Avant que l’on distribue du Soleil-Vert à tout le monde par tirage au sort des numéros SS, nous devrions faire cadeau à nos héritiers d'un Projet qui remette ce pays dans l'axe de son influence traditionnelle, et quoiqu'en pensent les disciples de Charles Maurras, tout commence par l'économie.
De l'économie vient la puissance. L’intendance ne suit pas !
Les vaincus de la Seconde Guerre mondiale ont été politiquement nanifiés, ce qui a libéré leur énergie économique. Qui en 1945, sur les ruines fumantes de Berlin et de Tokyo, aurait prédit que ces deux nations deviendraient les deuxième et troisième puissances économiques mondiales dans le temps d'une seule génération ? Deux générations plus tard, ce sont les masses grouillantes du vieil empire céleste qui, à force de travail, redonnent à leur pays sa prééminence ancienne et sa richesse ancestrale. Au triptyque fameux… le travail vient d’abord. Souvenons-nous en !
Le Projet dont nous parlons aujourd’hui pour la France est, en résumé, de réduire et refonder l'Etat, pour distraire des ressources fiscales vers les domaines d'avenir parmi lesquels l'instruction publique et la recherche sont à privilégier. Peut-être devrons-nous mettre un mouchoir sur notre fierté et chercher chez nos voisins des modèles déjà testés qui marchent bien, cela nous fera gagner du temps, dont on n'a pas de reste. La Réforme peut se faire dans une loi-programme de dix ans après la rupture initiale de régime, à moins que l’on importe le nouvel Hercule, quelque Poutine ou Thatcher, auquel cas nous irons plus vite, avec un peu plus de morts (ou de déportés aux Kerguelen).
Ramenons dans un premier temps l'Etat central sur son périmètre régalien et renforçons-le afin que ces fonctions soient assurées réellement, sans être à la merci des alternances et caprices politiques, mais aussi des crises extérieures.
Il faut commencer par la justice. Le procès avorté de Dominique Strauss-Kahn a mis en lumière le vieil adage de cavalerie : si vous faites une connerie, faites-la vite ! Et le procureur de New-York jugeant l'impasse n'a pas tergiversé. Pas plus d'ailleurs quand il fallut entendre la plainte d'une femme de chambre peuhl. Cette justice populaire américaine nous a montré son équanimité et son souci de la dépense, et nous a fait douter de la nôtre qui n'en finit plus d'avancer sur les dossiers. Citons… ou ne citons rien il y en a trop, des années de procédure à se demander si les chargés de l'instruction y comprennent quelque chose. La Suisse dépense 140€ par an et par tête de pipe pour la juger, l'Allemagne dépense 106€, le Grande Bretagne 75 et la France 58 ! (source). S’il faut une meilleure organisation c’est d’argent dont on parle d’abord. Inutile d'épiloguer.
Vient ensuite la police. Comparable en effectifs à celle de nos voisins, elle est sous-équipée, mal commandée et démotivée. Elle subit sa condition d'enjeu politique, surtout depuis que le chef de la police est entré à l'Elysée. Les critiques fusent de partout pour l'atteindre lui à travers elle, et la réplique, faite d'effets d'annonce, est pire encore. C'est dans cette fonction que l'on peut le mieux juger de la pertinence de l’extraction d’une institution centrale hors des joutes politiques et donc du domaine public. Efficacité à coût constant. Il faut rééquiper notre police nationale, hausser le niveau de recrutement en même temps que celui des missions, et faire le ménage dans l'encadrement, accaparé par la carrière et les statistiques. Et bientôt lui faire confiance dès qu’elle aura retrouvé sa fierté.
La guerre est une affaire trop sérieuse pour être confiée aux militaires. C'est un peu vrai à voir les "monstres" que nos ingénieurs de l'armement produisent au jus de crâne, mais qui restent sur étagère car personne n'en veut. Les armées sont des organisations de temps long très mal gérées par les cabinets politiques de temps court. Les lois-programmes sont contournées par l'altération des crédits de paiement, le report des tranches, les transferts entre crédits d'investissement et crédits de fonctionnement, etc... Elles sont gérées sur une onde porteuse de pénurie dans le grand style des gouvernements rad-soc d'avant-guerre. On déclame à la Chambre et derrière on ne paie pas ! La fonction polémologique (dès fois qu’on me proposerait à l’Académie) doit être retirée à la dispute parlementaire, et l'armement défini par le combat et non par des rêves de grandeur. Nous savons tout faire et rien vendre. Une défense libérée des bégaiements ministériels et des injonctions industrielles pourra être durcie à coût constant afin d’atteindre un jour le cœur de cible qui est d’inspirer la peur. On pourra y revenir à l’occasion mais le Livre Blanc de Morin était une bonne base.
