* Alger la Blanche * |
Soixantième anniversaire de la mise en application des Accords d'Evian de 1962, décrétant le cessez-le-feu pour donner l'indépendance à l'Algérie. C'est pour nous un jour triste. Nous serions tentés de refaire l'histoire de ce déchirage, comme on dit dans la navale, mais de vrais historiens s'en chargent à notre place. Il fut une époque où l'on offrait ici aux enfants sages les Contes et légendes d'Algérie, illustrés d'aquarelles qui les faisaient rêver. Les filles avaient des yeux noirs en amande extraordinaires. Suivaient les Mille et une nuits de Shéhérazade chez le calife de Bagdad et quelques histoires mystérieuses de djinns du Maroc. Plus grands, on nous offrait des aventures sahariennes qui ouvraient un espace incroyable avec des hommes bleus, des képis blancs, et les camions Berliet. Tous les gosses connaissaient Bidon V, Tombouctou ou Tamanrasset, le nadir de Dunkerque ! C'est loin ! Le Sahara, L'Algérie si proches jadis se sont beaucoup éloignés des préoccupations françaises, et aujourd'hui c'est le jour des nostalgies, des condamnations, des rêves brisés des colons au bon sens du terme, mais aussi celui du souvenir de morts inombrables pour aboutir à la libération éphémère d'un peuple floué, bientôt confiné dans les limites d'une idéologie mortifère venue des pays de l'Est ; avant destruction de l'économie du quotidien. Pour beaucoup de jeunes français c'est un jour sans intérêt particulier malgré le tapage de saison.
L'Algérie nouvelle, qui était sur une trajectoire de concurrence de l'Espagne avec la sûreté d'une rente pétrolière en garantie, perdit un million d'Européens et autant de savoir-faire pour commencer ; des millions d'autres fils ensuite, votant avec leurs pieds vers tout l'espace de la francophonie jusqu'au Canada, parce que le nouveau pouvoir ne cherchait qu'à partager entre soi le butin colonial phénoménal que la France y laissait, au lieu de développer un pays prometteur. Pour tout arranger, on y tua beaucoup !
Le drainage des cerveaux (Hammouche) et des bras (Cairn) continue aujourd'hui, ce qui arrange un pouvoir incapable de leur donner leur juste place dans une économie pétrifiée. De tout cela le piéton ferait des pages, comme pour le 50ème anniversaire (clic), s'il n'était pas autant fatigué des désastres. En guise d'inventaire de la sphère mentale algérienne après soixante années de stage d'autogestion, nous avons décidé de laisser la parole à un Algérien de souche qui a fait ses études en Algérie, a exercé dans le troisième cycle algérien, et pas un compradore au sens maoïste ! Intuitif, érudit et d'excellente plume :
Rabeh Sebaa, né en 1951, est docteur en sociologie. Enseignant-chercheur et coordonnateur des enseignements d’anthropologie culturelle et d’anthropologie linguistique et responsable du projet "l’Algérie dans la Méditerranée" à la Faculté des sciences sociales d'Oran. Essais, nouvelles, chroniques, M. Sebaa est dans tout ça. Il n'est pas monomaniaque, et quand il analyse l'état présent de son pays ou plutôt le tréfonds de l'âme algérienne d'aujourd'hui, on y gagne à l'entendre. Voici son article paru le 12 février dernier dans le journal Liberté-Algérie (source). Il n'y a rien à ajouter, l'indépendance et la réislamisation qui la suivit sont un terrible échec.
NB: Par crainte d'une rupture éventuelle du lien hypertext vers la source, nous publions l'article in extenso ci-dessous après en avoir sollicité le droit auprès de la rédaction dans les règles du Qui ne dit mot consent.
