lundi 25 juillet 2016

OTAN-POLOGNE

Ce billet consécutif au sommet atlantique de Varsovie est paru dans l'Action Française 2000 du 21 juillet 2016 sous le titre Varsovie sollicite l’Otan face à Moscou (n°2936 p.6). Il entre en archives chez Royal-Artillerie sous le libellé AF2000 avec quelques notes en bas de page.

logo officiel du sommet
Parmi les pays d'Europe centrale et orientale (PECO) la Pologne a pris la tête du combat de confinement des appétits russes. Historiquement les relations russo-polonaises ont toujours été tumultueuses et sanglantes. Après mille ans de disputes, elle fut déplacée de trois cents kilomètres vers l'ouest par Staline en 1945, qui voulait un glacis à son occident. Acquérant jusqu'à l'Oder des terres prussiennes à poloniser, elle y perdit les vieilles provinces de Polésie, Volhynie et Galicie avec des capitales importantes comme Lvov et Brest(-Litovsk). Les républiques augmentées d'Ukraine et Biélorussie furent dotées d'un siège à l'ONU pour marquer définitivement la frontière après un nettoyage ethnique brutal. Ainsi le contentieux russo-polonais n'est-il pas seulement dû aux quarante-cinq ans d'occupation soviétique et au massacre de Katyn.

Dans la préparation du sommet atlantique de Varsovie (8-9 juillet 2016) le ministre polonais des affaires étrangères exigeait la mise en œuvre immédiate des dispositions du sommet de Newport (septembre 2014 au pays de Galles) pour ce qui concernait les renforts occidentaux en rotation sur les pays baltes, des manœuvres militaires en Pologne même, l'activation effective du bouclier anti-missiles et un soutien à l'Ukraine par la formule de la porte ouverte.

Mme Albright
Lors de ce sommet de Varsovie, il obtint le concours parallèle de Madeleine Albright, ancien secrétaire d'Etat de Bill Clinton et tchèque de naissance, qui, sans manières, appela un chat un chat et poussa à l'extension vers l'Ukraine et la Géorgie, autant qu'il en serait demandé par ces pays. Malgré ses quatrevingt ans, Albright a gardé son caractère entier et sa parfaite détestation du Kremlin. On aurait pu attendre des minutes du sommet le coupage à l'eau claire de ses provocations ; il n'en est rien. Le communiqué final en cent trente-neuf points s'ouvre par l'accueil du Monténégro et la formule pacifique d'usage et se clôt en remerciant le pays hôte de son accueil. Pour le reste, on relèvera plusieurs axes qui gêneront toute réactivation du Conseil Otan-Russie (COR) jusqu'au jour où celle-ci viendrait à résipiscence, dont le concept réitéré de projection de la stabilité en avant des frontières de l'Alliance et la dénonciation de la duplicité russe en termes non équivoques dès le paragraphe 5 : "Les actions agressives de la Russie, y compris ses activités militaires provocatrices à la périphérie du territoire de l'OTAN et sa volonté avérée d'atteindre des objectifs politiques par la menace ou l'emploi de la force, constituent une source d'instabilité régionale, représentent un défi fondamental pour l'Alliance, ont nui à la sécurité euro‑atlantique, et menacent l'objectif, que nous poursuivons de longue date, d'une Europe libre, entière et en paix."

Secretaire général OTAN Stoltenberg
Le paragraphe 10 va désespérer Thierry Mariani, qui annule d'avance toute approche en crabe d'aucun membre de l'Alliance quant à l'abandon de la Crimée ou du Donbass. Mais le plus disert sur un futur dangereux est ce que l'on trouve au paragraphe 12 : "Nous restons ouverts à un dialogue périodique, ciblé et substantiel avec une Russie qui soit disposée à mener des échanges au sein du Conseil OTAN‑Russie sur la base de la réciprocité, en vue d'éviter les malentendus, les erreurs d'appréciation ou les escalades involontaires, et à accroître la transparence et la prévisibilité. Nous disposons également de lignes de communication militaires. Nous sommes convenus de continuer de nous servir de tous ces canaux pour aborder les questions d'importance critique auxquelles nous sommes confrontés, et nous appelons la Russie à faire bon usage de toutes les lignes de communication". En clair :
Nous réactivons le téléphone rouge de la guerre froide qui faisait revenir à la maison les avions menaçants. La suite du communiqué¹ relève des dispositions détaillées prises sur les points chauds (y compris l'Etat Islamique) et sur les structures atlantiques de réaction rapide.