Reste la diplomatie. Nous avons une belle diplomatie que nous aimerions plus active, si encore les lobbies de tous ordres ne la doublent pas en permanence, comme le disait Jean-Christophe Rufin, de l'Académie française, ancien ambassadeur de Kouchner au Sénégal, débarqué pour inassouplissement de l’échine. Pour lui, Wade est une crapule, je partage. Avouons aussi qu'il n'est pas facile d'être l'ambassadeur de la Vulgarité quand vous avez un Balkany qui est chez vous chez lui, ou que votre action est filtrée par des Sirven, Falcone ou Papamadi Mitterrand pour ne pas entrer dans les dossiers en cours où nous croiserions tout le Levant des Echelles. Réhabiliter l'autorité de nos ambassadeurs est aussi important que d'éradiquer la corruption de certains consulats (?!).
Le ministre à la tête du Quai doit être compétent et passionné, connaître la trajectoire propre à son pays et avoir une prescience des évolutions. Le mettre en tutelle d'un conseiller élyséen en soupente est le plus sûr moyen d'épandre un certain autisme par tout le réseau et de saper l’autorité. Un pays un peu plus ambitieux que les autres mais disposant de moyens limités doit avoir l’excellence pour de vrai à la tête de sa diplomatie. Par chance nous ne sommes pas trop démunis.
Normalement arrivé à ce point, on fait un paragraphe sur la souveraineté monétaire. La monnaie étant sortie du champ public français pour cause de gabegie éhontée, nous économiserons l'espace et reviendrons sur le sujet dans vingt ans.
Le contre-pouvoir
Il y a une contrepartie à tout ça, que l’on appelle le contrôle des pouvoirs et les contre-pouvoirs. L’histoire a démontré que le despotisme éclairé est aussi rare que le génie. Le domaine régalien ne peut être la clôture des carmes déchaux. Si le domaine est dirigé, comme nous le dirons plus bas, par un cabinet d’hommes d’Etat pénétrés de leur fonction, il est financé sur l’impôt et donc par les contribuables. Il n’est pas envisageable de ne pas le contrôler a posteriori. La jauge la plus honnête est une culture du résultat, l’honnêteté des comptes étant assurée par la cour éponyme.
Il y a un vrai contrat moral à passer entre la Société et l’Etat régalien. La première remet entre les mains du second l’essence même du vivre-ensemble et se promet de ne pas le perturber par les caprices de l’Opinion, à charge pour lui de rester à sa place. C’est beaucoup demander à la Société, sachant surtout que la convalescence de l’addiction à l’Etat-nounou sera longue. Il est donc préférable que ce domaine régalien ne soit pas muré dans ses certitudes mais parle à dates convenues avec des représentants de la société qui lui transmettront leur vision de choses de l‘extérieur. Ce pourrait être la fonction d’un Sénat, représentant des territoires, ramené à des proportions compatibles avec le budget disponible. Le Sénat américain n’a que cent sièges. Arrêtons-nous à cent sièges.
Qui gouverne ?
L’exécutif « régalien » est organisé dans la plateforme politique de l’Alliance Royale. La construction date d’une époque moins bridée par les contraintes financières. Autant faire simple. Les ministères régaliens et les institutions transversales primordiales* doivent être coordonnées par le cabinet d’un ministre d’Etat. Et de plus, rien n’est besoin.
(*) Banque de France, Budget & Fisc, Cour des comptes, Conseil d’Etat, Insee…
La plateforme politique de l'AR est accessible par ici.Ceci étant clair – quelle chance de faire des réformes par blog ! – comment en profiter ? La société civile libérée peut alors développer tous les atouts de notre économie (voir le billet correspondant en cliquant ici), l'Etat central assurant sans faiblir ses fonctions régaliennes dont il a déchargé le domaine public. Ce niveau « subalterne » est réglé par le principe de suppléance chaque fois que les individus, familles ou corporations ne peuvent faire avancer les choses de leur mouvement propre et remontent l’appel à solution à l’étage supérieur. Principe équilibré par le principe de subsidiarité qui recherche le plus bas niveau possible pour l’action publique dans un esprit de non-intervention. Tout le contraire de ce que nous subissons aujourd’hui où l’Etat est partout jusque dans les alcôves.
