samedi 17 avril 2021

Album de marine du Prince Philip

A l'annonce de sa mort le 9 avril dernier, nous avions évoqué la guerre de Philip de Grèce et Danemark. Au jour de ses funérailles au château de Windsor, nous proposons l'album de marine d'un prince sur le pont, du premier au dernier jour de la Seconde Guerre mondiale. Il n'a pas fait semblant.

Lt Commander Philip Mountbatten en 1951
1951


Après ses classes au Collège naval de Dartmouth où il rencontre sa future épouse et reine, le jeune misdship de 18 ans embarque en 1940 sur l'antique cuirassé rénové HMS Ramillies qui passe le Canal de Suez le 11 novembre 1939 pour entrer dans l'Océan indien où patrouille le croiseur Graf Spee. L'Anglais, redoutable encore par son artillerie en 15 pouces qu'il vaut mieux ne pas engager en combat naval, descend aux antipodes pour escorter les renforts australiens et néozélandais à remonter vers l'Europe.

HMS Ramillies
Cuirassé Ramillies

Notice technique du HMS Ramillies (1916-1948) à la guerre
Classe Revenge lancé en 1916 modernisé en 1932 et en 1937
Déplacement : 33000 tonnes à pleine charge
Machines : 40000 ch
Vitesse en chasse : 23 nœuds, 15nd en croisière
Dimensions : 189 x 31 x 9m de tirant d'eau
    Armement :
  • 950 hommes
  • 8 canons de 381 en 4 tourelles doubles
  • 14 canons de 152
  • 8 canons rapides de 102 en double
  • 2 canons anti-aériens de 76
  • 4 canons anti-aériens de 47


Revenu en Egypte où le Ramillies est mis en petit carénage à Alexandrie, le midship est transféré sur un cuirassé du même âge HMS Valiant en Méditerranée orientale. Le jeune sub-lieutenant se distingue à la bataille du Cap Matapan au mois de mars 1941 contre la flotte italienne où il gagne une citation : « Thanks to his alertness and appreciation of the situation, we were able to sink in five minutes two 8"-gun Italian cruisers ». En charge des projecteurs de poursuite, il détecte une menace hors-champ d'application de l'artillerie de bord et survit aux tirs d'extinction italiens.

HMS Valiant
Cuirassé Valiant

Notice technique du HMS Valiant (1914-1948) à la guerre
Classe Queen Elisabeth lancé en 1914 modernisé en 1929 et reconstruit en 1939
Déplacement : 33500 tonnes à pleine charge
Machines : 56000 ch
Vitesse en chasse : 23 nœuds, 12-18nd en croisière
Dimensions : 196 x 28 x 10m de tirant d'eau
    Armement :
  • 1000 hommes
  • 8 canons de 381 en 4 tourelles doubles
  • 20 canons de 114 en double
  • 4 affuts octuples anti-aériens de canons rapides de 102 en double
  • 52 canons anti-aériens Oerlikon de 20mm en double
  • 4 affûts quadruples de mitrailleuse de 12.7


Après avoir servi quelques temps aux machines alternatives du transport de troupes RMS Empress of Russia, l'enseigne de vaisseau Philip Mountbatten est affecté sur le vieux destroyer HMS Wallace qui patrouille en mer du Nord. Il gagne sur ce navire le grade de lieutenant de vaisseau et en devient le commandant en second. En juin 1943, le navire est dépêché en Méditerranée occidentale à partir de Gibraltar et Malte pour participer au débarquement de Sicile où il se distingue en appui de la Première Division canadienne au centre du dispositif de l'opération Husky. Après quoi le navire remonte en Mer du Nord.

HMS Wallace
Destroyer Wallace

Notice technique du Wallace (1918-1945) à la guerre
Classe Shakespeare lancé en 1918 modernisé en 1938
Déplacement : 2000 tonnes à pleine charge
Machines : 40000 ch
Vitesse en chasse : 33 nœuds, 15nd en croisière
Dimensions : 100 x 9.6 x 3.7m de tirant d'eau
    Armement :
  • 187 hommes
  • 5 canons de 120
  • 2 canons anti-aériens de 102 en double
  • 1 affût quadruple de canons de 40
  • 2 canons Oerlikon de 20
  • 2 affûts quadruple de mitrailleuses Vickers de 12.7
  • 30 grenades sous-marines


A 23 ans, Philip Mountbatten est nommé commandant en second sur le destroyer, moderne cette fois, HMS Whelp qui est engagé en 1945 au sein de la flotte britannique du Pacifique. Le navire réussit plusieurs opérations à Sumatra puis en escadre avec la Vè Flotte américaine dans la préparation de l'invasion d'Okinawa. Philip finit la guerre le 2 septembre 1945 pour la capitulation du Japon en baie de Tokyo.