La Pologne a obtenu presque tout ce qu'elle cherchait sauf le commandement de la brigade alliée en rotation : consolider le rempart et le doter en effectif comme otage de son intransigeance. Elle appelle à transférer chez elle un grand quartier général atlantique et se dit prête à prendre plus que sa quote-part des frais. Mais est-elle sûre à ce point de l'article 5 du traité de Washington qui ferait accourir les 28 autres membres ? Cet article dont les pays de l'Est ont plein la bouche prévoit que la partie attaquée répliquera « en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée ». Les mesures prises seront soumises au Conseil de Sécurité dans la plainte qu'il recevra. Une déclaration collective de guerre automatique n'est pas explicite. Sans attendre que la Pologne ait compris le "truc", l'Allemagne réarme.


(1): les lecteurs peuvent le lire en français sur le site de l'OTAN.

PS d'aujourd'hui : lire aussi l'analyse convergente de Jean-Gilles Malliarakis sur L'Insolent (clic) et l'article de Luc de Goustine chez Renouvin (clac) qui prend le parti du Kremlin avec l'automaticité que l'on connaît.

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lundi 18 juillet 2016

L'été indien du camp Maxime Real Del Sarte


JE FONCE AU CAMP D'ACTION FRANCAISE ! TU MONTES ?

Chacun sait que Dieu a créé HONDA pour que les socialistes ne salissent pas une HARLEY DAVIDSON. Mais qu'en est-il de INDIAN MOTORCYCLE® ? Peu connues en France bien qu'il y ait maintenant une vingtaine de concessions actives en métropole, les Indian classiques avaient, outre un design très rapide, une réputation d'innovation (leur premier moteur de 1000cc date de 1922 !) et surtout une qualité reconnue des assemblages, due à la féminisation des chaînes de montage. Une fois la recapitalisation de la production achevée par le groupe Polaris Industries (3 milliards de dollars en chiffre d'affaires, ouf !), la relance du mythe aux Etats-Unis a été relativement facile tant l'histoire de la marque est chargée de gloire. Des amateurs de belles motos ont suivi partout ailleurs dans le monde pour sortir du dilemme Japonaises ou Harley/Ducati. Une Indian n'est pas qu'une moto. Heureux dénouement !

INDIAN CHIEF DARK HORSE

Heureux dénouement parce que la marque (fondée en 1901) faillit disparaître après la Seconde Guerre mondiale pour la même raison que disparut chez nous la belle automobile à la même époque. Indian ne put faire le dos rond en attendant la reprise et se mit à produire des motos légères que l'on disait mieux adaptées à l'air du temps. Les grosses Indian rapides avaient un bloc d'acheteurs inconditionnels que les Indian légères n'intéressaient pas, et la nouvelle clientèle se dispersa sur d'autres marques qui fabriquaient des modèles populaires plus ou moins équivalents, en ne regardant que leur prix. En 1953, la marque coula et voulut survivre en rebadgeant des Royal Enfield anglaises plus musclées que la production courante, mais il n'y suffit pas. Reprise plusieurs fois par des capitalistes voulant monnayer la légende, Indian eut la chance d'intéresser Polaris Industries qui fabrique les fameux bikes et trikes VICTORY. Mais pourquoi le Piéton du roi vous bassine-t-il avec l'Indian ?

L'Action française a la même histoire que la Indian Motorcycle !

Fondée au tournant du siècle (à quelques années près), elle traversa la Première Guerre mondiale en s'y vouant corps et âme, traversa la grande crise dans l'honneur, survécut à la Seconde Guerre mondiale et par des choix contestables de sa direction fut incapable de se redresser après la Libération. Les tentatives de réanimation furent nombreuses mais ne purent déborder largement d'un noyau dur de fidèles malgré quelques embellies passagères comme la Génération Maurras des années soixante. Si la Indian Motorcycle est aujourd'hui ressuscitée, elle le doit à la rencontre d'un pourvoyeur de moyens, puissant et passionné par l'histoire de la marque et par ses exigences d'innovation qui lui feraient à nouveau sa place dans le monde des bikers.


L'Action française organise son université d'été dans un mois près de Roanne. Elle veut faire réfléchir sur les voies et moyens nécessaires pour arracher le pays à son déclin qui semble inexorable, surtout dans son incapacité chronique à se défendre. Elle va proposer dix axes de salut national et on ne peut que souhaiter le succès affirmé de ce camp 2016 avant les échéances politiques de fin d'année. L'excellence reconnue de l'école de pensée d'Action française, similaire à la finition légendaire des Indian, peut produire des solutions institutionnelles innovantes et de pleine application dans le monde complexe qui nous entoure.