Arcatures sociologiques
« L’insignifiance est un mode de pensée, de perception et d’action particulier à l’œuvre dans une société.» (Cornelius Castoriadis)
La fulmination psalmodiante est de retour. Foi contre foi. Passéistes et rédempteurs se tirent furieusement dans les pattes. Clamant chacun son authenticité et sa véridicité. Montrant chacun la voie irrécusable de la véracité. Le chemin irréfragable de la loyauté et de l’authenticité. De nouvelles anciennes injonctions nous reviennent. Jusque dans l’enceinte des lycées. Portées par des enseignants prêcheurs. Des enseignants zélateurs. Des enseignants propagateurs de sornettes sous forme d’injonctions. Des injonctions à l’allure de sommations. De nouvelles vieilles intimations, arborant des mines de provocation. Des fanfaronnades obsolètes prétendant tirer les oreilles à une société qui a toujours vécu calmement ses croyances. Ses croyances naturelles. Ses croyances conviviales. Des croyances de partage et de solidarité. Une société qui n’a cure de toutes ces vociférations rugissantes. De toutes ces onomatopées bruyantes au nom de la prétendue pureté inexpugnable. Brandissant de présumés préceptes intouchables, de supposées vertus indiscutables et de prétendus dogmes irréfutables. La brèche par laquelle se faufile immanquablement le moralisme culpabilisant. Culpabilisateur. Un moralisme qui exhibe sèchement les crocs et l’emblème noir du sectarisme furieux. Enragé, vindicatif, acharné et monstrueux. Que l’Algérie refuse de toutes ses forces de voir se réitérer. Au moment où tous les Algériens sont en accord avec leurs croyances coutumières. Leurs traditions familières. Des lieux de culte comme des parcelles de leur sacralité ordinaire. Des lieux de recueillement et de méditation. Des balises de leur mémoire communautaire. Une mémoire bourrée de symboles et de repères. Et c’est pour cela que leurs univers cultuels et leurs espaces culturels n’ont strictement besoin d’aucune fossilisation. D’aucune momification. D’aucune pétrification. Des cultures vivantes, des cultures vibrantes. Des cultures irrévocablement rétives à toute fixation. À toute immobilisation. Des cultures qui habitent le mouvement et le mouvement les habite.
Il est parfaitement insane de vouloir ramener une histoire et une mémoire à la glaciation de l’inertie. Au désir morbide des vociférateurs et des gesticulateurs se prosternant assidûment sur l’autel brumeux de l’immobilité. Quelle que soit la version ou la variante défendue, elles puisent toutes, leur sève vaseuse dans les eaux stagnantes d’un syncrétisme idéologique totalement étranger à la sociabilité intrinsèque qui vibre au tréfonds palpitant de l’Algérie intelligente. Une Algérie qui avance. Malgré tout. Et qui n’a que faire de tous ces sermonneurs hirsutes. Une Algérie qui est en train de livrer le plus exaltant des combats : se réconcilier avec elle-même. Célébrer les retrouvailles de soi. Les retrouvailles avec soi. Malgré un enchaînement de parenthèses et de bien saugrenues hypothèses. Des parenthèses qui ressemblent à des bulles asphyxiantes et qui lui ont coûté en femmes courageuses et en hommes valeureux. Mais qui a continué à marcher. La tête sur les épaules. Et les yeux pointés sur le front de l’horizon. Cette Algérie avec ses petites habitudes. Avec ses petits caprices. Avec ses multiples déceptions. Avec ses innombrables déconvenues. Ses déboires. Ses désillusions. Ses désappointements et ses désenchantements. Avec ses séries de petites joies et son chapelet de grandes colères. Ses incommensurables souffrances. Pour revenir, à chaque fois, à la vie et à la raison. Après des périodes entières à vivre le calvaire et à faire semblant de respirer. À s’étrangler parfois. À s’énerver pour des broutilles. Et à supporter toutes les humeurs massacrantes. Et les valeurs ignoblement massacrées. Par tous ceux qui ignoraient tout de sa détermination, mais qui sont les premiers à le crier avec une assommante ostentation. Avec pour cible privilégiée toutes ces femmes dignes.
Toutes celles qui passent leur journée à s’acquitter loyalement de leur tâche. À travailler ou à étudier. Avant de rentrer pour une seconde journée de travail, encore plus chargée. Après un détour pour des courses épuisantes dans plusieurs marchés. Les sachets bleus récalcitrants à trimballer. Dans un semblant de transport aléatoire. Pour être coincées, à l'arrivée, entre casseroles brûlantes et marmites débordantes. Le tout arrosé par les sautes d’humeur d’un de ces maris ou fils zélateurs parmi les braillards invétérés de la rue. Prolongeant leur diktat dégoulinant de religion à la maison. Demandant. Commandant. Ajoutant. Retranchant. Puis recommandant. Jusqu’au moment du service. Assuré par les femmes, évidemment. Dans le silence qui sied à l’ingurgitation. Et la solennité lourde de la mastication.