HMS Whelp
Destroyer Whelp

Notice technique du Whelp (1943-1976) à la guerre
Classe W lancé en 1943 revendu en 1952 à l'Afrique du Sud
Déplacement : 2500 tonnes à pleine charge
Machines : 40000 ch
Vitesse en chasse : 36 nœuds, 20nd en croisière
Dimensions : 110 x 11 x 4.4m de tirant d'eau
    Armement :
  • 179 hommes
  • 4 canons de 120
  • 1 affût quadruple de canons anti-aérien de 40
  • 4 canons doubles Oerlikon de 20
  • 8 tubes à torpilles de 533
  • 70 grenades sous-marines


Le journal L'Independent relate sa réaction quand ils accueillirent en 1945 les marins britanniques rescapés des camps japonais de prisonniers : « Ce fut une expérience émouvante. Ces gens étaient des marins de la Royal Navy qui n'avaient pas vécu dans une atmosphère navale depuis trois ou quatre ans, parfois plus. Quand nous nous assîmes au mess avec eux, il retrouvèrent soudainement une atmosphère qui leur était familière. Ils étaient assis là, des larmes coulant sur leurs joues. Ils ne pouvaient plus parler.»
Après un poste de first lieutenant sur le destroyer HMS Chequers mouillé à Malte puis le commandement de l'escorteur HMS Magpie en Méditerranée, Philip Mountbatten sera démobilisé en juillet 1951 avec le grade de Lieutenant Commander (capitaine de corvette), puis gagnera des grades dans ses fonctions royales jusqu'à amiral. Partout où il passa, il laissa l'empreinte d'un officier de race, posé, calme et sûr. Ce qu'il sera ensuite dans sa vie de prince-consort.


HMS Magpie
Escorteur (sloop) Magpie

Notice technique du Magpie (1943-1959)
Classe Black Swan lancé en 1943
Déplacement : 1350 tonnes
Machines : 4300 ch
Vitesse en chasse : 20 nœuds, 12nd en croisière
Dimensions : 91 x 12 x 3.4m de tirant d'eau
    Armement :
  • 192 hommes
  • 6 canons de 102 en double
  • 2 affûts double de Bofors 40 anti-aérien
  • 6 affûts doubles Oerlikon de 20 anti-aérien
  • 8 tubes à torpilles de 533
  • 110 grenades sous-marines
  • 1 mortier Hedgehog anti-sous-marins de 24 roquettes


Pour son "éloge funèbre" le Guardian avait titré Un Homme de son temps : « Bien que Philip soit intelligent, avec une présence physique, de l'énergie et un parler ironique et saccadé, il avait pris soin d'occulter son intérêt pour les choses intellectuelles qui incluait, derrière une attitude très directe, la poésie et la théologie. Il avait une collection d'art privée, peignait un peu et appréciait une bibliothèque personnelle bien répertoriée de plus de dix mille livres, avec des entrées comme les ouvrages de TS Eliot. "Ne le dites à personne" disait-il. Les prélats en visite à Balmoral ou Sandringham pour le sermon du dimanche pouvaient être déconcertés par ses petits yeux brillants d'inquisiteur assis au premier banc et ses questions minutieuses au repas qui s'ensuivait ».

On ne peut refermer l'album de marine du prince Philip sans évoquer HMY Britannia qui fut "son bateau à eux". Lancé à Clydebank (Ecosse) en 1953, le grand yacht de 126m de long déplace 5900 tonnes et fut pendant quarante-quatre ans l'ambassadeur le plus royal de la couronne britannique. Les époux s'investirent énormément dans la décoration du navire qui fut utilisé dans plus de neuf cents missions officielles. Il est plus long et quatre fois plus gros que le dernier escorteur commandé à la mer par le capitaine de corvette Philip Mountbatten. Décommissionné en 1994, il est amarré au port de Leith à Edimbourg et se visite.

HMY Britannia
Yacht royal Britannia

Notice technique du Yacht Britannia
Lancé en 1953, désarmé en 1994
Déplacement : 5700 tonnes lège
Machines : 12000 ch
Vitesse de croisière : 21.5 nœuds
Dimensions : 126 x 17 x 4.6m de tirant d'eau
    Armement et marques:
  • 271 hommes
  • Pavillon de l'Amirauté, Lord High Admiral au mât de misaine
  • Pavillon Royal Standard au grand-mât
  • Pavillon de l'Union Jack à l'artimon
Capacité : 200 passagers


Voilà ! On regrette l'homme, on regrette ce temps. Les ouvrages abondent depuis son décès, qui nous montrent combien le personnage était trempé, intéressant à tous égards même dans ses défauts. Cet article n'est qu'un modeste hommage à un prince rare qui savait créer la confiance autour de lui, ce qui semble nous manquer le plus par les temps qui courent. Paix à son âme !


amiral Philip Mountbatten
1978



Eternal Father, Strong to Save (1861)

5 commentaires:

  1. CER dit : Bravo pour ce superbe hommage !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cette période de douze années a formé l'homme tel que nous l'avons connu dans son intransigeance et son parler cash (que beaucoup lui reprochent). Il n'était pas "commodore" de salon :)

      Supprimer
    2. L'ermite du gave30 avril 2021 à 11:01

      Le profil du Duc n'aurait-il pas inspiré Ian Fleming pour James Bond, qui lui aussi était Commodore ?

      Supprimer
    3. Fleming a fait la guerre comme officier de la Royal Navy mais je ne sais pas s'il fut embarqué comme Philip de Grèce et Danemark. Ils avaient 12 ans d'écart seulement, et tout porte à croire qu'ils se sont connus après la guerre.

      Supprimer
  2. A signaler une relation bien documentée elle-aussi, avec des photos inédites de la guerre du prince Philip sur Noblesse & Royautés : http://www.noblesseetroyautes.com/les-exploits-militaires-du-prince-philip-lors-de-la-2eme-guerre-mondiale/

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.

Les plus consultés sur 12 mois

Compteur de clics (actif)