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Si j'étais Président...

...de la République, comme le chantait Gérard Lenormand (clic), je détruirais aussitôt la procédure m'ayant porté à la fonction : cette élection suprême au suffrage universel, la guerre de tous contre tous vers l'Apothéose du Nombre.
Si tous les gens précipités dans cette affaire obtiennent leurs cinq-cent parrainages, aucun des candidats ne fera plus de 15% des votants (quid de la proportion d'inscrits sans même parler de celle des citoyens aptes). Le grapillage de voix du premier tour laisse ses chances à tout le monde d'accéder au second tour de la farce, dès lors que le candidat se sera construit une certaine notoriété télévisuelle avant le coup d'envoi. Mais les licteurs du pouvoir comme le radiophoneur Apathie s'en sont émus jusqu'à demander qu'on passe vite à deux mille parrains (bien chapitrés) obligatoires, afin de sauver à l'antenne les grands candidats adoubés par la presse et la nomenklatura qui la finance.
Afin que nul n'ignore, voici de gauche à droite la farandole des présidentiables les plus sûrs à ce jour (un seul par parti) :
Nathalie Arthaud (LO), Gérard Schivardi (POI), Philippe Poutou¹ (NPA), Jean-Luc Mélenchon (PCPG), Nicolas Hulot (EELV+), Patrick Lozès (CRAN), François Hollande (PS+), Jean-Marc Governatori (AEI), Yves Piétrasanta (GE), Jean-Pierre Chevènement (MRC), Jean-Louis Borloo (A+), François Bayrou (Modem), Christine Boutin (PCD), Nicolas Sarkozy (UMP), Dominique de Villepin (RS), Nicolas Dupont-Aignan (DLR), Frédéric Nihous (CPNT) et Marine Le Pen (FN)... (il y en aura d'autres). Voir les sigles en pied de post(2). Les sigles affublés d'un signe + désignent les partis en train de se disputer sur l'heureux élu à concourir. Le plus sûr est d'avoir son propre parti individuel et portatif comme Dupont-Aignan, Boutin, Villepin..
Je voterai Nihous car c'est le moins menteur. C'est un jeu. Sans conséquences ! Nous l'allons montrer.

Si le titulaire du CDD élyséen a plus de pouvoirs que Louis XIV, l'Etat qu'il entend commander n'est plus que l'ombre d'un Etat. Alors, comme le job est pour dix ans, avec un plébiscite à mi-mandat qu'il faut assurément gagner, le "roi du moment", à défaut d'Etat, doit faire le plus de bruit médiatique possible pour qu'on le dise actif et soucieux du bien commun. A la fin, on se retourne, il ne s'est rien passé de fondamental, le pays est toujours sur une pente déclinante. Le plus dur n'est pas de faire semblant de gouverner - il faut être bon comédien pour faire un bon candidat - mais d'arranger les chiffres qui ont la fâcheuse réputation d'être désobéissants (ou têtus). On se paie de petites gloires ; grâce à l'effort soutenu du ministre tartempion et aux contrôles renforcées par des inspecteurs à plein temps des populations indolentes non importées, le chômage a reculé d'un quart de poil de point ! Vous vous rendez compte, chère médème, tous ces enculés de gueux qui bronzaient au RSA sur notre ISF ?
Et c'est sans compter la croissance d'un agrégat aussi fumeux que le PIB. Parce qu'elle est le recours ultime à effacer les mensonges, au moindre positif minuscule de croissance, le ministre du budget renverse la tête en arrière et de sa voix de baryton nous arrache à l'ornière. Gag ! Avec le mode de calcul (clic) accepté par l'OCDE et le FMI, le PIB le plus croissant de l'an prochain sera celui du Japon dévasté par la Nature. La remise en cause de ce calcul fiscaliste par le Bonheur National Brut inventé par le roi du Bouthan et développé par Stitglitz, n'a pas abouti (clic ici), tant ce concept bidon du PIB est enraciné chez les bureaux d'enfumage au point de parler de "croissance négative". Et l'on critique les écoliers du CM2 !

