mercredi 16 février 2022

Sept atouts français

Chose promise... (clic) !
Notre pays jouit de sept atouts, deux majeurs, cinq mineurs. Les deux premiers sont les fondamentaux qui entraînent tous les autres et que chacun connaît : une géographie, une civilisation. La France est le seul pays au monde réunissant les avantages suivants :

L'atout-maître géographique

  • Pays de finistère adossé à son continent de référence par des chaînes de montagne, traversé de fleuves et rivières navigables qui se jettent dans cinq mers différentes. Pour les sixièmes : ce sont la Mer du Nord, Manche, Mer celtique, Golfe océanique de Gascogne et Méditerranée. Les six grands fleuves : Rhin, Meuse, Seine, Saône-Rhône, Loire d'aval, Garonne d'aval.
  • Pays de zone tempérée aux terroirs diversifiés cultivables du nord au sud, permettant l'agriculture la plus large en variétés, du houblon à l'olive. Même les zones de montagne produisent.
  • Deuxième zone économique exclusive au monde (ZEE) avec nos possessions d'outremer dispersées.

L'atout-maître civilisationnel

  • La position finistérienne de la France en fait une cage de football : elle arrête toutes les influences surgissant à son orient, qui sinon tomberaient à l'eau ou en barbarie.
  • Fille de Rome, elle-même fille de la Grèce, la France a conjugué à sa façon la tradition de sagesse de l'une et celle d'efficacité étatique de l'autre pour produire très tôt une civilisation propre, capable de rayonner à son tour sur toute la planète. Peu de pays ont fait cette conversion ; l'Angleterre un peu, qui fut rongée par son mercantilisme.
  • Le français est le "grec moderne". Abîmée par les cuistres de l'Education prétendûment nationale, la langue française est encore préférée pour sa précision, sa ressource syntaxique. Pour les secondes, voici quelques auteurs étrangers connus ayant choisi d'exprimer leurs idées, leurs rêves, leur idiosyncrasie en français : Eugène Ionesco, Emile Cioran, Milan Kundera, Pablo Neruda, François Cheng, Samuel Beckett, et quantité d'autres moins connus en Afrique du nord et noire, en Asie du sud-est, en Amérique du sud. La Francophonie, décalquée des empires français, a produit des auteurs remarquables par leur plume, dont le dernier prix Goncourt au Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr. Et le peuple français, contrairement à d'autres, continue à lire.
  • La conjugaison d'influences prestigieuses dans les arts et dans la conduite des mœurs politiques sur une trajectoire de mille ans, avec la pratique d'une langue exceptionnelle a fait précipiter un esprit particulier de finesse et de paradoxe que tous les grands de jadis s'approprièrent et qu'aujourd'hui encore, l'élite intellectuelle se flatte d'assimiler. A la fin du monde, il restera beaucoup de la France sur cette planète. Ce qui explique la place de première destination touristique.
  • Enfin la Loi. Făguó en chinois désigne "le pays de la loi" 法國. C'est le pays des droits de l'homme et de l'esprit des lois. Faut aussi faire avec !

fusée Ariane 6

De ces deux atouts-maîtres découlent les cinq autres :

