeld, nous retiendrons aujourd'hui Catherine d'Amboise (1482-1550) dont les mânes hantent encore les pierres du lieu.

Enfant posthume de Charles Ier d'Amboise et de Catherine de Chauvigny, la plus importante famille de Touraine, Catherine d'Amboise est mariée très jeune à Christophe de Tournon, chambellan de Charles VIII, dont elle a un enfant qui ne survit pas. Elle est veuve à 17 ans et se remarie en 1501 avec Philibert de Beaujeu, seigneur de Lignières, qui meurt à son tour en 1541. À plus de soixante ans, elle contracte un troisième mariage avec Louis de Clèves, comte d'Auxerre, qui la laisse à nouveau veuve en 1545. Décidément ! La mort de son frère, Charles Chaumont d'Amboise, en 1511, puis celle de son neveu, Georges II d'Amboise, à Pavie en 1525, la font héritière de la seigneurie de Chaumont et également d'une partie de la bibliothèque du grand prélat humaniste Georges d'Amboise. Elle prend alors sous sa protection le bâtard de Chaumont d'Amboise, Michel d'Amboise, poète qui lui dédiera La Penthaire de l'Esclave fortuné (1530).

Catherine d'Amboise laisse des oeuvres manuscrites attestant le rôle culturel des dames de l'aristocratie à l'aube de la Renaissance. C'est en Berry, dans le château de Lignières, qu'elle compose des traités didactiques et des poésies religieuses. Les deuils qui l'ont accablée très jeune, et la destinée d'une famille placée au sommet du royaume, sont à l'origine de son premier ouvrage, Le Livre des prudens et imprudens des siecles passés. C'est un long traité en prose rassemblant les destins de ceux qui, depuis Adam jusqu'à Charlemagne, illustrent les conséquences du vice et le pouvoir de Prudence. Pour chacun des douze livres, ont été retenues six histoires, tirées de l'Ancien Testament, de Boccace, de Vincent de Beauvais, de La Mer des Histoires d'Orose ou des Histoires romaines. Catherine ne masque pas ses dettes à l'égard d'une littérature riche en exemples, mais également à l'égard des Chroniques qui fondent l'idéal de l'aristocratie. Le recueil, tout en proposant un miroir de vertus, dans la tradition des grandes compilations didactiques, fait écho à cet humanisme aristocratique dont le cardinal d'Amboise fut un des plus illustres représentants. Voisinent alors avec les grandes figures de l'histoire profane et sacrée, Cicéron, Virgile et Boèce qui a «repandu les sciences en traduisant Aristote».

Le déclin de la maison d'Amboise après le décès du cardinal en 1510, puis de Charles Chaumont d'Amboise et de son fils Georges, accentue la prédilection de Catherine pour Boèce. Dans La Complaincte de la Dame pasmée contre Fortune, allégorie en prose, l'auteur qui ici reste anonyme, apparaît à la fois comme narrateur et acteur : terrassée par de nouveaux malheurs, elle reçoit la visite de Raison qui l'engage à méditer sur les misères de ce monde, pour finalement trouver le chemin du «parc d'Amour divin» où réside Dame Patience.

La réflexion sur l'inconstance de la Fortune, inspirée par Sénèque et par le livre De la consolation de Boèce, devient méditation religieuse qui permet finalement de détrôner celle dont les «idolâtres» ont fait une déesse. Cette pérégrination mystique, qui s'achève sur une vision du Christ en croix, annonce la dernière oeuvre connue de Catherine d'Amboise : Les Devotes Epistres. Dans ces poésies écrites de son château de Lignières, la littérature pénitentielle n'efface pas la culture antique : pour louer la Vierge, Catherine invoque les anges, mais aussi Judith, Ester et Rachel, les Muses, Amphion, Orphée et Apollon.

Catherine d'Amboise est absente de l'histoire littéraire. Ce n'est que tout récemment que l'intérêt s'est porté sur son oeuvre. Profitons-en dès fois qu'elle passe à Lignières un soir d'orage en août.

Chant royal de la plus belle qui jamais fut au monde

Anges, Trônes et Dominations,
Principaultés, Archanges, Chérubins,
Inclinez-vous aux basses régions
Avec Vertus, Potestés, Seraphins,
Transvolitez des haults cieux cristalins
Pour decorer la triumphante entrée
Et la très digne naissance adorée,
Le saint concept par mysteres tres haults
De celle Vierge, ou toute grace abonde,
Decretee par dits imperiaulx
La plus belle qui jamais fut au monde.

Faites sermons et predications,
Carmes devots, Cordeliers, Augustins ;
Du saint concept portez relations,
Caldeyens, Hebrieux et Latins ;
Roumains, chantez sur les monts palatins
Que Jouachim Saincte Anne a rencontree,
Et que par eulx nous est administree
Ceste Vierge sans amours conjugaulx
Que Dieu crea de plaisance feconde,
Sans poinct sentir vices originaulx,
La plus belle qui jamais fut au monde.

Ses honnestes belles receptions
D'ame et de corps aux beaux lieux intestins
Ont transcendé toutes conceptions
Personnelles, par mysteres divins.
Car pour nourrir Jhésus de ses doulx seins
Dieu l'a toujours sans maculle monstree,
La desclarant par droit et loi oultree :
Toute belle pour le tout beau des beaux,
Toute clère, necte, pudique et monde,
Toute pure par dessus tous vesseaulx,
La plus belle qui jamais fut au monde.

Muses, venez en jubilations
Et transmigrez vos ruisseaulx cristalins,
Viens, Aurora, par lucidations,
En precursant les beaux jours matutins ;
Viens, Orpheus, sonner harpe et clarins,
Viens, Amphion, de la belle contree,
Viens, Musique, plaisamment acoustrée,
Viens, Royne Hester, parée de joyaulx,
Venez, Judith, Rachel et Florimonde,
Accompagnez par honneurs spéciaulx
La plus belle qui jamais fut au monde.

Tres doulx zephirs, par sibilations
Semez partout roses et roumarins,
Nimphes, lessez vos inundations,
Lieux stigieulx et carybdes marins ;
Sonnez des cors, violes, tabourins ;
Que ma maistresse, la Vierge honnoree
Soit de chacun en tous lieux decoree
Viens, Apolo, jouer des chalumeaux,
Sonne, Panna, si hault que tout redonde,
Collaudez tous en termes generaulx
La plus belle qui jamais fut au monde.