Quelles que soient les frasques, l'agitation ou les compétences du "roi de comédie" qui passe depuis trente ans sous les ors élyséens, le plus beau et le plus riche pays d'Europe - pour la faire modeste - a accumulé deux trillions de dette publique pour tenir son rang et soutenir le niveau de vie extravagant de sa population. Il lui en coûte 50 milliards d'intérêts chaque année. On va au ravin direct car la compétition mondiale des économies nous prive de bénéfices, seuls à même de renflouer les caisses. Nous ne revenons pas aujourd'hui sur nos trois déficits, mais chacun comprend qu'on ne puisse tirer du sang des pierres. Si vous ne gagnez rien nulle part - c'est ça les trois déficits - vous finissez au guichet de surendettement, le FMI, même si des esprits forts comme Henri Emmanuelli croyaient vous impressionner en expliquant que les Etats étaient différents des particuliers car ils ne pouvaient faire faillite. Tiens donc, c'était mieux avant ! L'Etat hellène qui convoque les contribuables européens à se subroger aux contribuables grecs qui ne veulent pas payer d'impôts, ne serait pas en faillite ? Quid du Portugal et de l'Irlande ? Que va-t-il se passer en Islande ? Bien sûr que si, les Etats peuvent faire faillite.

Pour en revenir à la fonction présidentielle, le locataire du Faubourg Saint-Honoré peut multiplier les lois par centaines pour coller à l'actualité ou aux sondages, abolir ensuite les mêmes par décret à la poursuite des mêmes courbes, au bout du maelstrom législatif, il n'en résulte rien pour le bien durable du pays. Ce sont les fondamentaux qu'il faut revoir et le pôvre si fier de sa grand-croix et de sa décapotable est incapable de les modifier dès lors que la somme des défauts dénoncés assure sa propre position. Si le coq est sur le fumier, le président a son emblème.
L'injustice sociale est à son comble alors que la providence sociale tourne à plein régime avec un énorme déficit de la Sécurité sociale normalisé à vingt milliards d'euros ; ce qui veut dire qu'on a tout faux !
Le régime est clientéliste de par sa logique perverse. Dans cette guerre de tous contre tous, il faut en enrôler beaucoup pour enlever la tranchée à la fin. Donc réserver le sort de leurs avantages propres et en concéder de nouveaux.

Nous sommes en train de mourir de la démocratie d'étage supérieur. Ce blogue depuis six ans fait campagne pour retirer l'essentiel de l'Etat et son haut commandement au jeu de massacre démagogique. La liste que nous avons donnée plus haut est celle de gens médiocres, parfois vaniteux, voire fondés de pouvoirs des puissances économiques, qui se veulent adroits, rusés, résilients, pour parvenir à obtenir leur paragraphe dans la Wikipedia ! En application de la première constitution républicaine, l'emploi est ouvert à n'importe qui. On le voit bien !

Au roi, et vite !



Note (1): un poutou c'est un baiser en pays d'Oc
Note (2): signification des sigles :
Lutte Ouvrière (trotskystes)
Parti Ouvrier Indépendant (lambertistes)
Nouveau Parti Anticapitaliste (communistes révolutionnaires)
Parti Communiste Parti de Gauche (communistes opportunistes)
Europe Ecologie Les Verts (écologistes socialistes européistes et scandinaves)
Conseil Représentatif des Associations Noires (communautaristes blacks)
Parti Socialiste (socialistes aisés)
Alliance Ecologiste Indépendante (parti portable)
Génération Ecologie (écologistes du plateau de Midori)
Mouvement Républicain & Citoyen (parti individuel au lion de Belfort)
L'Alliance (l'intérieur du radis valoisien, défenseur des vins & spiritueux)
MOuvement des DEMocrates (parti individuel béarnais)
Parti Chrétien Démocrate (parti individuel versaillais)
Union pour la Majorité Présidentielle (sortants syndiqués)
République Solidaire (parti individuel bonapartiste permanenté)
Debout La République (parti individuel du gendre parfait)
Chasse Pêche Nature et Tradition (comme ils le disent)
Front National (parti pour les Nuls de la droite facile à comprendre)

Commentaires

  1. Si tout électeur était candidat, chacun serait assuré d'une voix, la sienne, mais nul n'obtiendrait les 500 signatures fatidiques. Il ne resterait plus qu'à modifier le système.