Le domaine public
On aura compris que la Société civile va dès lors s’autogérer dans son champ de responsabilités que l’on définirait ainsi : tout ce que nous voulons faire tous ensemble en dehors du domaine régalien. Nous l’appellerons « domaine public ». Dans ce domaine tout est à construire ou à finir de construire puisque le chantier de nos infrastructures administratives reste ouvert ad eternam : la décentralisation est en mouvement perpétuel. On oscille entre la satrapie régionale, la banque du défaut social de l’Etat central, la chambre d’investissements sans crédits, la seconde chance des battus de première division. L'arrivée de la Gauche au Sénat va bloquer la simplification du mille-feuilles, ou en bâtir un autre.
Il faut choisir entre la länderisation effective du territoire et l’uniformisation napoléonienne qui a fait aussi ses preuves dans l'édification d'un état moderne. Sans m’être fait une religion, je pencherais pour la seconde en l’état, à voir l’importance des doublons et des gaspillages, pour ne rien dire de la corruption locale et du népotisme généralisé. On ne peut annuler ces dérives que en remettant tout à plat et en régionalisant le budget et les impôts. Que le contribuable soit appelé à juger du développement de sa région dans les urnes plutôt que de s’exprimer sur la politique étrangère du pays !
Si a contrario l’Anschluss se précisait, un territoire ländérisé serait de meilleur assemblage avec notre cousin germain. Donc, ça reste ouvert.
Les infrastructures administratives du domaine public étant choisies, il serait à mon sens bienvenu de faire une large place à la démocratie directe, comme en Suisse. Rapprocher les pouvoirs élus des citoyens est un gage d'usage de cette denrée indéfinissable qu'est le bon sens. C'est toute l'histoire de notre déclin qui aurait pu être économisée, en termes de dettes sociales, valeurs civilisationnelles, gabegie évidente à tous étages (rapport annuel de la Cour des Comptes) sans parler du ridicule de certaines postures et lâchetés de classe qui emplissent les gazettes.
Dans ce domaine public "autogéré", il est deux exigences impérieuses à respecter pour l'avenir de ce pays en concurrence féroce avec toute la planète. C'est l'amélioration de l'Education générale et universitaire, et le renforcement de la Recherche & Développement. Nous ne partons pas de rien. Il est d'excellents points d'appui en France, mais nous sommes encombrés de bien trop de tabous hérités d'une part de la bolchévisation de la filière, et d'autre part de la suffisance des grandes écoles, qui exposées au grand jour du grand monde ne le sont pas tant que ça. En fait, c'est tout le but de ce projet de Projet, privilégier l'esprit qui pour le moment est notre seule rente.
En résumé, le Projet consisterait à bien délimiter et durcir le domaine régalien que l'on arrachera aux joutes démocratiques pour le confier à une autorité légitime indépendante des partis. Ces fonctions essentielles étant dès lors assurées quoiqu'il arrive, il ne s'agira plus que de libérer les domaines économique et public de toutes entraves politiciennes en faisant confiance au génie propre de cette "race", mais dans le cadre d'un contrat de résultat entre la Société dans son ensemble et les parties vives de la Nation.
Ce blogue promeut la solution monarchique pour faire précipiter ce domaine régalien en un composé homogène, sans s’appesantir à nouveau sur les avantages de ce régime (continuité du projet national, dignité, autorité morale naturelle, consensus minimum, représentativité de la nation). Tout le reste du pays étant livré à une bienheureuse anarchie.
L'autorité en haut, les libertés en bas (Ch. Maurras).
Cette étude est tellement brillante, que le moindre commentaire à caractère technique, reviendrait à l'amoindrir, sinon à la dégrader. Je m'abstiendrai donc d'ajouter quoi que ce soit, afin également de ne pas étaler au grand jour mes carences en la matière.
RépondreSupprimerJe me réserve cependant la faculté d'entrer dans le débat, si par la grâce de Dieu, la question se pose un jour!
Ce matin, le site Atlantico publie une analyse de Bernard Stiegler sur le "courtermisme".
RépondreSupprimerLa gouvernance actuelle par éjaculation précoce (ce n'est pas de lui) est de nul effet sur la problématique économique qui a besoin de temps moyen et long.
A tel point qu'il proclame morte la démocratie.
A lire absolument La cause de la Crise ? .
