jeudi 30 avril 2009

1er Mai


BREAK !
carte de 1er mai
BOXE !

Le Quai se ballade

kouchnerSi la guerre est chose trop grave pour la laisser aux militaires, il est parfois utile de ne les surveiller que d'un oeil.
Deux opérations non humanitaires sont en cours, l'une dans le Nord du Pakistan, l'autre à Ceylan. Dans les deux cas, c'est la vieille école impériale de Sandhurst qui s'y colle. A Ceylan, l'inénarrable docteur non conventionné Kouchner et son jeune homologue Milliband le foireux, se sont mis en tête de sauver les populations civiles prises au piège à tigres tamouls, pour s'entendre répliquer vertement par leur alter ego local : « Avec qui voulez-vous parler ? Pourquoi voulez-vous parler avec le LTTE¹ ? Ils combattront jusqu'à la mort, cela ne sert à rien. » Ouf ! Ils ont évité le coup de chasse-mouche qui nous aurait obligé d'attaquer le Sri-Lanka avec un Charles-De-Gaulle sans moteurs ! On revient de loin ...

SrilankansCertes la guerre srilankaise des bouddhistes contre hindouistes n'est ni belle ni propre. Mais ramener sa fraise humanitaire dans un conflit asymétrique où le plus faible des belligérants utilise la population comme bouclier humain, mérite d'être soi-même pris en otage et d'y rester pour ennoblir le cas d'école. Les terroristes tamouls vont être écrasés au milieu de la population otage, cela fait vingt-cinq ans que l'armée régulière se retient. Il fallait que les Anglais interviennent avant, et contre les terroristes, parce qu'à force de comprendre on finit par excuser.
Mais notre diplomatie a une propension à vouloir toujours relever celui qui au moment succombe, quels que soit ses antécédents. Et ce n'est même pas d'hier. La France de Louis XIV s'allia aux Hurons qui étaient traditionnellement dominés par les Iroquois (que les Anglais sans morale choisirent).

Je pense que nous sommes voués à perdre et que nous soutiendrons les FARCs quand l'armée colombienne les aura mis au piquet dans un coin de jungle avant de les incinérer.

canon pakistanais
Dans les territoires du Nord-Ouest pakistanais, c'est une autre paire de manches. Il n'est pas décent pour un diplomate occidental de voler au secours des brigades talibanes quand ses propres forces sont engagées contre leurs cousins dans la vallée d'à-côté. Et pourtant elles souffrent les bandes coraniques, toujours au milieu d'une population rurale en empathie forcée avec leur cause morbide. Sur injonction des Etats-Unis dont le Congrès vient d'accorder 400 millions de dollars à l'armée pakistanaise, les généraux moustachus s'ébrouent et pilonnent les affreux avant de faire monter leur infanterie alpine, les beaux jours revenus. Jusqu'à aujourd'hui, il semblerait qu'ils n'aient fait aucun prisonnier taliban bien que progressant à grand train pour récupérer les dents en or.

officier femmeL'intérêt des Américains pour cette "pacification " accélérée est double : d'une part détruire les bases arrières d'Al-Qaïda et des Talibans, d'autre part ôter de l'esprit des successeurs de Ben Laden l'idée même d'accaparer une seule bombe atomique, bien qu'à portée de main. Car ce que l'on ne vous disait pas pour ne pas ajouter à la grippe mexicaine, à la crise industrielle et à la défaite d'Arsenal, c'est que les barbus, les brigands, les trafiquants, les généraux et les bombes habitent tous au même endroit ! Génial ! Huit sites nucléaires, dont deux sites de lancement sont dans un rayon de 150 km à partir de la vallée talibane de Swat.

Certes, le président Obama est serein en apparence : « Je suis confiant dans le fait que l’arsenal nucléaire du Pakistan est en sécurité, principalement parce que l’armée pakistanaise reconnaît, à mon avis, le danger que représenteraient ces armes si elles tombaient entre de mauvaises mains ».
Mais l'armée pakistanaise connaît aussi, et le danger, et sa valeur, en termes de paramètre de négociation pour le garantir, voire de simple récompense pour le livrer.
Même si le territoire est dominé par l'Hindu-Kouch, Bernard Kouchner n'est pas prédestiné à aller donner des cours à Islamabad.

Nord Pakistan
Répéter que la force et le sérieux sont les deux mamelles d'une bonne diplomatie va lasser. Dans le premier cas que nous relevons, nous n'avons ni l'une ni l'autre. Qui pis est, nous n'avons pas non plus d'intérêt stratégique propre à Ceylan. Dans le second cas, hormis le fait de participer à l'éradication de la Pieuvre dans son nid, nous combattons à notre place mais sans influence aucune sur la stratégie.
Mme Kouchner voudra-t-elle faire quand même bientôt un voyage chez les Kafir-Kalash du Macédonien² ?


Note (1): Liberation Tigers of Tamil Eelam, www.eelam.com
Note (2): Les Kafir-Kalash auraient été engendrés par cinq soldats des légions d'Alexandre le Grand, retenus par la beauté sauvage des cirques et vallons du haut pays de Chitral.






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mercredi 29 avril 2009

In memoriam Prèz Bouton

fusain BoutonUn grand commis de l'Etat aux dents qui raclent s'éclipse. L'inspecteur des Finances Bouton libère la Société générale de sa morgue légendaire après avoir fait fortune.
Promotion Rabelais du Génie bureaucratique (ENA 1973 dont Fabius, Jaffré, Longuet et Léotard), le petit-fils de cantonnier, racheté par la République, fera de la plus triste des Trois Vieilles¹ la banque la plus rentable de la place. Ses clients n'en furent jamais étonnés qui doivent payer à chaque case du Monopoly bancaire à tel point qu'on glose sur le projet bidon de mettre des serrures à pièces au sas de sortie des agences SG. La seule circonstance atténuante est l'indéfectible sponsoring du rugby français par la Générale ...

Formé à l'arrogance dans les cabinets Papon et Juppé, Bouton est un organisateur précis et froid qui s'est fait la réputation d'un type infect mais dangereux comme un loup, ce qui ne l'empêcha pourtant pas de marcher sur des mines posées à découvert comme, entre autres, l'affaire Sentier 2² et la surexposition notoire de Kerviel sur le marché d'indices.

Dans tous ces cas, les dirigeants de la Banque, Bouton en tête, ont plaidé leur bonne foi et la trahison de la chaîne hiérarchique subalterne si le lampiste-fusible ne voulait pas sauter. Jamais personne ne confierait le volant de sa Porsche à Stevie Wonder, mais dans la banque ça se fait.

Le retraité Bouton laissera la trace d'un patron cupide - il aura aussi joué contre sa propre boîte comme le révèle bakchich info - qui termine sans honneurs une carrière de grand fauve par une retraite à deux mille euros par jour.
M. Bouton est chevalier de la Légion d'honneur et va tous les quatre mercredis à l'Automobile Club de France, place de la Concorde.

Quand la ploutocratie se régénère dans le service de l'Etat, on peut diagnostiquer un cancer en phase terminale. Le peuple - celui qu'on appelle aujourd'hui l'opinion pour le faire penser - abruti de déflation, sans repères ni projet, va trouver saumâtres les succès de son élite protégée et l'établissement de "leurs" familles dans un avenir blindé à l'épreuve des misères futures que les mêmes lui annoncent.
Quelque chose s'achève dans la putréfaction morale.