Mais il faut que parallèlement à cette phosphoration intellectuelle, les cadres dirigeants se mettent sérieusement en quête des moyens financiers abondants et pérennes pour soutenir la diffusion la plus large de ces solutions, comme le fit Indian avec Polaris, car il ne sert à rien de nos jours d'avoir raison en petit comité. Dans nos sociétés démocratiques, un mouvement quel qu'il soit ne progresse plus que par grandes masses et il faut maintenant beaucoup de nerf à la guerre idéologique. Que ça nous plaise ou non.

De Paris, prendre la N7, c'est tout droit.
Roulez bolides !

Indian Scout Sixty


Postscriptum du 22 juillet
Les chapitres suivants seront ouverts au camp :
- Défendre l’intérêt national
- Environnement / agriculture
- Politique étrangère, défense et diplomatie
- Economie
- Question sociale
- Immigration
- Justice et sécurité
- Enseignement et éducation
- Politique familiale ...

vendredi 15 juillet 2016

Ne plus réagir ! AGIR !


- Nice 14 juillet 2016 : 84 morts, 52 blessés très graves, 150 autres blessés dont 50 enfants -

Le dispositif de sûreté du pays a montré ses limites par trois carnages de masse. Les professionnels de l'anti-terrorisme prédisent tous des répliques. Si la meilleure défense c'est toujours l'attaque, nous devons agir plus que réagir. En commençant par museler le battage médiatique des ministres et de leurs affidés. Agir, c'est porter le fer rouge dans la plaie de l'islam infecté sans perdre de temps. Le plus désespérant est que toutes les contre-attaques possibles sont connues et archi-connues et qu'il ne suffit que de détermination, sans même convoquer aucun courage à la rescousse !
Ce blogue n'a pas vocation à faire une liste de courses, d'autant que tout officier ayant appris la contre-guérilla serait à même de se débrouiller seul sur sa zone d'effort et sans bavures, mais on va quand même indiquer quelques actions utiles et peu risquées :

Côté vivier :
- Arrêter et expulser les imams radicaux étrangers sans préavis (dans le doute, expulser) ;
- Fermer toutes les mosquées intégristes (elles sont aussi des sources de collecte de financements) ;
- Obliger la communauté musulmane à se hiérarchiser immédiatement sous peine de caporalisation des communautés à la chinoise (que le Coran ne le permette pas n'est pas l'affaire de la République) ;
- Protéger sérieusement les mosquées officielles, pour prévenir des représailles des groupes salafistes ;
- Être impitoyable avec les désordres "festifs" des cités (incendies de voitures, caillassages de pompiers et policiers...).

Côté djihad :
- Aller chercher les fichés "S" (sûreté nationale), "R" (opposition à résidence en France) et "TE" (opposition à l’entrée en France) et les traiter en fonction de leur nationalité : les étrangers à expulser immédiatement, les nationaux à accessoiriser d'un bracelet électronique ;
- Créer une fiche S+ qui signale les islamistes présumés afin de soulager le contrôle ;
- Les Français djihadistes avérés et spécialement ceux revenant du Moyen Orient doivent être capturés et "désintoxiqués" dans des centres fermés sur une longue période ; les autres remis à la police de leur pays ;
- Les djihadistes détectés non encore impliqués doivent être "désintoxiqués" dans d'autres centres fermés sans limite de temps ; étrangers, expulsés.
- Les propagandistes du djihad résidant sur le sol national doivent être inculpés de complicité de meurtres et condamnés à l'isolement loin de leurs bases.

Côté voirie :
- Le protocole d'ouverture du feu des unités de détection d'attentat doit être clair et non sujet à réflexion de la part des fonctionnaires au contact. Réfléchir c'est mourir ou laisser mourir. Les bavures inévitables seront passées en collatéraux, la CEDH accueillera les recours.

Reste la question du dispositif militaire Sentinelle :

Il ne sert à rien, sauf à fatiguer nos soldats entre deux missions. Une patrouille légère de trois hommes arpentant gares, aérogares, parvis et trottoirs est complètement perdue dans un environnement qui lui faudrait analyser en continu. Les soldats ne sont ni formés ni efficaces individuellement ou en petite équipe quand en plus ils ont des consignes de ne pas faire de bêtises, bien réfléchir avant d'armer le fusil, faire attention etc... Ce n'est pas leur formation. Leur formation est le "choc", l'assaut, la neutralisation préalable ! Qu'on arrête vite cette supercherie et si l'on doit utiliser l'armée en dernier recours, qu'on la fasse intervenir par compagnie complète, peut-être dans le ratissage de certains quartiers mal famés et surtout pas en statique dans les points sensibles.

