Temps pourris... titre Villèle à la une du Lien, et de nous donner d'entrée le goût des néologismes de sens. Je découvre la "parasélite" qui précipite les vocables parasite et élite. C'est bien trouvé et sa définition est encore mieux :
Parasélite désigne les individus appartenant aux classes sociales favorisées, dirigeantes et médiatiques, n'ayant ni le goût ni la compétence à gérer le Bien Commun. L'élite étant la fleur d'une société, la parasélite forme un clan de notables usurpateurs, idéologues, portés par l'ambition personnelle. L'oligarchie au pouvoir s'illustre dans la parasélite.
On effleure alors le futile débat bessonnien de l'identité française qui se limite in fine à l'exaltation des valeurs républicaines. Si 1793 fut l'an I de la République, il ne fut pas l'an I de la France ainsi que le laisse croire les gens en place qui captent l'héritage, comme nous le montre plus loin la récupération du quadricentenaire d'Henri IV par la cellule "Com" de l'Elysée. Finement analysée, elle fait dire à Gérard de Villèle que « dans nos interventions extérieures au milieu royaliste, il faudra pouvoir faire des comparaisons et donner des explications inversement tendancieuses à l'aperçu du poulet présidentiel* et aux diverses manifestations républicaines et laïques que devra subir la mémoire de ce roi ». Gageons que d'aucuns, anarchistes voire libre-penseurs, promouvront en revanche la mémoire de Ravaillac qui les débarrassa de ce roi consensuel. Quel mescladis à venir !
* On y reconnaît la patte de Guaino, Sarkozy étant incapable de synthétiser tout ça.
Mais le meilleur suit. Le baron Pinoteau a failli s'étouffer à la chronique des gaffes en série de maître Trémolet de Villers, transporté d'extase dans Présent, par l'avènement d'un Gaston Premier dont « le couple (Jean et Philomena) menace les Français si leur cause arrive à ses fins ». Pinoteau est en verve, qui nous en fait deux pages et demi, écrit serré, et m'apprend incidemment qu'Henri d'Orléans portait à Senlis la décoration de la Légion d'Honneur qui ne lui avait pas été encore remise par le Chef d'Etat qu'il entend remplacer. Personnellement, j'avais plutôt noté le port du makila, arme déplacée au mariage de son propre fils. Je partage aussi l'étonnement du baron à l'instrumentalisation récurrente de la mort du sous-lieutenant François en Algérie pour asséner l'esprit de service à l'auditoire, et déplore l'amalgame que fait son frère entre cette fin tragique et la peine de coeur que nous savions. Tant de familles ont été dévastées sinon terminées par les deux guerres mondiales sans jamais prétendre à l'exception. Il y en eut trop !
On sort de chez Pinoteau un peu secoué, en regrettant seulement qu'il utilise par deux fois l'argument d'autorité, qui affaiblit toujours la meilleure démonstration. Qu'il reçoive le Boletin de la Real Academia matritense de heráldica y genealogía en tant qu'académicien correspondant étranger coûte quatre lignes à l'article pour rien ; de même que doubler explicitement son courrier à Trémolet de Villers d'une copie à la rédaction avec prière d'insérer au motif que « je connais son illustre mentor depuis plus de 40 ans, et que je lisais sa prose il y a 59 ans à Cherchell pour devenir aspirant » fait ... petit joueur ; car l'avocat dithyrambique n'en mérite pas tant, se ridiculisant de lui-même.
L'humeur vindicative n'excuse pas non plus le cuir morganatique à l'endroit de Mlle de Tornos y Steinhart, parce que « par les temps qui courent » et ont couru, l'épouse du prince Jacques-Henri n'était pas de sang royal, il s'en faut de beaucoup, et encore moins celle du prince Alphonse son fils. Mlle Vargas y Santaella, aussi charmante qu'elle soit ne descend pas non plus d'un conquistador royal. Il y a évolution des moeurs pour renouvellement des plaquettes.
C'est Yves Méra qui fait l'interlude à mi-chemin. Non seulement c'est un teigneux de la plus belle eau mais en plus il a du style. L'opposition royaliste en mairie d'Héricourt restera dans les mémoires et les minutes. Il a fait condamner le maire par le tribunal administratif de Besançon pour l'y forcer ! Une page de pur bonheur.
Je passe sur l'analyse pertinente du numéro précédent, mais qui a maintenant quatre mois, par le fondateur du journal, Jacques Rolain. Apparemment il s'est mis à Internet et semble s'y plaire. Je passe pour aller comprendre l'affaire de Thiberville décrite en détails (croustillants) par l'ancien cérémoniaire pontifical du cardinal Veuillot, Claude Timmerman. On est au coeur de la lutte sourde entre l'épiscopat progressiste français emmené par le cardinal Vingt-Trois et le Vatican du motu proprio, et on comprend pourquoi c'est le second qui va gagner parce que beaucoup plus retord que ne l'anticipaient les prélats gallicans. Ratzinger a fait ses classes à la Sainte Inquisition, rebaptisée pour plaire aux gentils, ils l'ont oublié. Timmerman nous en met deux pages et demi que l'on relit aussitôt pour emmagasiner toute l'histoire.
Après Gérard Guillotel qui entame la genèse du concept de légitimité par la déclaration de Philippe V d'Espagne au pape Clément XI en 1720 (dont post-Utrecht), le 31° livraison se termine par une explication du schéma institutionnel prôné par l'Alliance Royale. C'est le déroulé de la plateforme politique qui est en ligne sur le site du parti. Si j'aurais aimé un rewriting plus pédagogique - le texte original est affaibli en portée par un ton de décret-loi un peu difficile pour les esprits simples - je persiste à mettre en cause l'assemblage Premier ministre - Ministre d'Etat - Garde des Sceaux dans les structures concurrentes que sont le Gouvernement, le Haut Conseil et le Ministère d'Etat. Les textes organisant les compétences respectives sont clairs mais insuffisants pour la bonne raison qu'ils seront mis en musique par des hommes, naturellement enclins à pousser les marches de leur "empire" et à favoriser la primauté de leur influence auprès du roi. Il sera intéressant d'en débattre à l'occasion, tranquillement entre deux élections.
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