mercredi 25 juillet 2007

Congé d'été

Les fûts du Royal-Artillerie vont cesser d'être chargés au mois d'août. Pour traverser ce silence, la rédaction vous offre deux poèmes de "chez nous", de belles images, et vous invite à passer sur le blogue militant du professeur CHAUVIN qui n'a pas son égal sur la toile, et où d'ailleurs je puise régulièrement des sujets de méditation pour faire les miens.

Blog royaliste de M. Chauvin
Ce blogue, créé au moment de sa campagne législative partielle contre Patrick Devedjian dans la 13è des Hauts de Seine, n'a jamais levé le pied. Incisif, pertinent, tenace, Jean-Philippe Chauvin a conquis un large public dans le milieu royaliste et particulièrement chez les lycéens - c'est sûr que la pédagogie y aide - qui voient s'élargir aux réalités politiques du moment les cours d'histoire-géo proposés au bahut par l'auteur ; et cela sans grand effort de leur part car il leur mâche les liaisons. C'est du travail de pro !
Il compte livrer trois billets par semaine. Ne lui tenez pas rigueur s'il s'attarde à la plage au cas où le soleil reviendrait enfin sur le duché de Bretagne.

GARDER ESPOIR

Une image évocatrice de la bataille de Denain (24 juillet 1712, 295 ans hier) qui renversa le sort des armes dans la guerre de Succession d'Espagne quand tout nous paraissait perdu, laissant entre nos mains 60 drapeaux qui allaient tapisser les voûtes de Notre-Dame. Nos voisins avaient mal pris que le duc d'Anjou succèdât à Madrid à Charles II de Habsbourg, roi malade sans postérité, et craignaient peut-être la confusion future des royaumes. Nous dûmes accepter la Paix d'Utrech (11 avril 1713 ) dont on parle encore aujourd'hui puisqu'elle interdit aux Bourbon d'Espagne de régner à Paris, contrevenant ce disant à la loi fondamentale d'indisponibilité de la couronne ! Cette victoire sauva la France et rendit un dernier rayon au Soleil qui se couchait ; "Le Roi" - ainsi qu'il était simplement nommé dans les cours au-delà les mers - allait mourir dans les trois ans.

bataille de Denain

A bientôt. En attendant ...

POEME de CHARLES MAURRAS

Ni peste, ni colère…

À Chrysès, prêtre d'Apollon.

Silencieux, longeant la mer retentissante,
Ô vieillard, tu t'en vas, sous le poids des destins ;
Ils ne t'ont pas rendu la vierge florissante,
Dorure de l'automne en son rose matin.

Chryséis, ô vieillard, était plus que ta fille,
Sa corolle s'ouvrait au milieu de ton cœur ;
Étant prêtre du Dieu qui réchauffe et qui brille,
Tu te rêvais du Temps le facile vainqueur.

Mais sur un lit lointain t'apparaît le carnage,
Tu vois fuir et pleurer la pourpre de ton sang,
Ô Père ! un pâle lys de cette ombre surnage
Où s'apaise la honte et le bonheur descend.

La vierge entrelacée au maître qui l'opprime
Connaît quelque douceur de son rude ennemi ;
Sous le sceau flamboyant qui marque la victime,
Amour, en Chryséis, ô Chrysès, a gémi.

Lave tes froides mains dans l'écume de l'onde,
Mais ne maudis personne et tiens-toi de nourrir
De nouvelles douleurs les tristesses d'un monde
Où d'eux mêmes tes maux avec toi vont mourir.

(C. Maurras, 19 janvier 1944)
Courtoisie de Maurras.net.


lever de soleil

POEME DE PIERRE BOUTANG

Poème delphique(extrait)

Pierre BoutangSi tu te fais juive
pour refuser le dieu venu
pour tuer tout le faux des dieux
et même pour retrouver les eaux vives
des jours de l’origine
je me ferai amalécite
je ravagerai les plaines,
y étant descendu.

Je meurtrirai l’ancien corps de ta haine
du dieu qui n’est pas venu
je mettrai sur la croix ton ignorance
j’enfoncerai ton refus avec les épines
du chemin que j’ai parcouru
où j’ai meurtri mes pieds,
rêvant d’anéantir ton ombre qui dit non.

Mais si tu te fais vraie
non aveugle
d’un seul éclair sur ton temple réel
si tu te retrouves
fais renaître
l’ancien corps gardé de serpents
de l’enfant Apollon plus vrai dieu dans ses sources
alors je me ferai juif
pour mêler ma prophétie criarde à ton oracle net
ensemble nous irons
juif neuf et Pythie non diseuse
ravager, extirper sur les pentes
mes vergers incertains de haine amalécite
si tu te fais vraie.

(P. Boutang, Oraison pour une fin d'été)
Coutoisie des Provinciales.





Post scriptum


CatoneoJe remercie mes lecteurs pour leur assiduité et leur indulgence tout au long de l'année. Les billets publiés offrent un espace de copmmentaires qui est trop rarement utilisé (cet été les commentaires sont modérés). Un blogue vit aussi de l'intérêt que lui manifestent ses lecteurs, car comme tout ouvrage il traverse des périodes de moindre élan où l'échange avec autrui est réconfortant. S'il ne s'agit pas pour moi de "coller" aux attentes du lectorat, il est - vous vous en doutez bien - utile et rassurant d'avoir un certain retour pour mieux vous comprendre, même si la fréquentation des forums y supplée.
A bientôt si Dieu le veut.
Amitiés royalistes,
Catoneo

lundi 23 juillet 2007

Fleurdelis mystique

iris jaune des maraisChacun sait au Roycoland que le lys héraldique est en fait un iris jaune des marais dont la profusion sur l'eau de la Vienne trahissait le Gué du Cerf impatiemment recherché par Clovis pour passer la rivière et étriper les Wisigoths hérétiques. Les 3 crapauds de sa bannière furent chassés au bénéfice des iris, laissant tomber aussi le cerf car il avait confiance en Clotilde ; c'est ainsi du moins que se colporte la belle histoire. L'iris retourné tête en bas fait un magnifique lis. Pourquoi s'est-on fatigué à retourner l'iris est une question noiseuse.

Le lys mystique est autrement complexe, cosmique devrais-je dire. Il est la manifestation de notre "divinité".

Au centre le lobe d'Elohim YHWH, l'éternel principe de sagesse, le référent ; à sa droite le lobe du Verbe, l'alpha et omega du ciel et de la terre : « Tout fut par lui et sans lui rien ne fut » ; à gauche le lobe du Souffle, tempête de Dieu, le tout puissant : « Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre le Souffle de Dieu ne sera point pardonné ». Le détail de l'interactivité est un mystère, il n'y a ni trois dieux ni un dieu en trois hypostases, mais une substance prismatique unitaire qui forme un triple tout. Il faudra attendre le jugement dernier pour se faire une opinion, car poursuivre peut vous mener aux pires déconvenues ! Alaric l'arien en sût quelque chose lors de cette funeste bataille de Vouillé (507) contre le protecteur de l'Eglise catholique, Clovis.

lis bleu électriqueOn en vient maintenant aux lobes pendants inférieurs qui sont également au nombre de trois. Si l'on observe bien le lis héraldique, on comprend qu'ils sont placés dans le prolongement des lobes supérieurs, l'ensemble étant fortement lié par l'osier transverse que l'on appelle jonc. Les uns procèdent donc des autres. Le jonc est l'enserrement du baptême.

Les trois lobes pendants sont les trois corps de l'homme. Le corps physiologique, cette guenille, le corps énergétique, dit subtil, le corps astral ou spirituel ou vagabond, celui qui normalement devrait continuer l'aventure indéfiniment. Si l'on voit bien où réside le premier, il suffit de se pincer fort, le corps énergétique ou subtil sent plutôt le soufre.

Le corps subtil imprègne le corps physiologique et attire l'énergie externe dans tout l'organisme. Le corps subtil, force vitale originelle construisant et déconstruisant progressivement le corps physique de la personne, et l'énergie absorbée par cette mécanique, sont une seule et unique substance. Elles ne diffèrent que par leurs fréquences vibratoires et leur forme concrète. Vous suivez ? Si le corps physiologique est fait de poussière et retourne à la poussière, le corps subtil est fait de lumière. A la fin il s'éteint tout simplement.

Bon ! L'univers du corps subtil est son aura. Tout le monde a une aura. Il suffit de l'apprendre pour la ressentir.
Son aspect général est fonction de l'ensemble énergétique en interaction chez le sujet observé, de sorte que ses qualités varient avec des facteurs tels que la thermodynamique, l'excitation de la conscience, l'osmotique pulmonaire. Le mot "aura" signifie "brise" en grec. La personne semble flotter dans son aura, comme dans une mer mouvante, teintée rythmiquement de couleurs brillantes qui changent constamment de nuances, car la vie est une vibration de couleurs irisées.

