Discuté maintes fois sur ce blogue¹, le voici enrichi des réflexions qu'exigent les incantations politiciennes de campagne. Partant du pronostic qu'en 2012 et quelque soit le vainqueur à l'Elysée, mille intérêts se ligueront contre la kärcherisation des écuries d'Augias, nous bâtissons le Projet sur le fumier existant en espérant que le bon sens y soit convoqué le plus souvent possible.
Les deux pieds dans la merde comme un vrai coq gaulois, nous avons décidé de compter nos billes. La queue de trajectoire du Projet étant l'équilibre de nos échanges et le retour en puissance du pays dans sa zone traditionnelle d'influence, Europe continentale, Méditerranée et Afrique noire occidentale, il convient de s'intéresser d'abord aux atouts de la France qui, s'ils ne sont pas nombreux, ont quand même le poinçon d'excellence. Aéronautique, nucléaire, automobile, astronautique, agriculture commerciale, ferroviaire, navale, gastronomie, missilerie, luxe et BTP.
Ce que nous faisions moins bien, nous ne le faisons plus, les délocalisations ont tranché. La bancassurance est aussi un atout majeur mais nous n'avons jamais pu transformer l'essai et devenir des références mondiales ; notre latinité peut-être ; la consanguinité de l'Etat et des banques sans doute ; les copains-coquins ; l'absence de capitalistes réellement propriétaires de leurs fonds qui sont leur propre banque et n'ont pas besoin de "tour de table" pour agir.
Il y a donc onze domaines ; à vingt pages pièce, ça fait une thèse que nous vous épargnerons en oubliant l'histoire de chacun. Aux faits, direct :
Aéronautique
Personne ne nous dispute un savoir-faire de premier ordre. Quelles que soient les coopérations, Concorde, Airbus, Rafale, sont français. Et le troisième va commencer à se vendre après les démonstrations libyennes, puisqu'il a surclassé l'Eurofighter Typhoon par sa versatilité et son endurance.
Avec des groupes puissants comme Dassault, EADS, Thales, Safran, Zodiac, et quelques autres un peu moins grands, nous avons tout pour réussir dans ce secteur de pointe. Privilégions-les chaque fois que possible.
Nucléaire
C'est le gros morceau d'avenir. Malgré tous les inconvénients de la filière, cette énergie est celle de demain pour deux motifs au moins : on ne fournira pas l'énergie suffisante à onze milliards d'hommes avec des moulins à vent ; la fracturation du noyau atomique pour en libérer son énergie phénoménale est un palier dans la conquête de la matière par le génie humain. Les miroirs convexes sont bien aussi, mais on ne joue pas dans la même cour technologique. Les pays émergents l'ont bien compris qui privilégient tous la filière nucléaire au grand dam des écologistes de hamac qui leur font les gros yeux et voudraient les laisser au temps de la lampe à huile, bio !
Automobile
Certes deux millions de véhicules fabriqués en France ne font plus le poids comparés à la production chinoise, et nous sommes condamnés à échéance à monter en gamme. Mais nous avons les bureaux d'étude capables d'innover et de surprendre ; à moins bien sûr qu'ils ne s'endorment et soient remplacés par des bureaux chinois ou coréens dans la même marque automobile. On pense au bureau Peugeot de Shanghaï qui crée de bien belles choses avec 400 ingénieurs. Nos ingénieurs de chaînes sont aussi très pointus dans la fabrication de petites voitures peformantes et économiques. Le marché est mondial et nos constructeurs doivent l'être aussi. Ce n'est pas catastrophique qu'ils montent des usines sur les marchés destinataires si l'esprit et la technique hyper-pointue restent en France. Mais ce n'est pas gagné d'avance contrairement à d'autres atouts dont nous disposons.