  • (3) Une production agricole variée de qualité avec pour dérivé, la première gastronomie du monde, en constante évolution et qui garde son rang. Le Michelin est le saint graal de tous les restaurateurs de la planète Terre.
  • (4) L'industrie aérospatiale qui fabrique des aéronefs de guerre et des avions commerciaux de toute taille, des fusées balistiques et des missiles de guerre, des vecteurs spatiaux gros porteurs comme la fusée Ariane, des satellites en tout genre et des composants sophistiqués de recherche orbitée au besoin.
  • (5) Le luxe, et c'est le moment de le dire : que le monde entier nous envie !. L'Oréal, LVMH, Hermès sont les GAFA français qui rachètent en continu des succès étrangers. Nous sommes imbattables, la place de Paris est la capitale mondiale du luxe. Que la Ville y concoure mieux ne pourrait nuire. A l'occasion, signalons une filière méconnue : la filière française du cuir d’excellence, qui représente cent trente mille emplois dans 9400 entreprises et produit 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires, la moitié exporté (le saviez-vous ?).
  • (6) L'ingénierie nucléaire. Si l'industrie nucléaire française a pâti de choix politiques contestables parce qu'exclusivement électoraux - la démocratie en action - l'ingénierie elle-même et la recherche ont survécu. Au moment où la crise climatique relance la production électrique nucléaire, la filière atomique redevient un domaine essentiel du futur, et nous y avons de l'expérience, parfois de l'avance (Iter). Aucun pays ne peut décider demain de s'y lancer sauf à accepter d'en voir quelque résultat trente ans plus tard. Oui, c'est un vrai atout pour ce pays sans rente minière.
  • (7) La panoplie d'armes. Elle est complète. Nos trois armes sont performantes en qualité et celle de dernier recours, la dissuasion nucléaire, à jour. C'est une base sine qua non pour édifier une armée de capacité continentale. Nous en serions moins loin si nous avions pu nous entendre avec le pouvoir britannique qui partage avec nous quelques synergies industrielles et diplomatiques. Tout dépend bien sûr de la mission assignée à nos armées. Mais disposant de la deuxième ZEE au monde, il n'est pas difficile de comprendre que la composante navale doive être privilégiée, si toutefois nous voulons nous y maintenir. Comme nous le disions en pied d'article sur les Sept Plaies, la composante "armée de mêlée" doit aussi être renforcée à la hauteur de la menace russe revenue en Europe pour continuer à soutenir nos alliés orientaux. Arrive ici la question subsidiaire de l'OTAN.
    Rappel : Royal-Artillerie considère l'OTAN comme le meilleur outil de défense sur étagère aujourd'hui, comme nous le montre encore la crise ukrainienne. Mais autant nous renforcerons nos propres forces, d'autant nous élargirons nos capacités d'autonomie stratégique. Ce n'est donc pas une question de verbe, d'orgueil ou de slogans électoraux, c'est bêtement une question d'argent ! Passer les crédits militaires de 2 à 4% du PIB obligera à trouver dans la dépense publique les économies à hauteur de ce défi.
Sept, c'est tout !

6 commentaires:

  1. Sincèrement, je ne vois pas comment on peut considérer l'OTAN comme "le meilleur outil de défense sur étagère". Tout simplement parce que l'OTAN n'est pas seulement un commandement militaire défensif, mais un organisme politique pour définir l'ennemi, et cet ennemi n'est pas NOTRE ennemi. Ce n'est même pas toujours l'ennemi des USA, comme par exemple l'IRAK en 90, c'est celui que les USA ont intérêt à désigner comme tel afin de tenir soumis leurs alliés.

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    1. Cher ami,
      Je pense, aussi sincèrement que vous, que l'OTAN est le meilleur moyen de nous défendre aujourd'hui pour des raisons de protocoles d'engagement, de fluidité logistique, d'appuis et soutiens tactiques, de renseignement, de bataille en coalition là où, seuls, nous disparaîtrons en cinq jours selon le dernier rapport parlementaire Thiériot-Mirallès. Demain ? Cela dépendra du relèvement de nos moyens propres de défense au niveau de nos ambitions. Je ne ne dis pas autre chose. Lecointre n'a pas dit autre chose quand il a demandé lors de son départ que le budget de la défense soit doublé !

      Je veux insister sur une différence entre nous : l'OTAN n'est pas une organisation politique même s'il y a à Bruxelles un habillage civil avec le Secrétariat général et l'Assemblée parlementaire de l'OTAN. Elle ne décide de rien finalement. C'est le Conseil atlantique et le comité militaire qui travaillent, et presque exclusivement à préparer la guerre de contre-offensive, et pas des plans d'hégémonie.
      Quant à soumettre les nations alliées des Etats-Unis à leur agenda propre, justement, l'affaire d'Irak (dans sa mouture de 2003) a démontré que cela était faux. Imaginez que le pays-hôte du siège et du commandement intégré (Belgique), le pays dépositaire de toute la logistique US en Europe (RFA), le plus proche voisin qui n'a jamais fait défaut (Canada), l'allié historique (France) et celui au contact du problème (Turquie), aucun de ceux-là n'a suivi le Pentagone, et que l'OTAN es-qualité n'a pas participé.
      Laisser sous-entendre par ailleurs que la dispute russo-ukrainienne ne nous concerne pas fait écho aux Sudètes de jadis qui n'étaient pas dans notre sphère d'intérêts.
      Mais je suis d'accord avec vous que la Guerre du Golfe (1990), déclenchée par Saddam Hussein au Koweit quand même, le fut au benéfice des "Sept Soeurs". Juste une question : savions-nous vivre alors sans pétrole ? Le savons-nous aujourd'hui ?