L'aura s'analyse par un procédé hologrammique utilisant des filtres de couleurs symboliques. La technique est développée à Nîmes par le Dr Pierre Gropas en son Ecole d'énergétique hologrammique. En savoir plus en cliquant ici. Approfondissons un peu en sa compagnie.

Vue globalement l'aura est dans les tons de bleu comme on les observe au soleil levant quand il dessine le profil des montagnes obscures à l'horizon. L'aura se structure progressivement avec l'âge du sujet, celle du nouveau-né est simplement bleu clair. A la puberté on distingue les trois couches du champ énergétique :

- La couche interne est la plus difficile à discerner parce qu'elle est transparente et qu'on peut la confondre avec un espace vide bleu sombre. Placé assez près, on peut voir sur un fond mat, noir ou bleu nuit, une bande de cinq millimètres d'épaisseur dont la couleur est entre le violet et l'ultraviolet.

- La couche intermédiaire est complexe et difficile à décrire. Elle est nette près à la frontière de la première couche, d'u bleu gris brillant, sauf autour de la tête où un halo blanc ou jaune vif la pénètre, elle fait dix centimètres environ et est animée selon trois schémas différents :
D'abord, un mouvement de vague envahit toute la couche de façon homogène, comme l'eau imbibe un buvard. Puis une activité corpusculaire se développe, semblable au mouvement Brownien des particules d'une fumée observée au microscope. Enfin, des rayons blancs ou jaunes, émanant du bord interne, la traversent dans toute son épaisseur et se déploient à plus d'un mètre dans l'espace avoisinant délimitant semble-t-il la fameuse bulle psychique. C'est le plus intéressant. Les rayons dominent autour de la tête. Leur contour et le schéma du mouvement varient avec chaque pulsation de l'organisme, comme les bandes lumineuses jaillissant vers le ciel dans une aurore boréale, et généralement ces rayons fusent perpendiculairement à la surface du corps.

- La couche externe fait 15 à 20 centimètres si on l'observe dans un espace clos, mais en plein air, elle s'étend jusqu'à plusieurs mètres. D'un bleu clair délicat bleu clair on distingue mal la frontière avec la couche intermédiaire (manque de contraste). Elle est donc traversée par les rayons provenant de la couche intermédiaire qui s'y propage en spirales, à tel point qu'on dirait que le scintillement brownien de la deuxième couche profite d'un plus grand espace pour s'échapper du corps dans toutes les directions. La limite externe de cette couche est diffuse car elle se fond avec l'atmosphère qui l'environne.

Les trois couches sont animées de mouvements simultanés et complexes formant un système.

- Le premier schéma ressemble à un huit : De face on voit très nettement le 8 qui se boucle au niveau du plexus solaire. De profil on peut voir l'énergie jaillir comme une fontaine du plexus solaire, site de nombreux organes vitaux. Chez un sujet normal les deux boucles inférieure et supérieure ont la même force.

- Le deuxième schéma est pulsatile, il est visible de face, de dos et de profil: une pulsation perpendiculaire jaillissant du tronc et émanant aussi des structures internes (apparemment), mais traversant en spirale le diamètre de l'organisme plutôt que de monter et descendre dans sa longueur. Laissant une empreinte comme le mouvement d'un pendule, l'énergie pénètre et ressort dans les deux phases du cycle réciproque qui correspondent à la contraction thoracique.

- Le troisième schéma observé naît sur le bord interne de la couche intermédiaire et forme une troisième figure du mouvement visible du champ énergétique.

On observe aussi des figures secondaires adjacentes aux structures physiologiques vitales comme le coeur, la moelle épinière, les grands réseaux de nerfs. Ces dernières formations permettent de supposer que les mouvements d'énergie ont les structures internes pour origine. On sait que les émotions, les activités énergétiques qui interagissent avec le réel extérieur à nous, sont l'expression de la pulsation schématisée ci-dessus, mais le Huit a aussi une grande importance dans la qualité de son homogénéité. Les imperfections du schéma trahissent des désordres physiologiques. Nous avons aussi un côté caméléon puisque nos émotions peuvent être identifiées par les changements de couleur de notre aura. On pourrait pousser l'étude mais revenons au lys et au troisième corps, le corps astral.

Poussière d'étoiles nous serions.
décorporation égyptienneSelon saint Paul, le « corps spirituel » ne définit pas un caractère plus ou moins éthéré du corps, mais son origine. Le premier Adam fut un être animal doué de vie, le dernier Adam est un être spirituel donnant la vie. Le premier, tiré de la terre, est terrestre. Le second, lui, « vient du ciel » (1 Co 15, 45-49). Autrement dit la résurrection ne serait pas le recommencement de l'ancienne existence mais une nouvelle création, comme la réalisation plénière de la vie nouvelle reçue de Dieu, par la puissance de son Esprit qui se substitue à notre impuissance d'êtres mortels. Ce qui serait appelé à ressusciter dans la vie éternelle, c'est ce qui dans et de notre corps est dès maintenant soutenu, pénétré, vivifié par l'Esprit saint. D'où l'avertissement précité concernant tout blasphème à son égard qui nous retire le principe de vie éternelle.

Le corps astral est composé d'une substance fluide impalpable, sous forme d’énergie ondulatoire. C’est une sorte de champ magnétique, organisé sur lui même, un corps psychique qui ne s'use pas. Les allumés du cosmos s'inquiètent de la séparation des corps. Ils soutiennent que la façon dont le corps astral se dégage de la chair peut varier. Admettons les témoignages recueillis des morts physiologiques provisoires comme également valables pour les morts définitives. La sortie, comme le retour, peuvent se faire par le haut de la tête, pratiquement par la fontanelle, les bouddhistes le disent depuis toujours. Certains ont l'impression de se trouver comme aspirés hors de leur corps ou à nouveau introduits dans leur corps, comme par un entonnoir, mais sans douleur ; d'autres se sont sentis glisser hors de leur corps par le côté. La sortie peut aussi se faire par la bouche, comme l'idée d'une corde d'argent qui serait le lien entre les corps physiologique et spirituel, à la manière du cordon ombilical unissant l'enfant à sa mère. Cette décorporation orale est à l'origine de l'expression "dernier souffle". Finalement nous savions tout sans rien comprendre. Il est aussi de rares cas d'observation au Tibet d'une fuite par l'anus, ce qui est considéré comme un mauvais présage pour la suite.

bannière bleu fleudelisé
Le lys fut depuis l'origine l'emblème des rois de France. Si la légende de l'iris des marais est une belle légende, la symbolique mystique du lys est en parfait accord avec la sacralisation de la personne du roi. Sa légitimité et son pouvoir procèdent de la sphère céleste où réside la sainte Trinité. Les origines davidiques des dynasties franques sont recherchées et parfois aperçues. On en fait d'épaisses thèses, parfois largement popularisées comme le Da Vinci Code. Il n'empêche que depuis le don de la sainte Ampoule fait à Reims par la colombe du saint Esprit aux yeux de tous, la transcendance est assurée.

Les corps du roi ont été mis en évidence par Kantorowitz dans son Essai sur la théologie politique au Moyen Age. Il en trouve deux, le corps charnel et le corps divin. Le jonc d'enserrement de la fleurdelis représente le sacre. Nous irons à trois car nous sommes en pays cartésien où tout va par trois. D'ailleurs le corps subtil du roi n'est-il pas le corps du thaumaturge qui guérit les écrouelles "le roi te touche, Dieu te guérit" ? Nous avons toutes les vacances pour y réfléchir, mais c'est la meilleure explication.

"Le roi est mort, vive le roi", sa continuité est immanente et pas simplement successorale. Même détruit par le fer et la chaux comme il advint de Louis XVI, le roi ne meurt jamais, il s'absente.

colombe brodée

dimanche 22 juillet 2007

Plumitifs d'hier et d'aujourd'hui

notaire médiévalPetit rebond littéraire pour les vacances.
Quand on se penche sur des archives notariales, certaines fort anciennes puisqu'elles remontent au haut Moyen-Âge, on détecte au bout de quelques jours les effets de la corruption de l'esprit qui s'aggrave avec le temps, ce qui était clair au X° siècle est devenu abscons, nécessitant une lecture professionnelle qui éloigne de la minute éphémère du savant la critique du vulgum pecus. L'homme est ainsi fait qu'il s'inquiète de la simplicité, confondue peut-être avec la fragilité. Quelle valeur, quelle autorité reconnaître à l'accessible ? A beau mentir qui vient de loin, qui vient de l'ombre surtout.