Astronautique
On pense à Ariane, système franco-européen qui prend régulièrement des parts de marché, mais aussi à toute notre industrie de satellites qui n'est le second de personne. Mais la belle Hermes ne sortira pas de Toulouse (photo). Au moment où la NASA lève le pied et où la Russie rencontre des problèmes d'obsolescence de ses lanceurs Soyouz, il ne faudrait pas (quand les finances seront rétablies) succomber à la tentation d'un grand projet pharaonique européen pour la gloire, mais se concentrer plutôt sur la recherche et développement de vaisseaux faciles à vendre maintenant, un peu à l'allemande, en privilégiant l'exploitation rémunératrice des cartes en main. Heureusement que les déficits nous freinent dans notre propension gaullienne à tutoyer des étoiles toujours hors de portée. Au fait, nous avons déjà parlé du bouclier anti-missile dans l'AF2000 ici.
Agriculture commerciale
C'est notre domaine le plus fragilisé. La révision de la Politique Agricole Commune est réclamée par de nombreux pays qui n'ont pas un secteur primaire de la même importance que le nôtre. Nos adversaires sont toujours les mêmes, menés par la Grande Bretagne qui favorise l'importation à bas coûts de produits alimentaires fabriqués en masses. Il faut dire que leurs talents culinaires les obligent à tout prendre !
Dans les ajustements nécessaires à la préservation ou la réparation de notre environnement - les algues vertes sont une honte - il faut garder à l'esprit, au-delà de l'autosuffisance des approvisionnements, que notre agriculture est un poids lourd à l'exportation et donc qu'elle rentre des sous dont nous avons plus que jamais besoin.
Sans traiter la question des OGM, peut-on quand même dire sans se faire insulter que nous sommes le seul pays où on laisse faucher les champs d'OGM, où on laisse détruire les laboratoires de recherche. Les autres avancent et nous devrons un jour leur acheter des licences ! En ce sens M. José Bové aura bien mérité de Monsanto qui lui votera une pension à vie, pour à sa mort l'empailler dans le hall du siège social à Saint-Louis (sur un tracteur de fer blanc).
Ferroviaire
Un peu alarmé de la progression du TGV chinois sous licence gratuite Siemens, je m'en suis ouvert à des amis continentaux pour apprendre que s'il était un transport en Chine qu'ils ne prendraient pas, c'était bien le TGV. Non pas seulement pour la technologie Siemens qui lors de la percussion des TGV de Wenzhou (23.07.11) s'est avéré carrément inférieure à la technologie française de la rame-flèche - le train s'est plié en accordéon et les voitures ont sauté le pont dans la rivière - mais surtout pour la ligne au sol. Sa signalisation et son ballast 100% "fonctionnaire chinois" qui font partie intégrante des systèmes de trains rapides, ont été minés par la corruption de l'administration des travaux publics.
Dans le transport urbain, les Canadiens nous ont taillé des croupières, ce qui a réveillé Alstom qui est sorti de son schéma "polytechnicien" - je dessine un train que je ne prendrai jamais - et qui revient avec des rames modernes qu'elle peut montrer ailleurs dans le monde. Si nous reprenons des couleurs, exportons-les. La SNCF fait quand même 25% de son chiffre d'affaires à l'étranger !
Navale
C'est un secteur d'excellence dans lequel nous souffrons beaucoup de la concurrence de tous nos voisins, faussée, comme chez nous d'ailleurs, par les subventions publiques. Nous savons tout faire, du sous-marin au paquebot géant en passant par les frégates et les porte-avions. Mais nous vendons peu, et parfois à perte, car les prix sont tirés.
Le globe étant majoritairement une planète d'eau, un pays qui veut rester dans la course en tête ne peut pas se passer d'une navale puissante. Et maintenir cette industrie va coûter cher, en attendant la renverse, car il y en aura une lorsque les niveaux salariaux auront monté chez nos concurrents asiatiques. Mais ils ont de la ressource : déjà débarquent de leurs navires à Rotterdam des barges chaudronnées en Chine auxquelles il ne manque que les moteurs, les auxiliaires et les apparaux de manutention. Nos usines de moteurs, bien que passées parfois sous contrôle étranger, doivent être défendues et aidées sur les DOM-TOM déjà, puis dans des projets marins subsidiaires de grands contrats. C'est important même si le retour sur investissement en est différé.
