vendredi 26 juin 2020

Grande Charte de France

couve Tauzin

Il nous plaît aujourd'hui de diffuser La Grande Charte de France du général Didier Tauzin telle qu'il l'annonçait récemment sur Boulevard Voltaire en présentant son nouveau livre "Rebâtir la France après le COVID-19 - Sur le roc !", signalé par La Faute à Rousseau. La charte se passe d'exégèse, de commentaires ou de développement, et c'est bien pratique. A prendre en bloc ou à laisser. On ne picore pas.
Le général Tauzin souhaite qu'elle préside à notre constitution au même titre que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Il l'a proposée au Chef de l'Etat.

*Art.1 – L’IDENTITÉ DE LA FRANCE
*Art.2 – LA VOCATION DE LA FRANCE
*Art.3 – LES QUATRE FONDAMENTAUX POLITIQUES DE NOTRE NATION
*Art.4 – LES MISSIONS DE L’ÉTAT
*Art.5 – LES CINQ PRINCIPES ESSENTIELS DE L’ACTION POLITIQUE



armes-en-faisceau


GRANDE CHARTE DE FRANCE



ARTICLE 1 – L’IDENTITÉ DE LA FRANCE
1.1- La France puise son identité culturelle, politique et sociale à trois sources essentielles : la pensée hébraïque qui lui a donné le Décalogue, la pensée gréco-romaine, et la pensée du Christ dans l’Évangile, qui a donné le christianisme. De ces trois apports, c’est le christianisme qui marque le plus l’identité de la France. Il en demeure la principale source et c’est en se référant à lui que nos ancêtres ont bâti la France.

1.2- L’acquisition de la citoyenneté française repose sur l’assimilation qui doit se fonder sur la reconnaissance de cette identité dans toutes ses dimensions.

ARTICLE 2 – LA VOCATION DE LA FRANCE
La vocation de la France est, depuis ses origines :

2.1- D’oeuvrer au développement intégral des Français et de tout homme, où qu’il vive et quel qu’il soit ;

2.2- D’ouvrir les chemins de l’humanisation des rapports entre les personnes, de s’y engager et d’inciter l’humanité entière à s’y engager ;

2.3- De répondre au désir de paix, de fraternité et d’unité présent en tout homme et dans l’humanité entière.

Cette vocation n’est pas dominatrice mais au service de l’homme et du bien commun universel. Elle est, pour la France, source de plus de devoirs que de droits.

ARTICLE 3 – LES QUATRE FONDAMENTAUX POLITIQUES DE NOTRE NATION
Il découle de l’identité de la France quatre fondamentaux politiques :

3.1- Quel que soit le nom qu’on lui donne, il existe une « source de vie » de laquelle tout provient. La « loi » qui en émane ordonne tout et s’impose à tout l’univers comme à l’homme.

3.2- L’homme est créé par cette « source de vie », ce qui fonde son inaliénable dignité. Il est au sommet de l’échelle des êtres vivants et usufruitier de l’univers. Il est corps et esprit, intelligence et volonté, coeur et conscience. Il naît homme ou femme. Il est un être social qui ne peut naître, vivre et s’épanouir que dans le cadre de la famille, des diverses communautés auxquelles il appartient, et de la nation. Il a vocation au bonheur qu’il ne peut atteindre que par l’exercice libre de ses facultés dans le respect du bien commun.

3.3- La famille, qui est fondée sur le mariage d’un homme et d’une femme, est à la fois la matrice et la cellule politique de base de la nation.

3.4- La politique est au service de la France, des Français et de tout homme. Elle doit tout faire concourir à ce service, notamment l’économie, l’administration et les technologies. Elle s’exerce dans le cadre de la laïcité, définie comme la reconnaissance réciproque de l’État et des divers acteurs spirituels, et leur coopération au service de la France et des Français.

ARTICLE 4 – LES MISSIONS DE L’ÉTAT
L’État reçoit de la nation les missions suivantes :

4.1- Protéger et perpétuer l’identité de la France et y faire adhérer tous les Français, ainsi que ceux qui souhaitent le devenir ;

4.2- Elaborer et conduire une politique intérieure et extérieure conforme à la vocation de la France ;

4.3- Tout mettre en oeuvre pour favoriser le développement intégral de chaque Français, dans le cadre du bien commun national et en respect des cinq principes énumérés à l’article 5 ci-dessous.