Quand le clerc de l'Empire aurait consigné dans un procès-verbal (en latin) une contestation ou un accord dans un texte ramassé, direct et franc qui ne laisse aucune prise au doute, son lointain successeur se répand. Exemple :

« Nous, Raimond Bursot, notaire près la bastide de Brunsel, constatons que seigneur Geoffroy, évêque de Gap, a été hébergé à la chartreuse de Durbon alors que le prieur d'icelle, Martin, et le curé de Saint-Julien-en-Beauchêne, Eudes Baudouin, se rejettent mutuellement la charge d'accueillir l'évêque sous acquit du droit de procuration lorsque celui-ci vient exercer son droit de visite. La présente, scellée du sceau de l'évêque, est délivrée à seigneur prieur Martin à sa demande à fin de non-préjudice en attendant que l'affaire soit tranchée au fond. Fait le 15ème d'avril 1304 sur la rive de la Bréoux près de Brunsel. »
(ndlr : la visite de l'évêque était "payante")

Il ne faudra pas longtemps pour que ce constat prenne des proportions très élargies jusqu'à couvrir une peau de mouton, et qu'aujourd'hui les minutes d'une vente immobilière courent sur dix pages ! En fait ce n'est pas l'accord des parties sur un bien clairement précisé qui est consigné mais les attendus et circonstances, ouvrant ainsi la voie de futures contestations s'ils changent, au bénéfice indirect du rédacteur bien sûr. C'est le principe qui fonde la Chicane : compliquez, compliquez toujours, il en restera bien quelque chose.

Voici, par courtoisie de la Sorbonne, l'accord ci-dessus rédigé en 1304 (cliquez sur le parchemin pour l'agrandir). Le texte interactif est sur le site Thélème de l'Ecole des chartes.

procès-verbal notarié du 14° siècle
Traduction moderne :
« En l'an de l'Incarnation du Seigneur mille trois cent quatre, le 15e jour du mois d'avril, indiction deuxième. Qu'il soit connu de tous, présents et à venir, que, comme révérend père en Christ et seigneur Geoffroy, par la grâce de Dieu évêque de Gap, avait mandé par lettre au seigneur Eudes Baudouin, curé de l'église de Saint-Julien-en-Beauchêne, qu'il entendait venir certain jour en visite à ladite église et recevoir, comme de droit, sa procuration pour ladite visite, et comme religieuse personne frère Martin, prieur du monastère de Durbon, et le curé de l'église susdite étaient en litige au sujet de la procuration à acquitter audit seigneur évêque, chacun disant que c'était à l'autre d'acquitter ladite procuration, et comme ledit seigneur évêque avait à ce propos, à la requête dudit curé, demandé par écrit au susdit prieur de Durbon d'acquitter ladite procuration audit seigneur évêque, en raison de la visite de ladite église, dans ladite maison de Durbon, à raison de ce que la maison de Durbon percevait des revenus et rentrées de l'église de Saint-Julien, comme il avait été coutume de le faire à lui, seigneur évêque, et à ses prédécesseurs, ledit seigneur prieur se rendit, après lui avoir écrit, en présence dudit seigneur évêque, et il lui dit pour se disculper et remontra devant lui qu'il n'était pas tenu d'acquitter ladite procuration et qu'il comptait se défendre en droit à ce sujet devant ledit seigneur évêque en temps et lieu opportuns, et comme le jour où ledit seigneur évêque devait visiter ladite église et recevoir la procuration était très proche, en sorte qu'il ne pouvait pas faire autrement que de recevoir ladite procuration dans la maison de Durbon, surtout parce qu'il n'y avait pas de lieu proche où il pût la recevoir commodément et que ledit curé n'avait rien préparé pour lui, à ce que l'on disait, ledit seigneur évêque décida et ordonna, [d'accord] avec ledit seigneur prieur, qu'on le recevrait dans la maison de Durbon le jour où il visiterait l'église susdite et qu'on lui acquitterait de bon gré ladite procuration, jusqu'à ce que l'on sache lequel d'entre eux était tenu d'acquitter ladite procuration ; et que si l'on reconnaissait que la maison de Durbon était tenue de l'acquitter, il la recevrait comme un dû ;
que si au contraire ledit curé devait l'acquitter, qu'il serait entendu qu'elle lui aurait été acquittée par grâce spéciale ; ledit seigneur évêque protestant que ni à l'occasion de sa venue dans la maison de Durbon ni à cause de cette fourniture de la procuration il n'avait l'intention ni la volonté de voir porter quelque préjudice que ce soit à l'avenir ni audit prieur ni au curé dans leur possession, quasi-possession ou droit ; ledit seigneur prieur demandant que l'on dresse acte notarié des choses susdites. Ceci fut fait près de la rive du cours d'eau communément appelée la Béoux, près de la bastide de Brunsel. Furent appelés et convoqués comme témoins : sage personne le seigneur Giraud d'Espinasse, légiste, le seigneur Guillaume Arnaud, prieur de Saint-Baudille, Raymond Justace et Raybaud de Saint-Maxime, écuyers et membres de l'entourage dudit seigneur évêque ; et moi, Raimond Bursot, notaire public institué par le révérend père en Christ et seigneur Geoffroy, par la grâce de Dieu évêque de Gap susdit,
qui a ordonné que soit apposé son sceau à cet acte, appelé et convoqué pour écrire cette charte, et j'y ai apposé mon seing. »

On s'est longtemps demandé d'où provenait cette propension à délayer et complexifier les actes notariés. D'aucuns soutiennent que c'est la faute aux Croisés ! Non que ce fussent de grands prosateurs, mais plutôt de grands prédateurs qui aimaient voir consignées copieusement leurs confiscations même s'ils ne savaient pas lire. Ils importèrent en Occident le style byzantin, inégalable dans l'entomologie drosophile, qui flattaient de leur poids les acheteurs de biens, rassurés sur l'importance et la pérennité de l'affaire conclue. Enfants de Gutenberg, nous sommes toujours impressionnés par l'épaisseur de l'acte authentique que l'on rapporte du notaire à la maison.

Comment justifier fraises ou jabots, honoraires ou jetons, et faire simple ? La docte obscurité étant mère d'autorité, le jargon ne cessa d'envahir les études, renforcé d'une décoration verbeuse de plus en plus baroque qui a atteint de nos jours son apogée malgré le décrassage tardif des réformes administratives. Les textes ne pouvaient plus être compris que de leur originateur ; était-il muté ou mourait-il qu'on n'y comprenait plus rien. Aaah... les longues veillées de déchiffrage préparatoires aux dépositions ! C'était le règne du cuistre. Nous avons même lancé à la Libération une école spécialisée du texte obscur et langue de bois, qui pourvoit les rédactions ministérielles et administratives pour le plus grand bonheur des explicateurs rémunérés par l'usager. Les maisons spécialisées Lefebvre, Lamy et quelques autres Dalloz, mangent sur l'obscurcissement des lois et décrets qui nous gouvernent.

Un forumeur de talent, croisé sur Vive Le Roy, me confiait une réflexion de Jacques Chardonne sur la Justice qui a sa place ici :

" C'est un bel apanage pour une nation qu'une justice honorable. Le mot "justice" est impropre. On croit que les juges ont pour mission de satisfaire à notre sentiment du juste. En réalité ils appliquent des lois, ils se réfèrent à des textes, à des précédents, et veillent sur la stricte observation des formules. Les filous connaissent bien les règles et en profitent. L'honnête homme est souvent négligent et distrait; c'est ce que le juge blâme avant tout. L'honnête homme est volontiers querelleur. On se méfie de ses récriminations, on exige des preuves impossibles. On a raison. Le monde est plein de braves gens qui ne voient partout que des gredins" (Chardonne, Eva ou le journal interrompu)


Un mot sur la langue des notaires du Moyen Âge. C'est le latin.

En Languedoc la langue vernaculaire est celle laissée par les Wisigoths et que l'on appellera plus tard l'occitan, parlé de Gênes à Barcelone et jusqu'assez haut dans le Massif Central et l'Aquitaine. Chez le notaire, tout était débattu en occitan et l'accord obtenu était alors transcrit en latin par le clerc, car l'occitan n'avait pas alors d'orthographe. Idem dans les prétoires où les débats se tenaient dans la langue populaire seule capable d'exprimer les nuances des esprits de l'époque, et actés par le greffier en latin. Ce défaut de fonds littéraire créera plus tard de grandes difficultés aux restaurateurs des langues provençales et languedociennes du XIX° siècle, qui durent s'atteler à une épaisse production en évitant de tomber dans le travers des patois, pour combler ce vide. Idem pour le flamand en Belgique qui n'avait pas de substrat littéraire conséquent.

On a beaucoup critiqué ce latin médiéval, latin de cuisine, latin d'office, mal lu, mal prononcé, presque roman. Pourtant il n'est pas si terrible et garde le mérite d'avoir "sauvé" la langue latine jusqu'à nous, qui sans cela serait rangée aujourd'hui dans la même case que l'étrusque ou l'araméen. Le latin classique renaît aujourd'hui dans des camps bien éloignés de sa tradition puisqu'on ne l'apprend plus comme langue vivante dans les séminaires. "Latin vivant", ça existe. On y gagne en précision et clarté et c'est bien de cela dont nous avons besoin dans nos relations sociales de plus en plus ébouriffées. Voeu pieux !

notaire désincarné
Mais à dire vrai, dans les billets de ce blogue suis-je sûr d'être toujours compris ? Ce qui s'énonce bien ... (à réciter vingt fois le soir avant de s'endormir).

samedi 21 juillet 2007

Le crépuscule des coqs

coqIl se passe toujours quelque chose aux Galeries Royalistes. Il serait mieux qu'on le sache. Après avoir éreinté les pontes du communautarisme catholique, la 23è livraison des EPEES porte le fer au flanc du souverainisme sous un titre anodin " Le (bon) sens caché du scrutin présidentiel". Jusqu'à la garde cloué au mur. C'est Jean-Baptiste Barthélémy qui s'y colle. Penser à nettoyer la lame souillée avant de débrocher !