L'autre effet pervers de Vigipirate (ou Sentinelle) est de banaliser la force brute que représente l'armée. A la voir circuler à pas lent, on s'habitue à elle, elle fait moins peur, puis elle ne fait plus peur du tout, jusqu'à ce qu'on l'assaille au cutter comme cela s'est déjà produit. Gardons l'image nette d'une armée qui ne peut être engagée dans le maintien de l'ordre comme la gendarmerie mobile, mais uniquement dans la destruction brutale de la cible désignée. Elle sait faire.

Les annonces entendues dans les radios ce matin égrènent des mesures d'affichage peu efficaces. Prolonger un état d'urgence que le pouvoir a ridiculisé en laissant sa police occupée par des groupuscules syndicaux, des casseurs, des gentils couillons passant la nuit debout à la République et autres manifestants contre tout et rien, taxis, paysans, n'est pas sérieux. Que le pouvoir cesse de ré-a-gir.

Qu'il attaque enfin ! merde !


lundi 11 juillet 2016

Le pacte atlantique de Varsovie

Réunion polonaise de l'OTAN ? Quel symbole ! l'Alliance atlantique¹ a organisé un sommet dans la capitale de l'ancien Pacte de Varsovie qui unifiait jadis les forces est-européennes sous commandement soviétique unique. Mais cette position géographique est doublement significative : la Pologne est au sud de deux grands Etats neutres (Suède et Finlande), mitoyenne d'une enclave russe (Kaliningrad) autrefois prussienne, elle touche la Lituanie convoitée par le Kremlin avec les deux autres Etats baltes, elle est contiguë à la Biélorussie, allié indéfectible pour l'instant de la Russie, et à l'Ukraine, cauchemar d'icelle. Autant dire qu'il y a du monde à l'agenda.



Le sujet majeur de préoccupation ne peut être autre que la prospective poutinienne. Que pourrait tenter encore le nouveau Csar de toutes les Russies pour faire oublier à son peuple la corrosion endémique de l'économie russe ? Car c'est bien d'insuffisance économique qu'il s'agit avant tout. Pour bien commencer, signalons que le PIB russe est inférieur à celui de l'Espagne (source Banque mondiale 2016). Le territoire à maintenir est trente-trois fois plus grand et sa population trois fois plus nombreuse ! Seul atout mais de taille : la Russie dispose de beaucoup de matières premières et d'énergie fossile. Le problème est que le prix de ses matières et denrées ne lui appartient pas, il est entre les mains étrangères de ceux que la Russie croit être ses ennemis, à tort ! C'est du pouvoir crypto-soviétique installé au Kremlin dont tout le monde se méfie, pas des Russes.

Quand l'URSS s'effondra sur elle-même, chacun comprit que le projet russe du futur ne serait pas d'arriver sur les marchés mondiaux comme une économie de rente à l'africaine, mais de convertir progressivement cette économie "primaire" en économie industrielle. Et le potentiel du pays était énorme. A tel point que même les Japonais avaient approché le gouvernement de Boris Eltsine pour mettre en valeur la Sibérie orientale à leur profit mutuel, comprenant qu'il ne pouvait le faire seul. Finalement, l'apport en développement le plus important fut celui qui exploitait la rente minière avec souvent le concours des pétroliers occidentaux. L'industrialisation passa en mode mineur au profit de dépenses de première nécessité - le Russe redécouvrait la faim -, des dépenses somptuaires ou de prestige lancées pour conjurer le déclin stratégique, voire la guerre à outrance comme en Tchétchénie. Un quart de siècle après le changement de paradigme, la Russie est toujours la Haute Volta nucléarisée que débinait le chancelier Schmidt, tributaire des imports alimentaires et de l'expertise étrangère en tous domaines, que ce soit pour fabriquer des voitures vendables ou lancer des ponts comme à Kerch. Elle fait faire plus qu'elle ne fait, sauf dans l'aéronautique militaire ! Qui peut citer un produit russe en supermarché ? Les kalashnikov ne s'y vendent pas encore.