Après cela, il reste encore la vaisselle. Les femmes retournent à leur cuisine. Et les pêcheurs à leur espace mâle. Avec des acolytes aussi mal inspirés. Pour les bavardages et les galimatias de la soirée où tout est passé en revue. Des déviations de la société à l’aridité de la vie sans une prétendue spiritualité. Molestant au passage quelques pauvres diables qui ont un mal fou à joindre un seul bout. Et qui sont les victimes toutes désignées de ces pillards de la foi. Ces faussaires de moralité. Des énergumènes qui ignorent tout de ce que peut bien représenter la symbolique de l’acte de croire. Et de toutes les symboliques d’ailleurs.
Ces propagateurs endurcis sont les révélateurs caractéristiques d’une société qui souffre d’un dramatique déficit éthique. Ils sont le signe d’un manque de probité religieuse drastique. Tout en passant le plus clair de leur temps à clamer haut et fort une moralité mirifique. Ignorant totalement le désarroi et la détresse exacerbée chez le prochain. Malgré une foi supposée universaliser la convivialité et l’amour d’autrui. Et que cette flambée d'exubérance aggravée transforme en enfer chez les plus désorientés.
Nonobstant l’excès d’exhibition de toutes les formes d’altruisme et de toutes les espèces de générosité. Où chacun y va de son indulgence et de son humanité. Chacun de ces zélateurs se fait le chantre attitré de toutes les bienfaisances et de toutes les bienveillances.
Pourtant, personne n’a rien oublié. Personne n’a effacé la page sanglante qui a fait couler des larmes à l’Algérie. Au nom d’un projet sinistre. Enfagotté dans un discours patibulaire. Et relayé par une soi-disant communauté internationale qui voulait voir tout un pays mordre la poussière. Et ingurgiter les bouillons de l’incongru. Au nom d’on ne sait quels versets frelatés. Au nom d’on ne sait quels préceptes empestés. Et de quelle bêtise entêtée. Une bêtise voulant obturer les pores de respiration de l’Algérie. Lui voiler les yeux et la conscience. La plonger dans l’immobilité du noir épais. L’empêchant de pétiller, de rire et de chanter. Lui ligoter le regard. Lui taillader les entrailles. Et transformer ses horizons en murailles. Cette Algérie qui veut vivre et aimer. éperdument. Se laisser emporter par la fougue incandescente de ses rêves indociles. Et irrévocablement indomptés. Les rêves fous que ses filles sublimes savent porter altièrement comme des diadèmes éblouissants. Et que ses garçons turbulents chevauchent allègrement comme des arcs-en-ciel en furie. Éclaboussant le monde morne de leurs couleurs éthérées. Noyant tous les avenirs rétifs de leur luminescence incommensurablement démesurée. Ces avenirs insurgés qui s’étaient longtemps éclipsés. Prétendant qu’ils s‘étaient égarés. Loin de l’Algérie.
Ces avenirs sauront retrouver le chemin tortueux mais exaltant de mon pays. Pour le réinventer et s’y lover chaleureusement. Pour l’habiter durablement. Pour s’y incruster profondément. Tout en enfantant d’autres avenirs. Pour tous les avenirs à venir.
« L’insignifiance est un mode de pensée, de perception et d’action particulier à l’œuvre dans une société.» (Cornelius Castoriadis)
De l’impudence de l’exubérance à l’arrogance de l’ignorance
Ces faussaires de moralité. Des énergumènes qui ignorent tout de ce que peut bien représenter la symbolique de l’acte de croire. Et de toutes les symboliques d’ailleurs. Ces propagateurs endurcis sont les révélateurs caractéristiques d’une société qui souffre d’un dramatique déficit éthique.La fulmination psalmodiante est de retour. Foi contre foi. Passéistes et rédempteurs se tirent furieusement dans les pattes. Clamant chacun son authenticité et sa véridicité. Montrant chacun la voie irrécusable de la véracité. Le chemin irréfragable de la loyauté et de l’authenticité. De nouvelles anciennes injonctions nous reviennent. Jusque dans l’enceinte des lycées. Portées par des enseignants prêcheurs. Des enseignants zélateurs. Des enseignants propagateurs de sornettes sous forme d’injonctions. Des injonctions à l’allure de sommations. De nouvelles vieilles intimations, arborant des mines de provocation. Des fanfaronnades obsolètes prétendant tirer les oreilles à une société qui a toujours vécu calmement ses croyances. Ses croyances naturelles. Ses croyances conviviales. Des croyances de partage et de solidarité. Une société qui n’a cure de toutes ces vociférations rugissantes. De toutes ces onomatopées bruyantes au nom de la prétendue pureté inexpugnable. Brandissant de présumés préceptes intouchables, de supposées vertus indiscutables et de prétendus dogmes irréfutables. La brèche par laquelle se faufile immanquablement le moralisme culpabilisant. Culpabilisateur. Un moralisme qui exhibe sèchement les crocs et l’emblème noir du sectarisme furieux. Enragé, vindicatif, acharné et monstrueux. Que l’Algérie refuse de toutes ses forces de voir se réitérer. Au moment où tous les Algériens sont en accord avec leurs croyances coutumières. Leurs traditions familières. Des lieux de culte comme des parcelles de leur sacralité ordinaire. Des lieux de recueillement et de méditation. Des balises de leur mémoire communautaire. Une mémoire bourrée de symboles et de repères. Et c’est pour cela que leurs univers cultuels et leurs espaces culturels n’ont strictement besoin d’aucune fossilisation. D’aucune momification. D’aucune pétrification. Des cultures vivantes, des cultures vibrantes. Des cultures irrévocablement rétives à toute fixation. À toute immobilisation. Des cultures qui habitent le mouvement et le mouvement les habite.