Pour une fois que je croise dans le mouvement un rédacteur de talent dont je comprends les idées européennes jusqu'à le précéder dans ma lecture, je ne vais pas bouder mon plaisir et participer derechef à la propagation de la foi en évitant de réécrire l'article qui n'a besoin de personne pour tenir droit.

Il ne s'agit que d'acter le décès politique des deux thuriféraires-en-chef de la Nation absolue et portative que sont l'animateur vendéen du Puy du Fou et le cyclope de Saint-Cloud. J'avais prévenu l'entourage du premier que le tintamarre islamophobe occultait tout le reste du programme, très inégal en qualité d'analyse d'ailleurs, et que la catégorisation voire la stigmatisation qu'opèrerait les médias qui vont au plus facile, le disqualifierait dans une course à large spectre comme la campagne présidentielle. Il me fut dit que le programme était formidable, pensé au bord du zinc, proche des gens. Et j'ajoutais in petto, marqué du plus parfait mépris du citoyen. La raclée d'avril ne modifia en rien la trajectoire à se douter qu'on avait pris des assurances en haut lieu pour un billet-retour de Canossa. Effectivement les législatives furent engagées par Guillaume Peltier sur le même argumentaire réducteur, à la limite débile, prouvant qu'il n'y avait ni chef ni cerveau au MPF ! Le souverainisme cathochic se prit donc une veste !

encrier de Vergennes
Du côté de Saint-Cloud c'est quand même plus grave. A partir de l'heureuse surprise du 21 avril 2002, le vieux chef ne fit rien de plus que de cultiver une image arrondie aux angles afin de répéter cet éphémère succès en avril 2007. Pour quoi faire ne fut jamais la question. Les nationalistes addictés au Front débitaient des âneries comme "déstabiliser le système", ou forcer les idées frontistes dans les programmes de gouvernement, sans aller au bout de la question : que change-t-il d'être battu au second tour 30-à-70 au lieu de 20-à-80 ? On est de toute façon battu. Et qu'est donc cette analyse politique assurant d'une prise en compte par les finalistes des idées (peut-être) ou des mesures professées par le Front national ? Les suggestions électorales deviendraient-elles des promesses, puis des projets de loi ? Le gouvernement de François Fillon va nous prouver le contraire, tout simplement parce que le Front n'est pas entré au gouvernement, bête comme chou.
Mais qu'importe, l'action politique des dernières cinq années ne visait qu'à maintenir la firme en état de rapporter, et accessoirement d'établir la fille du menhir aux manettes. Ils avaient oublié qu'ils étaient subventionnés par le Système honni. Le pillage des voix par le vainqueur aux législatives les a mis en faillite. Le "politique" de la bande est le polytechnicien félon, le seul qui ne se serait pas endormi sur des lauriers en plastique, mais ils ne l'aiment pas au Paquebot !

Villiers + Fabius + LePen
Les démagogues disparus dans les vécés de la démocratie, que reste-t-il du concept ? Le fumet d'une escroquerie. Se lèvent ci et là des souverainistes arguant de l'imprescriptibilité du refus référendaire, le peuple ayant dit non à l'Europe en mai 2005 ! Que le bloc majoritaire d'alors fut fait de bric et de broc et que le succès soit à porter au mérite du leader socialiste qui avait senti avant tout le monde le zéphyr de l'antichiraquisme primaire, ne les freine pas. Le "55" est sacré puisque le souverain a parlé ! S'engouffrent dans cette impasse des gens par ailleurs fréquentables comme Paul-Marie Couteaux ou Nicolas Dupont-Aignan.

Mais depuis quand les contempteurs de la démocratie comme peuvent l'être les "contre-révolutionnaires" que nous sommes, fondent-ils leur argumentaire sur la sacralisation du suffrage universel ? Le dénombrement démocratique est-il garant de raison, de bons sens, de bien commun ? Ca peut arriver, mais en l'espèce tous les experts s'étaient accordés pour ne tirer aucune décision de ce résultat surprenant, sauf celle d'attendre "que ça se tasse". Le 22 avril 2007 les "55" se sont fortement tassés puisque les trois premiers choisis par le souverain peuple, ardents europhiles, ont totalisé 75% des suffrages exprimés ! Il faut descendre jusqu'à la 6è place pour totaliser 16% d'europhobes, et encore en comptant les 4% de la LCR ! Le souverainisme est tombé malade de son leadership, ou de l'absence de leadership. La collusion des "55" n'a pas été transformé en cohésion, parce que les chefs de file autoproclamés de ce mouvement d'opinion n'étaient tout simplement pas au niveau de compétence exigé pour le faire. Le "droite la plus bête du monde" ça vient aussi de quelque part.

moisson du blé
L'Opinion fut méjugée sur ce résultat surprise. Elle avait reproché aux élites de trancher les questions européennes sans presque jamais poser la question de la pertinence de l'Europe, sur l'intensité de coercition, fédération, confédération, mais il n'y avait pas rejet d'une organisation structurée du continent. Il ne faut pas sous-estimer non plus qu'en 2005 chacun avait senti les réticences de Chirac à venir au référendum simplement parce qu'il était défié par Tony Blair qui avait annoncé le sien ; l'électorat lui fit payer cette réserve mentale, énième tricherie. J-B. Barthélémy nous dit que " les électeurs [qui ont voté "européiste" le 22 avril 2007] ne sont pas pour autant des eurolâtres béats. Ils sont seulement convaincus qu'une approche réaliste et pragmatique de la question européenne s'impose, une approche qui condamne aussi bien l'euroscepticisme vindicatif que l'européisme naïf." Il a raison, l'électorat est au milieu du gué et cherche une pratique, en reconnaissant que l'oeuvre est considérable et ne saurait être détruite. Et puis l'Europe c'est aussi pour beaucoup la paix !

Soyons donc "euréalistes" et quittons les oripeaux du souverainisme obtus en pleine décomposition. Inutile de vouloir assécher la Manche pour refaire le royaume d'Arthur Pendragon ! C'est dans l'Europe institutionnelle que notre souveraineté doit être soigneusement incrustée, en articulant à notre façon les quatre pouvoirs régaliens, afin de prévenir que retenus en des mains impuissantes, ils ne s'affadissent. Défions-nous des coopérations à la carte qui sont le cache-misère de notre manque d'idées stratégiques, passons au menu !

Nous sommes déterminants dans les domaines militaire, diplomatique, agricole et aéronautique. Sachons jouer nos atouts. Il serait temps pour les Royalistes de laisser la montre de gousset dans le tiroir aux souvenirs et de passer à la montre à quartz. Ce qui nous économiserait ces éternels gémissements sur la cuistrerie politique des édiles et la dureté du monde globalisé. Cherchons, analysons, innovons, l'avenir est à l'intelligence ! S'il est des écoles de pensée dans le mouvement, qu'elles phosphorent donc sur le futur possible !

fusée Ariane V
Post-scriptum à l'intention du lectorat primo-infecté :

Les domaines de prépondérance sont partagés ainsi :
- Diplomatie : il y a deux politiques étrangères en Europe excédant l'espace continental : celle du Royaume-Uni et celle de la France, celle-ci n°1 en termes de présence sur zone d'effort.
- Forces armées : deux pays peuvent se projeter sur des théâtres d'opérations extérieurs, la France (n°1) et le Royaume Uni. S'y ajoutent le corps blindé allemand et les flottes navales italiennes, hollandaises et danoises ; quelques infos ici.
- Agriculture : France n°1, Espagne et sur un second rang, Hollande et Danemark.
- Aéronautique : France n°1 (Airbus, Snecma), Royaume Uni (RR) et Allemagne.
- Aérospatiale : France leader d'Arianespace

Deux domaines régaliens français ne sont pas prépondérants :
- Justice : notre tradition médiévale de la question et de l'aveu est mal perçue à l'étranger, et les frasques impunies de notre personnel politique font rire.
- Sûreté : le rapport "effectifs pléthorique / crimes et délits traités" ne plaide pas en faveur du modèle français de sécurité qui pâti aussi de la proximité d'un modèle social épouvantable.

frégate Horizon

vendredi 20 juillet 2007

Les Epées, ça coupe aussi

couverture du 23Comme de nombreux tradicathos de la mouvance royaliste vous pensez avec raison que "vous n'avez pas le choix des armes et devez reconstituer des communautés catholiques par des écoles catholiques, des journaux catholiques, des radios catholiques, des réseaux catholiques, des entreprises catholiques, des lobbies catholiques, un parti catholique, et défendre ainsi l'identité des catholiques pour assurer la perpétuation de leur groupe en obtenant des droits, en étant inscrit sur la liste des groupes dont il faut séduire les voix pour être élus. Bref "peser", être respecté, se faire craindre ".