Esprits devotz, fidelles et loyaulx,
En paradis beaux manoirs et chasteaux,
Au plaisir Dieu, la Vierge pour nous fonde
Ou la verrez en ses palais royaulx,
La plus belle qui jamais fut au monde.

(Lignières, un jour de l'an de grâce 1541)

feu d'artifices au château
CMRDS 2007 du 17 au 26 août, s'inscrire dès aujourd'hui via l'A.F.E., Action Française Etudiante.

samedi 26 mai 2007

Les 10 meilleures affiches +1

Cercle Charles Maurras
AFE blog
CErcle Jacques bainville
affiche anti-partis
matrice républicaine
sticker AF Paris
AFE
AF Lyon
Cercle Jacques Bainville
tract électronique AFE
MRAF de Bretagne

Jean Foyer aux Lys de France

blason Lys de France
Réservez votre soirée du jeudi 14 juin pour écouter Jean Foyer et Pierre Cosme à la conférence de Lys de France. Si l'on ne présente plus l'ancien garde des Sceaux, membre de l'Institut, il faut peut-être dire un mot du second qui va accéder à une notoriété plus large grâce à ses ouvrages passionnants sur l'Empire romain.

Pierre Cosme est normalien, ancien élève de l'Ecole française de Rome, professeur à l'université Panthéon-Sorbonne. Il nous a livré déjà trois livres :
- L'Etat romain entre éclatement et continuité, de la mort de Commode au concile de Nicée (192-325) (Seli Arslam 1998),
- L'armée romaine de Servius Tullius à Théodose
- Auguste (Perrin 2005).

Piètre militaire, il étend l'Empire romain aux limites du monde connu. Valétudinaire, il vit 77 ans. Soucieux de garantir la république, il devient empereur. Le destin d'Auguste, né Octave, est pavé de paradoxes. Et d'idées reçues : l'emporter face à Lépide et à Marc-Antoine fut plus difficile qu'on ne le dit, organiser le clan familial lui demanda plus d'efforts qu'on le ne croit et l'âge d'or du «siècle d'Auguste» demeura rongé de fléaux. La biographie limpide que lui consacre Pierre Cosme remet les choses en place dans la vie du fils adoptif de Jules César... (C. Barbier, l'Express)

C'est d'un autre sujet que va nous entretenir le professeur Cosme le jeudi 18 juin, savoir ...
« Les transformations de l’état romain de Marc Aurèle à Constantin ».
Ce thème a fait l'objet d'une publication collective aux PUPS (Paris 2006) sous le titre La crise de l’empire romain de Marc-Aurèle à Constantin. Mutations, continuités, ruptures .

On ne présente plus Jean Foyer mais quand même.

Jean FoyerLe thème de son exposé « La législation royale et le droit canonique » est parfaitement central dans ses convictions. Légitimiste actif, il fut l'avocat du jeune prince Louis de Bourbon lors d'un procès en usurpation de titre et armes qui défraya la chronique du Landerneau royaliste, il est aussi proche du saint siège et membre de l'académie pontificale Pro Vita. Le 11 février dernier, il remettait à Benoît XVI une médaille à son effigie évoquant son élection en 1992 au fauteuil d'Andreï Sakharov à l’Académie des Sciences morales et politiques de Paris. La médaille porte l'inscription « Servare unitatem Spiritus in vinculo pacis »
(Conservez l’unité de l’esprit par ce bien qui est la paix).

Dans son remerciement le saint Père rappela à tous son inquiétude sur les dérives sociales prétendument modernes :
« Il importe que l’homme ne se laisse pas entraver par des chaînes extérieures, telles que le relativisme, la recherche du pouvoir et du profit à tout prix, la drogue, des relations affectives désordonnées, la confusion au niveau du mariage, la non-reconnaissance de l’être humain dans toutes les étapes de son existence, de sa conception à sa fin naturelle, laissant penser qu’il y a des périodes où l’être humain n’existerait pas vraiment. Nous devons avoir le courage de rappeler à nos contemporains ce qu’est l’homme et ce qu’est l’humanité. J’invite les Autorités civiles et les personnes qui ont une fonction dans la transmission des valeurs à avoir toujours ce courage de la vérité sur l’homme ».

Rendez-vous donc ...
jeudi 14 juin à 19 h 45 précises
chez les "Soeurs de l'Enfant-Jésus du Mans"
(Salle au sous-sol)
3, rue Antoine Bourdelle, Paris XVe
M° : Montparnasse (Sortie N°2 – Pl. Bienvenüe) / Duroc
Participation : 6 € (Adhérent : 4 €)

La conférence sera suivie d'une vente-dédicace autour d’un verre de l'amitié. Une question ? nicolas.chotard@wanadoo.fr

Mais ne rangez pas votre drapeau blanc si vite.

blason Lys de France
Le dimanche 24 juin vous parcourrez la 2è édition de la Route royale en Pays de France.

Au programme :

abbaye de Chaalis10 h 30 : Messe traditionnelle célébrée dans l’abbaye royale de Chaalis
12 h 00 : Repas tiré du sac (un kir royal sera offert)
13 h 30 : Visite du musée Jacquemart-André et de la chapelle Sainte-Marie
16 h 00 : Visite guidée de la chapelle royale Saint-Frambourg (Senlis), et de son premier reliquaire capétien.
18 h 00 : Hommage à sainte Jeanne d'Arc au village de Montépilloy où elle passa la nuit du 15 au 16 août 1429
Rafraîchissement et dislocation.

Participation : 20 € (Adhérent : 18 €) mais gratuit pour les moins de 16 ans

blason Lys de France
Sans attendre chaussez vos Caterpillar, le pélé de Pentecôte vous appelle :
25e Pèlerinage de Pentecôte entre Notre-Dame de Paris et Notre-Dame de Chartres les 26-27 et 28 mai 2007.

Contactez aujourd'hui www.nd-chretiente.com.