Merci pour le compliment, mais je risque de devoir porter des leggings :)
Comme le premier intervenant, je n'y connais pas grand chose en économie, mais je ne crois pas que l'ultra-libéralisme soit la solution. Les USA en sont revenus.
RépondreSupprimerJe ne suis pas non plus étatiste. Je me situe dans le courant des catholiques sociaux, privilégiant les corps intermédiaires, une certaine décentralisation; l'Etat n'intervenant que lorsque les cercles "inferieurs" ne parviennent pas à s'entendre.
S'il y avait un roi à la place de Sarkozy, je serais très proche du parti Chrétien-Démocrate de Ch. Boutin.
Les USA sont "morts" d'interventionisme de l'Etat sur le marché immobilier et pas de libéralisme. Ce n'était pas le prêt à taux zéro offert à tout le monde, mais le prêt à salaire zéro refinancé par les établissements hypothécaires dépendant de l'Etat. Aucune banque au monde n'aurait pris ces créances pourries sans la garantie de bonne fin des Freddy Mac et Fanny Mae. Créances pourries que l'ingénierie bancaire de la City a titrisées pour diluer les risques d'emblée très sousévalués. Mais il est plus facile d'accuser "le libéralisme", appelé ultra-libéralisme à gauche parce que quelque part on veut bien garder l'économie de marché et la liberté, et ne pas revenir au marxisme-léninisme :)
RépondreSupprimerLe système bancaire - car la Crise y est tout entière contenue - est le complice passif mais pas l'originateur de la Crise, et l'impression inconsidérée de monnaie pour sauver les copains de la FED creuse la Dette à vitesse folle. Ce qui normalement va mal finir.
Obama, qui fut un bon candidat mais s'avère un piètre gestionnaire, continue sur la même pente keynésienne (submersion de l'économie par les facilités de caisse) car il ne peut plus la remonter. Sarkozy c'est pareil, il va être excellent en campagne électorale, mais il creuse la dette de 100 milliards par an car il a peur de perdre des voix ! Le projet de budget 2012 est d'un ridicule qui pour une fois pourrait bien tuer le régime. Les intérêts de la Dette passent devant tous les autres postes budgétaires... comme en Afrique ! Les commentateurs rémunérés commencent à dire chez nous qu'il n'y a pas une crise de l'euro mais une crise des Etats. CQFD :)
S'agissant de la police, si je suis d'accord avec votre analyse, je me permettrais néanmoins d'apporter quelques éléments.
RépondreSupprimerJe suis intimement persuadé que persister dans la forme actuelle, à savoir une police nationale pilotée depuis la capitale est une erreur. Lorsqu'on observe la répartition des effectifs, on ne peut que constater qu'elle est fort inégale. Le clientélisme républicain aidant, on enverra plus volontiers des effectifs supplémentaires vers une commune gérée par un ami politique, même si le besoin n'est pas réel.
Une police territorialisée, pilotée par des élus locaux bien plus à même de définir les besoins réels serait plus satisfaisante. La définition de la politique sécuritaire locale leur serait confiée, tant il est vrai que d'un secteur à l'autre la population est différente, ainsi que le climat social. Certains secteurs auront besoin d'effectifs réactifs, entraînés au conflit, d'autres auront plutôt besoin d'une police sur le mode communautaire axée sur la prévention et le dialogue.
Mais plus que d'hommes (elle est largement fournie), la police française a surtout besoin de revoir de fond en comble son organisation du travail, sa doctrine d'emploi et elle a un criant besoin de technologies performantes de communication et d'information qui lui font cruellement défaut.
Ce que vous dites est parfaitement perçu de l'extérieur. Lorsqu'on bosse en entreprise , chez soi ou chez un patron, et qu'on est amené à déposer dans un commissariat, on fait un saut dans le passé. Outre la vétusté des locaux (surtout à Paris), on voit bien que les procédures et les outils qui les servent sont d'un autre âge. Les agents que l'on rencontre sont de bonne volonté, parfois fatigués donc agacés, mais d'abord noyés par les missions.
RépondreSupprimerJe me souviens d'être allé un samedi soir rue de la Faisanderie porter plainte pour vol de caisse. Quelle cohue, pas de sièges d'attente et au bout d'une heure un agent féminin m'a demandé si je pouvais revenir lundi matin à moins qu'il y ait déjà un "mis en cause". Lui demandant pourquoi, elle m'a répondu : les cages sont pleines et il n'est que 8 heures !
Effectivement ça grouillait de mecs menottés.