Avec d'autres et pas des moindres (Van Gaver, de Guillebon, Sérapion, PM Couteaux) vous voulez " reconstituer une "France véritable" dont les catholiques seraient le "vrai peuple" et la "vraie jeunesse" pour mener la reconquête de la nation, fille aînée de l'Eglise", avant peut-être que de se précipiter dans le camp des saints de Raspail si ça s'aggrave.

Avec Renaissance catholique vous proclamez que " ce n'est pas au nom de la laïcité qu'il est possible d'interdire la construction de mosquées ou l'ouverture d'écoles musulmanes en France, c'est uniquement au nom de la défense de l'identité nationale et de la tradition chrétienne de la France ".

Hélas vous avez tout faux.
Dans la 23è livraison de la revue des Epées, Alain Raison démonte en 6 pages l'absurdité du communautarisme, pire, il le fustige en dénonçant le "blasphème structurel". Le catholique a une vocation apostolique universelle par le commandement que lui fit le Christ de porter la Bonne Nouvelle par toute la Terre.

" Quand nous écrivons "nous autres catholiques" nous ne sommes déjà plus catholiques, c'est à dire que nous ne sommes plus universels "(Gabriel Marcel).

Je ne vais pas vous donner les clés de la démonstration. Il faut acheter la revue ! Elle le mérite. Un seul sous-titre de cet article vous mettra la puce à l'oreille : Substituer la logique d'assomption à celle de reconquête".

Quand vous aurez assimilé Alain Raison, vous pourrez passer à l'Europe de Louis de Bonald et au dernier Védrine, Continuer l'histoire ! La critique de Bruno Lesvez pourrait dispenser d'acheter le livre tant elle est complète (6 colonnes), mais ce serait dommage pour un opuscule fondamental à 10 euros (Fayard). L'ouvrage est fait de quatre chapitres qui forment le meilleur bréviaire diplomatique depuis longtemps. Le premier est consacré à la psyché occidentale, les suivants déroulent une théorie réaliste des relations internationales.

" La première remise en ordre, dit Védrine à propos de notre politique étrangère, consisterait à cesser de prétendre que nous ne défendons pas des intérêts, que nous parlons "pour l'Europe", "pour le monde", "pour la communauté des nations", "pour la paix", "l'universel" etc. Cela pour plusieurs raisons : 1- C'est faux. Nous avons des intérêts précis : ceux de 60 soixante millions de Français qui ne sont pas des êtres virtuels ; 2- personne à l'extérieur ne nous croit. cela suscite sourires ou énervement ; 3- cela désoriente l'opinion française. Défendre clairement nos intérêts ne nous empêche pas de promouvoir en même temps nos idées pour l'Europe, pour l'ONU, de faire rayonner la France que le monde aime ".

On mesure la distance avec le feu follet Kouchner.

Avec tout ça vous aurez fait 9 pages sur 66 ! Disons-le déjà pour n’y pas revenir : la couverture du 23, bon … mouaif, même si on a compris l’intention. Le gros dossier est consacré au "Bon Sens" ! 14 pages et beaucoup de grain à moudre. De Richelieu à De Gaulle en passant par Tocqueville et Pétain, c'est très fouillé et actuel ! On pourrait tenir ce blogue pendant quinze jours rien qu'en surfant sur les articles de ce dossier remarquable.

l'épée de YodaA suivre "La tentation de l'Empire" ou l'insondable complexité de la saga lucasienne Star Wars. Il faudrait traduire cette imposante contribution en anglais et l'adresser à Georges Lucas. Sauf s'il rompt l'anévrisme, il fera aux Epées une pub d'enfer à Los Angeles, c'est sûr ! Extrait à méditer par les surfeurs de Venice Beach :

"La confrontatioon jedi/sith, au-delà de sa dimension métaphysique, est au centre du discours de l'hexalogie [...] Mais sous une belle apparence de multiculturalisme se cache une forme extrême de discrimination biologique, reposant sur la récupération politique d'un infestation parasitaire bégnine : les midichloréens, genre de mitochondries chloroplastes - leur taux dans le corps détermine à lui-seul l'admissiblité puis le potentiel de carrière de tout jedi . Le recrutement de la Waffen SS à côté, c'était les United Colors de Benetton " (Robert Hubert).
A partir de là j'exige mon scooter spatial pour aller voter et je jette ma bécane au fumier !

Suit la critique littéraire dont l'utilité est de pouvoir parler en ville des livres que vous n'avez pas achetés ou lus :
- Moralement correct de Jean Sevilla,
par Aristide Leucate
- Le Trésor de l'Action française de Pierre Pujo,
par Gilles Chabrier
- La haine à l'état d'antiquité de Günther Anders,
par A. de Contrepont
- J'ai déjà donné (polar) de ADG,
par Bruno Lesvez
- Constat d'Occident (essai) de Laurent Schang,
coulé par Philippe Mesnard
- Le pacte secret (fiction politique) d'Algoud & Fioretto,
encensé par Nathalie Bouvard
- Moby-Dick, Pierre ou les ambiguïtés de Herman Melville,
par Michèle Pinson
- Huysmans, le forçat de la vie de Patrice Locmant,
par Stéphane Giocanti
- Arkhalià le livre sans pages de Pierre de La Coste,
par Philippe Mesnard
- Spectres contre-révolutionnaires de Jean Zaganiaris,
coulé par Alain Raison
- Réflexions d'un inhumaniste de Jean-Claude Albert-Weil,
encensé par Jean Desfontaines
- Les Orphelins du Mal par Nicolas d'Estienne d'Orves,
par Arnaud Bordes
- Microfictions de Régis Jauffret,
par Rémi Lélian
- Les vignes de Berlin de Daniel Rondeau,
par Gilles Chabrier
- Noureev l'insoumis d'Ariane Dollfus,
par Stéphane Giocanti
- Comment parler des livres qu'on n'a pas lus de Pierre Bayard,
par Philippe Mesnard
- Face/s d'Olivier Roller,
par David Foubert
- American Black Box de Maurice Dantec,
encensé par Rémi Lélian
- Ernest Psichari, l'aventure et la grâce de Hugues Moutouh,
par Edmond Naudé.

Et un superbe entretien d'Ibn Assidim avec Laurence Varaut pour Un avocat pour l'histoire, Mémoires interrompus 1933-2007 de Jean-Marc Varaut, la critique de l'ouvrage étant tenue par E. Marsala.

Je termine en signalant un entretien remarquable avec Jean-Pax Méfret, la chronique habituelle de bandes dessinées de Mesnard qui nous parle cette fois de F'murr, et la nouvelle des Dinosaures en fin de revue. Ca se lit sur un mois !

Les Epées
6 rue Henri Say
92600 Asnières

L’abonnement normal à 4 numéros, soit 4 mois de lecture, 18 euros.
Abonnez-vous, vous n'avez aucune excuse, sauf d'être républicain ! Mais ce n'est pas un crime.

couverture du 21couverture du 16couverture du 15couverture du 22couverture du 14couverture du 10

mercredi 18 juillet 2007

Université d'été AR 2007

YMAMais où est passé Monsieur de Boisbrunet ? Court-il tel le furet au bois joli ? On me dit dans l'oreillette qu'il est sur la Légende des Siècles. L'Oeil était dans la tombe et regardait Caïn ! A peine remis de son Histoire Mondiale des idées politiques en format portable, il versifie avec bonheur sur le roman historique bainvillien. L'eut-il fait sous forme de bande dessinée qu'il aurait inondé les plages pluvieuses de ce mois pourri. J'attends pour la rentrée la Saga cosmique des Illuminatis qui devrait clôturer la saison littéraire du président de l'Alliance Royale. Sauf surprise, il n'a pas l'intention de faire un calendrier 2008.

J'avais cru benoîtement comprendre qu'à défaut des grives législatives nous aurions les merles municipales et qu'il fallait former nos bataillons, marchons, marchons ... La guerre gronde au loin, les armées se rangent, Juppé renonce à Varennes en Québec, les histrions de l'UMP font l'aumône par toute leur circonscription, les socialistes briquent les fusils en expliquant que tout est de la faute à Solferino et le Modem essaie de capter les retombées dissipées de la gloire bayrousienne. Gallia par Adeline
Même les communistes serrent les lacets des Doc'Marten's en prévision du choc, et tous chassent l'Arabe non pour le bastonner mais pour l'inscrire. Sans doute les royalistes s'affairent-ils dans l'ombre à bâtir des listes imprenables, à moins que l'on ait décidé - et c'est ma crainte - de ... faire un test !