Notre-Dame de Chrétienté
49 avenue de Paris
78000 Versailles
tél: 01 39 07 27 00
Courriel: information@nd-chretiente.com


l'abbé StockLes Marcheurs de Dieu méditeront sur la conversion par l'aumônier allemand Franz Stock d'Honoré d'Estienne d'Orves détenu au camp du Coudray, près de Chartres.
L'exemple du jeune officier français soutiendra son apostolat durant toute la guerre. "Je reste fidèle, écrit-il dans une lettre du 9 octobre 1945, à ceux dont j'étais pendant quatre ans l'aumônier ; je leur avais promis de prier pour eux et ils sont toujours près de moi de grands saints et martyrs de notre civilisation désaxée. Et si je veux une grâce spéciale, un éclaircissement spirituel ou une grâce efficace, je m'adresse à ceux qui savaient mourir, qui sont allés directement à Dieu, après tant de souffrances et une belle préparation intérieure, et que j'ai pu accompagner sur leur dernier chemin ; je m'adresse à eux et je suis convaincu que leur prière sera exaucée."

N'oubliez pas la poudre pour les pieds. Amen.

vendredi 25 mai 2007

La déesse Nation

lis du garde suisseSur le blogue de l'Action Française Etudiante, qui monte en qualité si régulièrement que tous les autres blogues roycos pourront passer à la livraison de poèmes - ce qui ne me déplairaît pas -, Doumenge Mistral vient de nous asséner un pavé sur le nationalisme, qui se lit sans effort tant il coule facilement. Vous pouvez cliquer ICI.

Chacun sait parmi le distingué lectorat qui se presse sur Royal-Artillerie, que je ne suis pas le thuriféraire du nationalisme pour la même raison que je ne soutiens pas la démocratie. L'un comme l'autre verse naturellement et inexorablement dans une perversion spécifique, la démagogie, dévorante de toutes valeurs y compris pécuniaires pour la démocratie, et pour le premier, l'agressivité la plus offensive, la plus aveugle, dès lors qu'un nationalisme extérieur cherche à affronter le nôtre. Pour mémoriser cela je dirais que le nationalisme "pur" est mort à Verdun ! Et la nation ne fut pas loin de le suivre !

L'auteur du billet AFE interpelle ma conscience maurrassienne quand il refuse la déification de la nation. Ecoutons Doumenge :

« Maurras écrivait dans Mes Idées Politiques : "Nous ne faisons pas de la nation un Dieu, un absolu métaphysique, mais tout au plus, en quelque sorte, ce que les anciens eussent nommé une déesse." L’appellation de déesse pourrait sembler choquante. Maurras pouvait se permettre plus facilement d’écrire cela que lui-même ne fut pas, avant sa mort, catholique. Sans doute eut-il plus modéré son verbe s’il l’avait été, car jamais il n’a souhaité déifier la nation : "Nous ne faisons pas de la nation un Dieu, un absolu métaphysique […] la nation occupe le sommet de la hiérarchie des idées politiques. De ces fortes réalités, c’est la plus forte, voilà tout."

La nation n’est pas un horizon indépassable pour le nationalisme, elle est simplement au "sommet de la hiérarchie des idées politiques", cela signifie que rien de politique ne peut avoir lieu au-delà de la nation, celle-ci demeure la limite humainement atteignable lors de la conduite d’une politique réaliste.

Cette conception ne nie pas les politiques de coopération internationales, mais, ainsi que leur nom l’indique, ces dernières sont "inter-nationales" elles ne peuvent avoir lieu que dans le cadre de la rencontre d’intérêts précis entre plusieurs nations. Enfin, le nationalisme n’entend pas fixer la nation en absolu : la nation n’est que la limite matérielle de l’action politique, mais elle-même s’inscrit dans une ordre plus large dont l’échelon supérieur est civilisationnel (l’Europe par exemple) ou encore métaphysique (la Chrétienté.)

Dès lors, toutes les idéologies qui ont entendu déifier la nation, la fixer comme point d’aboutissement ontologique de l’Homme lui-même, ne relèvent pas du nationalisme français. L’idéologie révolutionnaire dite française ou l’idéologie fasciste italienne, par exemple, ne s’inscrivent pas dans le courant du nationalisme maurrassien, ce dernier ne faisant qu’inscrire la nation au sommet de valeurs politiques et ne lui donnant, ainsi, aucune légitimité pour s’immiscer dans un domaine autre que la politique, c’est-à-dire la vie de la Cité : la nation n’est, par exemple, pas une notion spirituelle, même si le devoir du chrétien est de la servir. » (fin de l'extrait AFE)

Et c'est trop bien dit pour ne pas s'étonner que le nationalisme qui est l'exaltation de la Nation, ne sache pas se cantonner dans le Politique et déborde si largement à la fois sur la physique sociale jusqu'à la mysticisation du heimat. La dernière campagne électorale nous l'a montré, moins quand même que les commentaires et encouragements qu'elle a suscité parmi certaines élites qui ont pu débonder enfin le tonneau de leurs aigreurs chauvines et cachées. Mais ceci est subalterne.

Quand Maurras nous parle de la déesse Nation, il ne conteste pas l'ordre établi par la religion catholique. Il veut simplement transcender le concept affirmé par la Révolution au point de le détacher de sa gangue terrestre pour lui offrir une vie propre, accessoirement dotée des attributs rares de l'éternité. Bien sûr comment s'empêcher de penser à la Fête de la Fédération de 1790 présidée par la déesse Nation plus que par le roi, qui lui prêtera serment ainsi qu'à la Loi, déifiant cette trinité exotique pour l'époque et qu'on retrouvera sur toutes les monnaies, dans cet ordre : la Nation * la Loi * le Roi.
deniers Louis 16De la part de Maurras, "déesse" c'est un clin d'oeil, un trait d'autodérision. Mais vraisemblablement aussi le regret discret que cela ne soit jamais possible. Sa "nation" n'est peut-être pas aussi "sécularisée" qu'on le prétend et plus proche du nationalisme perverti qu'on ne le voudrait pour apparaître politiquement correct, mais sans le rejoindre quand même, heureusement ! Peut-être son retrait forcé des champs de bataille de la Grande Guerre lui évita-t-il ce piétinement de l'être par la nation que subirent les poilus, et qui, le laissant sur l'Aventin de son postulat du nationalisme intégral, le priva de sentir le pouls réel de la patrie qui avait sacrément dérouillé.