ARTICLE 5 – LES CINQ PRINCIPES ESSENTIELS DE L’ACTION POLITIQUE
Pour être juste et féconde, la politique doit s’articuler autour des cinq principes suivants :

5.1- La recherche permanente du bien commun, défini comme l’ensemble des conditions sociales, économiques, culturelles et politiques permettant aux hommes et aux diverses communautés, d’abord la famille, mais aussi tous les corps intermédiaires et la nation elle-même, de s’épanouir au mieux de leurs possibilités sans préjudice pour les autres ni pour l’ensemble. Le bien commun est l’affaire de tous les citoyens et l’État en est le garant.

5.2- La subsidiarité, qui consiste, pour l’autorité s’exerçant comme un service, à reconnaître, protéger et laisser se développer les pouvoirs et responsabilités des échelons qui lui sont subordonnés, et d’abord de chaque personne. L’autorité doit donc, d’une part promouvoir l’autonomie de chaque échelon dans le respect intégral du bien commun national, d’autre part aider ceux qui en ont momentanément besoin, enfin et seulement si nécessaire, suppléer à leur défaillance définitive ou momentanée.

5.3- La responsabilité, qui consiste pour chacun à se reconnaître l’auteur de ses actes, à en répondre et à en assumer les conséquences, quelles qu’elles soient. L’État a le devoir de laisser aux citoyens le pouvoir de prendre et d’assumer des responsabilités, principe corollaire du principe de subsidiarité puisque l’État n’agit que là où le citoyen ne s’engage pas.

5.4- La solidarité, qui procède de l’interdépendance de tous les membres et associations diverses composant la nation. Elle conduit à élaborer des institutions, structures, lois et règles, qui favorisent l’entraide en vue de l’épanouissement personnel, collectif et national. Son objectif ultime étant le bien commun, l’État en est le garant. Conformément au principe de subsidiarité, l’État n’agit qu’en cas de besoin et donc en suppléance de l’initiative individuelle et collective.

5.5- La liberté, qui est le pouvoir de vivre, agir et s’exprimer sans contrainte, dans le cadre des lois et du bien commun. La liberté politique consiste, pour la nation, à se gouverner de manière souveraine dans le respect des autres nations et en poursuivant avec elles le bien commun européen et le bien commun de l’humanité. La liberté civile consiste, pour les personnes en particulier, à s’exprimer par les moyens de leur choix.

La Grande Charte de France, une fois promulguée, sera maintenue par un Conseil dont les missions et le fonctionnement sont expliqués ici.

Le général Tauzin s'exprime aussi sur un site nommé Rebâtir la France auquel nous vous adressons.

dimanche 21 juin 2020

Ma Fête de la Musique


Pour nous ce sera du jazz, avec le solo impossible de Joe Morello (1928-2011), quasiment aveugle, à la batterie dans une reprise de Blues for Joe à Juan-les-Pins en 1967 avec le Dave Brubeck Quartet ! La crème des musiciens, en cravate !



The Dave Brubeck Quartet est un groupe de jazz fondé en 1951 par Dave Brubeck (1920-2012) et Paul Desmond (1924-1977). Il créa les standards Take Five et Blue Rondo a la Turk. Tout au long de son existence, la formation connaîtra plusieurs configurations : Joe Morello ou Alan Dawson ou Randy Jones à la batterie, Eugene Wright ou Michael Moore à la contrebasse, Gerry Mulligan au saxophone, Paul Desmond ou Bobby Militello au saxophone alto ou Willie Smith à la clarinette. Le Quartet élargit son public de jazz en luttant contre la ségrégation raciale en intégrant dès 1959 l'excellent Eugene Wright de Chicago
(réécrit de la Wikipedia).




Suit maintenant un peu de lyrique avec la Revolution (1969) de Nina Simone (1933-2003). C'est de saison, ça n'a pas vieilli.