Reims est communiste, Amboise orléaniste, Fontainebleau visée par le prince Napoléon, Chantilly trop marqué par le Jockey Club, Poitiers c'est "touche pas à mon pote, Charles", reste Versailles. Voilà ! On va prendre Versailles. La profession de foi est prête. Cliquez ICI pour l'apprendre par coeur, elle est la base du "test".

Merci d'être revenu sur Royal-Artillerie.
La partie de la profession intéressant les Versaillais est reprise ci-dessous :
"Versailles est une ville authentique, et nous voulons qu’elle le reste. L’authenticité sonne bien à notre cœur royaliste. Malheureusement notre ville vit aujourd’hui sous l’ombre de son château, comme beaucoup l’on déjà remarqué, avec un centre ville et des commerces de proximité qui périclitent, fragilisant ainsi la vie sociale. La circulation, le stationnement, le logement sont de vrais problèmes auxquels il devient urgent de trouver des solutions. Si rien n’est fait, Versailles deviendra une authentique ville dortoir où l’on travaille à Paris, fait ses courses à Parly et regarde passer les cars de touristes. Nous voulons, avec vous, faire de Versailles une ville accueillante et dynamique où les corps sociaux seront équitablement consultés, et qui sache ainsi relever les nouveaux défis urbains sans rien renier de son patrimoine. C’est cela la représentation participative à laquelle nous sommes attachés."

salle des mariages de Versailles
Je n'ai pas trouvé l'axe royaliste qui puisse se démarquer de celui des listes concurrentes, du moins celui qui, une fois l'élection gagnée, afficherait les prémices d'un "accomplissement" royaliste à l'étage des villes ou villages. La liste communiste (il n'y en a pas à Versailles) pourrait se saisir de cette proclamation et l'insérer sur ses affiches sans changer un iota ! Les socialistes pareillement. Les MoDemistes itou avec un zeste d'européanisme, Versailles capitale politique de l'Union ! Pourquoi est-ce si difficile ?

Par défaut d'imagination !
Bien sûr que la monarchie est récupérable au niveau municipal mais pas comme un accessoire diffus de la gestion d'assistance sociale de la cité. Tout le monde sait faire, et souvent le fait très bien avec un mérite immense tant la charge est écrasante et précarisée par les lois de responsabilisation des édiles. Qu'est-il besoin d'attendre les royalistes en loden pour une bonne gouvernance communale ?

Par contre, nous pourrions faire la promotion de l'université communale telle qu'elle prospérait sous l'Ancien régime, avant que la centralisation et l'uniformisation ne l'étouffent. Revendiquer libertés et franchises communales pour desserrer le triple étau départemental, régional et central, retrouver jurandes et maîtrises pour s'affranchir des agendas nationaux des syndicats politiques, relancer les confréries de buveurs du label blanc, etc...

carte des Pays d'EtatsDit en passant, on serait bien avisé de choisir l'organisation des communes en se limitant aux pays d'Etats plutôt que d'Election où se profilait déjà le caporalisme impérial. Il y a du choix : Artois, Basse-Navarre, Béarn, Bigorre, Bourgogne, Bresse, Bretagne, Bugey, Cambrésis, Charolais, Corse, Flandres, Foix, Gévaudan, Hainaut, Labourd, Languedoc, Mâconnais, Marsan, Nébouzan, Provence, Quatre-Vallées, Soule, Velay et Vivarais. 25 listes au programme adapté chaque fois aux chartes antérieures (c'est les vacances !). On oubliera volontiers que sur les ruines de la féodalité s'était mise en place presque partout une centralisation administrative puissante actionnant une administration très active depuis Louis XIV (certains la font remonter à Louis XI). Après tout c'est d'un programme électoral qu'il s'agit, pas d'un cours d'histoire.

Les gens ont-ils soif de démocratie communale, de libertés de faire et défaire, d'organiser leur conseil autrement, de passer à la proportionnelle intégrale, de votations par collèges dans les domaines de leur ressort ? Ah ... le temps béni du scrutin par feux ! Elaborons donc une doctrine d'organisation municipale royaliste fondée sur la démocratie de proximité, même si organisation et démocratie sont antinomiques dans le coran maurrassien ; mettons la en musique en expliquant que c'est notre queue de trajectoire (très rare de se dévoiler par les temps qui courent) et portons la aux élections municipales en insistant sur une gouvernance impeccable vers un projet libertarien pour lequel nous pétitionnerons régulièrement au cri de "Les libertés en bas", magnifique slogan ou "l'Anarchie + 1", terriblement subversif !

Les gens n'en auraient-ils cure que nous devrions aussitôt renoncer car il n'y aurait dès lors aucun terreau sous nos semailles ; et c'est bien ce que je crains. Hormis cela, l'assaut des royalistes risque de beaucoup décevoir !

La plateforme politique de l'Alliance Royale est de niveau présidentiel. Faute d'avoir su séduire 500 maires - sur la base par exemple de cette doctrine municipale ou toute autre du style de Schivardi (??!) - elle n'a pas pu être exposée par notre candidat. N'attendons pas cinq ans ! Construisons un argumentaire royaliste.

Qu'en pense le "roi", me siffle-t-on. C'est justement tout l'intérêt du niveau municipal : le roi n'a rien à y dire ou redire, sauf à prendre le cheval qu'on lui laisse. Profitons-en !

Tout ceci pourrait être débattu lors des journées de l'université d'été de l'AR qui se tiendra à Paris les Samedi 8 et Dimanche 9 septembre dans un hôtel particulier du 7e arrondissement.

student hat
" Perspectives d’avenirs pour l’Alliance royale, nouvelles échéances électorales, royalistes et médias, diplomatie et royauté, conférences, ateliers etc. Comme à l’accoutumée, des thèmes divers seront abordés afin de former, d’instruire et de construire. Des intervenants de renom se succéderont à nos tribunes pour le plus grand bonheur des participants ".

Réservez dès maintenant votre place en utilisant le bulletin d’inscription ci-dessous :
Téléchargez svp !

lundi 16 juillet 2007

2 ou 3 livres sur le sable

Quelques lectures du 15 juillet au 15 août pour changer un peu des fondamentaux. Avec deux rappels, le Védrine et le Prawer qui dans leur genre se font écho. Et un joli roman primé par mon voisin de libraire, le Passage de Vénus.

couve de Filles des LumièresAuteur d’un Dictionnaire du Siècle des Lumières qui est devenu un classique, Jean de Viguerie se penche sur les sociétés d’esprit animées par des dames de la haute société qui fleurirent à Paris au XVIIIe siècle. Héritières, dans une certaine mesure, des « précieuses » du siècle précédent, les « filles des Lumières », Madame Geoffrin, Madame du Deffand, la marquise d’Epinay ou Julie de Lespinasse ont joué, sans le savoir, un rôle important dans la préparation du séisme révolutionnaire. Contemporaine d’une époque qui fut porteuse des espoirs de progrès et de bonheur en même temps que la matrice des pires utopies, elles étaient près d’une cinquantaine à accueillir, voire à entretenir, les idéologues à la mode du « parti philosophique », de Fontenelle à Voltaire et de Marmontel à La Harpe, sans oublier d’Alembert et bien d’autres. L’auteur pointe les limites de cette sociabilité ; les cercles ainsi constitués avaient en effet, pour ceux qui bénéficiaient des largesses de leurs protectrices, une fonction « alimentaire » qui était de nourrir les « gens de lettres » et de leur assurer d’agréables séjours à la campagne. Ils permettaient également à quelques auteurs besogneux ou d’extraction modeste d’accéder à une « visibilité » sociale flatteuse, en un temps où prévalait encore le prestige dû à la naissance et au rang.

ViguerieJean de Viguerie, qui connaît parfaitement l’envers du décor, n’a guère de difficultés à cerner les personnalités des « hôtesses » de l’intelligentsia du temps. Il met ainsi en lumière la médiocrité de leur propre production littéraire et l’échec fréquent de leur vie sentimentale ou familiale, la « philosophie » ne suffisant pas à les consoler des mécomptes de leur existence privée.
Il ose un rapprochement audacieux mais heureux quand il compare les salons du temps aux émissions dites « littéraires » de la radio ou de la télévision qui exercent aujourd’hui une fonction analogue à celle assumée en leur temps par les « sociétés d’esprit ». Il prend ainsi à témoin Madame du Deffand qui, dans un éclair de lucidité, nous rapporte « l’admiration » que lui inspiraient certains de ses invités : « …Hommes et femmes me paraissaient être des machines à ressort qui allaient, venaient, parlaient, riaient sans penser, sans réfléchir, sans sentir, chacun jouant son rôle par habitude… »
302 p. chez Dominique Martin Morin, 23 €