Comme souvent, le pouvoir (issu majoritairement de l'ancien KGB) se refait une santé en liquidant ses opposants et en agitant les combats patriotiques ; et si la ré-annexion de la Crimée était "explicable", la déstabilisation armée du Donbass est une faute stratégique grave en ce qu'elle signale à tous les voisins de la Russie que son appétit est intact, autant sinon plus quand elle échoue à l'intérieur. Les trois Etats baltes ont parfaitement entendu le message, eux chez qui réside une forte communauté russe susceptible de servir de prétexte à l'invasion, comme les Allemands des Sudètes jadis. Mais le plus inquiétant est le niveau intellectuel assez médiocre du pouvoir en place. Il n'est jamais parvenu à comprendre un développement économique hors-Plan, par débondage des initiatives privées valorisées sur un marché libre, la fameuse jungle capitaliste. Cette voie libérale qui a fait ses preuves jusqu'en Chine, n'est pas contrôlable depuis un pupitre central, sauf par élimination des succès² - Khodorkovski, Nevzlin, Evtouchenkov, Pougatchev, Gouzinski...etc - ou leur destruction (Berezovski... etc).

Le leit-motiv du Kremlin est l'avancée du front atlantique vers elle. Outre que le projet occidental n'était pas au départ d'intégrer au SHAPE des économies malades et des armées rouillées, chacun feint d'ignorer que le premier souci des satellites libérés fut de chercher une assurance de sécurité pour prévenir un retour de flamme de la chaudière russe. Ils se jetèrent tout de suite dans l'OTAN qui avait encore la sale réputation de menacer en permanence les masses démocratiques orientales - d'où le choix de passer côté manche - et qui était une structure pseudo-défensive leur ayant fait réellement peur pendant des lustres. Leur demande d'intégration militaire immédiate précéda toute démarche visant à entrer dans d'autres programmes internationaux comme la Communauté européenne ou l'OSCE. Même si l'arrogance de certains américains comme Dick Cheney était préjudiciable à la bonne entente est-ouest, des garanties explicites de non-agression du côté russe auraient ouvert la voie à un régime de paix et de développement fructueux du Danube à la Volga. On parla un court instant du nouveau Wild East. Le pacte de coopération russo-atlantique de 1994, appelé Partenariat pour la Paix, s'inscrivait sur cette trajectoire. Manque de pot, les Russes, fatigués du gouvernement d'un ivrogne (Eltsine), se jetèrent dans les bras d'un politicien rusé sans scrupules, capable de combattre un ours saoul à mains nues, lequel débarqua les réformateurs pour placer ses copains des services d'espionnage et police, plus faciles à comprendre puisque du même niveau scolaire que lui !
What next ?

Les classes moyennes russes voient toute l'énergie perdue à agiter de nouveau la menace soviétique en direction de l'Occident. Hormis quelques métropoles occidentalisées qui satisfont à leur désir de consommation par les importations, le reste du pays a peu progressé, les friches industrielles sont immenses, les nouvelles usines rares et étrangères. Voir en pied de billet ce qu'en dit le MOCI (Moniteur du commerce international). Habile à propager ses projets dans l'opinion, le Kremlin serait mieux avisé de faire accepter par son peuple une baisse de la tension au Donbass en normalisant son attitude vis à vis des séparatistes russophones et en négociant diplomatiquement sa reprise de la Crimée sur le tapis vert, pour laquelle ils ont de bonnes justifications et qui serait l'occasion de sécuriser le seul secteur utile de la péninsule, Sébastopol. Cesser aussi les provocations aériennes chez ses voisins et même plus loin (Angleterre), qui déclenchent des contre-mesures, jusqu'ici maîtrisées sauf au Hatay (un SU-24 russe abattu par un F-16 turc). Assainir enfin la situation géopolitique en Mer Noire en cautérisant les abcès abkhaze, ossète et transnistrien. Viendrait alors une relance de la conversion économique dont nous parlions plus haut, un défi plus intelligent à l'avenir que le renouveau de la Flotte. Les torrents de liquidités débondés par les banques centrales pour relancer la croissance mondiale feraient naturellement leur chemin vers l'immense Russie sans qu'il soit besoin d'aucune autre incitation que la sécurité des investissements !

En revanche, on peut apprécier l'attitude prudente du Kremlin sur sa frontière sibérienne. Ils partagent avec la Chine une sorte de détestation d'un Occident qui rend malgré tout service, ce qui leur permet d'entrer dans les programmes chinois de collaboration régionale (Shanghaï, Route de la Soie) et les place en position d'être alertés quand le Parti communiste chinois réactivera son projet de retour aux frontières impériales sur l'Amour, comme il le fait en Mer de Chine aujourd'hui. A terme, c'est inévitable. La Russie a perdu toute influence en Mongolie extérieure et elle est envahie par l'activisme privé des Chinois dans la province maritime de Vladivostok. Le port de Vladivostok endormi a failli se vendre aux opérateurs chinois (comme Gwadar ou Le Pirée) mais la transaction fut interdite par Moscou. La Russie qui n'a aucun moyen de pression en Extrême-orient ne peut pas faire autrement que de composer avec son puissant voisin. Des stratèges payés au mois annoncent un nouvel Axe menaçant. Il n'en est rien, les satrapies d'Asie centrale se méfient des deux côtés et veillent sur les pipelines. A preuve de l'indigence conceptuelle des équipes de Poutine, on peut signaler que si elles avaient su composer aussi bien avec le Japon (Kouriles vs. Sibérie) qu'avec Pékin, l'assurance de non-agression adossée à une diplomatie de revers aurait été bien meilleure.