And now we got a revolution
Cause I see the face of things to come
Yeah, your Constitution
Well, my friend, its gonna have to bend
I am here to tell you about destruction
Of all the evil that will have to end

Some folks are gonna get the notion
I know they'll say I am preachin hate
But if I have to swim the ocean
Well I would just to communicate
Its not as simple as talkin jive
The daily struggle just to stay alive

Singin about a revolution
Because I am talkin about a change
Its more than just evolution
Well you know you got to clean your brain
The only way that we can stand in fact
Is when you get your foot off my back



Premium ! A tchao bonne nuit !


mardi 16 juin 2020

Camp Maxime Real del Sarte 2020

Départ pour Roanne dans deux mois !

Forte érection cette année au Camp Maxime Real del Sarte. On va reconstruire un État. La mise en bouche, publiée sur le site de l'Action Française, prédit un Etat fort et ramassé sur ses prérogatives régaliennes, bienveillant avec les républiques municipales que Charles Maurras appelait de ses vœux. En voici le drop à suivre up and under :
« Il faut rappeler les missions premières de l’État. Les retrouver sous les cendres d’une histoire contradictoire, à la fois trop jacobine et trop diluée par l’Europe bruxelloise. Cela ne va pas ! Cela ne va plus ! Les Gilets jaunes, par leur émotion spontanée, l’ont bien rappelé avec une juste vigueur. Le Camp Maxime Real del Sarte 2020 remet l’État au cœur de nos discussions, et le place au cœur de ce qu’il n’a jamais cessé d’être, depuis mille ans, une condition d’être de la France : Refondons l’ État sans étatisme !»

Mais reconstruire l'Etat est-ce bien raisonnable ? Ne vaudrait-il pas mieux le laisser crever ? L'anarchie plus Un ! L'Etat moderne est un facteur de ruine en ce qu'il met en son pouvoir une société sûre et solidaire pour régner sur les esprits et guider les moutons. Pour ce faire il déconstruit la cellule de solidarité élémentaire et donne à chacun un droit personnel de sûreté. Des philosophes comme l'allemand Hans-Hermann Hoppe l'accablent de tous les vices, traître à son peuple (les exemples abondent), belliciste et pervers. Le pire étant bien sûr sa propension hégémonique qui grandit au fil du temps. Il est parti des caisses publiques de prévoyance bismarkienne pour arriver aujourd'hui à contrôler les comportements individuels qui pèsent sur les résultats financiers de ces mêmes caisses. La solidarité des forces et des faiblesses de l'espèce humaine imparfaite a secrété progressivement des tables d'analyses assurantielles qui gèrent les gens en fonction du big data et secrètent naturellement boni et mali comme en matière de circulation automobile. Tomber dans les griffes de la société sûre est sans retour, si l'on ne parvient pas à s'en arracher au début de sa vie active quand on dispose de la plénitude de ses propres forces. L'Etat dont nous parle Maurras est celui des "Bureaux". Combien de fois use-t-il de ce mot pour désigner les hommes de l'Etat !

Il s'agit de reconstruire un Etat régalien et de détruire les Bureaux. C'est ça le slogan ! Libertés en bas, autorité en haut. Le deal maintes fois proposé sur ce blogue monarchiste est de remettre le domaine régalien stricto sensu aux gens d'un pouvoir permanent dirigé par un monarque détaché des contingences politiques de la nation (c'est ce que veut dire "absolu") et de rendre toute liberté aux citoyens dans l'organisation et la gestion du domaine public de proximité. Nous ne développons pas de nouveau les termes de l'échange mais suggérons aux participants du CMRDS 2020 de jeter un œil au Projet civilisationnel du GAR...... et s'il leur reste cinq minutes de lire celui-ci : Du dialogue entre la Nation et son Etat.

Dans l'un et l'autre et vingt autres publiés dans ce blogue - il suffit de taper Etat ou régalien dans la barre de recherche - il n'est pas question d'annuler la démocratie, mais de la remettre à l'étage de ses meilleures performances. En vérité, il n'est de vraie démocratie que celle du marché. C'est le comportement individuel de l'électron humain compté dans sa masse qui donne une vérité exprimée en "nombre". Ceux des fournisseurs qui l'acceptent font des profits, ceux qui s'entêtent dans leurs idées, des pertes. (Ecole autrichienne d'économie). Dans le domaine politique au sens grec, satisfaire le plus grand nombre à l'étage de perception des enjeux est le meilleur levier de gestion de la circonscription considérée. tant que le citoyen est capable d'appréhender les enjeux, il peut exprimer son choix et le faire compter. S'il ne le peut plus - il vaudrait mieux qu'il ne le désire plus - il ne doit pas interférer dans le champ régalien d'expertise.