Il est parfaitement insane de vouloir ramener une histoire et une mémoire à la glaciation de l’inertie. Au désir morbide des vociférateurs et des gesticulateurs se prosternant assidûment sur l’autel brumeux de l’immobilité. Quelle que soit la version ou la variante défendue, elles puisent toutes, leur sève vaseuse dans les eaux stagnantes d’un syncrétisme idéologique totalement étranger à la sociabilité intrinsèque qui vibre au tréfonds palpitant de l’Algérie intelligente. Une Algérie qui avance. Malgré tout. Et qui n’a que faire de tous ces sermonneurs hirsutes. Une Algérie qui est en train de livrer le plus exaltant des combats : se réconcilier avec elle-même. Célébrer les retrouvailles de soi. Les retrouvailles avec soi. Malgré un enchaînement de parenthèses et de bien saugrenues hypothèses. Des parenthèses qui ressemblent à des bulles asphyxiantes et qui lui ont coûté en femmes courageuses et en hommes valeureux. Mais qui a continué à marcher. La tête sur les épaules. Et les yeux pointés sur le front de l’horizon. Cette Algérie avec ses petites habitudes. Avec ses petits caprices. Avec ses multiples déceptions. Avec ses innombrables déconvenues. Ses déboires. Ses désillusions. Ses désappointements et ses désenchantements. Avec ses séries de petites joies et son chapelet de grandes colères. Ses incommensurables souffrances. Pour revenir, à chaque fois, à la vie et à la raison. Après des périodes entières à vivre le calvaire et à faire semblant de respirer. À s’étrangler parfois. À s’énerver pour des broutilles. Et à supporter toutes les humeurs massacrantes. Et les valeurs ignoblement massacrées. Par tous ceux qui ignoraient tout de sa détermination, mais qui sont les premiers à le crier avec une assommante ostentation. Avec pour cible privilégiée toutes ces femmes dignes.
Toutes celles qui passent leur journée à s’acquitter loyalement de leur tâche. À travailler ou à étudier. Avant de rentrer pour une seconde journée de travail, encore plus chargée. Après un détour pour des courses épuisantes dans plusieurs marchés. Les sachets bleus récalcitrants à trimballer. Dans un semblant de transport aléatoire. Pour être coincées, à l'arrivée, entre casseroles brûlantes et marmites débordantes. Le tout arrosé par les sautes d’humeur d’un de ces maris ou fils zélateurs parmi les braillards invétérés de la rue. Prolongeant leur diktat dégoulinant de religion à la maison. Demandant. Commandant. Ajoutant. Retranchant. Puis recommandant. Jusqu’au moment du service. Assuré par les femmes, évidemment. Dans le silence qui sied à l’ingurgitation. Et la solennité lourde de la mastication.
Après cela, il reste encore la vaisselle. Les femmes retournent à leur cuisine. Et les pêcheurs à leur espace mâle. Avec des acolytes aussi mal inspirés. Pour les bavardages et les galimatias de la soirée où tout est passé en revue. Des déviations de la société à l’aridité de la vie sans une prétendue spiritualité. Molestant au passage quelques pauvres diables qui ont un mal fou à joindre un seul bout. Et qui sont les victimes toutes désignées de ces pillards de la foi. Ces faussaires de moralité. Des énergumènes qui ignorent tout de ce que peut bien représenter la symbolique de l’acte de croire. Et de toutes les symboliques d’ailleurs.