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  2. C'est sans compter la Salamandre Strauss-Kahn. S'il est blanchi ce soir, il met toute la strass socialiste dans le vent, reforme son équipe débandée (euh...), et emporte le château facilement :) :) :)

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  3. L'élection présidentielle reste un exercice de démagogie quinquénnal mais il me semble que l'universalité de la candidature peut porter à discussion : tous les "vrais" présidentiables sortent de la même caste oligarchique, ou apparentée.... ce qui induit forcément un tri à la base pour obtenir les 500 signatures.

    Apparemment, il semblerait que vous ayez vendu la peau de l'ours Joly dans les différents candidats possibles... Hulot semble en mauvaise posture en ce moment !

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  4. Effectivement Eva Joly vient d'un pays où les ours marchent en ville.
    Je les y ai vus :)

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  5. La barrière des parrainnages avait été dénoncée en son temps par le pré-candidat poitevin Yves-Marie Adeline Soret de Boisbrunet. On sait bien que la pièce ne peut se jouer avec une pléthore d'acteurs sur scène, quoique le principe d'universalité en souffre. Si on refuse les 500 grands électeurs, on tombe dans le parrainage populaire à 50000 signatures par exemple, mais là encore les candidats déjà médiatisés auront l'avantage, sans parler des candidats des partis qui bétonneront leur propagande démagogique.
    C'est une question de fonds. Si le président est élu par le peuple, les impétrants doivent le convaincre par tous moyens.
    Je suis moins d'accord sur le moule commun. Les candidats présumés ne sortent pas du même moule. ENA, Université, société civile,... Sauf à catégoriser tous les gens qui ont réussi dans leur vie comme du parti de l'oligarchie. Aparté : sous la monarchie l'oligarchie existait déjà.
    Je préfère comme chef d'Etat quelqu'un qui a déjà réussi à un autre qui veut réussir dans la fonction visée.

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  6. Pour la caste oligarchique, je pensais plutôt à un tri sur l'argent et un certain "politiquement correct" : on sait que les campagnes présidentielles restent excessivement dispendieuses et les grandes campagnes médiatiques ne sont pas à la portée de n'importe qui. Ce qui induit l'inégalité que je voulais souligner.

    Le fait que quelques politiques, pourtant "politiquement corrects", utilisent des fonds illégaux (Balladur, Chirac, etc...) pour leur campagne présidentielle laisse quand même sous entendre que les financements officiels ne suffisent pas.

    On se demande comment les candidats moins médiatiques, ou plus engagés, qui luttent déjà pour obtenir des fonds officiels, peuvent rivaliser !

    Après, je rejoins votre avis sur la fonction présidentielle et les qualifications, même si les compétences de certains ministres actuels me laissent parfois...perplexe (notamment Mr Lemaire pour l'agriculture).

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  7. OK. Mais la puissance de l'argent est endémique à l'espèce. Quid des Templiers, de Jacques-Coeur, de Nicolas Fouquet... tous menaçant à leur façon le pouvoir central ; et ne parlons pas de l'argent du duc d'Orléans à la Révolution. L'époque n'est plus à élire un "saint", on ne croirait d'ailleurs pas à ses compétences.
    Par contre les bataillons d'abstentionnistes laissent penser que la propagande électorale aussi coûteuse qu'elle soit n'a plus de prise sur de nombreux esprits ; mais il n'y a pas d'offre perceptible en face.

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  8. Tout à fait juste. Espérons seulement que les royalistes sortent un peu de leur marasme et s'investissent réellement auprès des français pour proposer quelque chose !

    Pour la puissance de l'argent, je rejoins également votre point de vue, et je ne pensais pas encenser la Monarchie de l'Ancien Régime : Henri IV a bien acheté les grands du Royaumes pour 32 millions !

    Je pense juste que la puissance de l'argent est certes un vice inhérent à l'humanité, mais ce vice est aujourd'hui nié, ou atténué. Et c'est là que l'actuel concept de "l'universalité de la fonction présidentielle" me dérange...

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