Note (1): les trois banques nationalisées le 2 décembre 1945, la Banque nationale pour le commerce et l'industrie (BNP), le Crédit Lyonnais, la Société Générale. Une quatrième, plus petite sera également nationalisée, le Comptoir national d'escompte de Paris qui sera avalé par la BNCI en 1966.
Note (2): blanchissage classique de plusieurs milliards d'euros de chèques via Israël (la Justice a relaxé M. Bouton et la SG). :)




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mardi 28 avril 2009

26° Lien Légitimiste

lettrine Est tombée samedi dans les boîtes la 26° livraison du bimestriel Le Lien Légitimiste édité à Tours par Gérard de Villèle. Ce numéro est semblable aux précédents en pertinence et densité du matériau, agrémenté cette fois d'un zeste d'agacement du rédacteur en chef, et d'une mise au point sévère du fondateur Jacques Rolain à l'endroit de l'ancien chef du parti de l'Alliance royale, mais qui finalement s'adresse au présent blogue qui avait eu le privilège d'être cité abondamment dans le numéro précédent.
A ceux qui sont branchés, nous rappelons que Le lien Légitimiste est accessible en ligne sous format .pdf au prix ridicule de 10 euros les six numéros ...

Jacques Rolain dont l'esprit garde toute sa pugnacité, récuse la mise au même plan des deux "traditions" royalistes françaises que Royal-Artillerie annonce "irréconciliables" pour lui préférer le binôme tradition - usurpation par prétendance aggressive. Il n'en demeure pas moins que l'usurpation que nous ne nions pas, a ses adeptes et qu'elle a développé une certaine tradition dans le milieu orléaniste depuis la Monarchie de Juillet jusqu'au prince Jean qui déclarait il y a un ou deux ans à une chaîne régionale son admiration pour l'œuvre de son ancêtre Louis-Philippe Ier.

partheIl relève aussi quelque sorte de blasphème quand Royal-Artillerie dit dans son billet du 26 janvier "Ponter la querelle dynastique" : « Donnons à chacun sa chance pour le moment. Ce n'est au jour de l'accession que l'élu pourra se prévaloir "de France" et prendre les pleines armes qui vont avec. Est-ce si grave ces questions de blason qu'il faille assigner l'autre devant les cours de justice ? Ces titres d'attente sont-ils si précieux ? La vanité porte des œillères ».
Bien sûr, une tradition vieille de 1500 ans s'incarne dans une famille dont l'aîné des Capétiens assume les devoirs (message du prince Louis le 18 janvier) mais reconnaissons que le fruit en est sec aujourd'hui même si les porte-encens se relaient à la crypte enfumée.

Ainsi quand nous parlons, dans ce billet (maudit), d'élu au jour de l'accession, nous entendons "élu des circonstances" et non pas le vainqueur d'un choix populaire formel. Si tant est qu'il y en ait plusieurs, des prétendants sera le bon celui qui sera resté debout à la fin de l'ouragan. Il pourrait bien n'y en avoir aucun !

Mais Jacques Rolain, par un clin d'oeil dans son discours, nous donne lui-même la clé d'interprétation de la situation du mouvement légitimiste en citant Talleyrand-Périgord dans son Rapport au roi (Louis XVIII) : « Le principe de légitimité était attaqué par les fautes des défenseurs du pouvoir légitime qui, confondant deux choses aussi différentes que la source du pouvoir et son exercice, se persuadaient ou agissaient comme s'ils étaient persuadés que, par cela même qu'il était légitime, il devait être absolu. Mais quelque légitime que soit un pouvoir, son exercice doit varier selon les objets auxquels il s'applique, selon les temps et selon les lieux. »

Que dirait donc le Diable boiteux d'une restauration surgissant des décombres du pays après une catalepsie de 179 ans ? Tout est ouvert, n'en déplaise aux partisans de Bourbon, mais il ne tient qu'à eux de propulser en pôle position leur "champion" et l'offre politique institutionnelle qui doit l'accompagner !

chouanEt là, c'est l'éditorialiste du Lien qui s'étrangle.
Alors que le parti d'Orléans se mobilise autour du mariage de Senlis, ne perdant aucune occasion de lancer l'anathème contre l'aîné lointain (vœux de bonheur d'Olivier Perceval du CRAF stigmatisant l'exclusivité de son prince ; appel sélectif à cotisation exceptionnelle de Mademoiselle Pujo dans l'AF2000, excluant les nostalgiques et les sentimentaux de la quête), il s'agace d'un voyage légitimiste aux châteaux espagnols sur les traces du défunt prince Alphonse, grande manifestation du trimestre pour les gens de Bourbon, réservée à ceux qui peuvent distraire une certaine somme pour un pèlerinage, mais restent passifs parfois hostiles, devant la démarche de notoriété de l'Alliance Royale qui a besoin elle aussi d'argent et d'encouragements.
Est signalée enfin la critique de l'inaction politique du prince Louis par Daniel Hamiche au Monde & Vie du 21 février, qui nous laisse comprendre que le mouvement a perdu gros avec la mort du prince Alphonse à Beaver Creek en 1989 dans des circonstances douteuses.

D'ailleurs, quand Yves-Marie Adeline dit dans son entretien à La Nef que "pour beaucoup de royalistes, le royalisme est une attitude esthétique sans conséquence", j'ajouterai pour ma part que beaucoup en redoutent le succès au simple motif qu'il ne favoriserait pas leur camp.
Il n'a pas dit non plus que le légitimisme ne doive pas se réduire à une opposition frontale contre l'orléanisme comme c'est trop souvent le cas ; le légitimisme n'a pas besoin des béquilles d'Orléans pour avancer. Quant aux fous de Dieu qui éclairent le projet royaliste à l'acétylène de la théocratie, je pense qu'ils doivent être contenus dans un rôle décoratif d'inquisiteurs illuminés mais surtout retirés de la cohorte des licteurs qu'ils encombrent.

Charles XIIPour finir, j'ai appris cette fois le fonctionnement de la succession au trône d'Espagne selon les Partidas¹. La loi du XIII° siècle résume la coutume de Castille et règle la succession héréditaire et patrimoniale dans l'ordre de primogéniture mâle d'abord, à défaut féminine. La couronne passe ainsi au fils aîné, ou à ses enfants s'il est mort au jour de la succession, à défaut, elle se posera sur la tête de la fille aînée, ou à ses enfants de la même façon. Sans descendance directe du roi (ou reine) défunt, la couronne va à la branche collatérale la plus proche et sa transmission obéit aux mêmes principes. Qui plus est, à la différence de la loi française, les bâtards de la ligne directe ont été déclarés dynastes dans l'histoire de la monarchie espagnole. Les Partidas remettent donc en cause la révolte carliste. Il est aussi une disposition coutumière commune aux deux pays, les traités étrangers n'écrasent pas les maximes fondamentales d'une monarchie.

Ce 26° numéro est très riche, et parce que les livraisons successives comprennent toutes des clés de lecture, la matière à réflexion se capitalise au fur et à mesure des lectures.

Abonnez-vous !

Abonnement papier : 20 euros les 6 numéros bimestriels
Abonnement électronique : 10 euros en .pdf

Le Lien Légitimiste
10 Place Foire-le-Roi
37000 Tours

Mél : gerardchezvillelepointcom


Note (1): Las Siete Partidas d'Alphonse X le sage





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dimanche 26 avril 2009

Europe : que faire de la démocratie ?

hayekDans son livre "La Route de la servitude" publié en 1943, le physicien social Friedrich Hayek nous avait démontré que l'hitlérisme n'avait pas surgi de l'âme allemande autant que du socialisme. Connaissant aujourd'hui les scores terribles des communismes russe et chinois, cette perversion systématique de la générosité sociale ne nous étonne plus puisqu'elle procède de cette chimère relevée par Elie Halévy : « Les socialistes croient à deux choses qui sont absolument contradictoires : la liberté et l'organisation ». La seconde force toujours la première et à y ajouter le loup de Hobbes, on peut aboutir à Pol Pot.
Ce qui aggravait le cas pour Hayek est que le monstre nazi était venu au monde par accouchement démocratique. Le dogme était-il à ce point faux ? Sans doute le pensait-il pour imaginer un dispositif antiparlementaire qui vaut la peine d'être évoqué, même succintement sur un blogue...