Entre-temps en Europe, l'Alliance muscle un peu son dispositif oriental pour répondre quelque chose aux Baltes et à la Pologne, même si le gouvernement Droit & Justice de Varsovie, arc-bouté sur une russophobie utile au plan électoral, ne fait pas l'unanimité dans les cercles atlantiques qui se méfient de Kaczynski. A l'image de ce qu'il s'est passé à Kiev, les Polonais peuvent-ils déclencher des représailles russes et appeler alors la réaction atlantique en vertu de l'article 5 de la Charte ? Il est à noter que la brigade de renfort déployée à l'Est sera sous commandement allié des Etats-Unis, Allemagne, Grande-Bretagne et Canada. Pas la Pologne !

On a entendu aussi un projet de renforcement de la coopération entre la structure Politique de sécurité et de défense commune européenne et le SHAPE dans les domaines utiles comme le renseignement et le contrôle physique des vagues migratoires en Méditerranée. Tout l'intérêt de ce rapprochement gît dans les détails ignorés du grand public qui sortiront un jour. Mais d'ici là, il semblerait que l'européisation d'une défense commune ait reculé sans qu'il en soit parlé ; pourtant l'évasion du Royaume uni serait l'occasion d'installer enfin un quartier général permanent, commun aux pays de l'Union (OTAN et hors-OTAN), dans le cadre de la politique de défense communautaire. Si le concept est toujours de saison (moi j'en doute), les pays fondateurs devraient s'en charger, cela n'obérerait en rien la coopération technique franco-britannique qui va être maintenue car elle soutient nos industries d'armement.

Vis à vis de la Russie, la gesticulation d'une brigade au contact est mineure par rapport au bouclier anti-missile³ que le Pentagone est parvenu à installer en Europe de l'Est et qui est maintenant opérationnel, stade 1. C'est là la vraie réponse de l'Alliance au Kremlin après l'affaire d'Ukraine : elle dit en substance : "Nous ne vous croyons pas !". Quelle surprise ?


- Port de Kaliningrad, pas un chat, on dirait Sète -
Les Russes annoncent en réponse qu'ils vont moderniser leurs fusées et augmenter leurs effectifs. Pour faire quoi, on se le demande. Là aussi, la vraie réponse eut été de développer l'enclave maritime de Kaliningrad idéalement placée au milieu de la Communauté européenne pour en faire une zone franche de construction navale et fabrication en tout genre, à portée du marché libre et solvable de l'Union, quelque sorte de Hong Kong balte, au lieu du Macao de stupre et du jeu tel que le devient l'oblast oublié. Non ! on dérouille l'artillerie au Transyl et le Kremlin commence à se méfier du peuple de Kaliningrad qui juge déprimant l'écart de niveau de vie entre lui et ses voisins libres ! C'est bien le niveau intellectuel au sommet qui est en cause.


La Douma vient de passer une nouvelle loi anti-terrorisme qui muselle encore plus s'il en reste, les opposants au pouvoir. Vladimir Poutine fuit en avant des défis affrontés par son pays. Sa stratégie d'endormissement tellement codée URSS ne fait plus recette. Chacun voit très clair dans son jeu, sauf les idiots utiles français, comme l'était Charles Hernu à l'époque de la Guerre froide, comme le sont aujourd'hui des parlementaires en mal d'exposition médiatique comme Myard, Goasguen, Mariani, Pozzo di Borgo et d'autres qu'il nous ferait mal de citer ici (?!). Les vrais amis de la Russie plaignent les Russes qui subissent les menées de basse police du modèle antérieur et dont l'opinion sincèrement patriote est manipulée pour servir à les contraindre à l'acclamation. Sondage de popularité par téléphone : "Que pensez-vous du président Poutine ? Nous avons votre numéro de téléphone." Et trop de politiques chez nous veulent ignorer ces faits par anti-américanisme pavlovien ! Rien appris, rien compris !