Si Maurras n'est pas "populaire" aujourd'hui on le doit à la "divine surprise" et à ce procès inique de collaboration. Le remettre en scène dans le courant central des idées populaires ne doit pas commencer par le nationalisme, ni même par son oeuvre politique, considérable et difficile. L'accès à Maurras c'est la philosophie et la métaphysique.

Maurras était pétri de divin, mais pas comme on l'entend aujourd'hui. Manichéen augustinien et agnostique à la fois, il était fasciné par le panthéon grec et son interaction avec le genre mortel : désordre métaphysique qui le poursuivra jusqu'au bout de son inquiétude et qui ne le prédisposait pas à cette inlassable quête de l'Unité. La Nation-déesse entrevue un instant, n'aurait pas déparé son riche désordre intime.

Incroyant le plus longtemps possible, il allait jusqu'à taquiner Gustave Thibon lors du repli de l'Action française à Lyon sous l'Occupation : "N'est-ce pas plus doux de croire aux dieux sans nombre de la mythologie, depuis Apollon, père des arts, ou Vénus, mère de l'amour, jusqu'aux petits lares qui protègent nos foyers. Un Dieu unique ? Quelle centralisation !"
Mais il faut être fils de Provence ou Languedoc pour résonner à cela.

Il faut commencer Charles Maurras par le Chemin de Paradis et par sa grécité, Anthinea, etc. C'est une torche puissante qui éclaire ensuite les arcanes de sa pensée politique et surtout permet de découvrir en chemin le diamant étincelant et glacé de sa poésie. Et nous finirons là-dessus en citant l'Ode Historique évoquant la bataille de la Marne :

La Montagne de la Victoire
Donne son souffle à nos drapeaux,
A sa voix deux mille ans d’histoire
Sortent en criant des tombeaux,
Comme un soleil sur la nuée
Toute la Gaule s’est ruée :
Mère des lois, mère des arts,
Notre Pallas est sœur d’Hercule,
Au double assaut déjà recule
Un germanique et faux César.

Toi, plus basse que les terres
D’où sont vomis tes combattants,
dans ta paix et dans ta guerre
Singe inutile des Titans,
Race allemande qu’enfle et grise
L’impunité de la traîtrise
Et l’ignorance de l’honneur,
Aucun reproche ne te presse
Comme le manque de sagesse
Qui de tout temps souilla ton cœur.

Tu ne sais pas la loi des mondes
Qui pour renaître fait mourir
En des épreuves si fécondes
Que le plus lâche y veut courir :
Pour égaler sa haute somme
L’être de l’âme se consomme,
De tous ses maux naît quelque bien,
Seule une race abandonnée
Des justes dieux est condamnée
Au crime qui ne sert à rien.

Le long de tes annales sombres
Hurle la flamme, pleut le sang
Et ton marteau dans les décombres
Frappe des coups retentissants,
Ce qui te plaît, ce qui t’importe
Est le charnier des villes mortes,
Ta seule gloire est de nourrir,
Qui te flétrisse d’âge en âge,
L’unique faim d’anéantir.

jeudi 24 mai 2007

Trois bouquins plus un

Petit article bibliophilique sur des ouvrages que j'ai croisés et qui au moment me paraissent "indispensables". Commentaires de lecteurs appréciés ainsi que le signalement de certains livres peu communs qui vous ont plu.

L'OURS (Pastoureau)
De Berne à Berlin jusqu'à la baronnie d'Hierle, notre "laboratoire médiéval", l'ours est l'emblème de la force régalienne sur un territoire dédié. Un ouvrage s'attache à décortiquer cette "humanisation" d'un animal quasiment mythique, au point de soulever des passions extrêmes quand il s'agit de lui rendre son bien, dans les Pyrénées spécialement !

Ce qu'en dit la Librairie Histoire:

couverture de l'oursLongtemps en Europe le roi des animaux ne fut pas le lion mais l'ours, admiré, vénéré, pensé comme un parent ou un ancêtre de l'homme. Les cultes dont il a fait l'objet plusieurs dizaines de millénaires avant notre ère ont laissé des traces dans l'imaginaire et les mythologies jusqu'au cœur du Moyen Âge chrétien. De bonne heure l'Église chercha à les éradiquer. Prélats et théologiens étaient effrayés par la force brutale du fauve, par la fascination qu'il exerçait sur les rois et les chasseurs et surtout par une croyance, largement répandue, selon laquelle l'ours mâle était sexuellement attiré par les jeunes femmes. Il les enlevait et les violait. De ces unions naissaient des êtres mi-hommes mi-ours, tous guerriers invincibles, fondateurs de dynasties ou ancêtres totémiques.

Michel Pastoureau retrace les différents aspects de cette lutte de l'Église contre l'ours pendant près d'un millénaire : massacres de grande ampleur, diabolisation systématique, transformation du fauve redoutable en une bête de cirque, promotion du lion sur le trône animal. Mais l'auteur ne s'arrête pas à la fin du Moyen Âge. Inscrivant l'histoire culturelle de l'ours dans la longue durée, il tente de cerner ce qui, jusqu'à nos jours, a survécu de son ancienne dignité royale.

Le livre se termine ainsi par l'étonnante histoire de l'ours en peluche, dernier écho d'une relation passionnelle venue du fond des âges : de même que l'homme du Paléolithique partageait parfois ses peurs et ses cavernes avec l'ours, de même l'enfant du XXIe siècle partage encore ses frayeurs et son lit avec un ourson, son double, son ange gardien, peut-être son premier dieu.

23€, 419 p., le Seuil 2007


LA CRISE DU MONDE MODERNE (Guénon)
La confusion qui dérègle les esprits en Occident avait été traitée en son temps par l'orientaliste érudit René Guénon. La collection Folio n'est pas chère et c'est le moment de se replonger dans cet opuscule paru en 1994.

Ce qu'en dit le site René Guénon:

couverture de La CriseCet ouvrage est le plus important de tous ceux qui traitent de la crise de l'homme moderne.
L'auteur montre les causes profondes, qui ont amené le monde moderne dans les difficultés de toutes sortes dont il est incapable de sortir : individualisme intellectuel, matérialisme, subordination de la connaissance à l'action, suprématie du temporel sur le spirituel.