Commençons par les attendus de la doctrine Hayek : Avertissons le lecteur qu'elle est fondée sur une sorte de positivisme kantien qui n'organise que la sphère visible de notre monde et commence par "l'ordre spontané". C'est en plus un libéral atroce, à la limite de l'ogre : ses ouvrages étaient sur la table de nuit de la Dame de Fer !

A.- Cet ordre spontané hayékien est le précipité d'actions humaines convergeant souvent de manière inconsciente sans intention ni dessein rationnel dans le domaine social inorganisé. Ainsi en va-t-il des cinq piliers majeurs des sociétés humaines : le langage, la morale, le droit, la monnaie et le marché. Personne n'a planifié leur construction et le stade actuel de chacun résulte d'une longue évolution historique. Cette évolution enchaîne les essais, les erreurs, la disparition des structures inefficaces dans une sorte de sélection naturelle des comportements humains.
Le marché est une institution fondamentale depuis les modes informels de la préhistoire jusqu'à nos jours, et l'évolution perdure.

B.- Le marché ne se prête jamais très longtemps à sa planification autoritaire comme l'ont tenté les pays soviétiques et la France d'après-guerre, pour la seule raison que le caractère parcellaire, dispersé, fragmenté et subjectif de la Connaissance rend la planification inadaptée aux réalités. Il est impossible à un seul esprit, si puissant soit-il, même sur un seul segment de marché, de dominer l'ensemble des informations que ce segment peut coordonner seul spontanément.

doigts levés encrésL'alternative est de laisser la liberté au marché pour avoir les meilleurs ajustements, ou de brimer la liberté afin que les faits répondent au programme, et instaurer la coercition qui, dans les mains de "physiciens" de rencontre adoubés dans leurs fonction par le maquignonnage électoral, quêtant les voix des individus même les plus méprisables pour faire masse, tourne à la tyrannie.
La seule limite à cet autoritarisme est actuellement le "moment" contrariant des groupes les plus forts et les mieux organisés, au premier rang desquels les syndicats et les gestionnaires du crédit. Rien de moins sûr pour chercher le Bien commun. Mais en l'absence d'un équilibre tranquille des forces, comment gérer cette anarchie ?

C.- Un Etat fort a minima endigué par le Droit : le "Rechtstaat", puisque nous devons notre liberté aux bornes de la liberté.
L'Etat de droit s'avère paradoxalement essentiel au bon fonctionnement de l'anarchie libérale dès lors qu'il assure le cadre juridique nécessaire au libre jeu des forces économiques du marché. Ce cadre juridique qui garantit le fonctionnement de l'ordre naturel spontané, est lui même un ordre spontané fruit d'un certain pragmatisme que l'on veut souvent combattre par cette doctrine fabriquée de la démocratie. Or si le concept de "démocratie" est fondé sur la souveraineté populaire, il signifie que la règle majoritaire n’est pas limitable. « L’idéal de démocratie, originairement destiné à empêcher tout pouvoir de devenir arbitraire, devient ainsi la justification d’un nouveau pouvoir arbitraire, car ce n’est pas dans les résolutions d’une majorité que nous trouverons une sagesse supérieure. Elles sont plutôt à même d’être inférieures aux résolutions qu’auraient prises les plus intelligents des membres du groupe après avoir écouté tous les avis ».

debré au perchoirLe spectacle actuel de logorrhée législative, d'où que viennent les rédacteurs, montre que les lois du cadre ne sont pas élaborées le plus rationnellement par les individus, puisqu'ils sont limités dans leurs perceptions de l'ensemble et attentifs d'abord à leurs intérêts propres. Le parti démocratique "vainqueur" s'emploie à couvrir le "travail" législatif de son prédécesseur comme le chien marque d'urine son périmètre. Au bout de quelques décennies, le corpus de lois et règles devient un monstre d'antagonismes que personne ne maîtrise plus, au profit de juges et d'experts explicateurs qui finissent par prendre le pouvoir réel, un peu comme y étaient parvenus la Chicane (rapportée de Byzance par les Croisés) et les juges de l'Ancien régime.

Hayek retire l'essence du pouvoir au peuple balladé dans son incompétence naturelle par les rusés et les coquins. Très fort ! Mais pas si loin du schéma institutionnel des collèges électoraux de l'Alliance Royale que les retardataires découvriront ici. Ce régime hayékien se nomme « Démarchie¹ » s'il laisse la légitimité du pouvoir au peuple comme diseur en dernier ressort dans les situations de ruptures politiques ou de cataclysme. Le terme, s'il lui laisse l'autorité ordinaire, lui retire quand même la "force exécutive".

Son Etat fort a minima que nous appelons nous-même parfois "Etat strict et durci", pour souligner son périmètre inextensible au sein duquel s'exerce la plénitude de sa totalité, ressemble beaucoup au domaine régalien de la plateforme politique de l'Alliance Royale, qui retire des joutes électorales le cœur essentiel des pouvoirs d'un Etat ramené à ses fondamentaux. Yves-marie Adeline a-t-il eu une émotion libérale quand il a pondu son excellent schéma institutionnel ?

A qui donc confier les lois selon Hayek ? A côté d'une assemblée parlementaire élue par la population sur mandat impératif et excluant tout citoyen dont les revenus dépendrait de l'Etat, Hayek juge indispensable d'instituer une sorte de Sénat qui détiendrait l'exclusivité de la fonction législative, limitée à l'élaboration de règles de conduite générales en société. Cette Chambre haute serait composée de "nomothètes²" d'âge mûr mais pas gâteux (entre 45 à 60 ans!), dont un quinzième serait renouvelé chaque année. On y ajouterait avec bonheur l'interdiction de réitération de candidature et le cumul de mandats, véritables cancers de la représentation nationale française.

Par ailleurs, une Cour constitutionnelle composée d'anciens membres de la Chambre haute couronnerait cette architecture institutionnelle. C'est le Haut Conseil de l'Alliance.

Hans Hermann Hoppe, qui est de la même veine libérale, est allé lui au bout de l'épure hayékienne en proposant carrément la monarchie dans une "privatisation" de l'Etat. Nous en avons déjà parlé ici.

libanaiseCette démocratie dont tout le monde se méfie maintenant tant elle apporte de malheur réel au bonheur présumé (Hamas, Hezbollah, Kosovo, demain Talibans modérés), suscite de légitimes interrogations de la part d'esprits éveillés non vaccinés, mais Churchill nous a prévenu par son sens de la formule, qu'elle était le pire des régimes à l'exclusion de tous autres. Est-ce à dire que, sauf par la contrainte, l'espèce humaine est foncièrement ingouvernable en l'état ? Celle qui peuple la France assurément ! Les difficultés de la réforme de la société française le prouvent.
Le régime gaullien qui promettait l'efficacité quasi-monarchique après les turbulences parlementaires de la IV° République, s'est liquéfié en daube démagogique sur les fourneaux de ces messieurs Juppé, Jospin, Raffarin, Villepin et Chirac. Ceci prouvant en creux qu'il vaut mieux l'original. Ce régime décadent va être remis en cause, encore faudra-t-il en désigner clairement les défauts sans se tromper d'axe comme le font les socialistes³ qui diagnostiquent un déficit démocratique. Vient la question qui tue :