(1) Royal-Artillerie a publié 28 billets sur l'OTAN. On y accède par le nuage de tags en bas du blogue.
(2) Source Investig'Action
(3) Voir l'article de l'AF2000 reblogué sur Royal-Artillerie en cliquant ici, duquel j'extrais ce court paragraphe :
"La dispute russo-américaine sur le bouclier d'Europe orientale tient toute dans ce jeu de rôles : Moscou affirme que l'invulnérabilité américaine obtenue inciterait Washington à frapper préemptivement et que le système anti-missile polonais servirait à contrer une partie des tirs de représailles russes. En conclusion de quoi, le bouclier serait un facteur de guerre. Les Chinois approuvent, et construisent le leur ! Obama déplace le sien."


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MOCI : En 2015 la Russie s’est enfoncée dans la crise amorcée en 2014. Les réserves du pays ont fondu, le déficit budgétaire s’est creusé et la volatilité du rouble s’est accentuée avec l’introduction d’un système de change flottant fin 2014, forçant la Banque centrale à intervenir. L’inflation a continué d’augmenter et une crise bancaire a touché plus de soixante dix banques russes. La chute des prix pétroliers pèse sur les recettes provenant des hydrocarbures, alors même que les recettes hors pétrole sont pénalisées par la faiblesse de l’activité et que les sanctions occidentales continuent d’impacter l’économie russe. Le budget 2016, de l’ordre de 16000 milliards de roubles, est consacré au paiement des charges sociales, à la défense et à la sécurité. Il prévoit une lente progression des pensions de retraite et le gel des salaires publics, en vue de limiter la dégradation des finances publiques et l’endettement de l’Etat. Néanmoins, les dépenses pourraient être plus élevées que prévu, dans la perspective des élections législatives de septembre 2016. Nombreux sont les défis posés à la Russie : manque de compétitivité, sous-investissement, faibles capacités de production, dépendance aux matières premières, mauvais climat des affaires, absence de réformes structurelles, population vieillissante et dérive autoritaire du gouvernement de Vladimir Poutine.
(source)

Quant à l'Allemagne, elle n'attend plus personne et réarme !


lundi 4 juillet 2016

Du Brexit au Brexin

Exit subito ! L'insistance avec laquelle les fondateurs de la CEE poussent les Anglais a déclarer maintenant le divorce sans consentement mutuel est presque risible. Pourquoi avoir soutenu l'amarrage du Royaume uni au continent pour le presser de libérer la bitte après la surprise du résultat ? Nos politiciens de rencontre surfent au gré des courants, palpent l'émotion de l'opinion, y succombent eux-mêmes et gèrent leur vestiaire en conséquence. Le comble du chic est de demander de quitter l'Europe aux représentants du Royaume uni sur les champs de bataille de la Somme aux commémorations du centenaire. On a les peigne-culs qu'on élit !

N. Farage
La démocratie a ceci d'imparable qu'elle ne fonctionne raisonnablement qu'étroitement encadrée. C'est un outil dangereux à ne pas mettre entre toutes les mains. Les consultations populaires directes sur circonscription unique déroutent toujours la classe politique, qui s'active ensuite à dénoncer "l'idiotie" des réponses. Jeudi dernier, une seule question, apparemment simple dans sa formulation, a fracturé le vieux royaume en cinq morceaux, autant qu'il y a de nations fédérées en lui, et a suscité une vocation de principauté pour sa capitale historique. Ceci pour la politique. Pour l'économie c'est moins clair, après le coup de déprime en rachat des positions à découvert, les marchés se reprennent et réinitialisent leurs compteurs comme si quelque gnome de la City avait trouvé la clef qui tourne dans la boîte à musique de la démocratie britannique. Le "marché" ne s'y trompe pas qui est reparti à la hausse, la spéculation ayant anticipé le naufrage à venir du Brexit et des brexiteurs. Comment ? C'est très facile, on est loin d'un embarquement précipité des Rosbifs pour le grand océan. M. Juncker devra s'y faire.

D. Cameron
L'article 50 ne prévoit pas de couperet mais l'ouverture de négociations pour le détricotage des relations anglo-européennes. Le référendum était réputé consultatif contrairement au référendum écossais de 2014 qui était de pleine application. C'est aux Communes qu'il revient maintenant de décréter le retrait du Royaume Uni de l'Union européenne et de donner mandat au nouveau premier ministre de déclarer l'article 50 du Traité de Lisbonne aux autorités de Bruxelles. Selon la mafia parlementaire, ce nouveau premier ministre doit être un brexiteur, dur ou mou, pour respecter la vox populi, dei et tout le diable son train. Sauf que :
Le parlement anglais est très divisé sur la question ; la moitié des Tories et les deux tiers du Labour sont remainistes sans compter les libéraux du centre complètement eurobéats ; la décision, si elle est obtenue naturellement (le parlement est souverain), promet de heurter de front les tenants du grand large. Bien que le régime anglais soit réputé sous le nom de démocratie parlementaire de Westminster, il paraît osé de soutenir que les députés vont faire bloc pour s'opposer au peuple ayant exprimé son choix directement. Alors ? Avant de capturer le nouveau Cromwell, on dissout la Chambre et on sort les poubelles. C'est ça le truc.