Jean de Viguerie compte parmi les grands spécialistes de l’Ancien Régime. Il a notamment publié une étude sur L’Institution des enfants : l’éducation en France, XVIe-XVIIIe siècle et une biographie de Louis XVI pour laquelle il a reçu le prix Hugues Capet. L’ouvrage qui précède celui que nous venons de présenter (merci Clio) est ce fameux Histoire et Dictionnaire du Temps des Lumières, paru chez Laffont en 1995 (28,80 € pour 1740 p.) :
couve du Dictionnaire Viguerie « Temps des Lumières » n’est pas une simple formule : le siècle est vraiment celui des Lumières, et ce livre le fait voir. Il montre comment la pensée des Lumières et ses valeurs d’utilité et de tolérance ont transformé les rapports sociaux, changé les esprits et les cœurs et jusqu’à l’âme des peuples.
On goûtera au fil des pages les charmes de ce monde ancien, sa douceur de vivre et sa politesse, la grâce raffinée de ses œuvres d’art. Mais on pourra aussi découvrir ce qu’il y avait en lui d’insensible et d’inhumain, la nouvelle dureté des rapports sociaux. Nul siècle n’est plus contrasté. Nul n’est plus désenchanté. D’un côté il appelle le bonheur, et de l’autre il répond : il n’y a pas de bonheur. « De l’ange à l’huître, écrit Mme du Deffand, rien n’est heureux. » Nulle époque peut-être ne ressemble davantage à la nôtre.(source Laffont)

Nous avons présenté le livre suivant pendant quelques jours seulement, la semaine dernière, et nous le remettons en ligne ici pour les archives du blogue.
Couve du Royaume de JérusalemL'Israélien Joshua Prawer (1917-1990) reconstitue la première tentative de l'Europe de sortir d'elle-même en s'installant ailleurs. Seconde édition d'un ouvrage capital de l'historiographie médiévale.
L’auteur a utilisé l’ensemble des sources latines et orientales pour écrire une monumentale histoire du royaume latin de Jérusalem, depuis sa fondation par Godefroy de Bouillon en 1099 jusqu’à la chute de Tyr en 1291. Miné par les rivalités entre croisés, le royaume, conquis par Saladin en 1187-1188, tomba définitivement en 1291 sous les coups des Mamelouks.

Croisade contre Djihad, Occident chrétien contre Orient musulman... À la fin du XIe siècle, pauvres et riches, piétons et chevaliers prennent la route de la Terre Sainte pour conquérir Jérusalem, la Ville trois fois éternelle de David, Jésus et Mahomet. De cette épopée qui fonde le Moyen Âge, collision de mondes avant même d'être choc de civilisations, vont naître, royaumes aussi nouveaux qu'éphémères, tels des songes sortis du désert, les grands fiefs francs d'Antioche, de Tripoli, d'Edesse, et plus tard d'Acre ...
C'est la chronique de cette guerre sacrée et de ce pèlerinage aux sources, sur fond d'incendie méditerranéen, que mène ici Joshua Prawer. En montrant, à travers l'affrontement des armes, la rencontre des hommes, et les échanges de culture comment tout rêve théocratique se condamne à l'échec. Mais aussi en racontant, dans tous ses états, le premier essai d'instauration d'une société européenne en Orient. Un grand récit historique, servi par une élégance d'écriture et une richesse d'information inégalées, qui se lit comme un roman.
1344p. 28,50€ chez CNRS Editions, 2007

Prix Librairie du Bois, été 2007
Deux sœurs, orphelines, Caroline et Grace Bell, quittent l'Australie à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour venir vivre en Angleterre. Deux destins en apparence fort différents, qui laissent pourtant un égal goût de cendres : Grace, la blonde, se marie et connaît le bonheur tranquille et fastidieux de la classique femme au foyer ; Caro, la brune, posée d'emblée comme une « enfant de Vénus », préfère l'amour hors mariage et la vie plus chaotique du monde du travail. Elle connaît la passion dans les bras d'un dramaturge à succès avant de se marier avec un Américain plus âgé et d'émigrer à New York. Sydney, Londres, New York, Stockholm, c'est le passage du nouveau monde à l'ancien continent, une traversée initiatique qui la mènera de l'innocence à l'expérience.
Mrs Shirley HzzardSur les traces de Henry James et d'Edith Wharton, Shirley Hazzard cisèle l'intime des vies tout en les mêlant étroitement à la société du temps et aux échos de l'Histoire. Art de la suggestion et du non-dit, finesse psychologique, subtile perfection du style : Le passage de Vénus l'imposa d'emblée en 1981 comme un écrivain majeur de notre époque. A découvrir.
Traduit de l'anglais par Demanuelli, 528 pages chez Gallimard, 25 €

couve du VédrineCeux qui s’intéressent à la métapolitique attendent le rapport que remettra M. Hubert Védrine au président de la République sur les axes manoeuvrants de la mondialisation. Ce sera en fait le vrai « livre blanc » du quinquennat en dehors des questions d’intendance et d'assistance sociale. Sans attendre et pour ceux-là qui ne l’ont déjà fait, il faudrait lire son dernier ouvrage « Continuer l’histoire » qui avait été sélectionné dans la colonne annexe de ce blogue.

Je vais pour ma part reprendre un Proust, un de ces livres qu'on ouvre à n'importe quelle page et qui est chaque fois excellent. Plaisir pur du texte sublime. Inégalable sous la tonnelle quand filtre un doux zéphyr !
… j'allais m'asseoir près de la pompe et de son auge, souvent ornée comme un font gothique, d'une salamandre qui sculptait sur la pierre fruste le relief mobile de son corps allégorique et fuselé, sur le banc sans dossier ombragé d'un lilas, dans ce petit coin du jardin qui s'ouvrait par une porte de service sur la rue du saint-Esprit et de la terre peu soignée duquel s'élevait par deux degrés, en saille de la maison, et comme une construction indépendante, l'arrière-cuisine … (Du côté de chez Swann)

jeudi 12 juillet 2007

in memoriam al-Zahawi

de ZahawiComme Saturne, l'intégrisme musulman dévore les enfants de l'Islam. Les mauvais et les meilleurs aussi. Sur les listes de l'hécatombe irakienne, j'ai relevé le nom du professeur Khalil al-Zahawi que j'avais le privilège de connaître (de nom). Son assassinat est passé inaperçu en France au milieu de bien d'autres "inaperçus" puisque le 25 mai 2007 nous étions en campagne électorale et que le pays avait clos ses volets sur le grand réjouissement national.

D'ailleurs nous ne nous émouvons pas facilement des destructions culturelles si elles ne touchent pas notre propre patrimoine, encore que les incendies d'églises bretonnes ne fassent pas plus de vingt secondes au JT. C'est peut-être en ce sens que nous avons régressé. A défaut de ne plus pouvoir tirer le char de la gloire des arts dans le monde, nous avons la fâcheuse tendance à débiner le beau d'ailleurs tout en ignorant celui d'ici. Qu'a-t-on entendu en France de la destruction des grands bouddhas de Bamiyan ? Que dit-on jadis chez nous de la destruction de tous les bouddhas afghans drapés à la grecque - en souvenir du passage d'Alexandre le Grand dans ces contrées - quand au même moment nous soutenions à l'ONU le régime des Talibans, à des motifs qui m'échappent encore. C'est vrai que nous avions soutenu aussi les Khmers Rouges, par principe ! Et que le Lion du Panshir était un pestiféré que Chirac ne voulait voir à aucun prix pour d'obscures raisons.

Khalil al-Zahawi au pinceauZahawi avait 61 ans, était kurde natif du Diyala, résidait à Bagdad, attendait un taxi. C'était un calligraphe ! Un parmi quelques uns et le premier d'entre eux.

Si nos langues européennes usèrent de ces techniques d'écriture élégante en y associant souvent les enluminures, elles ne dépassèrent pas le stade de la décoration. Des oeuvres d'exception comme Le Très Riches Heures du Duc de Berry sont régulièrement rééditées à des prix conséquents.
La calligraphie est une grâce. Dans les pays de civilisation chinoise, c'est le sommet de l'art et l'expression de la force métaphysique du lettré raffiné. Les langues persane et arabe participent dans leur écriture de cette élévation de l'âme. Zahawi était un maître mondialement reconnu de la seconde, le Sheikh !

de Zahawi
C'est à partir du X° siècle de notre ère que les savants se libèrent des caractères "proportionnels" ou géométriques de l'arabe littéraire, et déploient leur talent. A Bagdad sous le califat abbasside, se succèderont les premiers grands calligraphes : les frères Muhammad ibn Muqla et Abu Abdullah ibn Muqla, Ali Ibn al-Baw wab et plus tard au XIII° Yaqut al-Mustasimi. Vers le XVI° siècle l'école de calligraphie arabe se déplace vers la capitale de l'empire ottoman et ses principes sont fixés par Şeyh Hamdullah qui affine et dynamise le trait, et encadre le travail dans des règles précises.

calligraphie qaqayiq
La calligraphie arabe atteindra son apogée au XVIII° siècle dans les grands calligrammes didactiques exprimés sur des racines persanes pour enjoliver les tympans des mosquées, les frontons des écoles, jusqu'aux contes des Mille-et-Une Nuits qui allaient conquérir bientôt l'Europe. Cet enrichissement fut l'oeuvre du Turc Mehmet Asat Yesari. Zahawi était de cette veine.

