mardi 10 mai 2011

Migrations et corruption

Actu : alors que les boat people du Machrek coulent au nez et à la sainte-barbe des escadres occidentales en Méditerranée, il nous est apparu opportun de revenir sur la question des migrations. Ce billet est en quelque sorte le complément "démographie" du billet « Changement de paradigme » du 10 avril (clic).

Ce matin tôt, la population mondiale à l'instant T était de...
6 944 884 432 individus – 433-434-435-436… (tic tac tic tac) avec un taux d'accroissement quotidien de 200000 bébés ! De ce nombre, cinq milliards sont abonnés au téléphone portable et moins d'un millier lit encore Royal-Artillerie ! Si l'on accepte que depuis les origines de l'homo sapiens, moderne mais sans portable, arbitrairement fixées à l'an de grâce néandertalien 50000 avant JC, 106.456.367.669 de distingués bipèdes se sont succédés en ce bas monde, le nombre instantané actuel fait 5,8% de toute notre histoire, ce qui fait plus de un sur vingt, hénaurme ! (source Carl Haub/PRB).
Et ça continue ! Nous serons de sept à onze milliards en 2050 (70 millions en France), la moyenne des projections à neuf milliards est généralement acceptée. Mais la terre pèse toujours 6.000.000.000.000.000.000.000 tonnes et n'a pas grandi, nous en serions alerté par la dérive cosmique des lois de Kepler. Elle est juste plus sale.

Cette incidente n'est pas gratuite. Si vous rajoutez à ces masses, l'accroissement soudain de la vitesse en un seul siècle, le monde n'est plus du tout comme avant l'invention de la pendule de gare. Ça grouille, des milliards dans un village global qui se souhaitent la bonne année gratuitement de Port-Moresby à Vesoul en dix secondes ! Comment dès lors pourraient tenir les compartimentages défendus par les puissances alliées à la création de l'ONU et sur lesquels se fonde le droit international courant ?


Les digues cèdent
Les pressions démographiques rompent déjà les digues nationales et les excédents courent vers les déficits. Qui peut croire jouable une réponse nationale ou européenne au niveau d'un pareil défi ? On peut certes freiner les migrations de maintes façons et subterfuges en sachant bien qu'on accroît la pression sur les digues et par conséquent le débit dans les trous de murs, mais il est plus qu'urgent de mettre le paquet sur le développement radical des contrées sous pression dans l'objectif maintes fois indiqué sur ce blogue, de hausser les conditions d'existence de chacun à un niveau suffisant pour désarmer chez lui l'envie de quitter sa terre. Le meilleur pib par tête parisien est relativement insuffisant pour vider les Cévennes, qui n'attendent que la légalisation du cannabis pour s'affranchir des subsides centraux !

Il y aura toujours un écart de niveau de vie entre les zones économiques du monde, et même de région à région dans un même pays, c’est déjà vrai dans le hameau natal. Il faut que cet écart soit trop faible pour valoriser une émigration. C'est aussi simple que ça. Le Malien qui nourrit sa famille sans gros problèmes par le travail de "ses" champs et qui peut éduquer ses enfants correctement ne va pas partir vers l'enfer poisseux des cités occidentales pour s'acheter une belle montre chinoise.

La stabilisation pour ne pas dire l’Ordre démographique commence par deux exigences imparables qui priment toutes autres : le développement forcé des zones de haute pression et son exigence première, une gestion budgétaire honnête de chaque pays préservant une capitalisation des moyens destinée aux générations futures. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait rien de plus à faire dans d'autres domaines, le premier des seconds étant sans doute le nettoyage de la planète salopée par la surexploitation de certains territoires par les oncles Picsou, et la potabilisation générale de l'eau.

I.- Le développement forcé commence par l'éradication de la corruption des pouvoirs et la surveillance des flux dédiés, à l'entrée et à la sortie. L'enjeu est tel que les pays qui mettent à disposition les outils facilitant cette corruption doivent être "avertis" fermement. Ces temps-ci, il est à la mode d'appliquer le séquestre international des avoirs détournés par les dirigeants indélicats. Faisons-en une règle générale d'application.
Si les paradis fiscaux sont un refuge pour les martyrs des enfers éponymes et gardent le droit de le demeurer, on peut parfaitement décréter que la fortune personnelle de tout dirigeant national est sous séquestre international dès la prise de fonction, libérée plus tard sous quitus de non-accroissement. Tout paradis fiscal enfreignant le séquestre sera passible de rétorsions, la plus simple et la plus efficace étant l’embargo énergétique.

Mais nous devons donner l'exemple car nous ne sommes pas exempts de reproches, c'est un euphémisme. Supprimons en France le sursis dans tout jugement de corruption, prévarication, concussion, et la suspension de peine par appel. Les pourris au trou à rats, direct. Nous serons plus crédibles dans les enceintes internationales où l’on pouffe sur les bancs à nous entendre.

Une fois la corruption fortement diminuée, mais jamais vaincue hélas, sera venu le moment de développer les pays qui en ont besoin, en conjuguant micro-projets et infrastructures lourdes. Des billets antérieurs¹ ont donné sur ce blogue des pistes sur l'Afrique ; nous en reprenons une seule pour l’exemple : construire un réseau électrique universel sur le continent en tirant du courant jusqu'au dernier village.