Reconstruire un Etat fort et cantonné au régalien ne peut se faire sans appréhender les réalités de terrain, même les réalités déplaisantes. Faisons attention que le "pays réel" si souvent cité dans le mouvement ne soit qu'un "pays rêvé". Il faudra prendre en compte l'addiction de la population au bonheur d'Etat, l'abrutissement général à la démocratie parlementaire qui fait haïr la classe politique et la remet en selle en même temps, la forte proportion de population exogène, chances et malchances confondues, la déchristianisation des consciences, l'islamisation endogène et d'importation, les capacités réduites du pays dans tous les domaines comparées aux atouts français du début du XXè siècle, les déficits généralisés ! Mais pour faire cesser le chantage institutionnel de l'Etat invasif pour notre bien à tous, le premier problème à résoudre est bien celui de la société sûre parce que plus personne en France n'acceptera une société du risque. Nous sommes descendus au Bas Empire, tenons-nous le pour dit, et faisons avec. Assurance-maladie et pensions de vieillesse sont les deux défis prioritaires auxquels une réponse technique et décentralisée doit être donnée en dehors de l'Etat. C'est moins glamour que le roi monté derrière les étendards qui avancent déployés au son du vexilla regis, mais il va falloir phosphorer dur et ne pas s'en remettre aux recettes du passé lointain ; les temps ont changé, la page est blanche, l'avenir est à écrire.

Il reste deux mois aux lecteurs étudiants ou jeunes actifs pour s'inscrire au Camp Maxime Real del Sarte du mois d'août près de Roanne. On y apprend beaucoup, on s'y fait des amis. N'hésitez pas, et ce n'est pas onéreux.


samedi 13 juin 2020

† Raspail est mort

« Il est rare que les mouvements de foule spontanés ne soient pas, en fait, plus ou moins manipulés. Et l'on imagine aussitôt une sorte de chef d'orchestre tout-­puissant, grand manipulateur en chef tirant sur des milliers de ficelles dans tous les pays du monde et secondé par des solistes de génie. Il semblerait que rien n'est plus faux. Dans ce monde en proie au désordre de l'esprit, certains parmi les plus intelligents, généreux ou pernicieux, s'agitent spontanément. C'est leur façon à eux de combattre le doute et de s'échapper d'une condition humaine dont ils refusent l'équilibre sécu­laire. Ignorant ce que réserve l'avenir, ils s'y engagent néanmoins dans une course folle qui est une fuite en avant et, sur leur chemin, font sauter toutes les voies de repli, celles de la pensée, évidemment. Ils tirent chacun les propres ficelles liées aux lobes de leurs cer­veaux et c'est précisément là que réside le mystère contemporain : toutes ces ficelles se rejoignent et pro­cèdent, sans concertation, du même courant de pensée. Le monde semble soumis, non pas à un chef d'orchestre identifié, mais à une nouvelle bête apocalyptique, une sorte de monstre anonyme doué d'ubiquité et qui se serait juré, dans un premier temps, la destruction de l'Occident. La bête n'a pas de plan précis. Elle saisit les occasions qui s'offrent, la foule massée au bord du Gange n'étant que la dernière occasion en date et sans doute la plus riche de conséquences. Peut-être est-elle d'origine divine, plus certainement démoniaque ? Ce phénomène peu vraisemblable, né il y a plus de deux siècles, a été analysé par Dostoïevski. Il l'a été aussi par Péguy, sous d'autres formes, dans sa dénonciation du "parti intellectuel". Et encore par l'un de nos pré­cédents papes, Paul VI, ouvrant enfin les yeux au déclin de son pontificat et reconnaissant l'œuvre de Satan. Rien n'arrête la bête. Chacun le sait. Ce qui engendre, chez les initiés, le triomphalisme de la pensée, tandis que ceux qui luttent encore en eux-mêmes sont saisis par l'inutilité du combat. Archange déchu, Ballan reconnut aussitôt les serviteurs de la Bête et leur offrit ses services.» (Jean Raspail dans Le Camp des saints)


Le Margrave Héréditaire a rendu son âme à Dieu, Jean Raspail nous a quittés. C'est un grand vide au Roycoland, il était une des rares personnalités françaises à avoir percé sous la bannière royaliste fièrement déployée, mais son roi était "de vitrail", il avait du mal avec les rois-bourgeois d'aujourd'hui. J'ai le sentiment diffus d'être un peu abandonné, entre les hésitations dynastiques et les timidités palatines. C'est sûr que sa mort nous jette à terre.