Les calligraphes de Mésopotamie disent que le maître avait surpassé les Anciens. Le ta'liq, qui veut dire "pendant" en arabe, fait flotter les lettres au-dessus de la page en les ancrant seulement par leurs extrémités. La méthode est très vieille mais n'avait jamais encore été poussée à la perfection comme le fit Zahawi. Il étirait les lettres à la taille d'un mot, emplissait d'écriture les fonds vides et créait de véritables paysages calligraphiés.

Plus près de nous, de grandes oeuvres calligraphiques en Andalousie et au Maghreb nous ont permis d'approcher cet art exceptionnel.
coran andalou
Si les dommages collatéraux sont inéluctables dans une guerre civile, il est insupportable d'assister à des meurtres prémédités sur des personnages de cette qualité. Que lui reprochaient les Nouveaux Huns ? Ses origines ethniques, son influence pédagogique sous le régime baasiste, sa notoriété internationale, sa résidence dans un quartier majoritairement chiite ? Son corps a été ramené au Diyala pour y être enterré.

de Zahawi
Internet offre de nombreux sites de calligraphie. En dehors de ce domaine on peut aller sur deux autres, plus politiques :
Un blogue anti-fondamentalisme : Endwahhabism.blogspot
Un site de nouvelles et d'analyses euro-arabes subventionné par l'Union : MEDEA

armes

lundi 9 juillet 2007

Royalistes sociaux

la plume et le marteauLes commerçants de Parly 2 près de Versailles, ont décidé d'ouvrir le centre commercial le 14 juillet prochain qui tombe un samedi. Il y a beaucoup d'émoi parmi les employés qui ne seront pas long à comprendre que l'arrivée au pouvoir des Sarko's boys signifie l'irruption du libéralisme intégral dans la gestion de la force de travail. Et les syndicats de surenchérir sans doute dans la langue de bois habituelle, les grands mots, toujours les grands mots. Les "contre-révolutionnaires" s'en amusent, pensez donc, la "bourgeoisie des boutiques" baise en cachette son petit veau de plomb plaqué or et va remonter la Bastille pour les racailles. Les identitaires vont crier au cosmopolitisme pacifiste et pourrisseur des valeurs patriotiques les plus sacrées.

Les royalistes sociaux, derrière Jean-Philippe Chauvin s'en agacent, au motif que l'arrogance a franchi les limites acceptables en tyranneaucratie, celle de la fête nationale qui commémore - on l'oublie souvent - la grande Fête de la Fédération de 1790 où Lafayette bouffi d’orgueil faisait acclamer le roi, la reine et le petit dauphin par un océan de patriotes encouragés au «velours de l’estomac » comme en 14 ! La Nation, la Loi, le Roi ! Ils ont bien raison, je parle des royalistes sociaux, lecteurs du Lys Rouge et de l'Action Sociale & Corporative du CRAF. Il n'est que temps de s'occuper des masses laborieuses et modérément démocratiques, en abrégé, des travailleurs, laissant pour un soir les princes à leur fabuleux destin, eux qui ont sans doute de quoi tenir. Voici le tract du jour :

blason de l'ASC
Le Centre Commercial Parly 2 a décidé d’ouvrir ses portes le samedi 14 juillet, jour normalement férié puisque jour de « fête nationale » : cela crée un précédent fâcheux et est révélateur d’un certain état d’esprit qu’il appartient de dénoncer.

OUVRIR UN JOUR FERIE EST ANTISOCIAL parce que cela revient à imposer aux salariés une journée de travail quand les autres sont au repos et à les exclure d’un congé reconnu à tous par le calendrier officiel.

OUVRIR UN JOUR DE FETE NATIONALE EST UN AFFRONT à la nation française puisque c’est un désaveu de celle-ci qui semble moins compter que les profits escomptés par la grande surface ce jour-là.

Les Royalistes Sociaux ne sont pas des fanatiques du 14 juillet qui rappellent de bien mauvais souvenirs au regard de l’Histoire si l’on pense à celui de 1789 mais apparaît comme le rappel de l’Unité française autour de l’Etat (et en l’occurrence du Roi Louis XVI) si l’on pense à la Fête de la Fédération de 1790.

Quoiqu’il en soit, c’est le symbole de la nation que nous défendons et non celui de la seule République ; c’est aussi un droit social des salariés aujourd’hui bafoué par ceux qui ne pensent qu’en termes de consommation, de « consom-nation » comme le disait le journaliste Louis Pauwels.

REFUSONS le « déni de nation » de Parly 2 !
DEFENDONS le droit des travailleurs et salariés aux mêmes congés que les autres !
REFUSONS la banalisation des ouvertures abusives les jours fériés et les dimanches !

Le combat des Royalistes Sociaux sur la Toile c'est sur www.asc.new.fr.

Que nous disent les rédacteurs de l’Action Sociale et Corporative dans leur dernière livraison ?
Le corporatisme du marquis de La Tour du Pin vise à soustraire le travail au joug de l’or aussi bien qu’à celui de l’Etat. " Ce que nous voulons : la Justice Sociale ! Ce qu’il faut : Rendre au peuple les justes garanties qui lui sont dues, et reconstruire sur la base de ses droits restitués l’édifice entier de notre droit social et politique "(La Tour du Pin). " La doctrine sociale de l’Action Française c’est la propriété personnelle et communautaire substituée à la propriété individualiste du libéralisme et à la propriété collective des socialistes marxisants. ”

On a besoin d’un puissant éclairage pour comprendre le corporatisme prévu pour le XXI° siècle. L’ASC y pourvoit, à commencer par un article passionnant de Stéphane Blanchonnet dans l’ASC n°5 qui traite de « La corporation selon Julius Evola ».
Cliquez ici,
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Mais qu'en est-il au fond de cette affaire parlysienne ? Certes les "patrons" perdent leur retenue traditionnelle en oubliant un peu vite que le consommateur national fait aussi l’employé en semaine et pourrait donc mal juger ce pas de clerc, car il ne s'agit que de cela. En fait, la période électorale interminable a saccagé les chiffres d'affaires des mois de mars, avril et mai dans tous les commerces non alimentaires, sauf les téléphones portables peut-être, mais le fisc, l'Urssaf et le propriétaire du local n'en ont cure et claquent des doigts à bonne date, mise en demeure dans la main gauche ! Le commerçant tient ses comptes au jour le jour et un samedi de plus devrait le soulager un peu. C'est aussi bête que cela ! Trois réflexions à partir du "vécu" :

(1) Les charges sociales sont énormes, qui pis est, pour des salaires nets insuffisants. Si l’on regarde concrètement les flux, quand un patron remet un chèque de 100 euros à son employé (c’est le net), il versera quasiment la même somme cumulée aux organismes sociaux à la fin du trimestre et en taxes d’apprentissage et de formation continue à la fin de l’année. Pour un résultat final déclarant la précarité générale ! Il nous faut arrêter de taxer le travail comme des malades. Qui s'attaquera à ce cancer ? A part la désintégration du noyau atomique, je ne prévois aucune amélioration sensible.

(2) La valeur ajoutée taxable se calcule sur la différence constatée entre les recettes d'une part, et d'autre part le prix des marchandises acquises et des charges extérieures payées dans la période considérée. La masse salariale et ses à-côtés ne sont pas pris en compte puisque normalement ils se rémunèrent sur la valeur ajoutée. Si l’activité est ralentie, la trésorerie est absorbée par la masse salariale fixe dans le commerce, sauf salaires à la guelte, par les services extérieurs (EDF, téléphone) et les loyers. Et quelquefois il est impossible d'y trouver le résidu nécessaire à l'acquittement d'une taxe mensuelle prélevant un cinquième de cette valeur ajoutée.

(3) La flambée de l'immobilier due à l'effondrement des taux de crédits hypothécaires, s'est répercutée avec un certain retard sur les loyers commerciaux, par le biais des indices à la construction ou par les réajustements de fin de baux 3-6-9. Certaines hausses sont terribles à supporter maintenant pour certains commerces petits et moyens.

Ce qui expliquerait, chère madame, pourquoi votre fille est muette et que des sacripans antinationalistes veuillent ouvrir un samedi 14 juillet quand défilera sur les Champs Elysées l’Armée française. Mais ce n’est qu’une question d'argent, d'argent qu'on doit. Le péché est véniel.

Puisque nous approchons de la Fêtnat, patron des Yabon du temps béni des colonies, j'ai relevé avec joie l'insertion d'un encart "saint du jour" dans les deux quotidiens gratuits du groupe Bolloré, Matin Plus et Direct Soir. L'entrefilet, assez copieux, donne la vie du saint, et la prière catholique du jour. Sournoise provocation. Que cela exacerbe la ire des laïcards et donne une leçon aux journaux pétochards qui se pavanent dans leurs petites lâchetés « maçonnées » me ravit. Après tout on est bien en France, non ? Et nous y avons pléthore de saints à la vie merveilleuse.

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