S'il dénonce le mal, René Guénon montre aussi la remède : avant toutes choses, il faut provoquer un redressement intellectuel qui aura ensuite sa répercussion dans tous les domaines de l'activité humaine. Ce redressement ne peut être obtenu que par un retour à l?esprit traditionnel qui, jusqu'aux temps modernes,a constitué la base et l'armature de toutes les civilisations.
Il est urgent qu'une «élite» véritable se reconstitue en Occident pour travailler à ce « Grand OEuvre » ; ce livre permet d'entrevoir comment on pourrait y parvenir.

6,60€, 208 p., Gallimard, collection Folio (250)

L'ESPRIT DE LA LETTRE (Thora van Male)
ou la vie secrète de l'alphabet

Ce qu'en dit l'éditeur:

couverture de l'espritL’alphabet exerce une fascination impérissable sur notre monde, et les jeux à base de lettres y foisonnent. "L’Esprit de la lettre" constitue un voyage à travers ce que Thora van Male appelle « la vie secrète » des lettres, et dévoile de multiples informations sur chacune de ces entités alphabétiques. En vingt-six chapitres, vous ferez connaissance avec les facéties, les aventures, mais aussi les zones d’ombre de chaque lettre. Par exemple : que signifiait le code « G » chez les notaires ? (J’ai : je prends pour moi) ; ou quelle est la lettre la plus jeune de l’alphabet français ? W : à peine 130 ans.

À la fin de chaque chapitre, un alphabet particulier
– poétique, prononcé, européen, corporel…
– ponctue cette découverte érudite et ludique de ces signes que nous pensions si familiers.

15€, 144 p., Editions Alternatives 2007, en librairie le 14 juin


Pour terminer un livre passionnant, rescapé d'un vide-grenier.

TRISTAN ET ISEUT renouvelé par Joseph Bédier (1864-1938)
(285 p. broché, Piazza éditeurs, Paris 1900)

Tristan et YseutMédiéviste d'excellence, l'auteur prit le parti de la langue courante pour restituer à l'oreille de l'homme moderne le souffle de ce fabuleux roman. Il a eu raison, ô combien, l'ouvrage recomposé à partir des fragments originaux existants aujourd'hui est un véritable thriller que finalement j'ai redécouvert après en avoir lu la version "érudite" et un peu rugueuse dans mon jeune temps !

Il est formé d'un base composite d'environ trois mille vers de Béroul, autant de Thomas et quinze cents vers anonymes, plus un travail archéologique dans l'indigeste fatras de la geste en prose, grossie par ses rédacteurs successifs, pour en extraire les débris précieux de vieux poèmes perdus. Les versions de Chrétien de Troyes et de La Chèvre ont péri en entier. Pour obtenir l'unité de ton, Bédier a privilégié les trois mille vers de Béroul et s'est attaché à traduire le reste dans ses couleurs.

C'est donc un poème du XIIè composé au XIXè qui se lit d'un trait, tant le scénario est inventif, rapide et libre de moeurs.

"On arrive à entrevoir ce qu'a pu être chez les Celtes ce poème sauvage, tout entier bercé par la mer et enveloppé dans la forêt, dont le héros, demi-dieu plutôt qu'homme, était présenté comme l'inventeur de tous les arts barbares, tueur de cerfs et de sangliers, savant dépeçeur de gibier, lutteur et sauteur incomparable, navigateur audacieux, habile entre tous à faire vibrer la harpe et la rote, sachant imiter jusqu'à l'illusion le chant de tous les oiseaux, et avec cela, naturellement, invicible dans les combats, dompteur de monstres, protecteur de ses fidèles, impitoyable à ses ennemis, vivant d'une vie presque surhumaine, objet constant d'admiration, de dévouement et d'envie. Ce type s'est formé à coup sûr très anciennement dans le monde celtique : il était tout indiqué qu'il se complétât par l'amour".
(extrait de la préface de Gaston Paris)

Dès que j'aurai un vrai scanner, je le mettrai en ligne.

mardi 22 mai 2007

CMRDS 2007 c'est parti

Real del SarteLe camp royaliste d'été est annoncé du 17 au 26 août prochain au château de Lignières (18160). On en est à sa 54è édition. Pas mal ! Un site web est dédié à cette manifestation traditionnelle : www.cmrds.new.fr
Vous y trouverez tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le camp Maxime Real del Sarte* sans jamais oser le demander, i.e :

- C'est quoi un CMRDS ?
- Les infos pratiques indispensable pour rejoindre et survivre !
- L'histoire de cette université d'été qui commence en 1953.
- Le formulaire d'inscription que vous pouvez télécharger en cliquant ICI vers l'AFE.
- Et les comptes-rendus des camps précédents, les photos, vidéo, etc... tout ce qu'il faut pour s'y préparer.

L'objectif de cette manifestation se résume en trois paragraphes :

1/ Dispenser une formation d'Action française et royaliste. D'Action française en ce qu'elle veut contribuer à l'instauration d'une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée en France. Royaliste en ce qu'elle entend promouvoir une société conforme aux principes du catholicisme social et défendre l'héritage culturel capétien.

2/ Etre un lieu de rencontre et de débats entre les acteurs du royalisme contemporain, par l'enseignement ou par la confrontation d'expériences.

3/ Former les futurs cadres du royalisme mais aussi de la société française de demain : élus lycéens et étudiants, syndicalistes, élus locaux... En cela, le CMRDS vise à être une véritable école de l'engagement politique et civique.

affiche 2007
Le samedi 25 août est organisée une journée "portes ouvertes" dont le programme est le suivant :

10 h 00 : Une table ronde sur les élus locaux

12 h 00 : Apéritif amical, autour des stands de l'Action française et de ses amis

12 h 30 : Déjeuner autour des princes

14 h 15 : Conférence sur les nouveaux défis du combat souverainiste

16 h 15 : Conférence sur l'actualité de la pensée de Charles Maurras

18 h 15 : Pot de l’Amitié

20 h 00 : Dîner barbecue

Et, toute la journée, tables d’auteurs et de journaux.

Questions diverses ? Prendre contact avec le chargé d'affaires indiqué à la rubrique "Portes ouvertes" du site CMRDS.