Ces propagateurs endurcis sont les révélateurs caractéristiques d’une société qui souffre d’un dramatique déficit éthique. Ils sont le signe d’un manque de probité religieuse drastique. Tout en passant le plus clair de leur temps à clamer haut et fort une moralité mirifique. Ignorant totalement le désarroi et la détresse exacerbée chez le prochain. Malgré une foi supposée universaliser la convivialité et l’amour d’autrui. Et que cette flambée d'exubérance aggravée transforme en enfer chez les plus désorientés.
Nonobstant l’excès d’exhibition de toutes les formes d’altruisme et de toutes les espèces de générosité. Où chacun y va de son indulgence et de son humanité. Chacun de ces zélateurs se fait le chantre attitré de toutes les bienfaisances et de toutes les bienveillances.
Pourtant, personne n’a rien oublié. Personne n’a effacé la page sanglante qui a fait couler des larmes à l’Algérie. Au nom d’un projet sinistre. Enfagotté dans un discours patibulaire. Et relayé par une soi-disant communauté internationale qui voulait voir tout un pays mordre la poussière. Et ingurgiter les bouillons de l’incongru. Au nom d’on ne sait quels versets frelatés. Au nom d’on ne sait quels préceptes empestés. Et de quelle bêtise entêtée. Une bêtise voulant obturer les pores de respiration de l’Algérie. Lui voiler les yeux et la conscience. La plonger dans l’immobilité du noir épais. L’empêchant de pétiller, de rire et de chanter. Lui ligoter le regard. Lui taillader les entrailles. Et transformer ses horizons en murailles. Cette Algérie qui veut vivre et aimer. éperdument. Se laisser emporter par la fougue incandescente de ses rêves indociles. Et irrévocablement indomptés. Les rêves fous que ses filles sublimes savent porter altièrement comme des diadèmes éblouissants. Et que ses garçons turbulents chevauchent allègrement comme des arcs-en-ciel en furie. Éclaboussant le monde morne de leurs couleurs éthérées. Noyant tous les avenirs rétifs de leur luminescence incommensurablement démesurée. Ces avenirs insurgés qui s’étaient longtemps éclipsés. Prétendant qu’ils s‘étaient égarés. Loin de l’Algérie.
Ces avenirs sauront retrouver le chemin tortueux mais exaltant de mon pays. Pour le réinventer et s’y lover chaleureusement. Pour l’habiter durablement. Pour s’y incruster profondément. Tout en enfantant d’autres avenirs. Pour tous les avenirs à venir.
En voulez-vous plus ? Pouvais-je faire mieux ? Non !
Je terminerai par un mot de circonstance prononcé par Hélie de Saint Marc devant ses juges, qui résume le sentiment d'écœurement des officiers français à l'annonce du largage de l'Algérie : « On peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c’est son métier. On ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de se renier, de se parjurer.» Et pourtant c'est bien ce que Charles de Gaulle et ses liquidateurs exigèrent d'eux jadis.
Autres arcatures sociologiques par Rabeh Sebaa pour ceux qui voudraient creuser ces questions, pour ceux aussi qui aiment l'Algérie :
- Entre les misères de la maladie et les maladies de la misère
“Les affres du dénuement n’altèrent en rien la saveur de la probité” (Fedor Dostoïevski)
- Pour une méditerranéité réappropriée
"L’impossible, nous ne l’atteignons pas, mais il nous sert de lanterne” (René Char)
- Libidinalités dérobées, deshumanités enrobées
“Dans la féminité, il existe une part de divinité” (Ibn El-Arabi)
- Comme une plaie grise sur le corps agité d’une nymphe insoumise
"Chaque fois que je la regarde, je deviens un noyé heureux" (Romain Gary)
- Entre les misères de la maladie et les maladies de la misère
“Les affres du dénuement n’altèrent en rien la saveur de la probité” (Fedor Dostoïevski)
- Pour une méditerranéité réappropriée
"L’impossible, nous ne l’atteignons pas, mais il nous sert de lanterne” (René Char)
- Libidinalités dérobées, deshumanités enrobées
“Dans la féminité, il existe une part de divinité” (Ibn El-Arabi)
- Comme une plaie grise sur le corps agité d’une nymphe insoumise
"Chaque fois que je la regarde, je deviens un noyé heureux" (Romain Gary)
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