Le duc de Vendôme que l'on croyait rasséréné par son mariage fructueux n'a pas rompu les chiens devant le chef de maison, son père, et la poignée de main historique sur le parvis de Saint-Germain l'Auxerrois n'était sincère qu'au moment, marché d'image. Louis XI et Charles VII ? On pourrait en sourire, sauf que ni l'un ni l'autre n'ont abouti à rien de décisif en politique, comme toute la génération de princes qui passe ce siècle avec eux au Cotton Club des magazines, et qu'il est "vilain" de les comparer à des adversaires du temps jadis surchargés de responsabilités.
« En réponse aux absurdités de mon fils le Prince Jean, très paternellement je crois utile de lui rappeler... » ainsi commence un communiqué remis par le comte de Paris au journal Sud Ouest après le mariage d'Arcangues, qui le publie sous la cote .../fileadmin/documents/monseigneur.pdf sans commentaires ni explications.
Le fils cadet du comte aurait¹ déclaré dans un courriel à toute la maison d'Orléans , que « ce mariage scelle la rupture définitive avec mon père ». Stéphane Bern, qui le tient peut-être du Grand Maître de Saint-Lazare, s'en fait écho dans la Tribune de Genève [clic].
Qu'est-ce que cela change ?
Tout !
Une rupture familiale n'a aucun intérêt autre que moral ou successoral. Il n'y a pas de succession ouverte, ni d'espérances. Le salut du pays dépasse la Morale. Le duc de Vendôme est un quadra posé - trop sans doute du goût de beaucoup - et on n'imagine pas que la déclaration soit de dépit ou d'émotion. Il coupe les ponts. Le seul intérêt de ce fracas est politique.
Il prend aujourd'hui la prétendance à bras le corps², s'explique dans un livre à paraître incessamment³, y publie son programme politique travaillé en profondeur avec les conseils d'un think tank et ceux plus conjoncturels du parti maurrassien de la Restauration Nationale, ...avant de montrer son fils au balcon de la presse people.
Pourquoi pas ? Du mouvement, enfin !
Sonnez la charge !
Soit donc, il phagocyte d'ici la Noël le parti royaliste en nommant son "lieutenant-général" à sa tête pour propager son programme, cesse dans la foulée la presse groupusculaire et déficitaire du mouvement, injecte dans une nouvelle structure de communication deux millions d'euros qu'il aura réunis au tour de table de soutiens convaincus de sortir un jour de la tontine, crée un politburo professionnel qui établira l'agenda politique des dix prochaines années. Les ralliements affluent.
Soit, il a fait un pas de clerc, car le remariage de son père ne mérite pas l'opprobre publique, surtout si d'une façon certaine, le comte de Paris peut se prévaloir de la bénédiction du Saint Siège, et parce qu'il reste malgré tout le chef de maison !
Certains jours je comprend mieux le "vitrail" de Raspail :
« L'abrogation de la loi d'exil en 1950 a eu pour effet de banaliser les prétendants. Ils ne sont plus que des Français en France, privés de leur auréole de proscrit. S'ils n'y prennent garde, ils risquent de se fondre dans ce théâtre ambulant à la Pirandello avec ses bals caritatifs, ses réceptions sponsorisées, ses mariages merveilleusement princiers et son casting d'enfer, coiffeurs, couturiers, top models, histrions de télé, publicistes et requins de la finance.
Mon prince imaginaire est un prince de vitrail.
C'est pourquoi il choisit l'exil. Cela le grandit et rétablit les distances entre le spirituel et le matériel, entre le sacré et le politique, dont il aurait été privé en cédant imprudemment au courant commun de la vie.»
Et puis, le dicton suivant est-il si faux : A beau mentir qui vient de loin !
Mais que Vendôme le fasse à son tour mentir.
Note (1): sous toute réserve car je n'ai pas eu le transcript du message.
Note (2): le communiqué passé par son père à Sud-Ouest dénonce une quasi-usurpation, ce qui est assez savoureux chez Orléans, si l'on sait l'attachement du prince Jean à la mémoire du roi Louis-Philippe Ier.
Note (3): titre "Un Prince Français" édité chez Pygmalion, sortie en librairie le 7 octobre [clic].
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