B. Johnson
Dans la campagne électorale qui suivra la dissolution, les candidats à la députation vont afficher très clairement leur position sur l'Europe institutionnelle, ce sera d'ailleurs le sujet prioritaire dans tous les débats, au pub et aux courses. Le peuple appelé aux urnes enverra aux Communes les représentants qui lui conviennent, circonscription par circonscription, bourg pourri par bourg pourri. La composition du nouveau parlement indiquera très précisément l'état de l'Opinion au jour du vote et ce résultat sera considéré comme celui d'un second référendum.

La nouvelle Chambre déclarera-t-elle l'article 50 au Conseil européen ? Rien n'est moins sûr. Tout dépend du délai offert au public pour organiser ces élections, plus il sera long moins ils seront nombreux à vouloir partir car ils s'apercevront que les inconvénients de la rupture l'emportent sur une légitime fierté, un peu gratuite à la fin : le régime spécial euro-britannique négocié depuis le début par les premiers ministres anglais, et confirmé par le pacte du 19 février 2016 arraché par David Cameron au Conseil, suffit amplement à l'indépendance de la perfide Albion vis à vis du vieux continent, et si l'immigration sème à ce point la terreur dans les boroughs, on peut signaler que le problème de l'inintégration des aliens relève d'abord des intrants du Commonwealth avant de se poser sur les Européens de l'Est et sur ces p... de continental coloured catholics que nous sommes. La haine du Polonais ressemble beaucoup à la haine de l'Irlandais de jadis. Celui-ci catholique et européen affirmé remplacera-t-il à nouveau les ressortissants d'Europe de l'Est dans la détestation publique ? Peut-être bien, sauf à se retourner contre les Pakistanais, Indiens, Jamaïcains et autres niggers et rastacouères qui hantent les métros et les tabloïds.

T. May
Que la sagesse des nations britanniques me fasse mentir et qu'ils partent donc ! Ce sera beaucoup plus clair ensuite pour nous continentaux parce que nous gagnerons en autonomie par rapport aux Etats Unis et parce que nous pourrons aussi mieux résister à l'élargissement de l'Union ; mais le gros business ne semble pas d'accord sur le largage, comme Easy Jet qui menace déjà de transférer ses sièges sociaux en Irlande ou sur le Continent, ou la HongKong & Shanghaï Bank qui voudrait s'installer à Paris. Dans un an, on se rappellera peut-être ce tsunami politique du Brexit comme une gigantesque farce avec Farage en clown blanc et Johnson en auguste, l'apprenti-sorcier restant David Cameron, l'aristo un peu con qui joua son empire pour un cheval.

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vendredi 1 juillet 2016

La Somme, l'autre bataille des géants


coquelicots

La bataille la plus meurtrière de la Grande Guerre se disputa sur le front anglais. Après cent-quarante jours de combats titanesques et 273000 morts, les forces de l'Empire britannique allié aux Français repoussèrent les Allemands à douze (12) kilomètres au nord de la Somme. Ceux-ci laissèrent 170000 tués dans l'affrontement. On n'a pas fait plus terrible depuis.




Pour aller au fond, il faut lire le dossier de William Phillpot dans la Revue Historique des Armées (n°242): l'armée britannique sur la Somme. Extraits du site anglais History, sur le premier jour de l'offensive :

The Somme campaign in 1916 was the first great offensive of World War I for the British, and it produced a more critical British attitude toward the war. During and after the Somme, the British army started a real improvement in tactics. Also, the French attacked at the Somme and achieved greater advances on July 1 than the British did, with far fewer casualties. But it is the losses that are most remembered. The first day of the Somme offensive, July 1, 1916, resulted in 57,470 British casualties, greater than the total combined British casualties in the Crimean, Boer, and Korean wars.

Nous ajouterons que les Anglais, particulièrement attentifs au soutien apporté par leurs chevaux (ils avaient amené 18000 vétérinaires en France), en perdirent sept mille le seul premier juillet 1916 !



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