Si comme moi vous ne reconnaissez aucune expertise supérieure aux législateurs élus sans qualifications particulières, pourquoi taper sans cesse sur les agents de la Commission européenne, de l'OTAN ou de l'AIEA, au prétexte qu'ils ne le sont pas ? Il est impossible d'aboutir à des législations convergentes à partir des parlements nationaux sur certains domaines sans la contrainte de péril imminent, par exemple :
- oiseaux migrateurs
- taxation de la consommation sur un marché unique
- sécurité militaire et armement
- hydraulique fluviale
- ressource halieutique

Chaque fois, les parlements sont shuntés par les exécutifs réunis en Conseil européen qui décident du but à atteindre, laissent la Commission mettre en texte, et transposent avec ou sans passage à la Chambre la mesure législative dans les codes nationaux. On retrouve à ce niveau les nomothètes d'Hayek changés en "nomocrates". Il ne manquerait qu'une clef de voûte pour que ça marche mieux en séparant bien la loi supérieure et ses normateurs, du gouvernement quotidien des peuples dans un cadre juridique imposé. Un conseil des princes serait le plus abouti. Faisons-le savoir et remettons déjà le nôtre.

couronne de Namur


Note (1): de demos, le peuple, et archein, l'autorité (différent du kratos qui est la force exécutive).
Note (2): de nomos, loi universelle ou règles de juste conduite : nom donné à Athènes aux membres d'une commission législative chargée de réviser les lois.
Note (3): 90% de la classe politique française est socialiste, soit ouvertement, soit sous le masque de la social-démocratie.





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vendredi 24 avril 2009

UE : pourquoi la sécession ?

plume détachéeA la disparition de Pierre Pujo s'ouvrit à l'Action française la querelle des anciens et des modernes dans le plus pur style d'avancement au tableau d'attrition. Nous en laisserons la chronique aux historiens, nombreux dans la mouvance, pour nous pencher vers cet objectif majeur subitement mis à jour par une des composantes politiques de la vieille maison : la sécession de l'Union européenne.
Certes l'image est belle de la Caroline du Sud déclarant sa séparation pour ouvrir la voie à la Confédération sudiste, mais je fus néanmoins surpris par l'aboutissement d'une analyse discrète et sans doute fouillée des circonstances qui militent en faveur de cet acte majeur. Je n'ai pu en trouver le "fondateur" même si je suppute que l'ordre de larguer partout est venu de l'intérieur, peut-être d'un politologue très introduit dans les arcanes de la politique atlantique. Mystère !

La sécession est philosophiquement neutre, historiquement dépassée car techniquement impraticable, et la propagande de son projet politiquement néfaste. C'est par ce dernier point que nous commencerons avant de nous pencher sur l'impraticabilité.

sinogramme de la patienceIl n'est pas souhaitable de choisir un projet impossible pour un parti-pris politique chez un mouvement ayant l'ambition de convaincre au plus large - sinon il faut arrêter le journal à perte, les tracts et affiches en voirie, les blogues en ligne, les conférences publiques - surtout s'il n'existe à terme sûr aucune fenêtre d'opportunité pour en commencer la réalisation.
Même un second "non" des Irlandais ne détruira pas l'Union européenne qui continuera de méfaire dans les dispositions scabreuses du traité de Nice, ainsi que le répètent tous les pays de l'Est débiteurs de subventions européennes. La rupture éventuelle pourrait suivre une crise gazière d'ampleur insoupçonnable au sein de l'ancien Comecon soviétique dont se désolidariserait l'Europe occidentale. Voire une situation de guerre larvée pour la captation des richesses arctiques qui casserait la soudure baltique au sein de l'Union. On devine qu'il nous reste du temps à passer ...

coulée d'acier en fusionLe projet est néfaste surtout parce qu'il barre le recrutement de cotisants au sein des forces vives du pays. C'est le handicap de l'Action française de ne pas intéresser des entrepreneurs, professionnels, grands agriculteurs, ouvriers et cadres de la tranche d'âge 35-55. Or aucun de ceux-là ne détruira le Marché commun, aucun de ceux-là n'échangera l'euro pour la piastre antérieure (clic), aucun de ceux-là ne rétablira les inconvénients des anciennes frontières, les contrôles des changes, les visas et autres complications policières. Ce temps est pour eux passé. Dans une optique de sécession, nous ne les intéressons pas.

Par contre nous avons un grand effectif d'étudiants en droit, histoire et lettres - les scouts sont légitimistes -, de professeurs en sciences molles, de penseurs autodidactes et de retraités de la Cause et de la CNAV réunies. Autant dire que nous sommes prêts à surgir au bon moment avec la pugnacité qui nous avait manqué jusqu'ici !

Reste l'impraticabilité technique de la sécession.
Cela fait plus de cinquante ans que l'économie française est tricotée avec de la laine communautaire. Des milliers de normes et de canaux d'échanges, de tarifs commerciaux et douaniers s'enchevêtrent. La quasi-totalité de ces contraintes obéissent au bon sens (comme les quotas de pêche) ou à des accords internationaux passés avec le reste du monde, sans parler de notre intégration dans un système monétaire commun dont la sortie est exclue dès lors que nous n'avons plus le capital nécessaire pour fonder une nouvelle devise.

tricotageSi un parti politique en course électorale use souvent de propagande populiste ou de démagogie, il m'étonne qu'une "école de pensée" de la réputation que l'on sait produise une queue de trajectoire aussi éthérée que nuisible. Je crois qu'il vaudrait mieux oublier le parti-pris de la rouspétance stérile et construire un projet positif pour cet environnement géopolitique dont nous ne pouvons nous extraire.
Qui oserait, outre la ruine, lever des adversaires sur quatre de nos cinq frontières ? Nos voisins ne sont pas nos ennemis, même si nous les agaçons beaucoup de notre ancienne grandeur et de nos gloires enfuies. Ils partageraient même un projet de puissance de la France nous sachant capables de tirer le char Europe sur la scène mondiale, mais peut-être pas avec le personnel politique que nous subissons actuellement du fait du système électoral de "recrutement".

Le projet de sécession n'a que le mérite d'ouvrir l'épure vierge d'une utopie sur laquelle se règleront certaines contradictions entre la doctrine et les réalités. C'est une fuite intellectuelle.



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jeudi 23 avril 2009

L'Œuvre d'Orient

croix archeologiqueDurban II s'achève sur le triomphe du Croissant Vert qui est parvenu à vulgariser l'amalgame entre le sionisme d'Etat et le racisme intrinsèque d'Israël, sous des applaudissements nourris que l'on vous a cachés, parce que ce n'était pas "bien". L'infantilisation de l'Opinion semble être un projet mondial et la censure d'acception universelle. Qui peut lutter contre cette conspiration ? Je ne vois rien d'autre comme contre-pouvoir que l'anarchie internétique que le gouvernement français veut réguler au motif de sauver ses commanditaires gramophoniques et cinématographiques. Les attaques virales en mobilisation pareront le coup, du moins faut-il le souhaiter. En fermant cet aparté, Royal-Artillerie vous invite aux vrais pays du racisme et vous engage à soulager la dhimmitude de vos frères en Christ en rejoignant en intentions et abonnements l'Œuvre d'Orient que nous vous présentons¹ ci-dessous :...

L’Œuvre d’Orient a été créée il y a 150 ans par le baron mathématicien Cauchy pour venir en aide aux Eglises chrétiennes d’Orient. L’Abbé Lavigerie, fondateur des Pères blancs, en deviendra le premier directeur général. Reconnue Œuvre d’Eglise en 1858 par le pape Pie IX, elle est placée sous la protection de Mgr XXIII.