Pour s'y préparer et profiter au maximum des dix jours de formation, il est judicieux de rafraîchir ses connaissances en parcourant les textes fondamentaux. Ceux qui n'ont pas accès à une bibliothèque de section AF peuvent astucieusement télécharger certains textes sur le forum Vive Le Roy à la rubrique Textes/Quelques classiques :

Histoire de France (Bainville)
Ce qu'est la monarchie (Dom Besse)
De l'anarchie à la monarchie (Montesquiou)
De la monarchie selon la Charte (Chateaubriand)
Dictateur et Roi (Maurras)
Etudes sociales et politiques (La Tour du Pin)
L'idée de décentralisation (Maurras)
La Cité antique (Fustel de Coulanges)
La monarchie que nous voulons (Georges Rousseau)
Considérations sur la France (Maistre)
Le gouvernement inhumain (Maurras)
Le socialisme en France (Maurras)
Pour un jeune Français (Maurras)
Mes Idées politiques (Maurras)
Nos Raisons (Maurras)
La Politique de Jeanne d'Arc (Maurras)
Réflexions politiques (Chateaubriand)
Vive le Roi (Mgr de Ségur)
Manifeste légitimiste (UCLF)

Ceci, qui est déjà beaucoup pour faire un choix préparatoire, n'est que la partie émergée sur ce blogue des titres de la littérature royaliste, qui est un continent à elle-seule. Vous en viendrez à bout en une seule vie, vous qui ne croyez pas à la métampsychose !

Si vous avez l'âme vagabonde sur le chemin de Lignières, récitez in petto le Colloque des Morts de Charles Maurras, c'est long et calme les impatiences !

Enfin ceux qui veulent soutenir l'action de formation de la jeunesse royaliste peuvent aussi contribuer en ligne. Il y a un sas Paypal qui s'ouvre d'un clic sur le site CMRDS.

PS : un peu plus sur le sculpteur et camelot du roi Maxime Real del Sarte sur wikipedia.

samedi 19 mai 2007

Ils avaient jeté l'éponge ...

chevalierLes légitimistes, sellés, bridés, prêts à mourir, avaient jeté l'éponge et je ne le savais pas. Dans son colloque universitaire d'avril 2005 l'association des Amis de Guy Augé s'est retirée sur la pointe des pieds de la scène politique en faisant l'amer constat que voici :

« Légitimité ? Le point d’interrogation ne vise nullement une intention critique envers un grand concept historique que nous avons soutenu et illustré pendant plus de dix ans. Il veut simplement jeter le doute sur l’opportunité de faire encore état de la Légitimité, là où la Monarchie se trouve acculée à ne plus relever que de la mémoire culturelle. Non seulement faute d’un substrat qui lui conserverait un minimum d’avenir ; mais, plus gravement, en raison de l’opposition frontale entre sa dimension spécifique – qui est spirituelle – et les aspirations d’un monde devenu son repoussoir absolu. Il faut savoir tourner la page : notre monarchisme, sauf miracle, n’intéressera bientôt plus que l’histoire des idées.

L’y cantonner, avec lucidité, est le meilleur service qu’on puisse aujourd’hui lui rendre. C’est ce que fait, en cet ultime "Cahier de la Légitimité", le petit groupe qui aura été, jusqu’au bout, fidèle à celle-ci. Le petit groupe perdurera pour maintenir vivant – à défaut de pouvoir travailler au service de l’institution – l’esprit monarchique. C’est en s’en inspirant qu’il continuera à analyser, si Dieu le veut, une société politique dont il a au moins le devoir de ne jamais devenir, intellectuellement, le complice.
»
(La Légitimité, 2005, 51, Sées 2006)

Le site de cette association prestigieuse nous rappelle que Guy Augé (1938-1994), docteur en droit, diplômé en science politique et licencié ès lettres, maître de conférences à l'université de Paris II (Panthéon-Assas), était un spécialiste de l'histoire du droit, des institutions et des idées politiques. Grâce à ses nombreux travaux, mais aussi à l'ensemble de ceux qu'il a suscités et dirigés dans le cadre de ce qui était pour lui un véritable apostolat professionnel, il était unanimement reconnu comme le meilleur connaisseur du légitimisme contemporain et son plus fin, plus rigoureux et plus scrupuleux historien.

Vous trouverez sur ce site plusieurs digests des actes de colloques traitant de ...

- la Nation contre le cosmopolitisme européen(III/96)
- des pièges de la Tolérance affichée par un régime intolérant (V/98)
- de l'idée de Croisade opposée à la repentance officielle (III/99)
- de la fin de l'Occident miné par la violence, le chômage, la dénatalité, l'insalubrité publique, des épidémies de virus aussi variés que difficiles ou impossibles à soigner, l'analphabétisme, l'abrutissement télévisuel, les impostures artistiques et intellectuelles, la corruption, les fraudes en tout genre, les pollutions, etc. (II/00)
- du Miroir des Princes qui ont disparu de l'épure politique (V/01)
- de l'Europe ou le vide souverain (V/02)
- de la Guerre ou comment faire la paix (V/03)
- de l'Aristocratie ou la démocratie et l'homme nietzschéen (V/04)

Le prochain colloque est annoncé au samedi 2 juin prochain sur le thème de « L’illusion démocratique ».

Interventions de MM. Miguel Ayuso, Guillaume Bernard, Jean-Pierre Brancourt, Thierry Buron, Claude Polin et Claude Rousseau.

Université de Paris II (Panthéon-Assas)
Salle des conseils (2e étage, « aile Soufflot »)
12, place du Panthéon 75005 Paris

Entrée libre de 10 h à 17 h, venez y nombreux en ces temps de démagogie débridée.

Mais, à quoi bon relever les calamités de la démocratie présente, dès lors qu'on fait retraite ?

Napoléon pensait-il à l'aménagement des plaines noires d'Ukraine quand il combattait le blizzard de Courlande pour rentrer à Paris ? Il s'inquiétait peut-être de la page d'histoire qu'il venait de rater, ou de l'inéluctable destin des génies conquérants repoussés un jour sur leurs bases de départ avant que de disparaître. Le désenchantement légitimiste et la proclamation d'un cessez-le-feu aussi "raisonnable" soit-il, contreviennent aux attentes de la génération royaliste montante qui majoritairement a le coeur "légitimiste".