De son œuvre littéraire, moins désespérant que le Camp, j'ai préféré L'Anneau du pêcheur qui traverse tout le midi de Rodez à Senez, depuis l'époque du grand schisme d'Occident jusqu'au pontificat de Jean-Paul II. C'est le mythe du pape caché qui va de conserve avec le roi caché au-delà des mers.

"Pour Jean Raspail, le mythe semble bien être la vérité ultime de l'Histoire. Comme si, en définitive, le mythe était la fin dernière d'un égarement qui retrouve, à l'instant de disparaître à jamais, sa vérité première" (Philippe Hemsen).

Par le truchement du Consul de Patagonie à Hong Kong je lui avais transmis il y a dix ans un article de ce blogue qui évoquait de manière poétique "son" royaume.
En voici le lien : Amerrissage de l'utopie. Bonne lecture.


Qu'il repose en paix, il a beaucoup fait ici bas déjà.



cercueil de Raspail le Patagon
dernière station : Saint-Roch 17 juin 2020

samedi 6 juin 2020

Dans les mâchoires de la mort


6 juin 1944 Omaha Beach 07h30 : devant toi la Normandie et quelque part la 352è Division allemande qui arme ses culasses. Ayons chaque année une pensée pour les boys qui traversèrent l'océan pour se battre à notre place.

La photo fut prise par Robert Sargent des US Coast Guard, qu'il nommera plus tard Into the Jaws of Death (dans les mâchoires de la mort). Les deux tiers de cette compagnie E du 16è Infanterie US seront mis au tapis.


Bouquet tricolore en hommage à l'infanterie américaine

jeudi 4 juin 2020

Juste comme ça !


Pékin le 5 juin 1989, les chars du Parti ont coupé les moteurs. Reste à laver les chenilles.

Pour son trente-et-unième anniversaire, Royal-Artillerie propose le déroulé du massacre de Tian An Men tel qu'il fut observé par Mlle Jan Wong (The Globe & Mail de Toronto) depuis les balcons du Beijing International Hotel situé à l'angle nord-est de la place. On comprend mieux ce qui suit quand on sait que la place Tian An Men était noire de monde, manifestants et badauds.


DIMANCHE 4

01:00 Un transport de troupe blindé (VTT), précédé d'un bruit de train de marchandises, roule droit sur une barricade faite d'une grille de fer

01:04 La foule arrête net le VTT sur ses chenilles

01:18 La foule incendie le VTT. Deux soldats à l'intérieur sont secourus par des manifestants étudiants

01:20 Premiers coups de feu quelque part au sud de la place

02:10 Des troupes sont visibles du côté est de la place

02:15 Coups dde feu beaucoup plus forts

02:16 Panique générale. Un autre VTT est incendié devant le siège du Comité Central (ndlr : du PCC)

02:20 Cinq ambulances arrivent en trombe

02:23 Des chars déboulent sur la place dans un bruit d'enfer. Un individu à vélo tente de se maintenir sur le côté de l'un d'eux. Des camions de troupe surgissent à grand bruit tirant sur la foule au hasard. C'est le chaos

02:35 Fusillade intense. Des soldats avançant en rang serré, environ cent vingt, traversent la place en tirant sur la foule. Des dizaines de milliers de gens courent en hurlant vers l'hôtel. Quelques-uns sautent la grille mais sont refoulés à l'entrée

02:48 Les soldats ont fauché de larges espaces sur la place

03:00 Un cyclopousse pédalent furieusement avec un blessé sur la banquette

03:07 Tir à droite de la place

03:12 Fusillade soutenue ; panique générale à nouveau. Plus de cyclopousses passent avec des blessés. D'autres cyclistes viennent en aide pour ouvrir un chemin

03:30 La foule tente de pousser des autobus en travers de l'Avenue Chang'An, celle de l'Eternelle Paix, pour dresser une barricade. Elle n'y arrive pas.