OO
L’Œuvre d’Orient est une organisation française qui agit par le canal des évêques, des prêtres et des communautés religieuses. Son soutien s’inscrit dans le long terme autour de 3 objectifs :
Education : plus de 400 établissements scolaires, crèches, jardins d’enfants, orphelinats, écoles primaires et secondaires, centres professionnels, universités catholiques...
Soins et apostolat social : dispensaires, léproseries, hôpitaux, institutions pour handicapés, maisons de retraites... Religieux et religieuses prennent en charge plus de 3 millions de malades et de pauvres.
Action pastorale et culturelle : L’Œuvre d’Orient offre des bourses d’études aux futurs prêtres et religieuses. Elle soutient également des centres de formation de catéchistes, des bibliothèques... Par les offrandes de messes, elle aide les prêtres les plus démunis dans leur vie quotidienne.

Mgr Philippe Brizard dirige l’Œuvre d’Orient, soutenu par cent mille donateurs qui financent chaque année plus de 700 projets menés par 400 communautés et institutions chrétiennes dans 21 pays. C'est du lourd. L’Œuvre est unique en France car elle est la seule organisation à consacrer la totalité de ses aides aux chrétiens d’Orient. Pas de déperditions ni siphonnage.

L'Œuvre communique aussi par deux publications. Le bulletin trimestriel et une lettre d'information également trimestrielle mais calée sur le calendrier liturgique. Vous y retrouverez l’éditorial de Mgr Brizard ainsi que de nombreux témoignages et nouvelles d’ hommes et femmes de terrain en Orient. Chaque lettre fait un focus sur la situation des chrétiens dans un pays en particulier ou une mission. C'est chaque fois intéressant. L'abonnement groupé (8 numéros) coûte 5€ ! N'hésitez pas !

lettre OObulletin OO


ACTUALITE CHRETIENNE D'ORIENT
Paris - Cercle arménien le 14 mai 2009 à 20h30 - Conférence d'Annie Laurent : "La situation des Chrétiens au Proche-Orient". Entrée libre.
Cercle arménien 10 bis rue Thouin - Paris 5 (M° Cardinal Lemoine)

Paris - Petit Palais > 5 juillet 2009 - Expo ATHOS. Cette exposition est une rétrospective exceptionnelle qui regroupe un ensemble considérable de trésors d’art byzantin du IXe au XVIIIe siècle appartenant aux moines du Mont Athos. Deux cents oeuvres sont exposées parmi les collections de 9 monastères grecs du Mont-Athos. Elles donnent à voir la vie et la production artistique de ce haut lieu spirituel dans ses différentes facettes et témoignent en particulier des rapports qu’a entretenus la péninsule avec les empereurs byzantins.



L'Œuvre d'Orient fait cause commune avec l'Ordre du Saint Sépulcre (Lieutenance de France). L'Ordre du Saint-Sépulcre et l'Ordre souverain de Malte sont les deux seuls survivants reconnus par le Saint Siège des grands ordres de chevalerie issus des croisades.

Note (1): Tout le matériau est puisé dans le site web de l'Œuvre, www.oeuvre-orient.fr




affiche ATHOS
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mercredi 22 avril 2009

Européennes : l'Alliance et l'Euro

louis d'orBattre monnaie est réputé souverain. Depuis la nuit des temps, les pouvoirs ont soutenu par tous moyens même violents leur exclusivité de la production de monnaie dont ils fixaient la composition. Les rois de France ne furent pas les derniers à trafiquer les teneurs en métaux de leurs écus.
Les Etats modernes ont fait de la "propriété" de la monnaie nationale la priorité absolue. L'intérêt de l'État à contrôler la création monétaire (surtout depuis l'abandon de la libre conversion-or) est évident d'un point de vue politique : il peut financer le clientélisme électoral par la planche à billets et en constater les effets par la dévaluation autoritaire, appauvrissant l'épargne populaire et les possédants au bénéfice des débiteurs qui remboursent plus facilement par l'inflation générée. Il en va de même de la mise à contribution de la Dette publique aux subventions sociales, dont on ne parle en France bizarrement que depuis que le pouvoir monétaire nous a été retiré par la BCE de Francfort.

hayekFriedrich Hayek, nobel d'économie, était plus sceptique que nous quand il écrivait en 1976 : « Si nous voulons la survie de la libre entreprise et de l’économie de marché, nous n’avons pas le choix : il faut remplacer le monopole actuel des hommes de l’État sur la production de monnaie par la libre concurrence entre des banques d’émission privées. Nous n’avons jamais eu de monnaie dont les responsables auraient eu pour seul et exclusif souci de donner au public la monnaie qu’il préfère à d’autres, leurs moyens d’existence mêmes dépendant de la satisfaction des attentes ainsi créées. Ce que nous devons organiser aujourd’hui, c’est un Mouvement pour la Banque Libre à l’image du mouvement pour le libre-échange du 19° siècle, qui ferait connaître non seulement les dégâts causés par une forte inflation, dont on peut soutenir que les institutions actuelles permettraient de l’éviter, mais aussi l’effet inévitable et plus grave des systèmes existants, qui est de multiplier les périodes de récession » (Dénationaliser la monnaie).

C'est vrai qu'il faut l'austérité vertueuse d'un "calviniste" pour ne pas céder à la tentation de la planche ou de la dette. La première chose que firent les prébendiers de 1981 fut de nationaliser les banques pour placer de force les bons du Trésor ; plus tard Chirac interdisait qu'on lui parlât de la Dette (dixit Francis Mer).
500 eurosNos cousins de la Frontière ne nous reconnaissant aucune vertu en espèces, exigèrent avant que nous ne prenions pour nôtre leur bonne monnaie tudesque sous le nom neutralisé d'euro, que nous brûlions la planche, et que par un pacte de stabilité nous freinions nos instincts de gabegie par la Dette. Nous n'avons eu depuis lors aucun répit pour leur réclamer notre liberté de mal faire puisque nous "voulons" être souverains maîtres de notre abaissement !

Cette monnaie unique (dont l'usage vulgaire déborde largement de l'Euroland), hors de portée des manipulations des Etats, s'apparente presque à la redoutable "monnaie privée" d'un Jean-Baptiste Say. On oublie que dans le passé, des économies nationales ont longtemps fonctionné avec des monnaies de banques privées (d'où vient le banknote). Le « contrat de monnaie » de telle ou telle banque remplaçait avantageusement le cours forcé imposé par la loi. L'intérêt d'une monnaie privée dépend de sa diffusion et de ses garanties. Ces banknotes était convertibles en or et grande était la masse en circulation, au point qu'on a pu mesurer la confiance qu'elles inspiraient à leur circulation qui excédait dix fois les encaisses métalliques. L'Ecosse fonctionna ainsi cent ans avant que la Banque d'Angleterre ne s'impose.
D'autres "monnaies privées" ont couru le monde, comme les briques de thé de la Horse Road (qui valent une fortune aujourd'hui) et on trouve leurs avatars modernes dans le "e-gold" de 1996 et le "Liberty Dollar" de 1974.

e_gold
L'abus d'usage qu'ont fait jusqu'ici les gouvernements français du franc depuis Poincaré les disqualifie de détenir à nouveau ce pouvoir "régalien". Et personnellement, comme bien des acteurs du commerce international, je me réjouis d'avoir oublié cette piastre peu sûre qu'était le franc français presque impossible à convertir hors d'Europe ou d'Afrique et qui ne pouvait affréter aucun bateau.

herculeL'abandon éventuel de l'Euro - toutes dépenses de reconversion mises de côté - ne devrait se faire que lorsque l'interdiction de voter des déficits budgétaires aura été constitutionnalisée en France - ce serait plus utile que le principe de précaution - , et quand après avoir retrouvé l'équilibre de nos comptes fiscaux et sociaux nous aurons remboursé tout ou presque de la Dette publique.
Alors devenus adultes, nous pourrons revendiquer de battre nous-mêmes notre propre monnaie. Jusque là il est normal que nous soyons considéré comme un Etat africain par la BCE de Francfort.