C'est l'âge chevaleresque, celui de la piété médiévale, du scoutisme et bientôt de l'amour courtois. La saga des Bourbon, dans ses gloires et sa fin tragique, y correspond bien, plus certainement que les péripéties parfois scandaleuses d'une branche collatérale très "affairée", qui semble aujourd'hui vouloir s'assagir pour plaire.
Que la branche aînée dispose d'un jeune prince de belle allure, issu d'une enfance tragique, n'est pas pour rien dans le rallye des coeurs. Même s'il n'a pas daigné leur adresser ses meilleurs voeux de bonne année, ils le gardent pour leur champion. Ne pouvant le suivre dans ses trop brefs séjours sur la terre de France, ils l'acclament en silence, l'aiment et l'insèrent dans leurs prières avec son épouse Marie-Marguerite et la petite princesse Eugénie. Ils ne savent pas encore qu'il a offert Excalibur au musée de la monarchie.

Pourtant le site officiel de la Maison de Bourbon en France, s'il ne se lasse pas de porter haut sa revendication d'unique héritier, est très clair dans sa profession de foi :

L'I.M.B. a pour objectif de promouvoir la connaissance de la maison royale qui a régné sur la France et sur une grande partie de l'Europe et du monde. Il veut montrer comment l'histoire de la France a été forgée par la longue suite de ses souverains, de Clovis à Charles X en passant par l'empire de Charlemagne, l'œuvre de reconstruction de Louis VI, Louis VII et Philippe Auguste, la sainteté de Louis IX, la politique de Philippe le Bel, la sagesse de Charles V, la reconstruction du royaume par Charles VII, le génie politique de Henri IV et de Louis XIV, le martyre de Louis XVI. Les huit siècles de la royauté des Capétiens directs, des Valois et des Bourbons forment l'essentiel de la mémoire politique, culturelle et artistique de la France. L'I.M.B. entend être le conservatoire des traditions françaises, et à ce titre contribue à la mise en valeur de son patrimoine.

Conservatoire du passé. D'accord !
Alors pourquoi entretenir cette dispute avec le parti d'Orléans et l'Action française. Que les choses soient clairement dites aux jeunes militants : pour l'action politique allez voir le CRAF, la Restauration nationale ou l'Alliance Royale. Pour les commémorations historiques et les colloques inquiets, c'est ici !

... et les moutons seront bien gardés !

jeudi 3 mai 2007

Fin de l'utopie globale ?

Nous aurions aimé voir débattre hier de la France de demain dans le Monde réel, celui qui ne nous attend pas, et que les questions économiques, stratégiques et militaires soient creusées. A l'évidence le veau national n'était pas preneur de plus que le foin de sa mangeoire. Tant pis, nous oserons parler de la mondialisation pour la démystifier, pour dire que ce combat d'hier et d'aujourd'hui n'est peut-être pas le vrai combat de demain, celle-ci pouvant ne toucher que la génération actuelle et s'éteindre, ou au moins se rétrécir car on ne pourra pas aller au bout de la belle utopie.
En attendant l'embellie, il faut peut-être recaler le concept :

C'est une « invention » capitaliste qui prend racine dans le libéralisme commercial d'après-guerre visant à développer la consommation de biens de masse pour pouvoir prélever de la richesse sur les flux financiers induits. OCDE (plan Marshall), GATT (père de l'OMC), FMI, CEE même combat, et ça a marché puisque le capitalisme a enfoncé tous ses rivaux.
Le « bonheur collatéral » qui apparut tardivement dans cette démarche libérale, fut le déclenchement (enfin !) d'un développement économique massif par la mise en mouvement de la roue vertueuse de la mondialisation. Que ce ne soit pas aux endroits prévus n'est pas grave (1).
Rapidement, ces vertus peuvent s'expliquer ainsi :

- Réexportation en cascade du travail fourni par le marché global vers le pays le plus pauvre « Y »au fur et à mesure de l'élévation du prix de l'heure et du niveau de vie dans le pays producteur « X ».
- Reflux des productions à bas prix vers les consommateurs qui augmentent en nombre mécaniquement par l'abaissement du seuil d'accès des populations à la société de consommation.
- Exigences de combativité économique des pays avancés pour compenser le drainage du travail non-qualifié par la recherche et développement continus de l'innovation qui puisse profiter à tout le monde.

Pour que le moyeu de cette roue vertueuse tourne sans dommages il faut qu'il baigne dans l'huile des règles du jeu équitables ; ce qui n'est pas encore le cas, tout le monde triche. Il faut aussi que les populations des pays avancés soient convaincues de l'intérêt du mouvement de la roue ! C'est une autre affaire, la France semble tétanisée sur ses "acquits sociaux", ses "exceptions" et leur déclin !

engrenages
Cette mondialisation-là dans son cercle vertueux est le seul vecteur de développement à grande échelle qui ait prouvé sa capacité à arracher d'énormes masses de populations à la misère endémique du Tiers-Monde. On reviendra une autre fois sur les conditions de « participation » qui sont complexes et qu'un continent comme l'Afrique ne réunit pas (2).

Dénoncer la Mondialisation c'est d'abord refuser le vrai développement aux pays pauvres, en leur vendant des placebos comme le co-développement, le micro-crédit, les mini-projets, etc. tant de fadaises qui masquent notre mépris à leur égard. (3)

Mais il y a une roue vicieuse qui engrène dans la roue vertueuse de la mondialisation.

Nul n'avait prévu que la submersion des marchés mondiaux par les productions nouvelles s'accompagnerait d'un essor des migrations. Au contraire même, avait-on pu croire à la possibilité de vivre décemment au pays globalisé qui retiendrait les éventuels candidats à l'exil économique. Hélas, c'était un point de vue académique ; tout a dérapé. Les frontières se sont abaissées pour les biens, et la recherche générale d'une vie meilleure s'est engouffrée à leur suite. Il est amusant de constater que la moitié des sans-papiers régularisés en 2006 par le ministre Sarkozy sont des Chinois plus impatients que la moyenne de leurs concitoyens pour ne pas attendre sagement de profiter du céleste empire revenu.