      Je vous remercie de l'intérêt que vous portez à mon travail.

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    2. Le premier aspect qui saute aux yeux dans votre réponse n'est pas l'aspect technique, que je serais bien en peine de commenter. En revanche, l'exemple des Sudètes me paraît bien choisi. Précisément, que s'est-il passé à l'époque? Rappelons que l'annexion des Sudètes date de fin août 1938, et que l'annexion de l'Autriche date de mars de la même année. Cette annexion de l'Autriche fut précédée de deux ans de crise au cours desquels les gouvernements autrichiens ont appelé à l'aide la France, l'Angleterre et la petite Entente. Tous ces États laissèrent faire parce que la Tchécoslovaquie mit son veto à toute assistance à Dollfuss et Schuschnigg. Le problème est qu'après cela, il était impossible d'arrêter la machine. Le problème n'est donc pas les Sudètes, mais l'irresponsabilité des trois pays de la Petite Entente à propos de l'Autriche. Il en est exactement de même à propos de l'Ukraine. Le coup d'État de Maïdan s'est fait au mépris de notre avis (fuck the UE). Nous n'avons donc pas à nous montrer solidaires de ceux qui l'ont monté. Si nos alliés font une politique agressive de coups tordus, nous n'avons pas à payer la note. Et si le département d'état estime que la politique américaine passe par le démantèlement de la Russie, nous n'avons pas à l'accepter, sous peine d'être des victimes consentantes des divers pays concernés.

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    3. Je suis bien d'accord avec vous qu'il ne faut pas chercher des guerres qui ne sont pas les nôtres (cf. Lépante et Vienne). Mais mon propos se limitait justement à constater qu'en matière de défense nationale la meilleure offre actuelle était l'OTAN qui, comme je vous l'ai montré, ne nous engage pas plus loin que nous le voulons.
      Dit en passant, je ne vois nulle part le projet sournois de démantèlement de la "Russie".

      Mais cet article n'est pas le énième article de Royal-Artillerie sur l'Alliance atlantique et j'aurais bien aimé avoir votre avis sur les... sept atouts, comme les sept plaies d'ailleurs.

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    4. Vous avez raison, je suis coupable de n'avoir réagi que sur les points sur lesquels un désaccord existe entre nous ; car sur le reste, sur les atouts comme sur les plaies, je ne puis que tomber d'accord, sur la forme comme sur le fond. Une petite observation cependant, en ce qui concerne le luxe. C'est effectivement un sérieux atout que nous avons, mais pour le garder, il est nécessaire de conserver la condition nécessaire qui est le savoir-faire. Or nous avons tendance à exploiter la valeur-marque quelquefois au détriment de la qualité. C'est un choix à court terme, qui ne permettrait pas, à la longue, de le maintenir face à la concurrence de certains pays, l'Italie par exemple.

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    5. C'est très aimable à vous. Vous avez raison, notre concurrent le plus sérieux c'est l'Italie, avec cette passion qu'elle met dans toute création. On a l'image valorisante des voitures de sport italiennes, mais Milan est d'abord la capitale mondiale du prêt-à-porter chic et de la lingerie. Certes nous avons encore de grands tailleurs à Paris, avant de sombrer peut-être comme ceux de Savile Row qui font couper à Shanghaï avant de coudre en Anglaterre (mais les tailleurs de Shanghaï sont aussi exceptionnels).

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