L'Alliance Royale a-t-elle l'ambition de faire nettoyer les écuries d'Augias françaises en dépassant le pacte de stabilité européen jusqu'à zéro ? Je n'en doute pas, même s'il ne suffit que d'être Hercule.



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mardi 21 avril 2009

Vagabondages au Quai

AhmadinejadLe président iranien, venu à Genève lancer sa campagne électorale, a "surpris" les diplomates à gâteaux mous qui lui avaient donné quelques cours de maintien. Pauvre Ban Ki Moon, toujours dans la lune. Shuntant les médias de la Diaspora et ses alliés qui censurent le discours iranien de lundi à Genève, nous offrons au distingué lectorat de Royal-Artillerie les plus larges extraits de l'allocution du président Ahmadinedjad, dont le texte intégral qui valait son pesant de pistaches, n'est pas même affiché sur FARS News, l'agence de presse de Téhéran :...

[ndlr entre crochets]
« ... Les puissances victorieuses [des guerres mondiales] se nomment elles-mêmes les conquérants du monde, tandis qu'elles ignorent ou abaissent les droits des autres nations en leur imposant des lois oppressives et des arrangements internationaux [1]
...
Après la seconde Guerre mondiale, elles recoururent à l'expulsion de toute une nation de chez elle au prétexte de la soufrance juive. Elles envoyèrent des émigrants d'Europe, des Etats-Unis et d'autres parties du monde pour établir un gouvernement complètement raciste de la Palestine occupée. En réparation des graves conséquences du racisme en Europe, elles ont aidé à porter au pouvoir en Palestine le régime raciste le plus cruel et le plus répressif [2].
...
Il est d'autant plus regrettable qu'un certain nombre de gouvernements occidentaux et les États-Unis se soient engagés à défendre les auteurs racistes d'actes de génocide, alors que l'éveil des consciences et la liberté d'esprit des gens du monde entier condamnaient l'agression, la brutalité et le bombardement de civils de la bande de Gaza [3]..
...
[Les conflits irakien et afghan furent] un exemple clair de l'égocentrisme, du racisme, de la discrimination ou de l'atteinte à la dignité et à l'indépendance des nations.
...
Aujourd'hui, la communauté des hommes est confrontée à un type de racisme qui a terni l'image de l'humanité. Au début du troisième millénaire, le mot "sionisme" personnifie le racisme, qui faussement ressortit à une religion et abuse des sentiments religieux pour masquer la haine.
Des efforts doivent être entrepris pour mettre un terme à l'usage abusif de moyens politiques internationaux par les sionistes et leurs supporters. Les gouvernements doivent être encouragés et aidés dans leur combat pour l'éradication de ce racisme barbare et pour la réforme des mécanismes internationaux actuels [4].
...
Vous êtes tous au fait de la conspiration de quelques puissances et cercles sionistes contre les buts et les objectifs de cette conférence. Il doit être établi que le boycott de cette session précise est une indication véritable du soutien accordé à ce flagrant exemple de racisme. »

...
Notes :
[1] On ne disgressera pas sur le régime oppressif des mollahs iraniens qui est le prototype insurpassé aujourd'hui. En savent quelque chose toutes les communautés non-chiites.
[2] On ne peut faire l'économie d'une évidence : le régime hébreu dès son origine est délibérément ethnique et son racisme national appelé autrement est d'acception commune à l'Ouest, en rémission des péchés allemands. Après trois guerres gagnées, ça a empiré.
[3] La véhémence du ton et les épithètes exagérés ne peuvent masquer le silence coupable des Etats dans l'affaire de Gaza.
[4] Ces mécanismes internationaux qui brident l'accès de l'Iran à la bombe atomique.

Le discours est dans le ton et au niveau de provocation attendus. Les Européens - à l'origine de la création d'Israël - durent quitter la salle de conférence. On peut d'ailleurs profiter de l'occasion pour trier les "européens" sur cette démarche : qui s'est senti européen ? Je ne crois pas que la Russie, ni la Turquie, ni les Caucasiens soient sortis. Quid des Moldaves et des Ukrainiens ? C'est secondaire. Ce qui est explicite est le cheminement du Quai d'Orsay.

sortie des délégués européens
*La patrie autoproclamée des droits de l'homme participe de très près à l'élaboration du communiqué final Durban II en négociant avec ses "amis" arabes modérés l'échange de bons procédés.
*A l'annonce d'un discours du président iranien, plusieurs pays dont les Etats-Unis et l'Allemagne, annulent leur participation pour ne pas perdre du temps en explications vaseuses.
*La France empéguée par le communiqué final est obligée de rester, mais marque le coup en envoyant simplement son ambassadeur à Genève.
*Devant la bronca des lobbies juifs, M. Kouchner signale qu'au moindre écart iranien sa délégation quittera ostensiblement la salle. Ce qu'elle fait, suivie de toutes les délégations nationales de l'Union européenne.
*Les Etats-Unis absents ramassent le pot en déclarant que si le discours est inadmissible, il n'obère en rien le dialogue direct dans préalable ni conditions que Washington doit ouvrir avec Téhéran. Obama apprend vite !
*La France revient à la conférence pour ne pas laisser tout le bénéfice à Mme Clinton et ne pas abandonner ses "amis" arabes modérés, les mêmes qui ont applaudi au discours du satrape persan.
* La Licra menace le ministère ...

Ce n'est pas de la diplomatie, mais des travaux dirigés qui normalement recalent l'impétrant. Le pas de pitre fait rire nos voisins qui s'étaient abstenus de paraître au cirque onusien ; l'annonce du retour à Genève de notre ambassadeur déclenche une nouvelle bronca des lobbies juifs ; et nos déclarations péremptoires à l'endroit du président iranien sont mal reçues par le pouvoir islamique. Finalement on perd sur tous les tableaux sauf peut-être vis à vis des arabes modérés, c'est-à-dire de ceux qui ne comptent pas.

YadeLe ministre Kouchner avait eu la juste inspiration quand, voulant débiner son secrétaire d'Etat Yade, il déclara que la diplomatie et les droits de l'homme étaient quasiment incompatibles. L'effet obtenu - Rama Yade est au firmament des sondages ! - le voila qui retourne à ses vomissements et embringue le pays dans un débat corne-cul qui n'est pas de notre intérêt.
En effet, dans l'affaire de Palestine nous ne sommes nulle part sauf au Val de Grâce¹ :
- le "foyer juif" de Palestine a été créé par les Anglais (déclaration Balfour)
- le sionisme canal historique a pour père un juif hongrois (Theodor Herzl)
- le territoire convoité était sous mandat britannique
- nous n'avons pas participé à la Solution Finale même si certains ont fermé les yeux au mauvais moment
- la seule bataille conduite avec l'allié israélien contre nos "amis" égyptiens, nous l'avons perdue (Suez 1956)
- nous n'avons participé de près ou de loin à aucune autre bataille au Proche Orient
- nous n'y couvrons rien ni personne et nous avons été incapables de protéger notre allié historique libanais contre Israël faute de moyens et de détermination.

Mais la bienpensance cosmopolite nous somme de nous impliquer. Alors nous persistons dans cette erreur allopathétique à nos intérêts traditionnels. Mme Royal nous excusera-t-elle auprès des nations sérieuses ?