Le facteur aggravant est la gestion pitoyable de trop nombreux pays du monde qui fabriquent en continu des émigrants. Le travail exporté comme nous l'avons dit au début, ne suffit plus à couvrir la destruction par incompétence ou par la guerre d'activités locales dans beaucoup de pays pauvres, laissant un solde énorme de gens désespérés. Citons deux pays favorisés par des rentes de situation, ayant ruiné leurs chances : Zimbabwe, ex-Rhodésie prospère coulée par l'accession au pouvoir d'un gang sous couvert d'une lutte de libération. Sri-Lanka, île riche déchirée par une vraie guerre inter-ethnique tranquillement entretenue par les riverains. Mais il y en a tant d'autres où l'incurie fait rage ! D'immenses cohortes de réfugiés économiques et politiques (c'est finalement la même chose) se superposent aux migrants volontaires.

La SAARC (South Asian Association for Regional Cooperation) a fait son Davos en avril dernier sur la « Connectivité » inter-régionale pour favoriser les flux de biens, services, gens, technologies, savoirs, capitaux, la culture et ... les idées. C'est une blague : au même moment on constate sur cette zone et partout ailleurs dans le monde, l'érection urgente de murs !
Time magazine en fait la liste dans son numéro daté du 7 mai. C'est impressionnant : Pakistan/Afghanistan, Inde/Pakistan, Inde/Bangladesh, Iran/Pakistan, Botswana/Zimbabwe, Arabie Séoudite/Yémen et Arabie/Irak, Thaïlande/Malaisie, Etats-Unis/Mexique, Israël/Palestine. Motif : les bonnes clôtures font les meilleurs voisins !

Certes tous ces pays ont des problèmes internationaux. Mais n'en avons-nous pas ? A notre échelle de conscience de la douleur ils nous sont aussi insupportables. Il semble donc difficile que dans un avenir proche n'émerge pas la décision de rayer de la liste des flux favorisés par la SAARC, par l'UE et par bien d'autres organismes de commerce transnational, le flux des « gens » !
Du moins seront pourchassés les profiteurs du libéralisme économique dans sa version autorisée de l'immigration choisie : avec un fond d'oeil, toute la gentry capitaliste et ses yuppies sauteront les frontières sans retard, et avec eux bien des touristes chargés de cartes bancaires, sauf les Roms, les Yougoslaves, les Killims, les Towelheads, les Mongols, les Kurdes et ... les Polonais de la clef anglaise !

Qu'en déduire ?
Que lutter contre la mondialisation comme le font certaines organisations bruyantes est encore utile pour motiver les décideurs de Bruxelles à « faire le mur » réglementaire tout de suite mais c'est presque un combat du passé, un combat vain comme celui que l'on mènerait contre une mauvaise météo.

La situation va se réguler d'elle-même par la fermeture des sas au passage de la « matière vivante ». Trop c'est trop ! L'Europe dit Pouce ! Les règles d'échanges de biens et services seront amendées pour atteindre une meilleure équité strictement mercantile - TVA sociale sur les importations, taxe carbone - mais l'espèce humaine sera retirée de l'épure.
Attention : tant que la roue vertueuse tournera, le renouvellement des secteurs productifs continuera obligatoirement dans nos pays développés, et dans tous ceux qui vont nous rejoindre. L'exigence d'innovation et de recherche-développement subsistera. Nous devrons reconstituer notre seule rente possible, la matière grise.

Le catalyseur du processus est le terrorisme islamiste anti-occidental provenant de la zone non-globalisée, qui accélère de ce côté-ci le phénomène de claquement des portes, et si cela ne se décide pas rapidement pour des motifs humanistes, un accident sur la tour Montparnasse ou ailleurs balaiera les appréhensions ou du moins servira de prétexte. La mondialisation anarchique a vécu mais elle ne le sait pas.

C'est le moment de décréter « l'Immigration Zéro »(4) au lieu de perdre du temps dans des usines à gaz réglementaires qui exploseront un jour après avoir été contournées par le génie humain de la désespérance. Ce qui ne veut pas dire que le Tiers-Monde Bloqué doive être abandonné à son triste sort au motif qu'il n'a pas su « participer » à la flamboyante globalisation. Simplement on doit accepter que celle-ci ne marche pas partout.
Pour sortir l'Afrique et les pays andins de leur crasse - et il n'y a pas qu'eux - il faudra du lourd, une vraie guerre à la misère avec des budgets de guerre et des acteurs nouveaux, ici et là-bas, à défaut nous serons engloutis.

Le libéralisme est au taquet ! Ce n'est pas dommage.


Notes
1.La prospective officielle des années 60 donnait comme pays définitivement sortis d'affaire l'URSS, l'Argentine, la Corée du Nord, la RDA, la Roumanie et quelques autres pays sous-développées disposant de rentes minières ou agricoles facilement transformables par l'aide occidentale, comme le Congo Kinshasa, l'Afrique du Sud, les Rhodésies et même la Guinée Conakry ! mais certainement pas les pays grouillant de l'Asie du Sud-est, coulés d'avance par une démographie indomptable sur des terres agricoles limitées ou dégradées.

2.Participer à la globalisation exige pour un pays deux conditions au moins :
- un esprit d'entreprise latent ou même éteint dans le secteur secondaire (industrie). Les pays limités traditionnellement à un secteur primaire de subsistance ne décollent pas.
- une volonté politique de favoriser le développement industriel en fournissant progressivement aux entrepreneurs les infrastructures basiques d'accompagnement et la récompense de leur succès au lieu de la punition fiscale.
L'Afrique est passée du secteur primaire à l'agro-alimentaire commercial et aux services en bypassant le secteur secondaire industriel faute d'entrepreneurs dans ce domaine. Pléthore de docteurs, d'avocats, négociants en tous genres, quasiment pas d'ingénieurs capables de former un couple capitalistique avec un financier et de lancer une industrie.

3.L'Afrique sahélienne n'a pas besoin de groupe électrogènes portables pour tirer l'eau du puits, mais de centrales électriques et un réseau maillé de transport d'énergie à bas prix capable d'alimenter de vraies infrastructures de développement comme l'éclairage des bourgs et villages, la force motrice des ateliers, les forages, pompages, l'irrigation, la traction électrique des chemins de fer, etc.

4.Voir le billet Total Zero de Steppique Hebdo sur ce sujet.

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