Gastronomie
Nous sommes la référence mondiale. En passant, merci à Michelin, notre petit "livre rouge" à nous. Nos grands chefs n'ont pas usurpé leur réputation, nos écoles sortent en continu une relève talentueuse, nous ne risquons que de développer encore notre hégémonie, si nous ne nous jetons pas dans la mode des menus sectaires et sans saveurs de l'empire écologique qui nous menace dans nos assiettes, au motif facile de notre santé.
Nos vins que l'on disait concurrencés par les productions des fermes à pinard du nouveau monde, montent en gamme régulièrement, et sont de plus en plus prisés par ceux qui les boivent sans y rajouter du Coca ! Nos fromages sont inimitables, même par les Hollandais, l'autre pays du fromage... et pour une fois dans l'assiette, nous faisons la nique aux Chinois qui dans ce domaine se disent à la fois sel de la terre et sucre du ciel. On les aura comme à Verdun, et tant pis pour le cholestérol, il faudra bien partir un jour de toute façon.
Missilerie
C'est un domaine moins connu mais nous faisons des missiles qui touchent. En Libye nous avons explosé le tableau noir. Nous devrions persévérer aux premières places, à moins que le "fils de" qui préside à la moitié du secteur et dont la réputation de dilettante n'est plus à faire, ne sacrifie la filière... au tennis qu'il comprend mieux. Restons sérieux. Avec des missiliers aussi pointus que les associés dans MBDA et des acteurs de la filière comme Thalès, nous devrions rester dans le petit groupe de tête pour aborder un jour aux rives du "bouclier anti-missiles" avec nos amis anglais.
Luxe
Pareil. C'est un secteur dont nous sommes inexpugnables et prédateurs de concurrents, à croire que nos chefs d'entreprises ont apostasié. Le Chanel Five, Opium ou Shalimar bien sûr, mais n'importe quel flacon doré "Machin Paris" s'arrache. On peut prospérer dans la mode ailleurs même à haut niveau, mais la consécration c'est une griffe de Paris. Le luxe est français d'abord, puis d'ailleurs. Les petits marquis qui font semblant de nous gouverner n'offrent pas autre chose à leurs conquêtes. Le Comité Colbert, lobby utile, veille.
Mais pour que tous ces secteurs croissent et embellissent notre quotidien par la multiplication d'activités périphériques et de sous-traitance, il faut libérer les énergies et la créativité en faisant reculer les contraintes idéologiques qui nous brident depuis la sanctification de la social-démocratie. Le Mur de Berlin est partout tombé sauf en France.
Le onzième atout n'est pas aussi flamboyant que les dix autres puisque nos concurrents ont beaucoup appris de nous, et que les champs d'exercice de cette activité est immense chez eux en comparaison du nôtre. Ce sont les travaux publics.
BTP
Nous avons des groupes mondiaux de BTP. Bouygues, Vinci, Eiffage sont des monstres adossés à une vrai industrie de base nationale représentée dans le monde entier par Ciments Lafarge, Saint-Gobain pour le verre et le solaire et Schneider Electric pour l'énergie électrique. Les marchés énormes des empires émergents suscitent l'établissement de groupes nationaux de BTP aidés parfois par les pouvoirs locaux désireux de garder des devises ; c'est le cas de la Chine en pleine frénésie de construction dont les entreprises prennent des adjudications à l'étranger (Algérie, Tunisie, Pologne,...). Mais si le projet à l'appel d'offres est "impossible" on le donne encore aux Français, comme le démontre la filiale hongkongaise de Bouygues, Dragages HK, qui prend des tunnels entre et sous les tours !!!
Ses onze atouts sont les leviers de notre renouveau. Inutile de nous disperser, devenons, redevenons leaders mondiaux et le reste nous sera donné de surcroît. C'est ce que nous verrons dans un prochain billet qui détaillera le Projet (CLIC).
Note (1): Posts antérieurs consacrés à ou évoquant le Projet : taper "pouvoirs régaliens" dans la barre de recherche : il en sort huit pages
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