II.- Une gestion budgétaire honnête est le fondement de la confiance des citoyens sans qui rien ne dure. On l'appelait jadis la "gestion de bon père de famille" qui équilibrait besoins et talents au sein de sa progéniture. Il n'est pas si difficile de proportionner recettes et dépenses et de projeter les déficits inhérents aux zones de haute pression démographique vers les rendements attendus des investissements structurants, comme les grilles énergétiques, un maillage industriel et artisanal adapté, l’irrigation agricole, les moyens de communication pérennes, et le haussement du niveau général d’éducation pour faire tourner le moulin.
Aujourd’hui, le seul avenir des déficits courants du Tiers-Monde est la remise de dette par les pays créanciers. Pourtant des courageux se battent dans des créations intelligentes comme Next Einstein. A multiplier à l'infini.

Une guerre de développement relancée par la révolte arabe
Cette ouverture au développement, que nous avions qualifiée jadis de « guerre » quand Paul Wolfowitz² avaient pris la direction du FMI, renaît aujourd’hui des conditions nouvelles apportées par les révolutions arabes. Ces pays populeux ont tous des ressources vraies qui furent ou sont captées par des systèmes féodaux cupides entassant le fruit de leurs prélèvements comme autant d’avares. Le Makhzen chérifien, la « junte » algérienne, la famille Trabelsi de Tunisie, la famille Kadhafi de Libye n’ont ou n’avaient aucune légitimité à manipuler les flux économiques, encore moins à y piquer des dérivations. S’ils ne croient pas encore à l’avènement de démocraties scandinaves, les gens de ces pays sont avides de banalité, de vivre dans des pays normaux qui ont les moyens d’être des pays aimables, où chacun trouve les conditions d’existence données par ses talents, son environnement familial voire tout simplement un peu de chance.
Notons en passant l’échec des fondamentalistes musulmans qui après trente ans de menaces n’ont rien pu changer et sont obligés de prendre le train du jasmin en marche en se grimant sous les traits de l’AKP turc… qui caresse un rêve ottoman ! Gag !

La corruption étatique doit être dénoncée par les bailleurs de fonds et les flux taris publiquement en ce cas, en appelant un chat un chat sur les médias internationaux auxquels tout un chacun a accès maintenant. Mais du côté des pays développés le pacte anti-corruption qui lie les pays de l’OCDE doit être respecté et ceux qui l’enfreignent dénoncés avec autant de vigueur que ceux qui bénéficient de ces détournements. Cela fera du changement dans nos démocraties latines. On me dit dans l’oreillette que le Canada aurait rejoint le club des « tous-pourris » à tel point qu’on évalue à 30% les pertes en ligne des crédits de BTP. La Chine devrait organiser l’agence anti-corruption avec abattage des condamnés au marché villageois. Spectacle toujours prisé.

Programmes politiques locaux sous influence
Les défis créés par la surpression démographique au sein d’une sphère à volume fixe sont énormes et influencent déjà notre mode de vie après en avoir stoppé son amélioration. L’inefficacité des mesures annoncées par les gouvernements des pays prétendûment menacés d'invasion, mais rarement mises en œuvre, est ressentie par tous à tel point que ce sujet de mécontentement s’impose dans les programmes réduits de nos candidats en campagne.
Leurs promesses sont dérisoires, qui veulent toutes répondre aux envies des uns les plus nombreux avec l'argent des quelques autres sur des questions de "confort social" hors de saison, pour ne pas dire antiques. Aucun n’ose dire aux gens la vérité car le système politique l’interdit – l‘histoire des mouches et du vinaigre. A cet égard, faire croire aux badauds que l'on peut maintenir longtemps les paramètres de pension de retraite actuels est se foutre du monde. On y trouve des royalistes, mais ne le dites pas.
De fait, il faut réapprendre la physique sociale appliquée au monde de demain, et déjà l'écrire. Il y a donc un aggiornamento³ à faire dans les doctrines politiques en globalisant l’essentiel. On ne peut plus raisonner nationalement, le ferait-on encore que ce serait vain. On le voit tous les jours, rien ne marche de l’ancien monde. La géopolitique doit être intégrée à tout modèle politique, à tout schéma institutionnel. Nul n’est une île, définitivement, et le défi mondial impacte forcément les programmes politiques locaux qui sont de plus en plus attelés à l’environnement étranger.




Conclusion
En attendant de faire approuver une politique générale des flux démographiques au plan international, nous persistons à demander un moratoire français sur les flux par un décret d’immigration zéro, non pour bétonner nos frontières, mais pour régler déjà une dérive administrative qui coupe l’herbe sous le pied des meilleures résolutions. Outre l’effet d’annonce jusqu’au plus profond de la brousse qui découragera les moins aventureux, la mesure annulerait par avance tout document administratif d’immigration édité pendant la période. Et ce serait un sacré trou de bouché.

Qui se battra contre l'émigration ?


Note (1): La fée bleue, Forcer l'Afrique, Dakar Africa
Note (2): Son CV polémologique laissait penser qu’il allait prendre le taureau de la misère par les cornes alors qu’il s’est contenté de changer les olives d'eau dans des affaires de cafétéria
Note (3) : On ne peut passer à côté des travaux de Jean-Paul Gourévitch dont l'AF2000 s'est fait l'écho sur une pleine page dans son numéro du 5 mai (2816)

2 commentaires:

  1. La corruption est modératrice. Sa disparition généraliserait la terreur.

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  2. La corruption est également génétique, il est des peuples naturellement corrupteurs. Les Asiatiques donnent sans requête, cela fait partie du lien social avec l'administration locale.
    Les balles chinoises dans la tête des prévaricateurs ne tuent pas l'instinct populaire.

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