Note (1): soins palliatifs à Yasser Arafat



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lundi 20 avril 2009

Nos belles ibéricaines

bannière de PendragonVexilla regis non prodeunt ! Ils pendent ! Au rempart de nos espérances, au mât des donjons édentés par le vent, comme simples oriflammes, couleurs d'un terroir, d'un pays ancien, ils ne sont ni bannières d'infanterie ni étendards de guerre ni pavillons de beaupré. Si les contingents ont fondu, si l'Ost s'est débandé, si les coffres sont vides, ils marquent encore nos positions au folklore de l'histoire qui les a fanés. Serons-nous longtemps là à les contempler ? On pourrait le craindre.

Or voilà que se lève de l'est un doux zéphyr qui pourrait annoncer des temps nouveaux, un prince de France se marie. Combien nombreux sont les royalistes qui s'ébrouent à la publication des bans du mariage catholique de Senlis, Senlis où le comte de Paris, fils du Duc des Francs Hugues le Grand, fut acclamé roi par les Gaulois, les Bretons, les Normands, les Aquitains, les Goths, les Espagnols de Barcelone et les Gascons (surtout les Gascons), sous le nom de Hugues Capet. C'était il y a 1022 ans. La veine capétienne ne s'est jamais tarie depuis.

armes d'OrléansBien que que l'écho d'une renaissance de la monarchie ait été soigné par le choix de Senlis et le second titre un peu extravagant que porte le prétendant d'Orléans¹, on s'attachera à saluer le troisième rapprochement d'une grande maison princière française et d'une grande famille d'Ibérie, après que le prince Charles-Philippe ait ouvert le bal de l'annexion avec Diana Mariana Vitória Álvares Pereira de Melo, duchesse de Cadaval, et que le propre père du futur marié ait annoncé qu'il convolera en justes noces à la fin de l'année avec son épouse civile, Micaela Cousiño y Quiñones de León au Pays basque. Ainsi se renforcent les liens entre la France et la péninsule ibérique qui n'est finalement que son prolongement malgré le traité de la Bidassoa². Les Wisigoths nous l'avaient déjà dit :).

Doña Filomena de Tornos y Steinhart
, outre qu'elle est charmante, est la petite-fille du secrétaire privé que Franco avait choisi pour le défunt comte de Barcelone, père du roi d'Espagne en charge, Juan de Tornos y Espelíu. La promise est apparentée aux Ybarra - marquis de Arriluce de Ybarra et comtes de Ybarra -, aux marquis de Yanduri, aux comtes de Motrico, et à toutes les grandes familles de l'industrie basque et même aux ducs portugais de Palmela. Sa généalogie par Hein Bruis est ici.

Jean et Philomène d'Orléans
Un album de famille des fiancés autour de la duchesse de Montpensier est accessible en ligne chez APA-PictureDesk³. Parfois émouvant, il explique certaines choses.


PROGRAMME


La cérémonie commence à 11 heures le samedi 2 mai à ND de Senlis.
Elle sera suivie d'une réception sur invitation au domaine de Chantilly.
Des cars vers Senlis sont prévus au départ de la Porte de la Chapelle à Paris par le Centre royaliste d'Action française. Il s'agit de s'inscrire au voyage en cliquant ici.
La Restauration nationale de son côté collecte des fonds pour offrir un cadeau de mariage aux époux. On peut y souscrire en cliquant ici. Leur site propose aussi son service de cars au départ de la rue du Louvre (M° Halles).


fleurs blanches
Bonne et heureuse route aux époux
sur le chemin de leur nouvelle vie





Note (1): Duc de France désignerait dans les apanages ancestraux la plaine de France, territoire parfaitement délimité au Nord de la Seine et doté d'un établissement public d'aménagement spécifique.
Note (2): Le Traité des Pyrénées, signé le 7 novembre 1659 sur l'île aux Faisans au milieu de la Bidassoa, par les ministres français et espagnol (le cardinal Mazarin représentant Louis XIV pour la France et Don Luis de Haro représentant Philippe IV pour l'Espagne) est accompagné d'un contrat de mariage de l'infante Marie Thérèse avec son cousin germain Louis XIV.
Note (3): taper "philomena de tornos" dans la fenêtre SEARCH.

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vendredi 17 avril 2009

Retour à l'Europe

Berlin
Quid de l'idée "Europe" en 2009 ? Après deux guerres mondiales provoquées par l'antagonisme franco-allemand et les dizaines de millions de morts qu'il provoqua, n'était-il pas légitime que certains hommes politiques aient mis en chantier cette idée de "l'Europe" que l'on caressait depuis quatre cents ans dans les cénacles ?
La grande péninsule au couchant du vieux monde était le siège d'un cancer dévorant les nations réputées les plus avancées de la planète. On le désigna sous le nom de nationalisme, lequel on affubla de toutes les dérives autoritaires et hégémoniques à la mode de ce temps. Si la démocratie dérivait immaquablement en démagogie, le nationalisme en faisant autant et sûrement vers la guerre totale.

Au sortir de la seconde, il y avait de ce côté-ci du monde trois vainqueurs et un vaincu. Les vainqueurs étaient cette fois étrangers à la Péninsule, ou de peu s'en faut pour l'Angleterre. Le vaincu, situé au coeur du théâtre d'opérations, avait été un empire puissant bâti sur des mythes et jadis le territoire du plus formidable aggrégat de peuples européens que l'Occident ait jamais rassemblé. Il n'en restait que ruines fumantes et queues immenses de zombies affamés.

monnetC'est de ce désastre européen que date l'externalisation définitive du centre de pouvoir occidental qui s'enracina définitivement à Washington, Wall-Street et à la City de Londres. Les concurrents étaient "incinérés", le continent à la merci de la charité américaine !
Soixante-quatre ans plus tard, le dispositif de pouvoirs dominants n'a changé que par la désintégration du vainqueur oriental quasiment disparu de l'épure, mais qui fournit indéniablement le meilleur facteur de cohésion occidentale contre lui tant qu'il exista. Washington, Londres et New York restent les capitales du monde en attendant que grandissent les autres, et au contact de la première grande crise mondiale depuis 1929, elles ont assuré leur prééminence.

Revenons à la fin des années 40. Si d'importantes quantités de territoire avaient été dévastées par les opérations de guerre, il restait les ferments d'une renaissance dans le génie européen : l'intelligence et l'invention. La collaboration de tous les pays du continent était désormais nécessaire à cette renaissance avec, dans l'esprit des fondateurs, une obligation d'interpénétration des valeurs et coutumes afin de prévenir un retour de flamme nationaliste dans l'espace de temps d'une génération. Sauf Adenauer, les pères de l'Europe étaient d'éducation "internationale".

AdenauerEchaudés néanmoins par la multiplication des traités binationaux stériles quand ils ne nourrissaient pas une guerre future contre ceux qui n'en étaient pas, Adenauer, Spaak, Monnet, Schuman et De Gasperi, qui avaient alors des idées convergentes au moment où ils détenaient des positions politiques clés, décidèrent d'innover en fédérant non pas les gouvernements mais les deux plus grosses industries européennes sur un marché unique pour créer la CECA. Dès ce moment, les mines de fer, les mines de charbon et toute la sidérurgie allaient travailler ensemble sur un espace juridique, douanier et tarifaire commun. Ils avaient choisi le concret de préférence aux principes un peu fumeux, ceux d'ailleurs qu'on ne cesse d'invoquer aujourd'hui sans vraiment convaincre. C'est pour cette raison qu'on les désigne comme "fondateurs" parce qu'ils dépassèrent dans leur pratique les visionnaires antérieurs : Vives (1526), Rousseau (1756), Kant (1795), Hugo (1870), Briand dans les années 20 et Coudenhove-Kalergi (1923). Parmi les échecs de mise en pratique, il n'est pas bien d'ignorer un certain Hitler qui avait terriblement concrétisé ses cauchemars pour permettre au rêve d'aboutir.

