samedi 15 mai 2021

Paris piéton

Circule sur la Toile une carte du Paris médiéval, pour illustrer d'un côté et dénoncer de l'autre, la piétonisation des arrondissements à un chiffre de la capitale. Et on se plaît à superposer cette carte et le projet de la majorité municipale pour comprendre à la fin que la ville de Philippe Auguste n'avait pas anticipé une circulation automobile envahissante tant en passage qu'en stationnement. C'est ce que nous analysions dans un billet resté fameux chez le lectorat de Royal-Artillerie car illustré d'un taxi jaune, et dont nous recyclons aujourd'hui la section technique ci-dessous, avec la carte des enceintes :

Projet de réforme de la circulation parisienne intra-muros ?!


Préambule
(La codification est destinée à ceux qui veulent faire un Powerpoint)


Le trafic a deux origines : la circulation intérieure (C1) et la circulation de transit (C2).

Il y a trois types de trafics en surface : (T1) les déplacements des services publics de l'Etat (y compris celui des régies de transport), (T2) les déplacements des professionnels assurant des services à la population (artisans et livreurs), (T3) les déplacements individuels à titre professionnel ou privé.

Le trafic est assuré par cinq vecteurs : (V1) les flottes automobiles des services publics, (V2) les flottes commerciales et artisanales des professionnels, (V3) les flottes de taxis et transport à la demande (Uber), (V4) la circulation générale de voitures non dédiée, (V5) les une-roue et les deux-roues.

Le territoire parisien est formé de quatre zones : (Z1) la voirie de grande circulation (boulevards, grandes avenues et périphérique), (Z2) le fleuve et les canaux, (Z3) la voirie haussmannienne, (Z4) la voirie médiévale.

Un projet

(A) Sérier les trafics selon leur origine :

Le transit doit être détourné de Paris en améliorant les conditions de son contournement. En ce sens la neutralisation bienvenue des voies sur berges aurait dû être précédée d'un renforcement du périphérique (surtout au sud), dont le trafic de transit provincial et international aurait dû être déporté sur l'A86 et l'A104 depuis longtemps... si ce pays était gouverné. Mais clientélisme oblige, les grands travaux routiers ont souvent succombé à la préservation du confort de gens bien placés. Le bouclage de l'A86 ouest (de La Jonchère à Marnes-la-Coquette) et celui de l'A104 ouest (Ile de Migneaux) sont exemplaires à cet égard.

On ne doit pas confondre le transit et l'accès depuis l'extérieur. La banlieue doit continuer à entrer dans Paris parce qu'elle est en assure le fonctionnement quotidien.

- le Mur des Fermiers Généraux en bleu, la Barrière de Thiers en rouge -

(B) Associer les zones et les types de trafic :

Si les services publics et au public (T1 et T2) doivent aller partout sans restrictions, tout comme les deux-roues qui n'encombrent pas l'espace (V5), les déplacements individuels (T3) ne devrait pas permettre d'accéder à la voirie médiévale (Z4). Comme on ne peut trier rue par rue, il serait logique d'interdire le centre historique de Paris à la circulation générale (V4) et pour faire simple, sortir les six premiers arrondissements et la moitié est du VIIè du plan de circulation de la Préfecture, à l'exception des grands boulevards (l'ancienne enceinte Philippe-Auguste) permettant de le contourner et des quatre axes traversant à grand débit que sont le boulevard Raspail, les boulevards Saint-Michel-Sébastopol, le boulevard Saint-Germain et la Rue de Rivoli-Saint-Antoine. Les modalités d'accès et de stationnement seraient à définir, sans doute sur la base d'une gestion des plaques d'immatriculation.
La séparation du trafic professionnel et du trafic privé obligera à spécialiser les plaques d'immatriculation des artisans et commerçants en ajoutant par exemple un "SP" comme Services au Public). De même sera-t-il plus facile de contrôler les taxis identifiables par une couleur unique comme dans beaucoup de villes étrangères : le vert-wagon à toit blanc irait bien à Paris.

Il existe une zone concentrique à ce centre historique qui est délimitée par l'ancien Mur des Fermiers Généraux érigé jadis pour percevoir l'octroi. Des boulevards le remplacent aujourd'hui. Ils délimitent les arrondissements 8, 9, 10, 11, 12-ouest, 13-nord, 14-nord, et un peu du 15è et 16è-nord. Cette zone devrait être d'accès réglementé pour la circulation générale (V4) par le biais d'un péage modéré, exception faite des flottes de taxis et assimilés. Le reste du territoire qui représente plus de la moitié de la superficie de Paris serait libre d'accès comme aujourd'hui et le trafic fluidifié par tout moyen intelligent comme la synchronisation des feux en fonction de la charge de la voie.

(C) Régler le problème du stationnement en voirie :

Outre l'occupation plus ou moins illicite de l'espace public, le stationnement des automobiles en surface est une pollution. Comme dans certaines villes étrangères, il serait avisé de lier l'immatriculation d'un véhicule à Paris à la possession d'une place de garage. Il existe encore de la place pour construire des garages à voitures dans Paris ; il existe aussi des parkings-silos qui correspondent bien à l'utilisation sporadique d'un véhicule. Pour le reste, le stationnement resterait payant en journée avec relevé de la vignette Crit'air comme aujourd'hui.

[fin de l'extrait]

L'inquiétude légitime des commerçants, mais surjouée de l'opposition municipale, doit être apaisée par l'amélioration des transports publics existants dans leur amplitude horaire afin d'irriguer les zones de chalandise, et certainement aussi par l'introduction de moyens alternatifs comme les Sixteen-Seats de Hong Kong (copiés sur les dolmuş de Turquie). Peut-on espérer voir un jour ce "centre-ville" devenir propre sans la merde et les ordures qu'il devient impossible de nettoyer ? Les voies piétonnes sont d'expérience maintenues propres, tant par les services municipaux s'ils sont bien commandés (ce qui n'est pas le cas dans les arrondissements de Paris où les adjoints "Voirie" de la mairie n'ont aucune autorité sur le Labeur) que par les commerçants riverains ou les gardiens d'immeubles. Pour finir, voici le contour de la zone à piétoniser proposée par la municipalité :

plan du centre piéton de Paris

2 commentaires:

  1. L'ermite du gave16 mai 2021 à 19:09

    Ce problème de voirie et de circulation n'est, en effet, pas simple. Quand on mesure les dégâts sur l'environnement et la circulation des décisions déjà prises par la municipalité actuelle, on plaint les Parisiens et on craint pour leur devenir. Le drame, pour eux, c'est qu'un changement n'interviendra pas avant 5 ans et si une nouvelle équipe arrive, il n'est pas certain qu'elle soit plus compétente.
    Et, dommage collatéral pour les provinciaux, les expériences parisiennes, souvent mal menées, sont souvent copiées telles quelles par les agglomérations des "territoires".

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    1. L'automobile est devenue une réelle nuisance à Paris. Les arrondissements à un chiffre sont "impénétrables" et la circulation y est bridée par des rétrécissements de voies ou des plots, ce qui complique les livraisons. D'ailleurs les fourgons ne pouvant plus se serrer à cause des obstacles et du stationnement, stoppent dans la voie et bloquent le flux. Seules des solutions radicales dégorgeront le centre de Paris.
      Mais il y a un problème de crédibilité des équipes municipales (HDV et arrondissements).

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