03:45 Fusillade soutenue au sud et à l'est. Panique générale à nouveau. Les gens courent dans tous les sens devant l'hôtel

04:00 Les lumières de la place s'éteignent brusquement. Les gens s'attendent à ce que les étudiants soient écrasés (ndlr : littéralement). Quelques lumières sont aperçues dans le Palais de l'Assemblée du Peuple. Les dirigeants chinois observent-ils ?

04:40 Les lumières reviennent sur la place. Des hauts-parleurs ordonnent aux étudiants de dégager de la place, sinon d'encourir les conséquences

05:00 L'aube commence. Fusillade sur la place. Tire-t-on sur les étudiants?

05:23 C'est l'aurore. Un grand convoi arrive par l'est. Les gens tentent désespérément de dresser une barricade avec des autobus. Ils n'ont pas assez de temps. Dix corps au sol. Des gens continuent de pédaler vers la place.

06:15 La foule en colère commence à chanter : "La grève, la grève !"

06:20 Onze VTT et quinze chars supplémentaires viennent démolir du côté ouest de l'hôtel. Quelques chars partent directement sur une barricade formée de trois pelleteuses

06:52 Les gens incendient un second autobus devant l'hôtel. Heureusement que le vent vient de droite. L'épaisse fumée noire s'éloigne de l'hôtel

07:00 Cinq corps portés sur des brancards défilent, une personne en tête porte un drapau de la Croix Rouge

08:15 Les soldats poursuivent les gens et tirent à l'arme automatique

09:15 Les gens mettent le feu à un troisième autobus

09:30 La foule grossit

09:46 Les gens paniquent et courent vers l'hôtel

10:09 Un coup de feu ; des milliers de gens fuient

10:22 Les soldats avancent vers l'est en direction de l'hôtel, en tirant dans le dos des gens qui fuient. Les balles sifflent au balcon de l'hôtel

10:25 Les tirs s'arrêtent. Vingt corps gisent sur le sol. Un cycliste est atteint adns le dos, juste devant l'hôtel. Il y a deux mares de sang sur le parking

10:55 Les gens approchent avec précaution pour tenter de sauver les blessés. Les soldats tirent à nouveau les faisant fuir. La foule est scandalisée

11:22 Les corps sont toujours là une heure plus tard. Aucune ambulance n'arrive.

11:48 Les soldats tirent une nouvelle salve de trois minutes dans la foule. Combien sont touchés, ce n'est pas clair

13:57 La foule est revenue. Les soldats tirent à nouveau. On ne sait combien sont touchés. Les gens se dispersent.

15:30 La foule est revenue. Les soldats tirent à nouveau. Combien sont touchés ?

16:15 La pluie tombe, la foule disparaît

19:35 La foule est revenue. Les soldats tirent à nouveau. On ne sait combien sont touchés.

20:50 Les soldats tirent dan,s la foule pendant cinq minutes

22:35 Dix chars et dix VTT déboulent dans l'Avenue de l'Eternelle Paix, tirant à la mitrailleuse par moment. Ils font rugir les moteurs en allant et venant sur la piste principale comme un bande de motards le samedi soir, dans un but ignoré

LUNDI 5


01:00 Les rues sont désertes. Mais vraisemblablement plus à cause du violent orage que des chars. Un coup de tonnerre fait se précipiter des touristes sur leurs balcons. Le bruit est celui d'un tir de mortier



Voilà ! Le reportage complet de Miss Jan Wong peut se lire en cliquant ici. Pour bien enfoncer le clou, nous rappelons que Deng Xiaoping avait donné à Li Peng, le premier ministre, un budget de deux cent mille morts pour l'ensemble du territoire. Heureusement que la révolte s'éteignit partout sous l'effet de la terreur et de la chasse aux dissidents et leurs familles, car un parti communiste, dépositaire exclusif de la recette du Bonheur Total, n'a aucune limite quand il a les moyens de se perpétuer.



Qu'ils reposent en paix !

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