Le fonctionnement satisfaisant de la Communauté européenne du charbon et de l'acier permit de répliquer la même opération. Sortit alors des champs nationaux la promesse d'un lendemain prospère par le développement du nucléaire civil. La communauté EURATOM créa quatre centres de recherche et construisit cinq centrales atomiques. La France ne tarda pas à revendiquer son exception pour développer son propre programme militaire, affaiblissant la structure commune, sans vraiment convaincre au moment de la pertinence de son cavalier seul.

L'autre communautarisation prévue était celle des armées des six pays afin d'obtenir une masse critique européenne sous commandement français - l'idée venait de nous et avait été vendue à tous nos voisins. Hélas, le parti gaulliste, allié sans vergogne au parti de l'étranger, fit capoter la ratification parlementaire au motif de l'Empire qu'il abandonna dès son retour aux affaires, et pour d'autres raisons que l'on cherche encore à comprendre, vu l'affaissement de notre Défense nationale à laquelle il présida par la mise en oeuvre de concepts ridicules ou arrogants comme la DOT et la dissuasion du faible au fort.
Le travail continua malgré tout dans le champ économique et l'on contruisit un espace commun agricole, pierre d'angle du commerce continental : ce fut la CEE. Le reste, vous le connaissez par coeur.

spaakN'eut été la guerre froide et le sabotage idéologique de l'arrière provoqué ou soutenu par tous les relais communistes de la société, les économies européennes auraient été imbriquées bien plus tôt, et sans doute qu'une fédération d'Europe occidentale entre les six pays fondateurs continentaux renforcés d'un ou deux voisins aurait vu le jour. Une véritable Europe politique serait alors née vers la fin des années 50, qui aurait pu marquer de son empreinte la stratégie anglo-américaine de globalisation, ce que l'Union vaseuse n'a jamais pu faire, sans ironiser sur les attelages actuels de niveau zéro virgule epsilon. Paradoxalement, c'est un regret de Valéry Giscard d'Estaing de n'avoir pas fait précipiter cette fédération avant tout élargissement. Il se serait bien vu le premier président d'un réel pouvoir européen, presque Pharaon.

schumanSi le génie de départ a muté ensuite en cancer bureaucratique jusqu'à métastaser dans une normalisation ubuesque, il ne faut jamais oublier les attendus et le pourquoi qui créèrent l'Europe d'après-guerre.
C'est de 1965 que date la perversion du projet, quand les six pays décrétèrent la fusion des trois exécutifs CECA, Euratom et CEE dans un exécutif indépendant qui s'appellerait la Commission européenne. On créait un pouvoir qu'on pensait tenir par l'autorité formelle du Conseil des Etats, au lieu de quoi c'est un monstre administratif qui commença à grossir de lui-même, les besoins nouveaux en créant toujours d'autres, les disputes se liquéfiant dans l'inflation des structures.
Dans une optique confédérale, le meilleur projet pour l'Europe occidentale est de défaire la Commission et de répartir ses pouvoirs actuels entre des exécutifs distincts et clairement séparés (géographiquement), le capo di tutti capi restant le Conseil suprême des Etats. Pour aboutir à cela, il faut être dans le jeu et donc ne pas faire sécession. Cette utopie est d'ailleurs impraticable d'une part et néfaste pour le mouvement monarchique de l'autre. On y reviendra.

Au pantographe du village global, l'Europe reste nécessaire. L'exaltation des nationalismes, malgré les incendies qu'ils ont allumés il n'y a pas si longtemps (Yougoslavie, Caucase), est une régression intellectuelle provoquée par un constat d'inadaptation aux réalités du monde en ses centres de pouvoir. Une certaine union des nations majeures européennes est souhaitable ; elle ne peut être éphémère, temporaire, ni modulée selon les caprices de la démocratie d'opinions. Il faut être sérieux à la passerelle pour naviguer sur les hauts fonds d'un monde dangereux.
Par contre et pour être efficace, le champ d'exercice des politiques communes doit être mesuré par le principe de subsidiarité appliqué cas par cas mais un fois pour toutes. Ses effets et les limites précises de ce champ commun doivent conjuguer l'efficacité réactive dans un monde rapide, et la diversité des patries, afin de laisser à chaque pays la plaisir de vivre à sa façon.

De GaqsperiIl est certain que l'Union européenne des mercantis actuels n'a plus le souffle des pères fondateurs et que la collaboration des nations doit être complètement remise à plat, pour ne pas dire décapée à l'acide. Mais il est au moins quatre domaines dans lesquels les données stratégiques environnantes nous condamnent à la fusion ; savoir, la sécurité générale jusqu'à la guerre, la monnaie commune, la sécurité alimentaire (et l'arme qu'elle représente) et la sécurité énergétique. Le dernier domaine n'est pas couvert du tout. A chaque espace son mode propre, son droit, ses codes, jusqu'à établir des structures séparées de coordination comme nous le disions plus haut en défaisant la Commission.

Aparté - Des éxécutifs paneuropéens existent et fonctionnent parfaitement en dehors de l'Union européenne. Il n'est que de citer EUTELSAT, le CERN, l'Agence spatiale européenne avec Arianespace,et bien sûr la Banque centrale européenne.

Pour finir, nous relèverons que si les racines chrétiennes de l'Europe sont discutées par les francs-maçons, les libres penseurs, les trotskystes et Chirac, les origines chrétiennes et même catholiques de l'Union européenne sont indéniables, tous les fondateurs étant des chrétiens démocrates sociaux. Flute !


Chronologie simplifiée de l'unification sur les premiers 30 ans :

1946 - l'Europe est partagée par le rideau de fer soviétique
1948 - Union douanière du Bénélux ; alliance défensive (+tard UEO) entre la France, le Bénélux et le Royaume-Uni ; création de l'OCDE pour gérer le plan Marshall américain.
1949 - Traité de l'Atlantique Nord ; Conseil de l'Europe (convention et cour européenne des droits de l'homme)
1950 - Union européenne des paiements instituant le clearing des règlements entre banques centrales,
1951 - Communauté européenne du charbon et de l'acier
1952 - Avortement de la Communauté politique européenne d'Henri Spaak ; instauration de la Cour de Justice européenne.
1953 - Marché commun des ferrailles
1954 - avortement de la Communauté européenne de Défense ; Union de l'Europe Occidentale,
1955 - Rien.
1956 - Rien.
1957 - Traité de Rome créant la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l'énergie atomique (Euratom) ; création du parlement européen.
1958 - Accord monétaire européen.
1959 - Rien.
1960 - Association européenne de libre échange (hors CEE)
1961 - Construction du mur de Berlin.
1962 - Politique agricole commune.
1963 - Traité franco-allemand dit de l'Elysée.
1964 - Rien.
1965 - Institution de la Commission européenne (fusion des exécutifs existants)
1966 - Rien.
1967 - Collaboration douanière.
1968 - Rien.
1969 - Budget communautaire autonome.
1970 - Rien.
1971 - Rien.
1972 - Serpent monétaire européen.
1973 - Adhésion du Royaume-Uni, du Danemark et de l'Irlande.
1974 - Rien.
1975 - Rien.
1976 - Institution secrétète de TREVI, le premier étage de coopération policière Europol.
....... 1992 Maastricht ... 2008 Lisbonne ......





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